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Citations de Joachim Du Bellay (185)


« Vu le soin ménager, dont travaillé je suis,
Vu l’importun souci, qui sans fin me tourmente,
Et vu tant de regrets, desquels je me lamente,
Tu t’esbahis souvent comment chanter je puis.

Je ne chante (Magny), je pleure mes ennuis :
Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante,
Si bien qu’en les chantant, souvent je les enchante :
Voila pourquoi (Magny) je chante jours et nuits.

Ainsi chante l’ouvrier en faisant son ouvrage,
Ainsi le laboureur faisant son labourage,
Ainsi le pelerin regrettant sa maison,

Ainsi l’aventurier en songeant à sa dame,
Ainsi le marinier en tirant à la rame,
Ainsi le prisonnier maudissant sa prison.

-Sonnet 12-
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Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
Ceux qui aiment l’honneur, chanteront de la gloire,
Ceux qui sont près du Roy, publieront sa victoire,
Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront ;

Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
Ceux qui sont de loisir, de fables escriront,

Ceux qui sont mesdisans, se plairont à mesdire,
Ceux qui sont moins fascheux, diront des mots pour rire,
Ceux qui sont plus vaillans, vanteront leur valeur ;

Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,
Ceux qui veulent flater, feront d’un diable un ange :
Moy, qui suis malheureux, je plaindray mon malheur.

-Sonnet 5-
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Je ne veux point fouiller au sein de la nature,
Je ne veux point chercher l'esprit de l'univers,
Je ne veux point sonder les abîmes couvers,
Ni dessiner du ciel la belle architecture.

Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts arguments ne recherche à mes vers,
Mais suivant de ce lieu les accidents divers
Soit- de bien, soit de mal, j'ecris à l'aventure.

Je me plains à mes vers, si j'ai quelque regret,
Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,
Comme etant de mon coeur les plus sûrs secretaires.

Aussi ne veux-je tant les peigner et friser,
Et de plus braves noms ne les veux deguiser,
Que de papiers journaux, ou bien de commentaires.

-Sonnet 1-
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Si je n’ai plus la faveur de la Muse,
Et si mes vers se trouvent imparfaits,
Le lieu, le temps, l’âge où je les ai faits,
Et mes ennuis leur serviront d’excuse.
J’étais à Rome au milieu de la guerre,
Sortant déjà de l’âge plus dispos,
A mes travaux cherchant quelque repos,
Non pour louange ou pour faveur acquerre.
Ainsi voit-on celui qui sur la plaine
Pique le bœuf, ou travaille au rampart,
Se réjouir, et d’un vers fait sans art
S’évertuer au travail de sa peine.

-A Monsieur d'Avanson-
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 « Ce petite livre que nous t’offrons aujourd’hui, lecteur, sa saveur est à la fois celle du fiel et du miel, au sel mêlés. S’il doit être agréable à ton palais, viens ici en convive : le repas a été préparé pour toi. S’il te déplaît, éloigne-toi, je te prie : c’est que le repas ne t’était pas destiné. »

-Ad lectorem-
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Esprit royal, qui prend de lumière éternelle
Ta seule nourriture, et ton accroissement,
Et qui de tes beaux rais en notre entendement
Produit ce haut désir, qui au ciel nous rappelle,

N’aperçois-tu combien par ta vive étincelle
La vertu luit en moi ? N’as-tu point sentiment
Par l’œil, l’ouïr, l’odeur, le goût, l’attouchement,
Que sans toi ne reluit chose aucune mortelle ?

Au seul objet divin de ton image pure
Se meut tout mon penser, qui par la souvenance
De ta haute bonté tellement se rassure,

Que l’âme et le vouloir ont pris même assurance
(Chassant tout appétit et toute vile cure)
De retourner au lieu de leur première essence.
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Joachim Du Bellay
Qu'heureux tu es, Baïf, heureux et plus qu'heureux,
De ne suivre abusé cette aveugle Déesse,
Qui d'un tour inconstant et nous hausse et nous baisse,
Mais cet aveugle enfant qui nous fait amoureux !

LES REGRETS, XXIV.
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Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l’aile bien empanée ?
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41

N'étant de mes ennuis la fortune assouvie,
Afin que je devinsse à moi-même odieux,
M'ôta de mes amis celui que j'aimais mieux,
Et sans qui je n'avais de vivre nulle envie.

Donc l'éternelle nuit a ta clarté ravie,
Et je ne t'ai suivi parmi ces obscurs lieux !
Toi, qui m'as plus aimé que ta vie et tes yeux,
Toi, que j'ai plus aimé que mes yeux et ma vie.

Hélas, cher compagnon, que ne puis-je être encor
Le frère de Pollux, toi celui de Castor,
Puisque notre amitié fut plus que fraternelle ?

