Citations de Jean-Louis Prat (16)
Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu'il éblouisse comme la beauté d'une femme ou d'un poète.
Joan MIRÓ, Je travaille comme un jardinier, 1959
Une tonne de passion et cent grammes de patience.
Les peintres qui ont pu aborder le motif directement sont très rares, et ceux qui ont pu s'en tirer avaient une défense très personnelle. Cézanne devant le motif avait une idée solide de ce qu'il voulait faire, et ne prenait que ce qui se rapportait à son idée. Il lui arrivait souvent de rester là, de faire le lézard, de se chauffer au soleil, sans même toucher un pinceau. Il pouvait attendre que les choses redeviennent telles qu'elles entraient dans sa conception. C'était le peintre le plus puissamment armé devant la nature, le plus pur, le plus sincère. [..] Moi, je suis très faible, il m'est très difficile de me contrôler d'avant l'objet.
Propos de Pierre Bonnard recueillis en 1943
Cette toile a la simplicité d'un manifeste, et aussi, dans sa nudité, la charge explosive.
G. Raillard, À propos du tableau " Ceci est la couleur de mes rêves "
L'horrible tragédie que nous traversons peut secouer quelques génies isolés et leur donner une vigueur accrue. Que les puissances de régression connues sous le nom de "fascisme" s'étendent, qu'elles nous plongent un peu plus avant dans l'impasse de la cruauté et de l'incompréhension, et c'en est fini de toute dignité humaine.
( in: Cahiers d'art, Paris, numéro 1, 1939)
Si l'on connait bien l'attachement de Chagall à la musique, on le connaît moins à travers ses grand livres illustrés qui montrent véritablement son intérêt pour les mots qui alimentent en permanence les nuances de sa palette.
Les choses les plus simples me donnent des idées...
Quand je vois un arbre, je reçois un choc, comme si c'était quelque chose qui respirait , qui parlait. Un arbre, c'est aussi quelque chose d'humain.
L'immobilité me frappe. Cette bouteille, ce verre, un gros galet sur une plage déserte, ce sont des choses immobiles, mais elles déclenchent, dans mon esprit, de grands mouvements.
Miro 1959
Je travaille comme un jardinier ou comme un vigneron. Les choses viennent lentement. Mon vocabulaire de formes, par exemple, je ne l'ai pas découvert d'un coup. Il s'est formé presque malgré moi.
La sculpture n'est jamais frivole. Germaine Richier s'attache à dire dans son oeuvre combien le sculpteur peut et doit être une conscience. Dans pareil monde il ne peut y avoir de laisser-aller, dans la manière de penser et dans la façon de s'exprimer. Le matériaux, impétueux, doit être totalement dominé, sans laisser entrevoir ce qu'il aurait dû imposer ; par la même, il ne peut être traité avec désinvolture. Le sculpteur sait bien qu'il laisse un signe tangible pour le futur et que rien ne lui sera pardonné ; peu de chances existent pour que ce monde là soit détruit, coulé dans un bronze éternel qui subsistera quoiqu'il advienne. Ce qu'il a déterminé, voulu, laissera à l'évidence des traces.
S'il y a quelque chose d'humoristique dans ma peinture, je ne l'ai pas cherché consciemment. Cet humour vient peut-être de ce que j'éprouve le besoin d'échapper au côté tragique de mon tempérament. C'est une réaction, mais c'est involontaire.
L' impérieuse nécessité des avant-gardes russes.
Je fais maintenant des peintures très fouillées et je crois avoir atteint un haut degré de poésie, fruit de cette vie de concentration que l'on peut vivre ici.
La peinture de Lucian Freud s'inscrit dans un cycle différent et complémentaire de celle de Francis Bacon par l'approche du visible et de la réalité, de façon quasi obsessionnelle.
Elle est toujours soumise à deux critères intimement liés : le modèle dont le peintre a visiblement besoin pour côtoyer le réel et la matière qui lui sert de point d'appui de façon déterminante.
Matière infinie, reprise sans cesse, comme fatiguée à l'extrême qui requiert une force ultime, nouvelle, et une autorité qu'il est difficile de lui contester.
(page 14)
Celui qui s'explique trop vite n'ose pas assez ; il se place en dehors de son hallucination et devient spectateur. MIro a renoncé cette fois au charme de sa vieille palette. C'est la défaite de la virtualité. L'intuition monte. Marque d'une indépendance agrandie. Simplicité préhistorique. On devient de plus en plus archaïque. La fin rejoint le commencement.
Mes dernières toile je les conçois comme un coup de foudre, absolument dégagé du monde extérieur...
Je ne rêve jamais la nuit, mais dans mon atelier je suis en plein rêve. (...) C'est quand je travaille, quand je suis éveillé que je rêve. (...) Le rêve est dans ma vitalité, pas dans les marges, pas provoqué. Jamais.