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Citations de Jean-Pierre Bours (30)


La sage-femme s'était emparée des deux mains de l'enfant et les tenait dans les siennes, comme pour infuser en lui une partie de son énergie. Elle n'en avait plus que faire des consignes de prudence, des mesures d'hygiène, face à ce petit être aussi désarmé qu'un fétu ! Elle n'avait plus d'espoir en rien, elle le sentait venir à elle, se vider, elle espérait simplement qu'il allait le faire doucement, sans autre soubresaut, par épuisement, lui à qui l'on avait enlevé tant de sang.
Mais la pitié n'est pas de ce bas-monde. Il y eut à l'extérieur un choc soudain. Le vent avait-il tourné ? Une bourrasque se leva en un hurlement, secoua la maison jusqu'en ses fondements, éteignit le feu dans l'âtre et, dans l'obscurité soudaine, l'on vit l'enfant rouvrir les yeux puis, comme dressé par une convulsion, s'asseoir sur le lit. Il avait compris. Ce n'était plus à la maison que s'en prenait le vent, c'était à lui.
Un long cri monta de ce corps émacié, comme l'expression même d'une douleur immémoriale, répondant au vacarme de la tempête. Le garçon commença à se tordre. Ses membres furent saisis de mouvements convulsifs, il se secouait sur le lit, la bouche ouverte, à bout de souffle, comme s'il voulait faire comprendre, à la force qui maintenant entrait en lui, qu'elle ne l'aurait plus vivant. Les parents, le prêtre et la sage-femme étaient cloués sur place. Le hurlement prit fin, cédant à un silence traversé de rafales. Sigismond s'était rejeté vers l'arrière, la tête et les épaules au fond du lit, les genoux pliés, le corps cambré, tendu, soulevé, montant des épaules vers les genoux, en une étrange position, qui était tout à la fois un refus et une offrande à la mort. Il avait les yeux et la bouche ouverts mais il ne vivait plus. Freia posa une main sur son bras et sentit son corps tordu comme un nœud. Alors elle se tourna vers les parents et leur dit doucement :
- Il ne souffrira plus. (P139-140)
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Sainte Catherine, après avoir suivi l'enseignement des plus grands maîtres de son temps, refusa le mariage à l'empereur Maxence, ce qui lui valut de subir le supplice de la roue, dont elle sortit indemne avant d'être décapitée. Elle devint la patronne des filles à marier, des théologiens, des philosophes, des étudiants, des meuniers et des tailleurs.
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- Qu'allez-vous faire ? Une saignée ?
- Si je voulais mettre fin aux jours de ton frère, c'est ce que je ferais...
- C'est ce que font les autres.
- Des charlatans ! La médecine est envahie de charlatans. En saignant et en purgeant leurs malades, ils les affaiblissent et les achèvent. Ils prétendent les vider de leur sang contaminé, et ils les vident de leur vie !
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(Martin Luther s'adressant à Gretchen) :

Vous êtes une véritable casuiste ...Et vous avez soulevé deux points qui méritent réflexion. Pourquoi le mariage est-il un sacrement ? Le baptême, l'eucharistie, la pénitence : certes. Mais le mariage ? Je me le demande. Où est l'intervention divine ? Le prêtre n'y joue qu'un rôle de notaire. Et pourquoi ne pas l'ouvrir au clergé ? Sachez bien que, depuis longtemps déjà, j'y réfléchis. *

