Jean C. Baudet, écrivain et philosophe, docteur en sciences de l’Université de Paris VI, n’a donc rien d’un âne (hum…). Son essai peut se lire comme l’exact prolongement – que j’appelais de mes vœux dans l'une de mes précédentes critiques, yeehaa ! Non, non, je cache trop ma joie… YEEHAAA ! – du livre publié en 2014 par un collectif de journalistes « Les grandes controverses scientifiques » compilant des articles parus dans un hors série du magazine La Recherche. A savoir, pour faire court, on quitte ici la superficialité journalistique pour la profondeur de réflexion, la pertinence des explications et le sens de l’humour bien réel de l’écrivain et du philosophe.
Un nombre incroyable de sujets sont abordés, montrant à quel point la science et les scientifiques s’égarent parfois. Selon les circonstances, on pourra être amusé, horrifié ou même totalement effondré à la lecture de ces errements pathétiques de la recherche. Tous les domaines sont touchés : physique fondamentale, médecine, sciences humaines…
L’auteur analyse les causes de ces erreurs de la science, qui sont récurrentes : le conflit d’intérêt, l’appât du gain, l’auto-persuasion, la concurrence narcissique, l’aveuglement, la supercherie, l’absence de preuve, l’idéologie politique, etc. et constate que parfois, une erreur scientifique peut engendrer une belle découverte par ricochet.
A titre d’exemple, citons (parmi les 26 proposés) quelques dossiers bien étayés : la transfusion sanguine au XVIIe siècle, la loi de Bode concernant la position des planètes, la résurrection des morts par l’électricité, la génération spontanée, les rayons N, la mémoire de l’eau, la fusion froide… Tous extrêmement édifiants ! Au vu de cette liste assez terrifiante, et malgré les leçons de l’expérience, on peut parier à coup sûr que des Dr Frankenstein et autres Dr Folamour continueront de sévir dans les années à venir !
En fin de parcours de ce tour d’horizon de tous les fiascos, l’auteur prend sa casquette de philosophe et pose la question désormais tarte à la crème dans la profession : « Qu’est-ce que la science ? » s’enquiert-il, à l’instar de nombre de ses confrères. Comme d’autres, Jean C. Baudet situe l’apparition de la science en 1543 (on n’est plus dans l’à-peu-près, c’est ce que je disais) et insiste sur la vérifiabilité et sur l’importance du raisonnement et de l’instrumentation, qui opposent la science aux discours non scientifiques (le discours religieux, la tradition, l’intuition) et aux pseudosciences (l’astrologie, la radiesthésie, la numérologie, la psychanalyse…) puis conclut magnifiquement : « La science est un discours vérifiable qui n’a pas réponse à tout, contrairement à de nombreux discours qui ont réponse à tout, mais qui ne sont pas vérifiables. »
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Un ouvrage qui présente différentes erreurs scientifiques qui ont permis tout de même d’avancer dans la recherche. Les erreurs couvrent de nombreux domaines : la physique, la chimie, la médecine, l’astronomie…
Les erreurs ont été nombreuses au cours des siècles : croyance que le monde est régi par 5 états des corps (air, eau, feu, terre, éther) ; que la génération spontanée existe ; que l’électricité peut faire revivre un mort ; que l’Univers est immuable (celle-là est d’Einstein, qui reconnaîtra son erreur) ; que les canaux sur Mars sont artificiels ; que la mémoire de l’eau est réelle… mais l’histoire a montré que ces erreurs ont contribué à nourrir la recherche et les scientifiques finissent par trouver la signification juste aux phénomènes observées.
Un livre plutôt bien écrit, suffisamment passionnant, même si je n’ai lu que les faits scientifiques qui m’intéressent le plus car l’ouvrage est assez large dans les thématiques abordées. Même si c’est bien écrit, Jean C. Baudet n’a pas la plume de Rolland Lehoucq ou Luc Mary (dans un autre domaine) pour rendre encore plus passionnant ses histoires scientifiques.
Cela reste un très bon livre qui nous fait découvrir en quelque sorte la science derrière la science et l’histoire de grandes découvertes.
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J’avais déjà lu un livre sur les femmes et la science, celui écrit par Eric Sartori, qui était très complet.
Ce livre est différent plus qu’il est beaucoup moins « historique » que celui de Satori. Mais il couvre aussi bien mieux le 20e siècle. On découvre donc des femmes tout au long de l’histoire des sciences, dans beaucoup de matières différentes, puisque de toute façon, les femmes ont œuvré dans toutes les matières.
Le livre est facile à lire, mais le fait que l’auteur écrive parfois a la première personne et nous livre ses opinions, m’on gène car parfois, je les trouve un peu limite niveau sexiste. De plus, je n’ai pas vu l’intérêt de préciser le nombre d’enfants ou ce genre de détails de la vie personnelle de ces femmes. Dans certains cas, c’est intéressant puisqu’il s’agit de couple de science, ou quand le mariage pouvait représenter une entrave à la poursuite des études (ou de la carrière, mais ça, c’est encore parfois le cas).
Quoi qu’il en soit, c’est un livre très intéressante et qui montre bien que les femmes ont toujours été actives dans les sciences.
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Un sujet pour le moins difficile, mais très agréablement traité. On voyage dans le temps, de l’Égypte ancienne au XXe siècle, en passant par Pythagore et Pascal.
On découvrira les différents domaines des mathématiques que sont la géométrie et l'algèbre, réunis au XVIIe siècle par Descartes. Il y a aussi la logique qui, énoncée par Platon et Aristote au VIe siècle, ne sera formalisée que quinze siècles plus tard.
