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Citations de Jean Weber (33)


Le cochon aimerait bien qu'en lui tout ne fut pas si bon.
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JARNAC - Au cœur du discret cimetière de Jarnac il est un caveau de famille si traditionnel qu'on ne le remarque pas tout de suite parmi la collection triste d'édicules avec soin alignés.
Ici, le scandale de la mort s'efface derrière l'austérité des monuments funéraires embourgeoisés. Vêtu de gris, l'ordre social recouvre et absorbe le chagrin. Il n'est de conduite possible que le silence convenable du mensonger recueillement.
A l'intérieur de l'édifice étroit comme la guérite d'une sentinelle, sur leurs plaques haut perchées, deux phrases pieuses en latin encadrent un nom, Mitterrand, un prénom, François, et deux millésimes 1916, 1996, bornant strictement l'espace d'une vie d'exception. C'est tout.
Oubliés les coups de cœur ou de griffes, les échecs, les succès. La folie absolue du pouvoir conquis, conservé, exercé. Les livres lus. Le poison tendre des amours cachées. La lutte stoïque contre le mal qui ronge. Le déni. Le mensonge année après année certifié. Sur des sentiers sans flèches ni balises, on croirait voir, accompagnant le verbe, les forces de l'esprit traverser le rideau du temps. Au bout de l'allée, la plate Charente court sans hâte à la mer.
En plein cœur du discret cimetière de Jarnac, il y a cette sépulture comme soutenue par une affectation de discrétion qui trouble et gêne. Elle domine l'ensemble strict de pierre taillée où quelques fleurs à l'abandon se laissent mourir.
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Le plagiat est la base de toutes les littératures, disait Giraudoux, excepté de la première, qui d'ailleurs est inconnue. Farceur !
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L'automne s'achevait, les jours raccourcissaient sans cesse. La lumière comme prise à travers une vitre grise et sale se faisait plus timide. Assaillant les grands bois noirs sans pitié, un vent de nord-ouest jetait au sol par brassées les dernières feuilles. Le fouet des averses s'abattait sur les toits du village. Ruban ocre aux contours indécis la rivière gonflée d'importance mordait ses berges. Le froid pâle s'insinuait partout. Au ciel étaient passés d’immenses vols de grues tout avides de Sud. Décembre pleurait d'antan les couleurs vives et chaudes.
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La petite femme coquette s’est mise à lire un roman historique. Elle est plongée dans un passé vieux de près de quatre siècles. A chacun son désir de racines. Je relis de la poésie. Mon souci est de feuilles, de fleurs et de fruits.
Dans le wagon qui me ramène chez moi, me voilà ballotté de souvenir en souvenir. Je suis moi même et un autre à la fois. Au rythme de mon voyage en train, un voyage intime m’emporte vers une enfance à jamais réécrite.
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En dehors de la sphère des religions qui persistent à ne pas leur faire la part belle, les femmes dès lors qu'elles s'estiment assez peuvent escalader le ciel.
" Si je suis vivante et sur cette terre, c’est pour faire quelque chose ", dit Emmanuelle Charpentier prix Nobel de chimie avec Jennifer Doudna.
En cherchant à soigner des maladies génétiques du sang dont la drépanocytose et la mucoviscidose on peut se risquer à dire qu'elle fait effectivement quelque chose.
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A la corne du bois trompant ainsi le soir
Un reste de soleil oublié s'attardait
Ni l'oiseau qui chantait
Ni le chevreuil discret ne craignant ma visite
Le monde tel qu'en lui même
Vivait paisible et gai
Comme une parenthèse dans un texte cent fois lu
Rien n'était plus pareil
Rien ne se ressemblait plus
Sur la mousse assis j'étais en pointillé
Un simple effet de style
Un petit e muet
Un accent pas bien grave
Présent à peine au monde d'avant comme à celui d'après
En spectateur ravi sans nul souci de moi
Je flottais hors d’attache
A la corne du bois tantôt je reviendrai
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Ah ! Être à nouveau l'enfant effaré que février enfièvre Contempler l'absurde horizon fermé comme une tombe Et tel le fils souffrant d'une époque orpheline Près d'un pauvre arbre nu enherbé de regrets N'avoir plus à la bouche ni baisers ni sourires Mais le gris cri de joie d'une âme que charme encore un monde en perdition.
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Je pense aujourd'hui à ceux qui sont malades et seuls. Si vulnérables. Tellement en besoin de l'Autre introuvable.
Ils éprouvent l'incertitude profonde de la condition humaine, le tragique sous-jacent à toute vie.
Le désarroi les guette. Le désespoir menace. La peur.
Mais ne peuvent-ils s'unir à d'autres ? N'ont-ils plus rien à donner ni à recevoir du monde ? Sont-ils à ce point privés de force, d'espoir ?