* Luther se mariera en 1525

(Seconde partie. Chapitre 5. L'an 1519)
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On ne savait d'où cela venait, mais il y avait un monde là-dessous. Un peuple grouillant. Et, tandis qu'elles demeuraient, n'avançant toujours pas, il leur sembla que cela bougeait, qu'une sorte de reptation se mettait en mouvement, et que ces êtres de l'ombre montaient vers elles. On entendait mieux leurs chants. Elles n'osaient se pencher, de crainte de les voir. Une lente procession s'était formée au pied du Brocken, qui avait entrepris de le gravir. La neige les dissimulait, mais qu'étaient ces êtres ? Des lémures ? Ou des sorcières ?
– Walpurgis ! murmura l'une d'entre elles.
Et elles se répétèrent :
– Walpurgis !
Et une autre, celle qui avait dit « J'ai peur » la veille, murmura comme envoûtée :
– Méphistophélès...
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Tu vois, expliquait Freia, personne n'est un lys ou une ciguë. Nul n'est totalement bon ou uniformément bon ou uniformément mauvais. En chacun de nous - même toi ! - s'affrontent les forces bénéfiques et maléfiques ; il appartient à chacun d'entre nous de faire taire les secondes et d'épanouir les premières. Regarde le muguet, gracieux et discret, blotti dans l'ombre, avec sa cascade de clochettes : fais-en une tisane, offre-la à boire, et c'est une mort lente que tu proposes.
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Que puis-je espérer d’un monde où l’on brise les fées ?
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Jean-Pierre Bours
Le temps s'y trouvait divisé en portions toutes égales, comme s'il fallait que l'on vive chaque minute avec la même intensité, comme si une heure d'hiver et une heure d'été, une heure de jour et une heure de la nuit, avaient la même durée nécessairement.
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– L’italique est le caractère de la séduction, reprit Franz, de l’allusion, du sous-entendu. Si j’avais à imprimer un jour un livre où apparaît le Malin, j’écrirais ce qu’il dit en italiques.
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- J'aime bien l'Inquisition, elle est une partie de cette Force qui veut toujours le Bien et fait toujours le Mal. Il fallait bien que J'en soit le greffier, non ?
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... porté par un âne caparaçonné de velours, flanqué de deux gardes armés de lances, était un coffre énorme bardé de serrures, avec sur sa partie supérieure une sorte de sébile pourvue d'une fente.
- Le coffre aux indulgences, dit Franz.
Juste derrière, un jeune moine portait un crucifix, auquel était attaché un parchemin où se voyaient des colonnes de noms et de chiffres.
- Le tarif . Sacrilège : sept ducats. Parricide : quatre. Sodomie : douze. Tuer un abbé coûte plus cher qu'abuser d'une enfant, murmura encore Franz.
Margarete et Ulrika l'écoutaient, stupéfaites.
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- Hexe ! Hexe ! *
Ce seul mot la terrorisa. Il réveilla en elle des images grimaçantes de vieilles édentées traversant les airs sur un balai, d'accouplements frénétiques sous la lune avec des animaux difformes aux membres inouïs, d'interrogatoires et de tortures poursuivis des journées entières dans des in-pace suintant la souffrance, et de bûchers où se tordaient des victimes qu'insultaient des foules hystériques.
* sorcière
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Comme toute bonne proposition, celle-ci ne satisfaisait personne et fut acceptée par tout le monde.
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Ce qui fait la grandeur du fantastique tient à son étonnante souplesse et à sa merveilleuse faculté d'adaptation. Il peut-être anglo-saxon ou latin, germanique ou slave, sans perde aucune de ses caractéristiques propres.
Il admet être introduit dans le récit psychologique, l'œuvre métaphysique ou le roman à thèse ; enfin, il est présent chez Balzac et chez Borges, chez James et chez Joyce.

J.P Bours Présentation.
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Elle s'arrêta surtout sur l'assesseur de droite, celui qui la convoitait. Il fit couler vers elle, par-dessous ses paupières, un regard étrange. L'espace d'un moment elle entrevit dans ce regard une lueur, puis la graisse reprit ses droits, le porc reprenait le pas sur l'homme.
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- Vous savez très bien que je suis innocente.
- Je le sais, parfaitement, eux aussi, tous les magistrats, là-bas, le savent. Mais tu déranges leur ordre. Celui des seigneurs et des puissants, de ceux qui leur commandent.
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L’italique est le caractère de la séduction, de l’allusion, du sous-entendu. Si j’avais à imprimer un jour un livre où apparaît le Malin, j’écrirais ce qu’il dit en italiques.
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- Il reste un dernier conseil, le seul véritablement efficace, mais je sais que vous ne le suivrez pas.
- Et c'est ?
- Il est d'Hippocrate, et il tient en trois mots latins : « Cito, longe, tarde ». En d'autres termes : « Pars vite, va loin et reviens tard. » Les ordres religieux suivent ce conseil avec un empressement peu banal. Il faut voir les portes des couvents se fermer quand la peste approche. Et il n'est pas jusqu'à certains de mes confrères qui n'appliquent l'adage ! Je dois à la vérité de dire que Martin Luther, vivement invité à quitter Wittenberg, a refusé de le faire. Et mon collègue Helgenberger n'hésite pas à rendre visite à ses patients.
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- Quels aveux ? répondit Eva. Les aveux de quoi ? Je suis prête à avouer avoir rédigé des enquêtes pour aider des proches et des démunis, tous écrasés d'impôts et qui ne savaient ni lire ni écrire. Je suis prête à avouer avoir refusé de céder aux avances pressantes du compte Georg Friedrich von Aschaffenburg et lui avoir préféré son fils, comme je'ai refusé de livrer mon corps à la lubricité de l'abbé Shund.
- Ce n'est pas ce que la Cour attend.
- Avouer que j'ai pactisé avec le Malin ? Que j'ai enfourché un balai pour le suivre en quelque sabbat ? Que je lui ai vendu mon âme ? Pour en retirer quoi ? Ces contes sont grotesques. Ce sont des histoires de grand-mères. Je n'avouerai rien que je n'ai fait. Pas un instant je n'ai eu un comportement indigne.
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– Deux nouveaux cas de peste, dont un avancé. Je suis heureuse qu’ils soient traités par Faust. Malgré sa réputation, il m’inspire confiance.
– Sa réputation !
– On le dit mécréant. Il a un savoir immense, acquis on ne sait où ni comment. Certains disent de lui qu’il pratique la magie, au besoin noire. Il prétend même ressusciter les morts.
– Foutaises, dit Margarete. C’est un savant, un homme qui essaie de comprendre, qui refuse d’appliquer les vieilles recettes.
– Sois quand même prudente… dit Freia.
– « Prudente » ! Pourquoi, prudente ?
– C’est un homme séduisant…
– Et alors ?
– Je n’ai rien dit ! se ravisa Freia avec un sourire.
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