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Critiques de Juan Gabriel Vásquez (141)
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Le bruit des choses qui tombent

En cette rentrée littéraire, trois auteurs latino-américains, de la même génération, se penchent sur le passé récent de leurs pays respectifs, tumultueux et violent, qu'ils n'ont connu qu'enfant ou adolescent : le chilien Alejando Zambra (né en 1975), l'argentin Patricio Pron (1975) et le colombien Juan Gabriel Vasquez (1973). Trois romans qui ont en commun d'être à la fois une quête, existentielle, et une enquête, sur des événements qui symbolisent le legs sanglant d'une époque. Aucun n'affronte directement les faits qui, reconstitués, n'ont qu'une valeur symbolique pour compléter les failles de toute une génération dont l'héritage est trop lourd. Des trois romans évoqués, celui de J.G Vasquez est le plus touchant et le plus convaincant. Parce qu'il réussit le mieux la jonction entre deux périodes avec son personnage principal qui a souffert dans sa chair la barbarie d'un pays livré aux narco-traficants. Inutile de dire que cet homme ne s'est jamais remis de l'attentat qu'il a subi même s'il n'était pas directement visé. Tout l'art de l'écrivain colombien, qui signe ici son meilleur livre, est d'entrer dans l'intime, de plonger au plus profond dans la psychologie de ce trentenaire déboussolé, sur le point de gâcher sa vie, qui n'a de cesse de comprendre ce qui lui est arrivé. Le style fluide et évocateur de l'auteur fait merveille et raconte avec une sérénité inquiète l'histoire de son pays. Il y a de très belles pages sur Bogota, cette incroyable ville haut perchée, sur son âme, ses habitants et leur fatalisme. Le bruit des choses est bourré de détails qui font sens sans que jamais le romancier n'ait besoin de crier son désarroi ou son indignation. C'est un livre écrit mezza voce, qui a d'autant plus le pouvoir d'émouvoir.
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Le bruit des choses qui tombent

Autour de 1990, quelques années avant, et quelques-unes après, quand j'avais une douzaine d'années (un peu moins, ou un peu plus), on parlait régulièrement de la lointaine Colombie aux infos, et toujours pour l'associer aux mêmes mots : trafic de drogue, meurtres, attentats, cartel de Medellin et de Cali, Pablo Escobar.

Antonio Yammara, le narrateur, est né en 1970 à Bogotá, et a grandi au milieu de ces mêmes mots, qui, pour lui et ses compatriotes, étaient chargés d'une signification autrement concrète et dramatique que pour une enfant née au beau milieu de la Forteresse (à l'époque) Europe.

En cette fin d'année 1995, Antonio a 25 ans, un doctorat en droit et un tout nouveau poste de professeur à l'université. Il est amoureux et sera bientôt père d'une petite fille. Une vie tranquille, ordinaire, dans une ville qui « avait commencé à laisser derrière elle les années les plus violentes de son histoire récente, (…) une violence dont les acteurs sont collectifs et portent des noms avec des majuscules : l'Etat, le Cartel, l'Armée, le Front [càd les FARC]. Nous autres, à Bogotá, nous nous y étions habitués ». Peut-être. Mais on ne grandit pas impunément pendant la « décennie difficile » qu'a connue la Colombie, sans en sortir profondément marqué, sans que cette période trouble de l'histoire du pays n'interfère à un moment ou un autre dans votre propre vie. Antonio l'apprendra à ses dépens.

En cette fin de décembre 1995, Antonio fait la connaissance de Ricardo Laverde, ancien pilote, qui vient de passer vingt ans en prison, et qui attend sa femme, citoyenne américaine, qui doit le rejoindre pour Noël. C'est à peu près tout ce qu'Antonio apprend du passé de Laverde, mais malgré cela les deux hommes se lient d'amitié. Rencontre-charnière, de celles qui changent radicalement une vie, qui lui font prendre une direction qu'on n'imaginait pas, qu'on ne voulait pas : quelques semaines plus tard, Laverde est tué en pleine rue, sous les yeux d'Antonio qui, victime collatérale, sera grièvement blessé.