De la maladie provient un défi à relever, un combat à mener. Notre vulnérabilité ne nous laisse pas sans ressource. Elle ne nous interdit pas de trouver un sens à l'inégale lutte engagée pour la rémission temporaire ou complète.
Aux malades, l'insouciance d'un coup a été volée. La souffrance indûment la remplace. Leurs visages portent alors la marque cruelle de l'usure. Une quête singulière de guérison s'empare sans relâche de leurs vies de patients. Toute aide leur est précieuse.
Certains ont reçu le secours de la foi. D'autres s'adossent à une philosophie propre. Tous aspirent au réconfort de présences amies, de paroles, de gestes, d'écoute et d'échange. J'ai même rencontré à l'hôpital des malades qui voulaient tout savoir de leur pathologie, des protocoles opérationnels, des derniers développements de la recherche en France et à l'étranger et du lexique du Mal dont ils étaient otages. Tout est bon qui mieux nous arme et sauve qui peut la vie !
Je pense aujourd'hui à ceux qui sont malades et seuls. Si vulnérables. Tellement en besoin de l'Autre introuvable. Que tous reçoivent et pas seulement du personnel soignant porteur par vocation d'espérance les bienfaits d'un fraternel rayonnement d'humanité !
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Ici, sachez-le, on prend soin de la mémoire complexe des disparus. Leur souvenir, embelli souvent, demeure vivace. Ainsi, aucune perte n'est totale. Nul ne plonge jamais dans l'oubli absolu, le néant d'un trou noir tapissé de griffes. Par delà la mort, une collectivité aux contours larges perdure. Ainsi tous ceux qui savent d'où ils viennent finissent par voir mieux où ils vont.
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Adieu le chat ! Entré le dimanche 6 mai 2007 dans notre vie, tu en sors ce samedi 15 août 2020 laissant chez nous un curieux vide et ici ou là quelques objets à toi.
Lamartine très justement disait " On n'a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n'en a pas. "
Non, la mort d'un animal de compagnie n'est pas banale. La peine du départ est grande et on jure qu'on ne nous y reprendra plus à ouvrir sa porte et exposer son âme à la blessure.
Puis à nouveau on craque pour un petit museau curieux, un regard profond, une pose élégante ou plus cocasse, un je ne sais quoi d'heureux, une caresse.
Ainsi prépare-t-on, mêlé de beaux souvenirs, l'inévitable chagrin de demain.
C'était mon ami, un chat omnivore gourmand de courgettes mais friand aussi de crevettes (sauf les têtes, non mais quel snob) et de jambon blanc les jours de fête (consulter le calendrier félin) mais sans exclusive puisqu'il acceptait de se nourrir aussi de croquettes.
A sa façon, il parlait, nous prévenant quand sa sœur avait réussi à se faire enfermer dans le grenier ou que l'eau manquait dans le bol de la cuisine ou qu'il voulait sortir ou bien entrer. Ou bien, ou bien...
Sympa, il acceptait que nous habitions chez lui à condition que nous nous chargions de menues tâches ménagères sur lesquelles il transigeait rarement.
Enfin, il était de première force pour détecter chez nous un petit coup de moins bien et nous remonter le moral.
Je vous dis que c'était mon ami. Vous voyez bien que je n'exagère pas. Il est parti. Cela fait 15 jours. Adios ! Adieu l'ami !
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Sur le marbre j'ai cru trouver
La mémoire des morts lointaines
Gravée au flanc du monument
Triste, à son front de pierre
Un souffle doucement disait
Qu'il est meilleur vin que le sang des soldats
Aveugles semblaient les passants
A qui la pierre tentait de dire
Que bâtir pour ensuite périr
De ce monde est comme la loi
Jeunes hommes devenus des ombres
Morts de corps et puis d'esprit
Passé délavé, camarades oubliés
De quels murs êtes vous l'usure ?
Sur le marbre j'ai éprouvé
Dans le vent qui tout efface
Le goût mauvais de tous nos oublis
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Doutons de tout ce que nous entendons dire. Doutons de tout ce que par réflexe ou commodité nous serions disposés à croire. Nous avançons dans les ténèbres à la rencontre de l'inconnu avec la certitude qu'il n'y a pas de certitude et que toute représentation du monde est fautive et devra laisser place à une nouvelle représentation également fautive. Toujours, le rocher hissé à toute force au sommet de la colline vacille et roule pour finir au ravin. L'écoulement universel dès le premier de nos instants se saisit de nos vies. Excepté le doute, il faudrait ne s'accrocher à rien.
