Citations de Joseph Fadelle (20)
« ce n’est pas à cause du Christ que j’ai souffert, mais du fait de l’absence de liberté qu’impose la société musulmane, dont ma famille n’a pas osé se défaire, par orgueil et par souci de respectabilité. »
"Ce rêve est mon trésor, et cela suffit à mon bonheur. Je n'ai donc aucun désir d'en connaître la valeur réelle."
'C'est cette absence totale de perspectives qui me mine le plus, davantage encore que la torture physique. Il y avait alors quelque chose contre quoi lutter. Mais comment puis-je me battre contre le temps qui passe ?"
"N'étant pas médecin, je n'ai pour ma part aucun mal à accréditer l'idée d'une intervention divine en ma faveur. Après tout, ce ne serait pas la première fois, et il faut croire que l'on s'habitue à tout, même aux miracles."
Dans la même semaine, coïncidence : les choses se débloquent également du côté du patriarcat. À force d’insister et de faire le siège de ce bâtiment moderne et très ordinaire, sans signe extérieur, cette fois le portier me reconnaît et disparaît quelques minutes en refermant la porte. Puis il l’ouvre en grand et s’efface pour me laisser passer. Il me glisse que je vais être reçu, non pas par le patriarche, mais par son auxiliaire, Mgr Ignace Chouhha.
Très impressionné, je suis ainsi introduit dans un grand salon où se trouve déjà l’ecclésiastique, en soutane, tranquillement assis sur un siège doré et sculpté.
Sans connaître le motif de ma visite impromptue, il me jauge du regard et me demande mon nom, pensant sans doute avoir affaire à un chrétien dont l’importance lui serait signifiée par son patronyme.
La question me prend au dépourvu et me paralyse. Moi qui ai soigneusement préparé un petit exposé de mon histoire, me voici contraint d’attaquer bille en tête mon explication, en commençant par la fin, sans avoir le temps de préparer mon interlocuteur. Je me retrouve alors muet, pendant des secondes qui me paraissent interminables… Puis, réalisant le ridicule de ma situation, je prends une inspiration et me jette à l’eau :
— Je m’appelle Mohammed, je suis musulman et je crois au Christ… Je veux me faire baptiser !
En prononçant ces mots, j’ai la curieuse sensation de me jeter dans le vide. Le prélat bondit de sa chaise, rouge de colère, comme piqué par une décharge électrique. À ma très grande surprise, semblant perdre ses nerfs, il se précipite alors vers moi en hurlant : « Dehors, dehors ! », et me pousse sans ménagement vers la sortie.
Six jours plus tard, celui qui m'introduit dans sa cellule est un homme très grand, d'un certain âge. C'est surtout son regard lumineux qui me frappe. Ses yeux bleus reflètent une très grande bonté et quand il me regarde, j'ai le sentiment d'être pour lui l'homme le plus important du monde.
Désormais, le voilà, cet enfant-roi d'alors, déraciné de ce paradis terrestre pour vivre loin de sa famille, de son grand-père, dans la précarité et l’inquiétude de ses parents. Combien de fois m'a-t-il demandé pourquoi nous étions partis, pourquoi nous avions fait ce choix ? Et moi, son père, je n'ai pas su trouver les mots pour le lui expliquer...
p. 179
"Ce qui a changé, c'est elle, c'est moi, c'est cette petite graine de confiance semée entre nous deux, ce secret qui n'appartient qu'à nous, et qui nous lie désormais beaucoup plus que lorsque nous nous sommes mariés officiellement."
j'en viens à comprendre la raison de mon emprisonnement et de ces abominables tortures dont je souffre encore tant dans ma chair. Il fallait me faire avouer les noms des chrétiens qui m'avaient accueilli pour me dégager de toute culpabilité et laver ainsi l'honneur de la famille.
Toujours cette précieuse réputation, plus importante que tout le reste.J'en ai la nausée
En tant que converti, je suis donc une sorte d’extraterrestre pour les habitants de Fouheis. Pour eux, passer de l'islam au christianisme est absolument impensable. Une folie, qui plus est extrêmement dangereuse. L'idée même de conversion leur est totalement étrangère.
p. 171
Il y a bien une joie, celle de cette renaissance dont nous a parlé Mgr Rabah, qui signifie la victoire sur le mal. Pour moi, ce n'est pas un mot qui sonne creux, mais au contraire quelque chose de très concret, dont je porte les morsures dans ma chair. Et pour signifier clairement ce passage, cette nouveauté, j'ai choisi comme prénom de baptême celui de l'évangéliste qui m'a fait découvrir le Christ : Jean, Anouar elle a choisi de se faire appeler marie...
p.187
Moralement, c'est le coup le plus rude à encaisser pour moi ce jour-là : admettre que ce soit mon oncle Karim qui, le premier, sorte un révolver et le pointe dans ma direction. Je vois bien qu'il est à bout de nerfs, épuisé de n'être pas parvenu à me persuader. Mais comment peut-il en arriver à une telle extrémité, moi qui l'ai jadis protégé?