Passent les semaines, les mois, la souffrance physique d'Antonio disparaît, mais la blessure psychique ne guérit pas. Antonio veut savoir, comprendre. Pourquoi Laverde a-t-il été assassiné ? Obsédé par cette question, Antonio laisse partir sa vie « ordinaire » à vau-l'eau, négligeant femme, enfant, travail. Jusqu'à cet appel, tombé du ciel en même temps que du téléphone, de Maya, la fille de Laverde, qui elle aussi cherche à comprendre. Ensemble ils se plongent dans le passé de Ricardo, et dans celui de la Colombie, s'apercevant que, comme pour beaucoup de Colombiens, les deux sont indissociables dans leur tragédie.

Loin d'être un cours d'histoire ou un essai sur l'économie du commerce de la drogue, cette enquête sur l'assassinat d'un homme qui voulait avant tout gagner sa vie pour mettre les siens à l'abri du besoin, se double d'une introspection sur le sens de la vie. Celle du narrateur (de l'auteur ?), celle de Maya, celle d'une génération née avec le narcotrafic, traumatisée par des années de violence et un climat constant de terreur, au coeur d'un pays déserté par ses dirigeants corrompus ou impuissants.

Le bruit des choses qui tombent est un beau roman, même s'il ne raconte pas une « belle » histoire. L'auteur raconte celle des victimes, plus ou moins directes, des cartels, et se demande ce qu'une génération peut transmettre à la suivante dans un tel contexte. L'écriture est belle, élégante, en profondeur, le ton est à la fois lucide et désenchanté, mais paradoxalement il s'en dégage une impression de sérénité, de réconfort. Comme un infime murmure après le vacarme de ces années noires.




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Le bruit des choses qui tombent

Au milieu de l'année 2009, lorsque le professeur Yammara qui donne des cours de droit à l'université de Bogotá, lit dans un grand magazine, un article sur la mort d'un hippopotame qui s'était échappé deux ans plus tôt de l'ancien zoo de Pablo Escobar, vieux mafieux, les souvenirs de sa rencontre avec Ricardo Laverde remontent à la surface. Le narrateur, Antonio Yammara, se trouvait aux côtés de Ricardo Laverde début 1996 lorsqu'ils ont essuyé des tirs avec pour conséquence, la mort de Laverde alors que Yammara, blessé, est emmené à l'hôpital. Juan Gabriel Vásquez raconte les vies de Yammara, de Laverde et de leurs proches, comment ils se sont rencontrés dans une salle de billard qu'ils fréquentaient tous les deux. Juan Gabriel Vásquez évoque la Colombie des années 1970 à nos jours.

Après Histoire secrète du Costaguana j'avais envie de lire d'autres romans de l'auteur. Le bruit des choses qui tombent, second roman que je lis de Juan Gabriel Vásquez sera suivi d'autres, j'apprécie sa prose, sa qualité d'écriture et ses histoires toujours intéressantes.



Challenge Atout prix 2017 – Prix Alfaguara 2011

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Le bruit des choses qui tombent

Roman sur le destin et le souvenir, dans le cadre des années sombres pesant sur Bogota.
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Le bruit des choses qui tombent

Le Bruit des choses qui tombent. L’histoire se passe à Bogota et raconte l’histoire d’Antonio, un professeur de droit blessé par balle lors de l’assassinat en plein rue de Laverde, une vague connaissance de son club de billard qu’il raccompagnait ce jour-là. Traumatisé, Antonio chemine pour comprendre qui était ce Laverde et nous plonge dans les années sombres de la Colombie des années 80 déchirée par la violence des cartels de la drogue. Le roman séduit par ce qu’il dévoile et ce qu’il occulte. L’écriture très fluide rend très bien le jeu subtil des souvenirs personnels imprécis, des faits historiques inéluctables et des impressions inachevées du présent qui tissent la vie vécue.
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Le bruit des choses qui tombent

Roman sur l’histoire tragique et récente de la Colombie sans être un roman historique, roman politique, roman sur une quête personnelle, « Le Bruit des choses qui tombent » c’est tout cela et davantage encore car l’amour tente de s’immiscer entre les lignes de cette destinée.