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Ici tout pleure. Les jours sont rongés d'obscurité, les sentiments dilués dans l'eau froide de la saison lente de tous les déclins. J'écris parce que cela disperse un peu le brouillard qui s'insinue sans que je l'invite. Noir est mon roman qui ne sait ni d'où il vient ni où il va tout à fait. J'écris avec, diffuse mais bien présente, la crainte de me relire, de ne pas aimer ce texte qui serait mien et dans lequel je ne me reconnaîtrais pas. C'est le risque quand on touche aux choses qui demeuraient cachées jusqu'alors, lorsqu'on se rend en terre inconnue à la rencontre d'inconnus. Sur place, comme jamais je voyage. Partout chez moi. Partout personne déplacée.
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Tout de même, c'est une bien belle chose à la fin que la résistance de la lecture et des lecteurs aux misères du temps. Avec le livre, la culture n'est pas repliée sur elle même, hors d'atteinte. Elle est tout au contraire mise à notre portée et chacun peut librement s'en nourrir, prenant un livre, le laissant, le reprenant ou en cherchant un autre à son gré. Seule peut être une crise de l'importance de celle que nous subissons pouvait nous rappeler que la culture est une arme pacifique dont l'homme s'est doté pour surmonter le malheur d'être au monde.
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Les artistes ont exploré sans limite tout le champ du visible. Les plus inspirés sont même allés au delà et ont capté pour nous le donner à voir l'invisible. Ils ont entendu la bouche d’ombre proférer ses mystères.
L’œil guidant la main et la main lui rendant la politesse ils ont organisé la représentation d'un monde occidental qui s'est lui même emparé du monde à travers la vision que sa puissance considérable lui imposait d'imposer.
Né d'un geste premier aux traces émouvantes sur les magiques parois des cavernes, le dessin (la photo et le film plus tard) est un outil politique puissant.
Il n'y a pas de représentation innocente. Claire de ligne ou plus énigmatique, toute représentation est la marque d'un pouvoir.
Représenter, c'est prendre le pouvoir.
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Dans une société généreuse les plus petits ruisseaux de la solidarité convergeraient en formant de grands fleuves fraternels. Donnons de notre temps à défaut de biens matériels. La véritable générosité, celle qui demeure cachée, ignore les calculs. Elle croit toujours devoir aux autres un peu plus que ce qu'elle leur donne.
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De trop pleurer, le saule a noyé son chagrin Il est perdu l'Azur Oublié le soleil Mais Ô mon ombre vois venir l'impalpable songe De nuits blanches qui jamais ne finissent.
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Donner la parole au passé, est-ce offrir un supplément de sens au temps présent ?
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- Nous ne pouvons pas, surtout nous, socialistes, ralentir davantage la marche de l’histoire. Il n’est pas bon que le législateur avance moins vite que la société civile. Et c’est encore plus vrai de l’exécutif. Dans trois mois, la France se choisira un président. Il ne sera sans doute « ni de gauche, ni de gauche », comme François Mitterrand disait, en parlant du centre. Je ferai tout pour que ce soit un républicain sincère qui occupe ce fauteuil. Tout. Mais pas davantage. Voilà. Eh bien, Messieurs, vous pouvez vous retirer. J’aimerais demeurer seul. S’il vous plaît, restez encore un moment, Monsieur le Premier ministre. Alors que conseillers, directeurs, ministres et sous-ministres quittent perplexes son bureau, le chef de l’État s’empare d’un croissant. Il l’ouvre en deux, tartine de beurre chaque moitié et porte le tout à la bouche. Le chef du gouvernement intervient :
– Arrête, tu vas te faire du mal !
– Ah, non ! Je ne vais pas en plus renoncer aux bonnes choses.
– Tu as grossi.
– Un tout petit kilo. Cela ne compte pas.
Le Président maltraite un autre croissant. Aux amandes.
– Mmm, c’est juste divin. « C’est tout ketchup », disent les cousins du Québec. Le Québec, non mais tu crois pas que je serais bien là-bas ? Au bord d’un lac, les pieds dans la neige fraîche ! Libre comme l’air ! Tout benèze !
– Au Canada, tu es sûr ? Comme Juppé après sa condamnation ?
– Zut, c’est vrai. Il n’aurait jamais dû sortir de Bordeaux, Juppé. Il est un peu sectaire, carrément rigide, mais moi je l’aime bien. Dommage que son électorat ait choisi Fillon pour pilote. Faux dévot et vrai notable. Rétrograde. Regardant. Enfin, rien n’est joué. Voyons d’abord comment il va se sortir de son histoire de PME familiale. Très mal, sans doute. Le père Séguin, d’où il est, doit rigoler de l’entendre, ce pisse-froid, se réclamer de lui et pleurer son petit argent. Après une nouvelle pause pâtissière, le président reprend :
– Dans le fond, les médias, qu’est-ce que j’en aurai à battre dans trois mois ? Et les sondages d’opinion, ma cote d’impopularité ? Parfois, le monde, il a pas été gentil avec moi.
– Et Brunoy ? Tu décides quoi ?
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