Citations de Jeanne Sélène (37)
Blottie dans sa couverture, elle repensa à toutes ces fois où on l'avait battue, parce qu'elle avait parlé, manquant de respect aux dieux, brisant leur loi... Le pire avait été quand on avait découvert qu'elle savait lire et écrire. Une femme ayant ce privilège ! Impensable, elles n'étaient que des animaux ! De ce jour-là, elle avait gardé une longue balafre le long du cou.
Les deux lunes rouges éclairaient les environs. Chacun de ces deux demi-cercles parfaits représentait un dieu. L'un se montrait aux humains sous la forme d'un homme et l'autre sous ceux d'une femme. On racontait qu'avant, à l'époque où on les honorait encore, ils ne formaient qu'une seule et unique lune argentée, toujours pleine.
Enfin, la Forêt Maudite était en face d'elle. Le Solénon ne tarderait pas à aller éclairer d'autres contrées. Son cœur battait à tout rompre, on disait que personne ne pouvait traverser cette immense barrière. Qu'y avait-il donc de si dangereux ici ?
Dans cet étrange pays, l'eau ne tombait pas du ciel mais montait du sol. C'est ainsi que les plantations recevaient l'irrigation nécessaire à leur survie.
- Tu n'as pas de nom car les hommes ne croient pas en toi. Moi, j'ai foi en toi et c'est pour ça que je vais te nommer. Es-tu d'accord ? Comment refuser une telle preuve d'affection ? Elle hocha la tête.
C'était le grand jour, elle allait faire ce que tous les hommes de son pays craignaient, elle allait traverser la frontière.
Sylvéa se retourna pour hurler mais le monde se disloquait autour d’elle. Un brusque bruissement d’ailes la rappela dans un autre lieu. Elle ouvrit les yeux sur le Pranzli qui, gisant immobile, attendait la venue de l’énorme rapace.
Bel être des bois, pour accomplir ta mission et ton destin, il te faudra pénétrer dans le temple à la nuit tombée. Sans ces bagues, l’affreux Haurs-Koll le saura.
L’elfine releva la tête et ses yeux croisèrent une étrange gravure sur la roche. Elle s’en approcha et ne put réprimer un cri de surprise. Aussitôt, la musique cessa et la voix inquiète de Jérébiets retentit.
Doucement, l’elfe recula, sans quitter des yeux la silhouette de l’arbre. À chaque pas qu’elle faisait, l’ypréau avançait lui aussi. La sueur commençait déjà à couler le long de ses tempes. Si ses pensées se détournaient un seul instant, elle perdrait le contrôle et de l’arbre, et de sa propre âme.
A bientôt, mon arbre, murmura-t'elle je te ramènerai celui que tu attends ; et alors, j'irai punir l'Ombre pour m'avoir volé celui que j'aimais.
Bon, je vais te faire visiter encore une fois le monde dans lequel j'ai grandi. Installe-toi bien, mon garçon, nous partons dans le passé.
des femmes muettes, soumises. De simples animaux dépourvus de volonté, incapables même d'apprendre à parler.
Depuis combien de temps marchait-elle dans ce lieu sinistre sans savoir où elle allait ? Tous les arbres se ressemblaient et elle avait l’impression de passer sans cesse aux mêmes endroits. C’était épuisant mais l’image des lunes brillant dans la nuit la poussait à continuer.
C’était vraiment étrange, elle avançait depuis des chiffres et des chiffres et pourtant, elle ne sentait ni la faim lui tenailler le ventre ni la fatigue l’assommer, de plus, elle ne ressentait aucune envie de se soulager.
C’était sans doute un effet de cette forêt et pas des plus gênants …
Quatre longs jours de filature plus tard, ils atteignaient la ville de Gelt. Nyel put les voir s’engager dans l’auberge la plus réputée de la ville. Lui, se contenta d’un vieux bouge mal famé de la basse ville. Les chambres y étaient minuscules et les lits de paille à peine propres mais le maréchal-ferrant s’en contenta car le prix était dérisoire. Il demanda à être réveillé deux bons chiffres avant l’aube. Il voulait être sûr d’arriver le premier à la porte sud.
Il se coucha après un piètre repas, l’image d’Harmonie en tête. Comment allait-il pouvoir la délivrer ? Mais le désirait-elle vraiment ? Et si elle préférait à la sienne la compagnie du prince et de son stupide sonneur de clairon ?
Plein d’anxiété, il ferma les yeux et chercha en vain le sommeil.
Avait-il été enlevé malgré la présence de ses trois gardes du corps ? Il rageait de n’avoir aucune mémoire du déroulement des événements. De quel droit l’avait-on enfermé ici ? Il ne parvenait pas à bouger tant les parois étaient resserrées autour de son corps dénudé. L’air venait à manquer, il peinait à reprendre son souffle. Il poussa un cri sauvage et, usant de toutes ses forces, appuya de ses bras et de ses jambes contre les cloisons.
Elle s’installe, mal à l’aise, tirant sur son chemisier rouge grenat. Je prends place face à elle. J’ai subitement chaud sous la blouse blanche que j’ai omis d’enlever. Je perds mes moyens, je reste silencieux un instant. J’ai besoin de retrouver mon calme, de me reconnecter à moi-même puis à mon rôle.