Citations de Jean Dutourd (209)
Tout ce qui est mal écrit est insignifiant.
Du temps que l’Europe était pleine de frères ennemis, elle comptait sept capitales : Paris, Londres, Rome, Vienne, Berlin, Bruxelles, Madrid. Lorsque l’Europe sera unie, il n’y aura plus de capitale, ou plutôt si, une, en Amérique : Washington.
Quelqu’un qui n’a que sa santé pour sujet de conversation est aussi ennuyeux qu’un bourgeois parlant boutique sans arrêt.
Quand l’État se mêle de quelque chose, il le détruit.
N’oublions jamais que la guerre est faire par des imbéciles à d’autres imbéciles. Le philosophe devrait se tenir loin de ces empoignades, non par pacifisme ou humanitarisme, mais par dégoût.
Quand on est jeune, on est mal dans sa peau, mais on n’a mal nulle part. Quand on est vieux, on est bien dans sa peau, mais on a mal partout.
Aujourd’hui, l’Europe entière a une âme d’émigrant.
S’il ne s’agissait que de hurler avec les loups… Mais il faut jacasser avec les perroquets !
Les gouvernements socialistes font les peuples paresseux comme les parents faibles font les enfants vauriens.
Je vois autant de vieillards révoltés contre la vieillesse que de jeunes révoltés contre la société. D’ailleurs, ce sont les mêmes bonshommes à cinquante ans de distance.
À force de n’être personne, il est devenu quelque chose.
Les voyages, comme les belles femmes, sont faits pour les hommes sans imagination.
J’habite mon âge comme un appartement où je suis de plus en plus mal et où je n’oserai bientôt plus inviter personne.
Ils condamnent la vulgarité au nom du charabia. Ou plutôt, ils décrètent vulgaire ce qui n’est pas du charabia.
Tout est racisme en ce monde, tout est question de peau. À commencer par l’amour.
Il est à la pointe du progrès, comme tous les ignorants.
Clémenceau disait que la Révolution était un bloc. Oui : un bloc compact de cruauté, de vulgarité et de vandalisme. C’est la plus grande explosion de bêtise de l’Histoire de France.
Etre bon, c’est être libre. Etre méchant, c’est être esclave. Esclave de soi, de sa passion, de son caractère, de son avarice, de son égoïsme, etc. Voilà une réponse à faire aux gens qui vous demandent « quel intérêt » ils retireraient à se montrer bienfaisants.
Les clichés sont des formules de politesse qui n’ont pas besoin d’être inédites pour réjouir les personnes auxquelles elles s’adressent ; au contraire, plus elles sont anciennes, plus on y trouve d’agrément.
Parmi les diverses guerres inédites dans lesquelles est plongée l’humanité de la fin du XXᵉ siècle, il en existe une entre les bandits et les honnêtes gens, entre les terroristes et les paisibles civils. Cette guerre est très inégale, car les bandits et les terroristes non seulement sont armés jusqu’aux dents, mais encore n’observent pas les lois de la guerre qui comportaient un peu d’honneur, celui consistant, en premier lieu, à ne se mesurer qu’avec des ennemis armés eux aussi, et à épargner les femmes et les enfants.