Gardez précisément cette lettre; souvenez-vous de votre malheureux père et suivez ses conseils.
L’inefficacité des projectiles ennemis est l’objet de tous les commentaires. Les shrapnells éclatent mollement et tombent en pluie inoffensive. Quant aux balles allemandes, elles ne sont pas dangereuses : elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure.
L’Intransigeant - 17 août 1914
Les statistiques des dernières guerres démontrent que plus les armes se perfectionnent, plus le nombre de pertes diminue.
Le Temps - 4 août 1914
Je suis blessé très légèrement une première fois, une balle traverse mon sac placé devant moi.
Je continue le combat, lorsque mon camarade Loiseau est atteint à la jambe.
Je vois aussi mon lieutenant tomber traversé par une balle.
Une grande quantité de mes camarades sont couchés morts ou blessés autour de moi.
Je suis atteint d’une balle au côté gauche, je ressens une grande douleur comme si l’on me brisait les os.
La balle m’a traversé dans toute ma longueur en passant par le bassin et s’est logée au-dessus du genou, aussitôt je ressens une grande souffrance et une fièvre brûlante.
[…]
Le combat est terminé.
Tout mes camarades ont battu en retraite.
Et nous, les blessés, nous restons abandonnés, sans soins, mourant de soif.
Quelle affreuse nuit !
Le spectacle des blessés est devenu intolérable.
Que mes larmes que je verse en faisant cette lettre vous inspirent de faire tout ce que je voudrais et que vous deveniez tout ce que je vous souhaite.