Jean-Paul Carminati - Coordinateur du Projet CEBH
À la fin de cette série de conseils pour lire à voix haute la poésie, il nous faut encore ajouter une dernière remarque : ne pas se décourager, car lorsque l'on sait lire naturellement et rigoureusement la poésie, les autres genres de textes semble bien facile à lire !
À l'instar de la musique, l'audition d'un texte permet d'être actif et de créer ses propres images. L'auditeur reprend alors le pouvoir dans une société où les images lui sont imposées et le rendent trop souvent passif. Mais surtout, et c'est peut-être une raison fondamentale à l'heure du "tout technologique", elle replace l'auditeur dans la douce période de l'enfance, au temps où on lui lisait des histoires qui nourrissaient ses rêves, à travers le seul médium de la voix humaine.
La vie
C'est comme une dent
D'abord on y a pas pensé
Et puis ça vous fait mal
Et on y tient
Et puis un jour
Il faut vous l'arracher
La vie
Boris Vian
Il y a parfois des médecins parmi les escrocs, et surtout des dentistes spécialistes ès-crocs.
Mais il ne faut jamais oublier que c'est le texte qui dicte le choix des sentiments, et pas l'interprète qui impose des sentiments au texte. Aussi faut-il savoir analyser les textes littéraires d'un point de vue musical.
"Avec la pince à effet de levier, une prémolaire est très facile à retirer de son os. Ca fait un gentil petit "plip", le même bruit que lorsque l'on ôte la capsule de plastique d'une bouteille de vin bon marché"