AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Luc Parant (33)


Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 5

Si nos yeux suivent le mouvement de la terre tout autour du soleil, le mouvement de translation qui fait naître le printemps et l'été, l'automne et l'hiver, les yeux des animaux suivent le mouvement de la terre sur elle-même, le mouvement de rotation qui fait naître le jour et la nuit, la nuit et le jour. Si les yeux de l'homme suivent le mouvement de la terre tout autour du soleil, les yeux des animaux suivent le mouvement de la terre sur elle-même.
Si nous pouvons aller avec nos yeux là où notre corps ne va pas, c'est parce que nous avons séparé nos yeux de notre corps et que, avec eux seulement, nous avons pu tourner tout autour du soleil, et que tout autour du soleil notre corps aurait non seulement brûlé mais il aurait aussi chuté dans le vide sans fin. Car si nos yeux transforment le soleil en lumière comme ils transforment le vide sans fin en cieux, notre corps le laisse en flammes et en feu.
Sans nos yeux, nous serions dans la nuit et le soleil ne serait plus que de la chaleur qui brûlerait notre corps, comme l’espace serait le vide où nous ne pourrions pas tenir debout et dans lequel nous tomberions sans ne plus nous arrêter de tomber, sans ne plus pouvoir nous arrêter de tomber, le vide sans fin serait sans fin.
Commenter  J’apprécie          80
Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 4

Nous nous sommes levés pour quitter la nuit. Debout seulement nous avons vu le jour, nous avons pu avancer droit devant nous et aller plus loin. Nous ne sommes plus restés à faire du sur-place sur nos quatre membres, nous n'avons plus touché le sol, nous avons arrêté de tourner en rond. Nous avons vu et nous nous sommes éloignés de tout, si loin de tout que nous avons lu, lu et relu ce que les mains ne touchaient pas, ce que les mains ne voyaient pas. Si loin de tout que nous avons vu et revu ce qui restait inaperçu sous nos doigts, indéchiffrable sous notre peau, invisible sous nos mains.
Nous voyons où notre corps ne peut pas aller parce que nous allons avec nos yeux là où la terre va dans le vide tout autour du soleil. Nous allons avec nos yeux aussi vite que la terre va dans le ciel. Nous tournons avec eux tout autour du feu. Mais si les animaux ne vont jamais plus loin que là où leur corps peut aller, c'est parce qu'ils ne vont jamais plus vite que la terre qui tourne sur elle-même et qui fait naître le jour et la nuit.
Commenter  J’apprécie          00
Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 3

Tu ne vois pas tes yeux pour voir le monde, pour ne pas ne voir que toi, le tout de toi, et ne plus rien voir du monde, pour ne pas ne plus voir que le rien du monde, et chercher en toi ses yeux comme si toi et le monde étaient deux touts qui se rejoignaient en un seul, et que l'homme avait choisi de se tourner vers le monde pour aller à la rencontre de son sommet, du visage du monde, de ses yeux et de son regard, pour trouver en lui sa propre image et pouvoir faire le tour du monde. Plutôt que de passer par toi, tu es passé par le monde, non pas que tu sois plus dans le monde que le monde est en toi, mais par le monde le chemin est plus court, non pas qu'il soit plus proche mais parce qu'il est dans le jour et que, dans le jour, tu peux te mettre debout et te déplacer, courir et parcourir un espace infini plus vite que dans la nuit où tu ne peux pas te lever mais seulement ramper pour essayer encore d'avancer couché en t'aidant de tes mains plus que de tes pieds, touchant plus que voyant, revenant sans cesse sur tes pas, restant au sol plus que t'échappant dans l'espace.
Commenter  J’apprécie          00
Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 2

Tu ne te vois pas parce que tu ne vois pas tes yeux pour voir le monde. Tu ne vois pas tes yeux pour ne pas rester sans cesse devant eux, pour ne pas rester sans cesse devant toi. Tu as choisi le monde pour ne pas t'arrêter à tes yeux seulement et rester figé devant eux. Tu as choisi de voir le monde plutôt que de voir tes yeux. Tu as choisi le dehors plutôt que le dedans, comme si le dehors égalait le dedans, le dessus le dessous, comme le jour la nuit, et que le monde valait tes yeux, et tes yeux le monde, et qu'il y avait sous la terre autant de nuit et de jour qu'il y en a au-dessus dans le ciel sans fin.
Tu as choisi de voir le monde comme si tu avais déjà vu tes yeux et que tu avais été si loin en eux dans leur nuit et que tu étais arrivé à creuser en eux jusqu'à trouver le jour et le monde.
Tu ne te vois pas parce que tu ne vois pas tes yeux. Voir les yeux c'est voir le corps entier, c'est pouvoir voir autant la face que le dos, le devant et à la fois le derrière, le dessus et à la fois le dessous. C'est pouvoir avoir accès au tout.
Commenter  J’apprécie          00
Toi qui as ouvert les yeux :


Extrait 1

Toi qui as ouvert ce livre pour faire glisser tes yeux sur mes lignes, tu as allumé le feu sur les pages pour faire naître le jour sur mes mots, la lumière sur mes phrases. Il fait nuit, heureusement il fait nuit dans tes yeux, car sinon tout brûlerait dans tes mains en ouvrant tes yeux. Il fait nuit dans tes yeux, tes yeux que tu ne vois pas dans leur nuit, dans leur nuit qui t'aveugle et qui te rend voyant devant toi pour voir le monde.
Commenter  J’apprécie          10
Extrait3/3


