Jess Rothenberg

" Mon coeur. Endormi, silencieux, parfaitement briser en deux."

"C'est Angel Island [...]
En fait, ce n'est pas spécialement joli mais c'est là où tu vas quand il ne te reste plus rien. Là où les mort vont mourir."

"DÉNI
COLÈRE
NÉGOCIATION
TRISTESSE
ACCEPTATION"

Tomber amoureuse ou se faire dévorer par un gros ours polaire, c’est du pareil au même.

C'est intéressant, les histoires que les gens racontent.
La façon dont ils prennent la vérité et la façonnent à leur guise, telle une motte d'argile.

Nous sommes belles, douces et gentilles. Nous sommes de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, conçues pour célébrer l'union par delà les frontières et refléter le monde dans lequel nous vivons. Nous aimons chanter, sourire et offrir. Nous n'élevons jamais la voix. Nous avons pour seul but de faire plaisir aux autres. Nous ne disons jamais non, à moins que ce ne soit ce que vous désirez entendre. Votre bonheur est notre bonheur. Vos désirs sont des ordres...

- Alors ? a-t-il demandé. Qu'est-ce-que tu as appris aujourd'hui la sauterelle?
- Que tu sens le poivron.
- Très drôle.
- Je sais.
- Alors qu'est-ce-que tu as appris ?
- Que ta mè...
- Ne me dis pas qu'elle sent le poivron aussi ?
J'ai fait une grimace.
- Eh bien, si.

p.189

Les Fantasistes ne sont pas programmées pour "vouloir".

Un signal d'alarme étouffé résonne dans mon oreille.
Ordre. Émerveillement. Beauté. Obéissance. Sécurité.

Mais est-ce que cela a un nom, d’aimer si fort qu’on finit par faire mal ?

Il est si près de moi que je ne sens plus que son parfum unique — le sel, les agrumes, et comme une odeur de fumée lointaine. La fumée d’une fusée de détresse.

Nous sommes assis au sommet du Géant de Métal, mais l'attraction est éteinte pour la nuit. Sous nos pieds, le parc est parfaitement silencieux. Tout un monde dédié au bonheur éternel.
Un monde qui nous appartient.

Parle-moi de tout ce que tu veux, de tout ce qui te fait plaisir, et grâce à moi tes rêves deviendront réalité !

L'idée de la réincarnation m'a traversée. Je pourrais me réincarner en dauphin ou en koala, mais en vérité, pourquoi repartir pour un tour ? La vie était trop compliquée. Trop douloureuse. Inutile de me coltiner d'autres problèmes, une fois m'avait bien suffit.

D'après la police, il semblait parfaitement apaisé. Comme s'il s'était éteint au milieu d'un doux rêve. Puis ils ont vu le sang. Et le sang raconte toujours une autre histoire.

« Ève est la première Fantasiste, le prototype original. Elle a des yeux noisette et des cheveux argentés. Aujourd’hui, elle porte le diadème qu’on lui a offert à l’occasion du bicentenaire du parc, un bijou en cristal serti d’un minuscule oiseau en saphir. Elle me fixe mais je me détourne – je l’évite depuis que les Superviseurs lui ont accordé la primeur dans le choix des tenues, ce matin. Bien sûr, elle a choisi celle que je voulais, une robe en dentelle espagnole exquise, couleur lavande métallisée.
— Reconnaissance éternelle, ajoute-t-elle.
— Reconnaissance éternelle, répondons-nous doucement, quoique je m’exprime sans grand enthousiasme.
Nia me serre fort la main, puis la lâche. Je lève la tête mais ses yeux bleu-vert sont perdus dans le vague et, déjà, elle s’éloigne, faisant virevolter ses cheveux noirs. »

Je pensais à nouveau au repos final, à ce que cela ferait d'être éteinte, de n'être plus rien. Alors que ce que je voulais, c'était être quelque chose... quelqu'un.
Owen m'avait donné cette envie.

J'étais morte depuis si longtemps que tous mes proches avaient dû m'oublier. J'imaginais les nouveaux collégiens tourner les pages du livre annuel et regarder ma photo en me jugeant ringarde, périmée, comme le jean rose que j'adorais autrefois et que je ne porterais plus pour rien au monde.

Je ne suis jamais sortie de cette nuit.
Comme ça, d'un coup, boum. Ne repassez pas par la case départ. Ne touchez pas 200 dollars. Fin de la partie.
Ma vie.

La laideur est contraire au règlement.