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Citations de Jessica Knossow (34)


La rupture avec Cédric fut brève. Un pansement qu'on arrache.
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La mort, tu sais, ça ne se regarde pas en face, sinon on se brûle les yeux.
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Les plus grandes leçons se donnent en silence, n'est-ce pas?
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"On reconnaît un chirurgien car il s'énerve sans bouger, le regard concentré, le regard impassible. Les lèvres se contractent peut-être, mais quelle importance, sous le masque on ne les voit pas. Les insultes, au bloc, fusent dans le calme et dans tous les sens. Enfin, non, pas dans tous les sens. Du médecin à l'infirmier, c'est OK. Du chef de clinique à l'interne, passe encore. De l'interne à l'externe, ça marche aussi. Si on ne supporte pas, faut pas s'engager. On n'est pas obligé. Il y a d'autres spécialités. Les endocrinologues, par exemple, sont nettement plus distingués. Et puis, si l'on s'en sort, on se serrera la main après la chirurgie et tout, ou presque, sera oublié. Pour celui qui insulte, évidemment. L'autre s'écrasera et gardera sa rancoeur en dedans."
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Depuis peu, depuis que tu as pris confiance, j'ai l'impression que ton regard me cherche de moins en moins. Comme si, comme si tu voulais oublier ma présence. Comme si tu voulais voir que tu pouvais avancer sans moi. Non, ne te justifie pas, c'est bien naturel : la bride qui te rassurait te gêne à présent, et tu voudrais qu'elle soit en peu plus lâche ? Ou pourquoi pas, t'en libérer ?
Laisse moi quand même te donner quelques conseils. Calme, calme ma belle, j'ai dit "conseils", je n'ai pas dit "menaces". Laisse-moi te rappeler d'où tu viens, qui tu étais et comment tu en es arrivée là. Tu m'entends ? N'oublie jamais ce que tu me dois.
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Un chef peu intrusif, distant, qui fait confiance à son équipe et souhaite avant tout éviter les conflits. Mais quand la hiérarchie verticale est absente, mieux vaut se méfier de ses collègues. Le danger est horizontal.
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Comme ses amies, Ophélie n’a jamais été mue par le combat féministe. Elle n’en a pas eu besoin. Elle est née avec le droit de vote, a eu accès aux mêmes études que les garçons de son lycée, et s’est mariée avec un contrat de séparation de biens. Longtemps elle a cru à la complémentarité des deux sexes, à l’amour de la différence. Mais l’arrivée des enfants a altéré sa représentation de l’homme, a entaché son portrait, par petites touches, si bien qu’à l’arrivée du troisième enfant elle n’identifie plus qu’un personnage grossier sans contour. Et, à son égard, elle a accumulé des revendications. Des envies d’en découdre.
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Le virevoltant, cette plante sèche bien connue des westerns, une fois mûr, se détache de sa racine et tourbillonne au gré du vent. Il s’arrondit en roulant et emporte avec lui tout ce qui s’y accroche. La colère d’Ophélie est de cette espèce. On ne sait ce qui l’a fait naître, quel souffle intime la fait cheminer, mais on l’a vue s’épaissir, se garnir, s’alimenter d’événements mineurs, de conversations anodines, de contrariétés quotidiennes. Elle a enflé jusqu’à devenir parfaitement autonome et n’a plus besoin d’incidents pour exister. La colère sans objet est devenue la colère de tous les objets. Elle emporte tout. Elle s’emporte contre tout.
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Il y a quelques années, j’étais seule. Le flot de mes pensées était une onde isolée. Une voix nette, claire, perceptible par moi, comprise par les autres. Depuis les enfants elle s’est enrichie, est devenue plurielle. Plusieurs fréquences se superposent, côtoient la mienne, la recouvrent. Le concert est tantôt harmonieux, tantôt dissonant, mais puissant et continu, ininterrompu.
Le vacarme est tel que je ne m’entends plus penser.
Jules pleure, je pleure. Manon a faim, j’ai faim. Emma rit, je ris. Mon empathie, condition de leur survie, est absolue. Impossible de la réguler, je ne m’appartiens plus.
Le vacarme est tel que je ne m’entends plus parler.
’ai eu un espoir, pourtant. Quand Emma a grandi, quand elle a prononcé ses premiers mots. Sa voix, j’en étais sûre, allait se défaire de la mienne, se distinguer, se singulariser, puisqu’à présent elle pouvait s’exprimer. Il n’en a rien été. Elle s’est accrochée, elle s’est fixée.
Le vacarme est tel que je ne m’entends plus rire, je ne m’entends plus pleurer.
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Seuls varient les postures, l’intensité et le ton. Elle demande, elle ordonne, elle supplie. Elle s’accroche à la voiture en essayant de grimper, frappe sa mère et sa sœur, puis se roule par terre, les yeux fermés. Son nez coule sur son pull, ses yeux sont enflés. Elle est possédée.
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Ophélie l’a aperçue au loin. Son regard s’est fixé sur elle mais elle a mis du temps à la reconnaître. La femme est parfaite. Silhouette impeccable, élégante, fine, visage lumineux. Louise et ses cheveux raides se tiennent tranquilles.Ophélie se retourne. Vite elle change de direction, préfère ne pas les croiser. Elle aurait dû mieux s’habiller, se maquiller un peu. Elle fait peur à voir. Jean baskets parka versus robe talons manteau, elle a déjà perdu. Pas la peine de jouer la partie.