  On m’a menti, on m’a dit que c’était moi
dans la glace, que j’étais cette image intou-
chable, ce reflet insaisissable que l’on ne
peut pas atteindre, moi qui suis si proche
de moi, qui me touche qui me sens, moi
qui suis si fragile, qui ai mal au moindre
choc, qui saigne à la moindre blessure,
qui m’abîme tous les jours, qui vieillis et
qui un jour serai mort et qui ne serai plus
que quelques os, un petit tas de poussière
sur la terre.
Commenter  J’apprécie          140
De la nuit et du vide
Extrait2/3


  On m’a menti, moi qui suis d’abord un corps,
avec ma tête que je touche sans cesse parce que
je ne la vois pas, ma peau à travers de laquelle je
respire, mes poils qui me protègent, mes cheveux,
mon sexe qui me reproduit, mes mains et mes bras
qui me dirigent dans la nuit, mes jambes et mes pieds
qui me déplacent sur la terre dans le jour. Moi qui suis
ce que je suis, avec une matière et une odeur avec
lesquelles je suis né, avec lesquelles je disparaitrai.
Commenter  J’apprécie          30
De la nuit et du vide


Extrait1/3

  On m’a menti, il n’y a rien sous mes doigts,
je ne sens rien de mon visage dans le miroir,
comme je ne sens rien sous mes doigts quand
j’ouvre un livre et que je touche ce qui est écrit.
Commenter  J’apprécie          70
Pour voir, il faudrait que tu élèves des échelles tout autour de ce que je vois, que tu élèves des échelles à toutes les distances avec des barreaux à toutes les hauteurs, puis que nous empruntions chaque échelle et que l’homme monte sur chaque barreau.
Car nous voyons mais nous ne voyons que par un seul endroit de notre corps. Nos yeux se sont ouverts seulement sous notre front.
Je ne vois qu’à l’endroit de mes yeux.
Si tu pouvais voir de partout sur ton corps, si des yeux s’étaient ouverts partout, à toutes les hauteurs, des pieds à la tête, les hommes verraient partout à la fois, les femmes verraient le monde de partout à la fois.
Pour voir, il faudrait que tu suives des yeux ce que je vois et que tu tournes tout autour en reculant d’un pas à chaque tour, ainsi jusqu’au plus loin, jusqu’à ce que tu ne voies plus ce que nous voyons. Puis que tu continues à suivre des yeux ce que je vois et que tu continues à tourner tout autour de ce que l’homme voit en montant d’un pas à chaque tour, ainsi jusqu’au plus haut, jusqu’à ce que tu ne voies plus ce que la femme voit. Puis que tu continues encore à suivre des yeux ce que je vois et que tu tournes tout autour de ce que nous voyons en descendant d’un pas à chaque tour, ainsi jusqu’au plus bas, jusqu’à ce que tu ne voies plus ce que l’homme, la femme et les enfants voient car voir c’est aller jusqu’à ne plus voir, c’est ouvrir les yeux jusqu’à pouvoir les fermer. Voir, c’est aller jusqu’à faire disparaître l’image vue. Voir, c’est aller jusqu’où nous ne voyons plus, c’est aller partout, si loin et si près de ce que vous voyez que ce que vous voyez disparaît.
Voir, c’est comme s’être vu soi-même de partout : du dessus, du dessous, de tous les côtés, de tous les angles, à toutes les distances ; c’est avoir fait le tour complet de son corps entier jusqu’à ne plus voir que le bout de son nez, jusqu’à avoir été si loin et si près de soi que l’on ne se voie plus jamais en entier.
Voir, c’est comme s’être vu soi-même au plus près et au plus loin jusqu’à ne plus se voir soi-même qu’à travers les autres yeux qui nous voient. Voir, c’est aller du plus près au plus loin de ce que nous voyons jusqu’à ne plus voir ce que l’homme voit, jusqu’à voir ce que la femme ne voyait pas.
Commenter  J’apprécie          20
Nous ne voyons pas.
Vous voyez mais ce que vous voyez a une infinité d’angles de vue et chacun d’eux vous donne une vision différente de ce que vous voyez.
Tu ne vois pas.
Je pourrais dire que j’ai vu si j’étais non seulement arrivé à marcher tout autour de ce que je vois mais aussi à voler au-dessus, à ramper au-dessous : et encore faudrait-il que l’homme aille bien plus loin, que la femme entre à l’intérieur de tout ce que les enfants voient pour avoir vu.
Commenter  J’apprécie          10
Nous fermons les yeux sur le monde mais nous les ouvrons sur nous-mêmes. Nous ouvrons deux yeux devant nous les yeux ouverts mais nous en ouvrons mille autres en nous les yeux fermés.
Commenter  J’apprécie          100
Je vois une face de la terre et du ciel comme les autres voient une face de mes yeux.
Commenter  J’apprécie          70
L'homme rêve pour ne pas mourir en dormant, pour continuer à se projeter dans la lumière et retrouver le feu dans sa tête comme les poissons ou les oiseaux sans l'eau ou sans l'air nageraient ou voleraient dans leur propre corps. Les animaux ne rêvent pas, ils sont sans cesse dans leur élément.
Commenter  J’apprécie          200



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Luc Parant (25)Voir plus

Quiz Voir plus

La ferme des animaux

Qui est Mr Jones en Russie?

le tsar Nicolas I
le tsar Nicolas II
Trotski
Lénine

8 questions
1834 lecteurs ont répondu
Thème : La ferme des animaux de George OrwellCréer un quiz sur cet auteur

{* *}