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Kamil Barbarski (Traducteur)Érik Veaux (Traducteur)
EAN : 9782743659134
544 pages
Payot et Rivages (05/04/2023)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Marcin Kania, star du rock polonais tombé dans l’alcoolisme, investit dans une affaire immobilière véreuse qui causera la disparition de son fils. Après Eblouis par la nuit, la star du polar polonais Jakub Zulczyk revient avec un roman noir qui dénonce le système des arnaques à la reprivatisation des biens immobiliers spoliés par le communisme, doublé d’une méditation bouleversante sur l’alcoolisme. Une adaptation en série télévisée est prévue pour 2023.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le thème n'est pas neuf : un père recherche son fils disparu et mène une enquête parallèle à celle de la police pour le retrouver. Sauf que le père sait qu'il a vu son fils la veille de la disparition, que la rencontre était tendue. Et que ce père, enquêteur improvisé, est alcoolique, ses souvenirs de cette soirée-là ont disparu dans des vapeurs d'alcool.

Si le coeur de l'intrigue est théoriquement celui d'un polar, Jakub Zulczyk fait un gros pas de côté pour décaler son récit dans une autre direction, évitant les schémas caractéristiques des polars pour mieux les faire exploser.

Feedback, c'est avant tout un roman sur l'alcoolisme, sur comment l'alcool déshumanise, rend infiniment seul et détruit tous les proches. J'ai rarement lu des passages aussi saisissants sur le sujet, entre monologues glauco-délirants d'ivrogne et aveux lors des séances de thérapie collective proposées dans le cadre de cure de désintoxication. On patauge dans la boue, la crasse et tout le reste, très loin du glam' auquel la culture pop' associe parfois la consommation d'alcool.

Marcin, le père, musicien quinquagénaire has been vivant sur les droits d'auteur d'un tube, est un personnage aux multiples visages avec de nombreux démons à affronter; il fait parfois rire, il fait peur, on le plaint puis on le déteste. C'est un personnage pathétique, violent et répugnant et c'est d'autant plus malin de la part de l'auteur d'en faire le narrateur avec l'ivresse comme narration. C'est lui qui nous guide vers la vérité : impossible de faire confiance à un un tel homme, ce qui rend l'avancée de l'enquête toujours incertaine, ambigüe jusqu'à sa terrible vérité qui explose à la face du lecteur.

Le style est vif, heurté, puissant, aussi douloureux qu'une grosse cuite. J'ai souvent eu l'impression que le texte attaquer, aller mordre et laisser des traces dans la chair. Les cent premières pages sont épuisantes, à se dire pourquoi s'infliger cela. Je me suis forcée et puis à un moment, j'ai eu l'impression que le texte devenait moins chaotique ; en fait j'ai plutôt commencer à entrevoir la construction narrative en mode panorama et comprendre où voulait en venir l'auteur, à l'opposé de ce qu'on attendait initialement.

On se rend compte, qu'au-delà du portrait d'un homme brisé par l'alcool qui a détruit sa famille, se lit en filigrane le portrait peu reluisant de la Pologne post-communiste avec en son coeur, le scandale de la reprivatisation qui a secoué le pays et plus particulièrement Varsovie. Comme une persistante gueule de bois qui remonte à la surface après la chute du communisme en 1989, le retour à la propriété privée d'immeubles nationalisés en 1945 s'est accompagné de corruption massive, de spéculation, de spoliations et expulsions brutales.

Le titre prend alors tout son sens pour accompagner le parcours douloureux vers la vérité de Marcin comme celui du pays. Un feedback, c'est un retour sur le témoignage d'un membre d'une thérapie de groupe par un autre membre qui l'a écouté et pose un nouveau regard sur lui, son regard, positif ou négatif. Ici le roman s'apparente à un feedback géant et cruel qui percute et finit par bouleverser lorsque le père découvre celui du fils.