« Ta maladie, c’est le Christ, et il n’y a pas de remède. Tu ne pourras jamais en guérir… »
Et la vue de cette beauté sauvage et pure apaise un instant ma tristesse, car je ne peux pas croire que la nature soit si belle et qu'il n'y ait pas de Créateur.
« Nul ne devient jamais chrétien sur un tapis de roses »
« Dans mes prières, certaines phrases de l’Evangile me reviennent en boucle. Elles sont parmi les rares qui parviennent encore à capter mon attention épuisée : Vous serez haïs de tous à cause de mon Nom »
-S'il se confirme qu'il est chrétien, alors il faudra le tuer, et Allah récompensera celui qui accomplira cette fatwa.
Si Allah existe, et je le crois profondément, je suis tout autant convaincu désormais qu'aucune religion ne peut atteindre la vérité sur cet Être immense et divin.
Plus d'extrait sur :
https://notesdelecturedepatrickbittar.blogspot.fr/2017/10/le-prix-payer-de-joseph-fadelle-2010.html
Même la vie du prophète Mahomet, qui auparavant me semblait pleine de gloires et d’habileté, ne m’est plus une consolation. Dans ma tristesse, j’y vois au contraire une accumulation d’adultères, de vols. Comment cet homme peut-il être un homme de Dieu ? Comment puis-je vouloir lui ressembler, lui qui a fait le contraire de ce qu’il prêchait ? Comment peut-il demander à une femme qui perd son mari d’attendre trois mois et dix jours avant de se remarier, quand lui-même a épousé une femme le jour même où elle a perdu son mari, assassiné en compagnie de six cents personnes par les soins du Prophète… ?
Ce qui me rend si léger, c’est que pour la première fois peut-être de mon existence, je me souviens d’un de mes rêves (…) Ce rêve (…) me place au bod d’un ruisseau, pas très large, à peine un mètre. Sur l’autre rive, un personnage d’une quarantaine d’années, plutôt grand, vêtu d’un vêtement beige d’une seule pièce, à l’orientale, sans col. Et je me sens irrésistiblement poussé vers cet homme, par l’envie de passer de l’autre côté pour le rencontrer.
Alors que je commence à enjamber le ruisseau, je me retrouve suspendu dans les airs, pendant quelques minutes qui me paraissent une éternité. Je crains même avec un certain effroi de ne jamais pouvoir redescendre sur terre…
Comme s’il avait senti mon malaise grandissant, l’homme d’en face me tend la main, pour me permettre de franchi le cours d’eau et d’atterrir à côté de lui. En cet instant, je peux à loisir observer son visage : des yeux bleu-gris, une barbe peu fournie et des cheveux mi-longs. Je suis frappé par sa beauté.
Posant sur moi un regard d’une douceur infinie, l’homme m’adresse lentement une seule parole énigmatique, au timbre de voix rassurant et invitatoire : « Pour franchir le ruisseau, il faut que tu manges le pain de vie. » (…) Encore tout à ma joie, presque enfantine, d’avoir enfin UN rêve à moi, je sourire aux lèvres, je n’éprouve pas le besoin de chercher à comprendre le sens de ces mots mystérieux.
- Commence plutôt par un autre passage, l’Evangile de Matthieu par exemple. Pour un début, c’est plus facile, me conseille Massoud par-dessus mon épaule.
Par quel mystérieux dessin n’ai-je pas suivi son conseil ? (…) Arrivé au chapitre 6, je m’arrête net dans ma lecture, abasourdi, au milieu d’une phrase (…) je relis lentement ce passage, dans lequel ce Jésus s’adresse à ses disciples après avoir multiplié des pains pour la foule, en leur disant : « Je suis le pain de vie, celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim… »
Il se passe alors en moi quelque chose d’extraordinaire, comme une déflagration violente qui emporte tout sur son passage, accompagnée d’une sensation de bien-être et de chaleur…
Comme si, tout à coup, une lumière éclatante éclairait ma vie d’une façon entièrement nouvelle, et lui donnait tout son sens (…) J’ai l’impression d’être ivre, alors que monte dans mon cœur un sentiment d’une force inouïe, une passion presque violente et amoureuse pour ce Jésus-Christ dont parlent les Evangiles.
Devant ma mine décomposée, mon père ajoute cependant avec un sourire entendu, destiné à me convaincre : "Écoute, je t'ai choisi cette femme parce que c'est bien pour la famille, mais si tu veux en prendre une autre, tu fais ce que tu veux ! Tu n’auras qu'à prendre celle-ci comme un meuble dans ta chambre..."
Comme si, tout à coup, une lumière éclatante éclairait ma vie d'une façon entièrement nouvelle, et lui donnait tout son sens. C'est l'idée que je me fais d'un coup de foudre, et c'est aussi plus que cela !