Lucía Etxebarria - Ton c?ur perd la tête .
Lucía Etxebarria vous présente son ouvrage "Ton c?ur perd la tête" aux éditions
Héloïse d'Ormesson. Traduit de l'espagnol par
Nicolas Véron. Préface de
Marie-France Hirigoyen. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/etxebarria-luc%C3%ADa-ton-coeur-perd-tete-9782350873145.html Notes de Musique : ?Hartford? (by Mary Halvorson and Jessica Pavone). Free Musique Archive. Visitez le site de la librairie : http://www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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L'absence de quelqu'un est parfois plus perceptible que sa présence, surtout lorsqu'elle se traduit par un léger élan de l'âme réclamant la personne absente.
Il vaut mieux regretter le manque que de finir par regretter la présence. Je préfère la nostalgie à la routine.
Le monde est plein de vampires. Celui qui mord a été mordu un jour. Celui qui abuse a souffert d'abus. Celui qui frappe a été frappé. Celui qui abuse a été abusé. Le bien et le mal ne surgissent pas du néant, quelqu'un les a fait entrer dans notre tête à coups de marteau.
Car ce qui fait le plus mal, ce n’est pas de quitter la vie, mais ce qui lui donne un sens.
La vie devrait être comme une éphéméride. Tous les jours, on devrait pouvoir en arracher une page pour en commencer une autre en blanc. Mais la vie est comme une couche géologique. Tout s'accumule, tout compte. Toute chose a une influence. Et l'averse d'aujourd'hui peut annoncer le tremblement de terre de demain.

Quand on fait l'amour, on peut crier, ça n'a pas d'importance, on ne perd pas son a. C'est comme un bébé qui naît, il a beau pleurer pleurer pleurer, ça ne le rend pas aphone parce qu'il a tout bien ouvert, toutes ses résonances sont bien en phase avec son appareil phonateur. Quand une femme a un orgasme, c'est pareil. Le cri sort par en dessous, à l'endroit où l'on appuie sur le diaphragme, donc bien au-dessous du diaphragme. Depuis l'appareil reproducteur, pas depuis l'appareil phonateur. C'est à dire depuis le con. Excusez-moi de parler comme ça, je peux être très raffinée si je veux, mais le fait est qu'il n'y a pas d'autres façons de le dire. Quand on fait l'amour, on inspire par le con, pas par la poitrine ni par le diaphragme, mais par le con, et l'air entre et sort par en-dessous. Et comme on est complètement ouverte, on peut crier fort sans forcer, on ne risque absolument pas de devenir aphone, à condition de crier par le con. Il faut crier par le con !
...je ne suis dans ta nuit qu'un lac, un verre
un lac profond
où tu peux boire les yeux fermés
(Idea Vilarifño : "La Nuit")

Cet échange électrique de regards accrut sa température corporelle et aviva parallèlement le feu de son imagination, ouvrant tout un monde de possibilités excitantes, avec l'anxiété irrépressible de la petite fille qui vient de découvrir, auprès d'un maître en la matière, ce que c'est que le jeu.
Alors elle ne voulut plus retenir ses yeux de descendre des lèvres béantes, charnues, humides vers la gracieuse pomme d'Adam, vers les belles épaules, vers le torse brun, musclé, tendu sous la chemise [...], vers les mains sereines qui s'avançaient , de se laisser tomber en piqué vers l'abîme, depuis ce trampoline de la tentation, cette incroyable sensation de se laisser tomber...de s'abandonner au pressentiment du corps, de ne pas écouter son cerveau, de se laisser tomber...jusqu'à ce que le scanner du regard prenne feu devant cette bosse entre les jambes, cette bosse saillante, érigée en son honneur [...]
("Laisse-toi faire" de Lola Beccaria)

page 159
[...] Quand j'arrivai à la maison, maman et Rosa m'attendaient, l'air soucieux. Maman fumait cigarette sur cigarette, et Rosa, toujours aussi pragmatique, insistait pour que nous restions calmes, disant qu'on n'arriverait à rien en réagissant comme Cristina.
Cristina était enfermée depuis plusieurs heures dans la salle de bains et refusait d'ouvrir la porte. Rosa s'entêtait à dire que le mieux était de faire sauter la porte pour voir si la petite n'avait pas avalé un autre flacon de médicaments, parce que nous savions qu'au moindre relâchement de sa mère, Cristina faisait main basse sur les médicaments de sa pharmacie. Mais maman, toujours aussi soucieuse du quand-dira-t-on, insistait sur le fait qu'il valait mieux éviter, parce que avec le vacarme que nous allions faire en jetant la porte par terre, tous les voisins seraient alertés. Moi, franchement, je trouvais cette obsession des voisins un peu absurde, comme si à ce stade là, tous n'avaient pas été au courant des scènes de Cristinita !
Je m'approchai de la porte de la salle de bains et, sans grande conviction, murmurai :
- Cristina, c'est moi, Ana, tu vas bien ?
Au début, pas de réponse, mais au bout d'un moment la porte s'entrouvrit, juste un peu, et j'aperçus la tête échevelée de ma sœur qui, lorsqu'elle constata que ni maman ni Rosa n'étaient visibles, ouvrit un peu plus la porte et me laissa passer. J'entrai dans la salle de bains et Cristina referma le verrou derrière moi. [...]
Les grandes héroïnes de la littérature occidentale, de Médée à Anna Karénine en passant par Juliette, Emma Bovary ou la Mélibée de "La Célestine" de Rojas, vivaient l'amour comme étant le projet essentiel de leur vie. La romancière et essayiste Lourdes Ortiz a analysé comment, dans la plupart de ces histoires, ce qui, pour l'héroïne, représente toute sa vie, n'est pour le personnage masculin qu'une partie de la sienne.