Une première partie théorique permet au lecteur non initié de (re)définir toute une terminologie nécessaire à la compréhension de l'ouvrage. Les concepts de psychotique et de névrotique sont explorés tout particulièrement, pour montrer ensuite qu'il n'y a pas toujours de frontière claire et tranchée entre les deux.
Ainsi peuvent s'observer dans une seconde partie des cas pathologiques qui relèvent à la fois du domaine de la névrose et de la psychose, que Bergeret explore sous la dénomination d'états limites. Etats qui placent le psychiatre dans l'obligation de bien connaître l'histoire du patient, d'identifier par quels mécanismes psychiques s'enracine le trouble.
Cette réflexion sur les états limites a l'avantage de refuser un étiquetage systématique des pathologies, de s'appuyer sur l'exemple, de prendre en considération la particularité de chaque patient. Et, quand il faut l'admettre, il n'hésite pas à exprimer la difficulté du diagnostic, la complexité des choix de soin, les échecs aussi.
Un bon ouvrage de psychiatrie.
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Je l'ai lu il y a déjà plusieurs années quand j'étais en faculté de psychologie. Ce n'est pas un livre que je relirai avec plaisir ou intérêt aujourd'hui. J'ai relu quelques passages pour pouvoir donner ma critique et sélectionner des citations.
Je suis tombée sur un passage p97 où un haut fonctionnaire, vie de famille stable, vie professionnelle réussie, bonne adaptation sociale, intellectuelle etc. Le "psy" ne l'a pas vu dans le cadre professionnel mais en tant que voisin de palier. Ils discutent plusieurs fois ensemble et la personne lui confie qu'il pense être "septième incarnation de Scarron", le psy étiquète immédiatement que c'est un délire et que la personne souffre de parapsychose, malgré la bonne adaptation de la personne à tous niveaux de sa vie.
Dans les formations que j'ai faites ensuite c'est quelque chose que non seulement on ne ferait pas mais qu'on évite sciemment de faire: les conséquences de l’étiquetage, le fait qu'en toute modestie on peut se tromper, et le respect des croyances de chacun... sont autant d'éléments qui vont limiter l'intérêt de l'étiquetage diagnostic (surtout sauvage comme celui ci) assez souvent.
Je me souviens également d'une expérience très intéressante qui questionne vraiment la dangerosité des étiquettes: Ça devait être l'école de Palo Alto qui a mis cette expérience en œuvre: ils ont filmés deux psychologues en disant à chacun avant la séance que l'autre se prenait pour un psy mais sans l'être... Les étiquettes n'ont pas été remises en question et le confrère a été pris pour délirant pendant toute la séance.
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Le classique des classiques.
Je suis passé de la fascination, à l'indignation, au désintérêt tout ça au cours de ma propre expérience personnelle et professionnelle.
Je suis persuadé qu'on peut diagnostiquer comme on veut et ce qu'on veut à partir de ce qu'on croit observer. Il y a un côté dangereux. On me dira que justement on doit parvenir à bien discriminer entre toutes les possibilités diagnostiques.
Je trouve ça au final compliqué, pénible et.... vain.
Actuellement je me passe gentiment de ce genre de livres, mais je conviens aisément que ce sont des passages, si pas obligés, intéressants car ils permettent de nous déterminer dans nos visées, pensées, philosophies et objectifs face à la réalité de la santé-maladie mentale.
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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la psychologie pathologique, sans oser le demander. Ce livre est un ouvrage de référence, une ressource tant par son contenu que par sa bibliographie.
Comme indiqué sur la quatrième de couverture, « il s’adresse aux étudiants de psychiatrie et de psychologie ainsi qu’aux praticiens et psychanalystes ». A lire dans un environnement propice à la concentration et à l’étude.
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Un ouvrage précieux qui fait office de référence vers lequel on revient. C'est limpide et complet.
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