Incapable de se reconstruire ni même d’avoir un semblant de vie « normale » après avoir été témoin de l’assassinat de son ami Ricardo Laverde sous ses yeux, Antonio Yammara cherche des réponses en fouillant le passé de son ami Ricardo qu’il ne connaissait que très peu, en vérité… Il finit par rencontrer Maya, qui prétend être la fille de Ricardo, et ensemble ils essaient de panser leurs blessures en démêlant les fils de l’écheveau d’un passé à la fois secret, tragique et violent qui raconte l’histoire de la Colombie des années 70 à nos jours. Pourtant ce roman n’est absolument pas sombre ni désespéré, au contraire il y a beaucoup de réconfort dans cette quête et à travers l’introspection des personnages on pressent que Juan Gabriel Vasquez y a mis beaucoup de lui même. A travers une prose fluide et avec beaucoup de retenue, l’auteur sonde le traumatisme dont souffre toute une génération en Colombie, la sienne en l’occurrence, née avec les narcotrafiquants comme Pablo Escobar et le climat de terreur qu’ils instaurèrent dans un pays abandonné à la corruption et à la violence par ses dirigeants…Un roman qui touche dans sa sincérité sans donner de leçon !

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Le bruit des choses qui tombent

A sa parution, ce livre m'avait énormément intrigué...son titre, sa couverture... Tout me donnait envie de le lire! Tout d'abord je dois dire que ce livre est à la hauteur de mes espérances. L'histoire de ces deux hommes dont les destins se croisent et s'imbriquent, est à la fois forte et tragique. La Colombie dépeinte par l'auteur est celle des cartels de drogues, de la violence subit par la population, des actes terroristes...Au travers ce livre, l'auteur tend à nous faire partager l'histoire de son pays et ce que cela implique dans la vie des Colombiens depuis le « règne » de Pablo Escobar. Le titre, énigmatique à souhait, se laisse percer à jour au fil des pages, si vous aussi voulez en comprendre le sens, il vous faudra ouvrir ce livre et vous laissez envoûter par l'histoire...
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Le bruit des choses qui tombent

A l’aube de ses quarante ans, Antonio Yammara se souvient de Ricardo Laverde, un homme très secret qu’il a fréquenté dans une salle de billard à Bogotá. Un soir, alors qu’ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio.



A la suite de cet épisode traumatique, Antonio n’est plus le même, il a peur de tout, du noir, de la ville. Deux ans plus tard, il reçoit l’appel d’une femme qui dit s’appeler Maya et qui serait la fille de Ricardo Laverde. Comprenant que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse, il doit résoudre l’énigme Laverde, il décide de la rejoindre. Ensemble ils vont remonter le fil du passé et des souvenirs. A travers le témoignage de Maya et les lettres de ses parents, Antonio découvre peu à peu le passé de cet homme qui l’obsède tant.



Le titre énigmatique de ce roman m’a tout de suite attirée. En l’ouvrant, j’ai fait une plongée vertigineuse dans la Colombie à la fin des années 60, tiraillée par les trafics de drogue et la corruption. On suit le narrateur dans les ruelles de la Candelaria, au cœur de Bogotá, cette ville où la nuit tombe en quelques secondes, et sur les routes poussiéreuses de La Dorada, dans la vallée de Magdalena.



Dès les premières pages, j’ai été intriguée par cet homme, Ricardo Laverde : il parle peu, se confie rarement. Le narrateur ne sait pas grand chose de sa vie et nous non plus. On a envie d’en savoir plus.



L’écriture de Juan Gabriel Vásquez est sensible, très évocatrice : les mots nous transportent immédiatement. J’ai été fascinée par sa façon de raconter les histoires, la puissance poétique de ses mots et la beauté de certaines réflexions sur la mémoire, le souvenir et l’être humain en général.
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Le bruit des choses qui tombent

