Trois garçons de Jessica Schiefauer, interviews de lectrices
Mes habits recouvraient mon corps de fille et mon corps de fille me recouvrait moi. Ce corps n'avait absolument rien à voir avec moi. (p.227)
Qu'est-ce qu'un souvenir ? De quoi est-il fait ? Jusqu'à quel point doit-il être net, vivant et lumineux pour être considéré comme réel ? Mes oreilles se souviennent, mes poumons, mes doigts, mes lèvres se souviennent. Au fond de moi, je porte toujours un enfant et il vient de se réveiller.
Rien dans le monde des plantes n'était assez négligeable pour ne pas être exploré. (p.13)
Il ne m'a pas expliqué ce qu'il avait derrière la tête, il ne le faisait jamais, et je ne lui ai pas demandé non plus. Pour moi, c'était une sorte de protection. Si je ne savais pas, je ne risquais pas de réfléchir et d'avoir peur. Je pouvais le laisser me conduire n'importe où sans me poser de questions. (p.117)
Je portais en moi mes heures de garçon comme des pierres précieuses. Chacune était étincelante, radieuse. Je les rangeais soigneusement derrière mes paupières, sous ma peau. je les traînais derrière moi comme un jouet bruyant attirant l'attention. (p.127)
- Tu me fais peur, Kim. Tu es en train de devenir, je ne sais pas, quelqu'un d'à moitié, quelqu'un de déchiré, d'abîmé. Tu es en train de te briser, il est en train de te briser. Si tu n'arrêtes pas maintenant, tu vas toutes nous briser. (p.180)
Dans ma tête, la vigilance se battait avec l'ivresse : deux serpents qui dansaient une valse sous-marine, leurs longs corps luisants s'enroulant l'un autour de l'autre. (p.103)
Citation liminaire de Marcel Proust :
"Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux."
Dans le miroir, trois visages familiers de filles nous regardaient. Mais ils avaient de nouveaux yeux. (p.77)