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Boire n'est ni un récit, ni un mystère, ni une gloire*
Le ton est donné, c'est sur fond d'alcoolisme que se déroule ce récit. L'alcoolisme des gueules de bois qui vous rendent amnésiques, des vomis, des coups donnés et reçus et oubliés aussitôt, des amis qui en ont assez de vous voir dans cet état, des séances auprès des alcooliques anonymes où vous parlez, écoutez et ne retenez pas grand-chose, des promesses non tenues, des pleurs, des pardons, des nuits hachées, des journées perdues, d'une vie gâchée …..
Quand on lit les notes en fin d'ouvrage, où l'auteur remercie ses thérapeutes, on comprend qu'il sait de quoi il parle et que son texte a des accents de vérité. Cela fait d'autant plus mal. Car disons-le carrément, c'est un livre glauque, dur, terrible. Il nous montre les dégâts d'une addiction ainsi que les dommages collatéraux. Parce que, à la limite, que Marcin foute sa vie en l'air, c'est triste et dommage vu que c'est une star du rock, mais que ça rejaillisse sur sa famille, c'est une catastrophe. C'est destructeur et plus personne ne peut le supporter, ni sa femme, ni ses enfants. Son fils et sa fille, son épouse, tous sont épuisés par ses frasques, le fait de ne pas pouvoir communiquer avec lui car il n'est presque jamais sobre et quand il l'est, il ne se souvient pas forcément de ce qu'on lui dit.
Dans ce roman plus que noir, en plus des problèmes liés à la boisson, l'histoire présente les difficultés de la relation père / fils. de plus, Jakub Zulczyk dénonce le scandale de la privatisation des logements et égratigne le gouvernement polonais. Il évoque les méthodes de gangsters, les magouilles, les mensonges, pour arriver au résultat recherché par ceux qui tirent les ficelles dans l'ombre.
C'est Marcin qui s'exprime, tout est rédigé à la première personne. Il y a des nombreux allers-retours sans date mais au vu des événements, on sait exactement où ça se situe dans l'intrigue. On ne peut jamais souffler, on est toujours dans le chaos, l'espoir semble interdit. Un jour, son fils disparaît et Marcin veut absolument le retrouver. Il va chercher dans Varsovie et les environs mais est-il conscient que cette absence est peut-être une conséquence de ses dérives à lui ? Est-il en état d'agir ?
Avec une écriture nerveuse et sèche (merci aux deux traducteurs), on plonge dans l'horreur d'un couple qui se déchire, d'un homme qui se perd. On suit les rencontres thérapeutiques, les courses poursuites, les peurs, les délires, les cauchemars. le style est vif, rapide, sans aucun pathos, brut, douloureux. C'est presque épuisant de lire car on retient sa respiration en se demandant jusqu'où on va tomber, enfin pas nous, Marcin…

Je suis ressortie lessivée de cette lecture, j'avais l'impression d'avoir donné de l'énergie pour maintenir mon esprit dans le fait qu'il s'agissait d'une fiction, uniquement d'une fiction…. Mais comme c'est, malheureusement, très réaliste, c'est éprouvant de découvrir le quotidien de Marcin et de sa famille. Que c'est triste d'en arriver à de telles situations !
Jakub Zulczyk retranscrit à la perfection l'univers torturé d'un père de famille et toutes les conséquences dramatiques qui découlent de son comportement La mémoire, c'est la vérité.
La vérité, c'est la douleur.
La douleur, c'est la gueule de bois.
La gueule de bois, c'est tout ce qui reste.
Sans doute.
*page 516

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Résumer ce pavé de près de 600 pages comme n'étant qu'un plaidoyer pour soigner les addictions serait réducteur. Pourtant, le coeur de ce roman est bien là ! Les méfaits de l'alcoolisme et de tout ce qui s'y rattache. On navigue entre deux époques. Maintenant et la disparition de Piotr et le passé (quelques années auparavant) là où tout a commencé, le moment ou Kania a fait ses investissements qui vont le plonger dans une spirale infernale. Kania ? Piotr ? Les deux pièces majeures de ce roman atypique, mais très prenant. Marcin Kania, bassiste qui a réussi, entre deux beuveries, à écrire une chanson qui a eu du succès. Piotr ? C'est son fils et il a disparu ! le problème avec Kania, c'est qu'il a sans doute passé la plus grande partie de sa vie alcoolisé. Il n'a que de très vagues souvenirs d'avoir passé un moment avec son fils avant sa disparition. Pourquoi ? Qu'a-t-il fait ? Il n'en a aucune idée ! Même en se confiant à son cercle d'aide aux alcooliques il n'y arrive pas ! Mais le temps presse et son fils reste introuvable. Kania va tout tenter ! Tenter de se souvenir, tenter de sauver son fils et tenter de comprendre ce qui a pu se passer. Faire un feedback qui pourra servir ! L'intrigue de ce roman tourne autour du monde aussi dangereux que mystérieux des investissements immobiliers post-communistes. Kania a fait des investissements, mais il ne sait pas franchement sur quoi et dans quelles circonstances, notamment pour les personnes qui possédaient ces logements avant lui. Son fils, lui, a fait le lien. Mais jusqu'où cela va-t-il les mener ? C'est fort, c'est dérangeant, c'est angoissant et ça montre les méfaits d'une addiction sur celui qui la subit, mais aussi sur ses proches encore plus durement touchés. On détruit sa santé, mais aussi celle des autres. On en ressort étourdi et troublé. A lire !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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L'ivresse comme narration, menteuse, obstinément tourné vers soi, la culpabilité dont on se recouvre pour mieux masquer nos manquements, notre fuite du quotidien, de son vide, de sa réalité insuffisante. Une plongée, à forte empreinte autobiographique, dans la dépendance, ses dégueulasseries, ses instants aussi de cruelle lucidité dont Jakub Zulczyk parvient — dans une intrigue maline, plein de retour sur le passé qui sont, comme le titre l'indique, comme commentés en vue d'une thérapie — à restituer les arrangements, la détestation de soi que sans doute ils trahissent. Feedback ouvre un monde vu derrière une gueule de bois, une amnésie sur la disparition du fils de Marcin, star déchu, qui peu à peu s'éclaire.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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