Antonio, jeune Bogotanais, assiste impuissant au meurtre de Ricardo Laverde. Des années plus tard, encore sous le choc, il souhaite comprendre et se plonge à la fois dans le passé de Ricardo et celui du pays à partir des années 70 : l’influence des narcotrafiquants, la violence quotidienne, les morts de Rodrigo Lara Bonilla, ministre de la justice et de Luis Carlos Galan, candidat à la présidence de la République, les nombreux attentats et bien entendu le lien étroit de tous ces événements avec Pablo Escobar. A travers l’histoire de Ricardo et sa femme Elena, américaine venue au pays pour participer au Corps de la paix, Juan Gabriel brosse le portrait d’une génération désenchantée et traumatisée par cette époque. Une génération fataliste qui se traduit par l’expression récurrente : " nadie puede con la cocaina " (« personne ne peut rien contre la cocaïne »). Une belle découverte sur le sens de la vie et une véritable leçon de l’histoire colombienne pendant ses années les plus sombres.
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Le bruit des choses qui tombent

Colombie, début des années 2000. Un homme dresse le bilan de sa vie. Il a été traumatisé après le meurtre d'un homme, Ricardo, qui n'était pas encore son ami, meurtre au cours duquel il a été gravement blessé. Guéri physiquement, pour tenter de se libérer de son angoisse, il tente de résoudre l'énigme de la destinée de Ricardo. Qui était vraiment cet homme ? Quelle était sa vie ? Pourquoi a-t-il été assassiné ? L'auteur nous plonge dans une Colombie marquée par la violence, tente de comprendre comment les individus peuvent ou ne peuvent pas se défaire des traumatismes causés par l'Histoire.
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Le bruit des choses qui tombent

Le jour où Ricardo Laverde est assassiné, la vie d'Antonio bascule. Au mauvais endroit, au mauvais moment, il est la victime collatérale de cet attentat. Au-delà des blessures physiques, Antonio ressort profondément marqué par cet événement. Obsédé par le besoin de comprendre les raisons de cet acte, paralysé par la peur, il perd pied... Il décide d'enquêter pour démêler les fils de la vie mystérieuse de Ricardo Laverde.



Ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais ce fut une lecture plaisante, instructive sur la Colombie post-Pablo Escobar, le rôle du Corps de la Paix et le climat qui régnait à l'époque à Bogota.



La fin m'a particulièrement émue...
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Le bruit des choses qui tombent

Juan Gabriel Vasquez a réussi une fois encore à m'emmener avec lui en Colombie et à m'embarquer dans une histoire émouvante.

Antonio voit sa vie bouleversée lorsque Ricardo Laverde, qu'il connait trés peu mais avec qui il a fait quelques parties de billards et bu quelques verres se fait tuer devant lui par deux hommes à moto.

Grièvement blessé , il est également et surtout choqué face à cette violence et le drame qui est survenu.

Il n'arrive pas à surmonter ce drame qui tourne en boucle. Ce traumatisme l'empêche de vivre sereinement sa vie de couple et de papa. Alors oui, il ne connaissait pas ou trés peu ce Ricardo Laverde mais cela ne l'empêche pas de vouloir en savoir plus, de penser à cet évenement sans cesse. Il est pris dans un engrenage qui parait inextricable et excessif pour son entourage jusqu au jour où Maya la fille de Ricardo Laverde l'appelle et veut le voir pour en savoir plus sur les dernières heures de son père.



Il part donc la rencontrer et ils vont tous les deux échanger sur la vie de Ricardo. Il apprendra alors qui il était véritablement ce qu'il a vécu. On en apprend aussi sur la Colombie, les trafics, la mafia.

Ce roman entre dans l'intime tout en racontant l'Histoire d'un pays aux prises avec des narcotrafiquants, au danger que vit la population. Qui n'a pas entendu parler du cartel de Medellin ?, de Pablo Escobar ?

Mais ce n'est pas qu'un livre parlant du trafic de drogue c'est surtout un livre sur les années 70 et 90 en Colombie mais aussi un livre sur l'amour, sur le poids de l'héritage, le besoin de transmission, le sens de la vie. Un livre passionnant.
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Le bruit des choses qui tombent

