Jean Kardec

Seul, on ne peut triompher d'un tel péril,
mais à deux plus rien n'est impossible :
l'amitié transcende les âmes
et prévaut sur bien des maux.

Gilgamesh...
Jusqu'où donc comptes-tu aller ?
La vie à laquelle tu aspires désespérément,
Tu ne la trouveras pas,
Car au temps de la Création,
Les dieux ont destiné la mort aux hommes
Et ont gardé pour eux le secret de la vie éternelle.

Accepte cette idée !
Fais en sorte que ton ventre soit toujours repu ;
Sois heureux de jour comme de nuit ;
Amuse-toi, danse ;
Que tes vêtements soient beaux et propres ;
Lave-toi la tête, baigne-toi ;
Veille sur l'enfant qui te tient la main ;
Réjouis l'épouse que tu étreins :
Voilà ce qu'est l'apanage des hommes !
(P104/105)

Il (Gilgamesh) pensa, amer :
"Devrai-je, moi aussi, bientôt succomber au trépas
Et porter le masque rigide d'un cadavre ?
Le chagrin me ronge les entrailles,
Et la mort me terrifie.
Je refuse de subir un sort si funeste.
J'erre entre monts et vallées,
Car je dois aller trouver Ziusudra, fils d'Ubara-Tutu,
Lui, l'unique survivant du Grand Déluge,
Celui qui détient le secret de l'immortalité."
(P95)

« Seul, on ne peut triompher d’un tel péril,
Mais à deux plus rien n’est impossible :
L’amitié transcende les âmes
Et prévaut sur bien des maux.
Si par malheur nous devions tomber quand même,
Pense que les générations futures
Garderont de notre chute un souvenir immortel. »

"Il m’emporta vers un lieu d’où jamais personne ne revient,
Un endroit où, parés d’ailes et de plumes comme les oiseaux,
Les gens n’ont pour seule nourriture que la poussière et la boue,
Un monde définitivement orphelin de la lumière du jour.
Non, point de clarté en ce lieu,
Mais un océan de noirceur
Où se terrent les âmes, accroupies,
S’y consumant devant l’échelle de l’infini."

Cela démontre une fois de plus à quel point, à travers cette multitude complexe de rôles, d’identités et de paraboles aux allures disparates, se dessine en réalité un extraordinaire jeu de piste, un gigantesque puzzle dont les pièces, souvent (les réécritures successives peuvent certes amener quelques discordances), s’emboîtent au final parfaitement. Cette arborescence rappelle elle-même le ramage de l’arbre de vie qui se déploie en tous sens mais va puiser sa sève au cœur du même tronc, des mêmes racines.

En évoquant l’illusion de la réalité, les dichotomies factices, tous cherchent à se libérer des tourments du monde physique et des pièges tendus par les maîtres des cycles. Ils clament à qui veut l’entendre le besoin impérieux de recouvrer son discernement afin de transcender les limites du manifesté et de réintégrer sa propre souveraineté, au-delà du voile de l’oubli.

" Après avoir marché si longtemps
À travers les monts et les steppes,
Après avoir erré
Et affronté la turpitude des épreuves les plus terribles,
Seul avec mes tourments,
Ce serait désormais pour moi peu de chose
Que de voir mon corps redevenir poussière ;
Mais je veux par-dessus tout voir la lumière,
Que mes yeux puissent encore s'enivrer
Des splendeurs de la vie !
Est-il permis à un mort
De se délecter d'un millième de tout ceci ? "

La vie à laquelle tu aspires désespérément,
Tu ne la trouveras pas,
Car au temps de la Création,
Les dieux ont destinés la mort aux hommes
Et ont gardé pour eux le secret de la vie éternelle.

Accepte cette idée !
Fais en sorte que ton ventre soit toujours repu;
Sois heureux de jour comme de nuit;
Amuse-toi, danse;
Que tes vêtements soient beaux et propres ;
Lave-toizla tête, baigne-toi;
Veille sur l’enfant qui te tient la main;
Réjouis l’épouse que tu étreins;
Voilà ce qu’est l’apanage des hommes!

Que l’on s’en souvienne,
Et que les anciens transmettent ces connaissances
Aux générations qui viendront après eux ;
Que le sage et le savant s’en imprègnent tout autant ;
Que le père les récite et les enseigne à ses enfants.

Lorsque vous descendrez du ciel pour gagner l’Assemblée,
Vous y trouverez un abri pour vous relaxer.
Je lui donnerai pour nom Babylone :
La maison des grands dieux ,
Et nous en ferons le foyer de nos festivités !