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Citations de Jean-Luc Wauthier (77)


 
 
Retrouver le souffle de la vie
sous les pas d'un passant
dont on a depuis longtemps
oublié le nom,
en apparence, ce n'est rien
pour vous, hommes enfermés
dans l'or
et la glace de vos maisons
Pour vous, ce n'est rien
Mais pour nous, qui revenons
de la maison des morts,
il est immense
ce vent debout
et que j'attends

p.21
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Perdu pour jamais
au vaste cadran du monde
alors que
sans feu ni lieu
je me fais peu
jusqu'à devenir invisible
sous les braises du jour
Perdu
pour jamais
tandis que les pas s'enfoncent dans la neige
et que surgit le souvenir
de la délicate forge
de l'amour répandu sur le sable
Perdu
dans les marges du désert
Perdu
sous le porche de la nuit
et sous les escaliers
de pierre

p.13
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Souple silence silence encore
que cette mort toute présente
et qui inspire et frappe à la porte
à l'heure où, couchés,
nous regardons le feu
dans les yeux
               À l'heure où la nuit
nous souffle à l'oreille le message
du lecteur appelé à disparaître
               tout l'univers se fend
L'oiseau désapprend à chanter

Le craquement d'une chaise
nous rappelle d'anciens pactes
oubliés

p.70
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Ta vie
      Nul acte décisif
      nul visage à sauver de la nuit

Un seul chant
          Sourd, secret
           dur et coupant
           cristal fragile orphelin de la neige

Lumière noire

p.31
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L'amour est un os
trouvé sous le vent du désert
alors que, morts de soif,
calcinés par la peur,
on s'apprête à rejoindre le sarcophage.
Amour regard aux verrous impassibles
petit bout d'os morceau de chair
tout cela nous est donné
qui, par la magie du mot
surgit soudain de l'autre vie
dont on se souvient

p.23
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Ce n'était plus qu'un visage
livré aux désarrois du temps –
tandis que loin, si loin de toi
agonise un vieillard mémorable

Ce n'était plus qu'une bouche
livrée au charroi du vent
tandis qu'au fond d'une chambre
s'use et s'effile une vie sans grandeur

Ce n'était plus qu'un silence
livré aux secrets des songes –
tandis qu'au bord du cœur
déjà se soupèsent les chances
de survie d'un regard triomphant

p.22
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Et moi, à demi écarté des convives
Assis à la table d'hôte
Sous les arbres
presque souriant
rasé de près
je poursuis en rêvant le goût de liqueurs
dont le souvenir sucré m'empoisonne

Voici
le domaine défendu
la belle pourriture de vanité
— ces femmes sans épaules
  et dont les seins à la nuit
  s'abandonnent

Sous les étoiles lacérées,
la nuit
domine le sang noir.

p.12
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Ce qui jour et nuit te ronge
au plus profond
n'est rien d'autre que toi
toi, ce chagrin, ce désarroi
dont tu es l'enfant
et qui hante le désert sans soleil
où ne rôde nul vent
toi, cette lampe-tempête
renversée sur la table
par d'étranges loups blancs
quand l'ivrogne affalé sur le banc
savait
d'où aurait dû souffler
le vent

p.11
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S'il connaît le feu
c'est pour en dire
l'absence
S'il connaît l'arbre
c'est pour en nier
le poids
De son corps, il ne peut rien dire
(la bouche veuve et sans portée
  n'a pas mission de contenir
  le long espace des gestes
  la moisson des offrandes)
Et la torche qui le consume
à son propre feu
il ne connaît
que l'absence

p.10
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     le sang éclabousse le rire de l'aube
     la nuit entière se déplie
C'est le moment que tu as choisi pour le chant
     chant dérisoire perdu sur le sable
            du désert
            du gouffre
            du domaine

Plus loin
     toujours plus loin
     ce Feu noir
     où les mots
     enlèvent leur ombre