Reçois donques ces pleurs, pour gage de ma foi,
Et ces vers qui rendront, si je ne me deçoi,
De si rare amitié la mémoire éternelle.
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LES REGRETS (XXXIX)


J'aime la liberté, et languis en service,
Je n'aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n'aime la feintise, et me faut déguiser,
J'aime simplicité, et n'apprends que malice;

Je n'adore les biens, et sers à l'avarice,
Je n'aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice;

Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J'embrasse le plaisir, et n'éprouve qu'ennuis,
Je n'aime à discourir, en raison je me fonde;

J'ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager;
Ne suis-je pas, Morel, le plus chétif du monde ?
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LES REGRETS (XIII)

Maintenant je pardonne à la douce fureur
Qui m'a fait consumer le meilleur de mon âge,
Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage
Que le vain passe-temps d'une si longue erreur,

Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci qui m'outrage,
Et puisque seul il fait qu'au milieu de l'orage,
Aussi qu'auparavant, je ne tremble de peur,

Si les vers ont été l'abus de ma jeunesse,
Les vers seront aussi l'appui de ma vieillesse,
S'ils furent ma folie, ils seront ma raison,

S'ils furent ma blessure, ils seront mon Achille,
S'ils furent mon venin, le scorpion utile
Qui sera de mon mal la seule guérison.
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Et peut-être que tel se pense bien habile,
Qui trouvant de mes vers la rime si facile,
En vain travaillera, me voulant imiter.


Les regrets: ( II)
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Qui dit que le savoir est les chemin d'honneur,
Qui dit que l'ignorance attire le bonheur :
Lequel des deux, Melin, est le plus véritable?

Les Regrets, sonnet CI
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Ô qu'heureux est celui qui peut passer son âge
Entre pareils à soi ! et qui sans fiction,
Sans crainte, sans envie et sans ambition,
Règne paisiblement en son pauvre ménage !

Le misérable soin d'acquérir davantage
Ne tyrannise point sa libre affection,
Et son plus grand désir, désir sans passion,
Ne s'étend plus avant que son propre héritage.

Il ne s'empêche point des affaires d'autrui,
Son principal espoir ne dépend que de lui,
Il est sa cour, son roi, sa faveur et son maître.

Il ne mange son bien en pays étranger,
Il ne met pour autrui sa personne en danger,
Et plus riche qu'il est ne voudrait jamais être.

les regrets sonnet XXXVIII
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Je n'écris point d'amour, n'étant point amoureux,
Je n'écris de beauté, n'ayant belle maîtresse,
Je n'écris de douceur, n'éprouvant que rudesse,
Je n'écris de plaisir, me trouvant douloureux :

Je n'écris de bonheur, me trouvant malheureux
Je n'écris de faveur, ne voyant ma princesse,
Je n'écris de trésors, n'ayant point de richesse,
Je n'écris de santé, me sentant langoureux :...
les regrets XII

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Joachim Du Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison
Vivre entre ses parents le reste de son âge.

Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois que le Tibre Latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
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Joachim Du Bellay
Las!où est maintenant ce mépris de fortune?Où est ce coeur vainqueur de toute adversité?[Les Regrets]
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Joachim Du Bellay
Plus homme est grand,plus il a de soucis.[Les Regrets]
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(Les Regrets) - LII -

Si les larmes servoient de remede au malheur,
Et pleurer pouvoit la tristesse arrester,
On devroit (Seigneur mien*) les larmes acheter,
Et ne se trouveroit rien si cher que le pleur.

Mais les pleurs en effect sont de nulle valeur:
Car soit qu'on ne se veuille en pleurant tormenter,
Ou soit que nuict et jour on veuille lamenter,
On ne peult divertir le cours de la douleur.

Le coeur fait au cerveau ceste humeur exhaler,
Et le cerveau la fait par les yeux devaller,
Mais le mal par les yeux ne s'allambique pas.

Dequoy donques nous sert ce fascheux larmoyer?
De jetter, comme on dit, l'huile sur le foyer,
Et perdre sans profit le repos et repas.


*Seigneur mien = Le Cardinal Du Bellay
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(Les Regrets)

Las, où est maintenant ce mespris de Fortune?
Où est ce coeur vainqueur de toute adversité,
Cest honneste desir de l'immortalité,
Et ceste honneste flamme au peuple non commune?

Où sont ces doulx plaisirs, qu'au soir sous la nuict brune
Les Muses me donnoient; alors qu'en liberté
Dessus le verd tapy d'un rivage escuarté
Je les menois danser aux rayons de la Lune?

Maintenant la Fortune est maistresse de moy,
Et mon coeur qui souloit estre maistre de soy,
Est serf de mille maulx et regrets qui m'ennuyent.

De la posterité je n'ay plus de soucy,
Ceste divine ardeur, je ne l'ay plus aussi,
Et les Muses de moy, comme estranges, s'enfuyent.
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