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Je me suis persuadée que ton empathie et ta bienveillance suffiraient à les atténuer. À les amoindrir. Peut-être même à les faire disparaître. Mais elles ne m’ont jamais semblé aussi marquées. On parle deux langues différentes. La mienne est celle de la souffrance. Tu as appris celle de la légèreté.Et il faudrait l’aimer, cette différence ?
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À peine arrivés dans la chambre, il a soulevé sa jupe et l’a étreinte dos à lui contre la porte. Elle a descendu sa culotte à mi-cuisses. Enfin il était en elle. Depuis l’extérieur, on percevait un grincement sourd et régulier qui s’est achevé subitement, comme il avait commencé. Enfin rassasiés l’un de l’autre, ils se sont écroulés sur le lit en riant, surpris par l’ardeur de leur étreinte. Ils se sont déshabillés et installés l’un contre l’autre, nus et collés.
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L’été, attirés au-dehors par le soleil, ils se promenaient et se perdaient dans Paris. Le paysage ne les intéressait pas. Ils se regardaient comme dans un miroir, et admiraient ce qu’ils y voyaient. Le regard d’Ophélie était un abîme. Il interpellait. Il demandait, il exigeait, il aspirait ceux qui s’y risquaient. Vincent s’y perdait. Il était absorbé. Il ne pouvait plus en sortir, mais aucune importance, il n’en avait aucune envie. Il s’y sentait chez lui.
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J’avais une drôle de façon de l’aimer, ma sœur. Je prenais plaisir à l’étreindre fort, jusqu’à ce qu’elle ait mal. Jusqu’à ce qu’elle pleure un peu. J’adorais lui faire des caresses, jusqu’au pincement, jusqu’à la griffure. On se rassure avec des étreintes, on tient les gens, on les serre fort, pour ne jamais les voir disparaître. Quand elle est tombée malade j’ai arrêté tout ça. J’ai mis fin aux embrassades. J’ai eu peur de l’abîmer, de la casser. Elle est devenue pâle, encore plus pâle, jusqu’à la transparence. Elle s’est échappée, en a profité pour disparaître. Je n’aurais jamais dû la lâcher.
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Le temps passe, mais il est incarné par deux rythmes inégaux qui se heurtent. Qui s’entrechoquent. Peut-être que, à son échelle, l’ourson se rend à peine compte que sa mère bouge. Il le perçoit juste assez pour la sentir vivante. Comparée à lui, sa mère est un point fixe. Un repère. Un astre autour duquel il gravite.
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La perfectionniste repère les défauts, le bouton qui manque à la chemise, la fissure sur le bord du verre, la tache sur le pull, le bouton sur le front, la faute d’orthographe, la dent cassée du peigne. Le moindre grain de sable est un caillou dans sa chaussure.De son côté, l’idéaliste contemple le monde avec un filtre lissant. Il envisage l’harmonie globale du tableau, en gommant ses aspérités. Au centre de son champ de vision flou, un point aveugle lui masque les plus grandes anomalies. S’il avait une pierre dans sa chaussure, il ne la sentirait pas et se blesserait au sang.Ensemble ils s’en sortent correctement. S’améliorent. S’épaulent. Parviennent à avancer à peu près droit. Mais l’équilibre est précaire. Leurs défauts ne s’annulent pas, ne font pas une moyenne. Pour l’instant le système tient, face au monde il est imperméable, solide. Mais entre eux, Ophélie et Vincent sont poreux, ils se comportent en vases communicants. Elle perd deux kilos, il en prend deux. Elle dort moins bien, il dort mieux. Elle est calme ces derniers temps, il est étonnamment anxieux. Si leur physiologie additionnée paraît constante, ils sont dépendants l’un de l’autre.Si l’un chute l’autre bascule.Ces dernières semaines, Ophélie l’a décidé : elle veut tout. Un couple, des enfants, des amis, une carrière. Elle va sculpter, avec la minutie d’un artisan, sa vie rêvée. Et à force de travail, elle en est sûre, le tableau sera parfait.
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Plutôt que les livres sur l’éducation, ce sont les récits mythologiques que je dois lire et relire. Comprendre pourquoi dans les textes la divinité précède toujours sa créature. Car depuis que je suis mère, il me semble évident qu’elles naissent en même temps.
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À travers ses critiques, c’était sa faiblesse qu’elle lui reprochait. Ses insuffisances face au réel. La petite fille en elle, encore bien présente, était révoltée. La déesse créatrice, cause de tout, était impuissante, poings liés face aux malheurs du monde.Serait-elle un être humain ?
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Elle a compris que les êtres peuvent disparaître. D’un coup. À tout âge. Sans raison. Ou avec de fausses raisons, que les adultes exposent, gênés, en bafouillant, en cafouillant, mais auxquelles eux-mêmes ne croient pas. Dans ce nouveau monde où sa sœur n’existait pas, elle s’est accrochée à sa mère. A refusé toute séparation. Elle ne voulait plus aller à l’école, impossible de laisser sa mère à l’entrée. Lui tourner le dos, vers l’ailleurs, vers les copains, les rires et les jeux. Elle avait peur que sa mère ne disparaisse, sans raison. Elle avait peur de disparaître, elle aussi, sans raison.
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