A chaque nouvelle découverte, l'auteur met en évidence la démarche intellectuelle (voire la démonstration) de notre ancêtre mathématicien. Régulièrement, les sujets abordés sont mis en parallèle avec le niveau scolaire correspondant aujourd'hui, montrant la progression de la science mathématique. D'ailleurs, il est à noter que les derniers chapitres, sur les XIXe et XXe siècle sont ardus, de par la nature même des concepts étudiés à ces époques.
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Une histoire de la science au féminin de Jean C. Baudet. Un ouvrage riche et intéressant paru aux éditions Jourdan, un excellent moment de lecture.
Tout le monde connait Marie Curie, mais peu d’entre nous connaissent Sophie Germain ou Nettie Stevens par exemple. Saviez-vous que le bain-marie a été inventé par une femme pour des travaux d’alchimie ?
Pendant longtemps, les femmes ont été absentes des sciences. Non parce qu’elles n’en avaient pas les capacités, mais parce que le contexte historico-social leur imposait un rôle, leur interdisant certaines activités, certaines études.
On en trouve cependant quelques-unes avant 1900, et de plus en plus après. L’auteur a choisi de nous en présenter une quarantaine. Vous avez peut-être entendu parler de leurs travaux, ou des applications de ceux-ci, mais sans connaître leurs noms…
Pour chaque personnalité, l’auteur va nous parler brièvement du contexte de l’époque, de la biographie. Il va expliquer la découverte, ce qu’elle a apporté à la science. Sans bien évidemment entrer dans des détails trop techniques que seuls des initiés pourraient comprendre.
Nous allons ainsi passer de l’Antiquité à nos jours, des maths à la radioactivité, des pesticides à la classification des étoiles, du kevlar à la génétique du maïs…
Ce livre ne se lit pas comme un roman, mais presque. Bien sûr, il faut que ce soit un domaine qui attire. Quant à moi, je l’ai trouvé très intéressant et j’ai appris pas mal de choses. Je connaissais certaines de ces femmes, comme Ada Lovelace et bien entendu Marie Curie et sa fille Irène. Mais la plupart des noms m’étaient inconnus.
J’ai apprécié le vocabulaire châtié et soigné sans qu’il soit ennuyeux pour autant. C’est clair, précis et évidemment très bien documenté. (un travail de longue haleine, c’est plus que certain !) . L’auteur, décédé en 2021, était écrivain, docteur en sciences, mais aussi philosophe. Et cela se ressent parfois dans sa façon d’écrire et les réflexions qu’il nous soumet.
Un excellent aperçu qui donne envie d’en savoir plus ; un moment de lecture très riche, accessible à tous les curieux qui s’intéressent à ce domaine.
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Excellente et agréable lecture du vaste panorama d'idées de l'homme à le recherche de lui même. Accessible, réellement, à chacun.e, l'auteur nous prend par la main pour 26OO ans d'histoire de la pensée. Le livre stimule envie d'approfondir, c'est très appréciable compte tenu du sujet. A lire.
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Il s'agit de rassembler en un seul exposé l'histoire de la philosophie, l'histoire des sciences humaines et l'histoire de la littérature chez les Belges, en étudiant tant les textes en flamand que les ouvrages en langue française.
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C'est par simple curiosité que j'ai pris ce livre de Jean C. Baudet. Avec la présence d'Einstein sur la page de couverture, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre de cet écrivain. Tout au long de ma lecture que j'ai trouvé très intéressante, bien sûr c'est impossible de ce souvenir de toute les dates et les noms des inventeurs qui ont modifié le monde tel qu'on le connaît aujourd'hui à l'orée du XXI siècle. Ce livre ferait peut=être peur à mes neveux plus jeunes par sa grosseur mais celui qui est adolescent pourrait le trouvé très instructif même les adultes car c'est toujours le fun d'apprendre des nouvelles choses ?!
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Fascinant voyage jusqu'en 1900, qui fait regretter des enseignements obligatoires d'histoire des sciences dans toutes les filières...
Publié en 2006, cet ouvrage poursuit le travail de vulgarisation scientifique et épistémologique de haut niveau entrepris par le biochimiste et philosophe belge Jean Baudet, qui développa notamment les concepts d'éditologie et de STI.
Si le style retenu est moins fringant que celui d'un Denis Guedj par exemple, l'ambition épistémologique y est beaucoup plus affirmée. Au-delà de la redécouverte de dizaines d'étapes et d'expériences en physique, certaines laborieusement travaillées il y a fort longtemps dans l'enseignement secondaire ou supérieur, on aura un véritable plaisir à parcourir les interstices de la construction de la connaissance du monde : premières "mises en question" avec Thalès de Milet, premier système héliocentrique proposé par Aristarque de Samos, invention de la trigonométrie par Hipparque de Nicée, invention de la balistique par Nicolo Tartaglia, méthodologie de questionnement développée par Kepler, curiosité orientée de Galilée, mise en évidence du vide par Otto von Guericke (les fameuses "sphères de Magdebourg"), distinction entre force et travail par Salomon de Caus, mise en place de complémentarités entre concepteurs et expérimentateurs avec Pascal et Perrier, mathématisation croissante utilisée comme heuristique à partir de Leibniz, etc.
L'une des réussites annexes de Baudet est bien la capacité à nous faire partager le caractère humble, aléatoire, dans lequel les erreurs et les fulgurances se côtoyent allègrement, de la recherche scientifique, dans la durée.
Un voyage fascinant jusqu'en 1900. Qui fait regretter malgré tout, une fois de plus, que nos systèmes d'enseignement aient autant de difficultés à se décloisonner et à échapper aux fatalités de l'enseignement par "matières", tant ce type d'ouvrages exigeants montre à quel point un sain éclectisme est riche et stimulant. Pour un enseignement obligatoire de l'histoire des sciences dans toutes les filières ?
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