"La nature est la plus puissante des technologies. Je viens d'elle, je suis une de ses parcelles ou cellules. Je suis un élément d'un vaisseau intelligent traversant le vide intersidéral.
Les Indigènes ont conservé cette connaissance, cette alliance avec le vaisseau et ses interfaces intelligentes, les plantes enseignantes.
Ils ont la générosité de partager cela avec nous, les enfants turbulents d'une civilisation qui fracture sauvagement les compartiments du spaceship earth."
"[...] le sentiment d'amour soigne, le pouvoir guérisseur est en chacun de nous."
- Regarde... des ours, des loups, des lions et des gazelles... ensemble
- La vie sauvage reprend ses habitudes. Les points d'eau sont souvent des zones neutres, le climax du survivre ensemble... D'aucuns y verraient la main de Dieu, un rassemblement œcuménique.
"Comme un guerrier innocent, je me croyais prêt, j'étais certain d'avoir passé le plus difficile, mes visions étaient claires et lumineuses. Docteur Ayahliasca m'aimait bien ! La liane prenait soin de moi. Et puis tout ne s'est pas passé comme prévu et, désormais, je peux vous le dire après toutes ces années : avec le Doc...rien ne se passe jamais comme prévu !"
Il y a des moments où mourir, c'est avancer...
L'ayahuasca nous propose l'expérience de notre propre réalité, vécue depuis notre part irrationnelle.
J'espère que la description de ces voyages, sentiments, pensées, joies et peurs, accompagnés de leur lot d'incohérences, de contradictions, de perditions et d'illuminations, établiront en sous-texte la mosaïque opératoire de cette mystérieuse médicina. Ce sera une mélodie personnelle.
La forme est celle d'une mélodie métapsychique, construite en mode flash-back, dont je suis le héros.
Les choses sont simples, il y a la lumière et l'ombre, mais parfois, l'ombre se déguise en lumière.
La nausée au bord des lèvres. Je sens tous les organes de mon corps. Cette sensation désagréable et bien connue de l'ivresse : l'impression d'être à nu. Je ne bouge pas.
Rétablir son sentiment, le canaliser ainsi à travers les cinq sens, et le faire passer par le cœur, peut-être le fameux sixième sens ?
Une bouffée mystique me susurre que ce feu a été préparé spécialement pour moi. Je l'allume donc et m'apprête à manger le petit cactus.
Dans le silence du désert, le bruissement lointain de l'eau. La voûte céleste est sublime, l'air chaud et doux.
Le copain cactus est avec moi.
Je sens la colline, son énergie douce et chaude sur laquelle je suis allongé. J'ai l'impression que les étoiles se contemplent à travers mes yeux devenus miroirs. Un vertige de bien-être assez long, tout est vivant, tout est unifié, les étoiles, le vent, la Terre, les animaux, comme une virgule d'évidence dans le chaos global. Quelques larmes plus tard, lentement, doucement, je m'endors.
Oscar du plus bel assoupissement de ma vie.
"Laisse filer ta pensée.
Elle est comme une rivière, si tu fixes son flux, c'est comme si tu construisais un barrage. Tu inondes ta conscience.
Laisse couler ta pensée avec un bon sentiment.
La rivière s'élargit et devient un fleuve paisible."
Je flottais dans un sentiment aérien, l'air était comme parfumé. Et les pensées semblaient entrer en moi depuis l'extérieur. Tout paraissait logique. Cristallin. Enfantin.
"Une rivière d'eau fraîche coule en moi."
Le soleil brille sur ma planète.
On ignore l'idée que la nature a des langages et qu'elle tisse des relations avec les créatures qui évoluent en son sein, animaux, hommes, et qu'elle fabrique, à travers son langage qui est la chimie, des éléments qui n'ont pas d'autre fonction que de venir se fixer au neurorécepteur le plus sensible du mammifère qu'est l'homme, de manière à établir un espace de dialogue pour entrer dans le mystère et dans l'échange.
Au Pérou, les sages, les grands-pères, les guérisseurs disent que les diètes sont les portes qui ouvrent la connaissance.
(...) Avec les diètes, on va travailler sur soi, acquérir une relation au monde des plantes et le corps va se faire travailler par les plantes.
Personnellement, jen'ai pas su trouver dans ma culture d'origine,dans mon adolescence, les réponses à mes questions sur le sens profond de la vie et l'existence de phénomènes au-delà du cognitif, de l'ordre du spirituel, de la métaphysique... faute d'avoir eu accès à un rituel encadré ou une exploration acceptée culturellement qui me permette d'aller expérimenter au-delà des frontières du commun, si je peux dire les choses ainsi. On se tourne souvent vers les narcotiques qui, en l'occurrence, présentent, surtout aujourd'hui, beaucoup plus de dangers. Je cherchais une sorte de nourriture fondamentale. C'est aussi très personnel et, par ailleurs, définir les limites par la norme culturelle est aussi très limitant. Cela devrait nous amener, nous Occidentaux, à une remise en question. N'aurions-nous pas quelque chose à redécouvrir, à redéfinir? Ça ne veut pas dire qu'il faille absolument le faire, mais poser cette espèce dinterdit, sans discussion et sans remise en question, est aussi un «manque a gagner». Alors, comment rester ouvert sans se perdre? Car les dangers de se perdre sont aussi réels.
Le fait que beaucoup d'Occidentaux idéalisent l'ayahuasca en pensant que c'est un breuvage magique qui soigne tout relève de la dérive sectaire. Il faut le dire et le redire: vous êtes malade, allez voir un médecin. Si vous êtes bipolaire schizophrène, ne prenez pas d'ayahuasca. La médecine occidentale est en train de redécouvrir l'intérêt thérapeutique des substances psychédéliques, y compris certaines médecines indigènes traditionnelles, mais la science connaît encore très mal leurs effets, ce qui se passe dans le cerveau, ce que font ces substances et à quoi elles donnent accès. Elle ignore en outre le type de communication ou de compréhension qui se met en place dans les transes.