Les secrets des agents secrets - ITW Jean-Marc Gadoullet
Je vais intégrer la grande maison des services secrets, m’engager pour ma patrie à ma façon... Espion, une carrière sûrement dangereuse, mais qui fait la part belle à l’audace et aux initiatives, celle dont j’ai toujours rêvé. Il est encore trop tôt pour que je puisse le savoir, mais deux lois gouvernent les missions des soldats d’élite que je m’apprête à rejoindre : la réalité dépasse toujours la fiction ; la raison d’État l’emporte sur tout le reste. À bon entendeur, salut !
Abou Zeid est un chef de guerre et un combattant acharné qui ne se sépare jamais de sa mitrailleuse PKM. Il n’a confiance en personne et se méfie parfois de son propre entourage ou des autres responsables djihadistes. Ce qui est certain, c’est qu’il peut tuer sans la moindre hésitation et que le terrorisme est devenu son mode d’action privilégié. Un extrémiste prêt à faire couler le sang, y compris le sien, pour sa cause. Mais c’est d’abord un fanatique religieux et non un bandit obsédé par les plaisirs et l’argent comme le sont certains se réfugiant derrière la religion pour assouvir un besoin de pouvoir ou un orgueil démesuré.
Là où les règles internationales n’ont plus cours et où la morale ne s’aventure pas, il est souvent nécessaire, pour un grand pays comme la France, d’intervenir pour que le pire ne voie jamais le jour, pour que des massacres soient évités, pour que des horreurs n’adviennent jamais.
Malheureusement, pour toutes les missions réussies qui resteront à jamais lettre morte, des conflits éclatent malgré tous les efforts consentis, se transforment en crises ou en guerres et font des victimes. D’une certaine façon, ce sont des échecs.
Loin du brouhaha des capitales où ils se rendent parfois, les Touaregs aiment par-dessus tout se retrouver au milieu de rien pour vivre simplement avec leur famille, leur troupeau, leurs amis.
Pour tenir solidement une position, il faut disposer de munitions, d’arguments et d’exemples à développer. Les joutes verbales peuvent même prendre un tour philosophique et opposer le culte du héros au mythe de l’agent inexorablement condamné à servir son pays dans l’ombre. « Les commandos parachutistes sont les plus courageux. » Riposte sanglante du tac au tac : « Oui, et vous êtes beaux comme de la porcelaine, vous supportez bien les décorations, mais assez mal l’épreuve du feu solitaire.
Tabac, drogues, armes et migrants sont les carburants les plus lucratifs de ces « autoroutes clandestines » qui savent s’adapter constamment et se jouer des changements de gouvernants et même des guerres...
Dans ce contexte, les trafiquants de tout poil et les prédicateurs d’hier ont appris à se côtoyer, à s’octroyer des espaces laissés libres par les administrations centrales débordées par la complexité des problèmes et les moyens à mettre en œuvre pour les réduire ou les combattre.
La vie, la mort. Le bien, le mal. Je n’ai toujours eu qu’une seule boussole pour agir : la raison d’État, l’intérêt supérieur de la Nation. À d’innombrables reprises, j’ai mis ma vie en jeu pour défendre les intérêts de la France. J’ai porté les couleurs bleu-blanc-rouge sous toutes les latitudes, mais toujours dans l’ombre. Clandestinement. Mon nom est Personne ou plutôt « n’importe qui ». Je suis agent secret.
Ils sont tous armés jusqu’aux dents, non pas pour se protéger de moi dont ils n’ont rien à craindre, ni même pour chercher à m’impressionner. Non, ils sont armés car combattre est pour eux une deuxième nature et ils ne se séparent jamais de leur arme. Certains s’appuient contre elle, d’autres s’en servent de canne ou la posent délicatement devant eux et la caressent religieusement, par habitude.
La mission, rien que la mission et tous les moyens imaginables pour la réaliser. Être un élément isolé et autonome. Je veux être le « sale type » largué derrière les lignes pour faire des « coups tordus », sorte de voleur de poules ne pouvant compter que sur lui-même. Je sais ce que je veux faire, mais mes rêves m’effraient autant qu’ils me transportent.
Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n’y projetait déjà une histoire. Mais, hélas ! un unique passé propose un unique avenir – le projette devant nous, comme un point infini sur l’espace.