Tu restes seul
     le dos au mur
     le rouge au front

p.8
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Peut-être bien
qu'alors il n'y aura plus rien
sinon l'ombre d'un cheval sans ombre
ou l'haleine de la mer morte
sur l'inverse du miroir
Peut-être bien
que le souvenir d'un fruit
surtout nous fera mal.
Nous resterons assis en rond,
la tête enfouie entre nos genoux
bien à l'abri de notre corps
réchauffés par notre sang
par quelques images rescapées
sous les yeux ronds
des enfants

Peut-être bien
peut-être bien
qu'alors il n'y aura plus rien

p.67
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Le meilleur de ce qui est en moi
n'est pas cet homme insouciant
apprivoisé par la neige et le vent

Le meilleur, je ne le connais pas
Peut-être est-ce le chant
du dernier jour
cette voix
où se taît toute voix
cet épais silence
dont la mort seule
connaît le poids.

p.65
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   Pour Albert Ayguesparse.


Vie
mince vie miraculeuse
sous le rideau cramoisi
des vieilles tragédies,
tu ramasses les brindilles de l'amour
pour les offrir, d'un rire net,
aux bûchers de la mort
tandis qu'au loin,
les yeux au sol
agonisent les indifférents
et que le ciel se taît
définitivement.

p.37
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N'allez pas imaginer
je ne sais quel poème naturel
gravé sur les arbres
pour justifier l'absence
                  ni le propos léger
d'un petit cuisinier de province
que l'odeur des bonnes herbes
tiendrait éveillé

N'allez pas croire
que la poésie viendrait
d'une parole avare
et démonétisée,
elle qu'on ne voit jamais
que de dos
                  Non
Tout cela fonctionne
comme un rouage très délicat
comme la vie des plantes
      le retour des sources affrontant
le désert

Hautaine et triste poésie,
profil perdu sur la sordide monnaie
de la mort

p.61
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            Pour L.
Un visage se penche
Notre corps lui répond
Fêlure des bouches
Fraîcheur des genoux
caressés longuement

Secret des toisons
chaude, l'offrande du sang
ce poids de poitrines haletantes
soulevé du sol
sous le soc du laboureur aveugle

Ombre
sous le coquillage
mouillé de la mer
Marées d'équinoxe
Silence qui
les yeux fermés
boit longuement

p.30
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Dans les couloirs éteints
de l'Ambassade
qui fait le gros dos sous la pluie
Tu fais le tour de la nuit
et refermes un à un tous les livres
Tu rêves d'une femme
qui ne serait personne
Un souffle un fil une étoffe
Un fragment de lune
gardé
    pour l'ultime faim
    de l'arpenteur
    pour mesurer
    le chemin te séparant
    du désert

p28
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Plus j'avance
plus il me semble
que la chanson va toute seule
issue sans destination
voyage sans itinéraire
bonjour disparu
sur les grandes distances
Les mots de tous les jours
étendent sur moi leurs ailes
ils ont nom « silence
amour
jardin
peut-être »
C'est ainsi
Je n'y puis rien
et n'y veux rien comprendre

p.58
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Je laisse à d'autres
le soin de se taire
au bord des routes d'ombre
où passent les derniers éléphants blancs
et de se disperser à l'abri
de leur cœur quand la nuit
tombe sur la neige du désert.
Je laisse pour ce qu'ils sont
les misérables accidents
de ces routes étriquées.

Au-delà de l'écorce,
la hache du poème
fend la vitre
sur laquelle vivent
les équations du ciel.

p.57
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Si tu parles un peu plus haut
à chaque marche que tu descends
Si l'aveugle aux lèvres de sel
poursuit sa lutte avec la lumière noire
Si l'enfant quelque part
jette la nuit derrière lui comme une éponge
Si cette rive déserte où tu arpentes
l'homme que tu fus
ne te dit plus rien d'essentiel

C'est que, peut-être, dans le ciel nocturne
la tête coupée de la poésie
est passée sans que tu aies eu la force
de te retourner.

p.56
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Loin
    par le fer et le feu
                   Tout est perdu
Rien ne résiste

Loin
    seule
         La forêt d'ébène

(et tout un pan de jour
  achève d'enflammer
  le territoire)

p.55
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