Séduit par la couverture de l'édition espagnole (un gars dans la pénombre qui joue au billard sur tapis rouge) et par la 4ème de couverture, les premières pages m'ont séduit à cause du mystère qui entourait une narration qui laissait présager un univers sombre puis, au même moment où l'auteur a commencé à déblatérer "sa" culture, j'ai regardé la première page où il était question de l'auteur. Et c'était le même que "L'histoire secrète de Costaguana"!, ouvrage d'un ennui mortel selon moi (et pâle ressemblance avec "Boussole" de Mathias Enard. Après le coup du déballage culturel gratuit, ça a été les échographies du bébé, des phrases répétées à l'infini. Bref, je n'ai pas aimé du tout. Pour avoir une pleine mesure de la Colombie, je trouve que "Eva y las fieras" (Eve et les bêtes sauvages) d'Antonio Untar est plutôt parfait sur l'apport historique et documentaire comme sur le plan littéraire.
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Le corps des ruines

« Tout ça pour ça » pourrait-on dire après avoir refermé ce pavé serré. Et c'est précisément cette fin qui relève de l'intime qui nous fait presque oublier le chaos vertigineux des 500 pages précédentes si difficiles à résumer.

Ecrit à la première personne, ce récit qui relève de l'autobiographie raconte la rencontre de deux hommes : Juan Gabriel Vasquez, l'auteur-narrateur, et Carlos Carballo, un type obsédé par l'assassinat en 1948 de Jorge Eliecer Gaitan, un leader colombien libéral. Il assure que le tueur n'est pas celui que tout accuse mais que le politicien a été victime d'un complot. Comme 34 ans plus tôt son compatriote Rafael Uribe Uribe ou 15 ans plus tard Kennedy. Ils sont nombreux, et Vasquez le premier, à le prendre pour un fou mais, parfois, son assurance est telle qu'il sème le trouble, y compris chez le lecteur qui s'interroge comme l'auteur sur le sens de l'histoire. Est-elle le produit du hasard ou une vaste conspiration ? Et de souligner combien la Colombie est née dans la violence avec la soumission des autochtones et combien elle s'en nourrit avec les meurtres d'hommes politiques ou encore le cartel de Medellin et le funeste Escobar. « Le corps des ruines » est aussi une ode à la littérature qui seule (?) permettrait de toucher la vérité. Il y a aussi des moments très touchants comme la naissance des jumelles de l'auteur ou l'enterrement d'un ami. Bref, ce roman-monstre nous fait passer dans un tourbillon conviant à la fois le personnel qui s'efface peu pour mieux rebondir dans la conclusion et l'histoire d'un pays attachant et tumultueux.

« En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un événement survient, on peut être certain qu'il était prévu pour se dérouler ainsi » aurait dit Roosevelt. A méditer.



EXTRAITS

- La moitié de nos décisions sont motivées par des émotions aussi élémentaires que l'envie et la jalousie. Le sentiment d'humiliation, le ressentiment, l'insatisfaction sexuelle, le complexe d'infériorité sont les moteurs de l'Histoire (…).

- Carballo affirme que dans l'affaire Kennedy, il y a des pistes utiles pour savoir qui a tué Gaitan et comment on a caché la conspiration. Kennedy conduit à Gaitan.

- L'enfance n'existe pas pour les enfants : elle est en revanche aux yeux des adultes un pays perdu relevant du passé que nous cherchons en vain à récupérer en le peuplant de souvenirs flous et inexistants, qui ne sont en général que les ombres d'autres rêves.

- Non, on n'échappe pas à la violence colombienne.

- Dans mon pays, les forums de lecteurs de la presse d'opinion étaient devenus notre version informatique du rituel des « Deux Minutes de la haine », dans 1984, de George Orwell : après qu'on leur a projeté l'image de l'ennemi, les citoyens s'adonnent de manière extatique à l'agression physique (…) et verbale (…), puis regagnent le monde réel en se sentant libres, défoulés, contents d'eux.

- Les souvenirs d'enfance sont les plus puissants, sans doute parce qu'à ce moment de la vie, tout est une déchirure ou une secousse (…). L'enfant vit dans sa chair, sans filtres, sans boucliers ni mécanismes de défense, il lutte comme il le peut contre ce qui s'empare de lui.

- Ce que vous qualifiez d'Histoire est ni plus ni moins le récit qui l'a emporté.

Il l'avait compris, Vasquez, et c'était terrifiant de se dire que Gaitan et Uribe avaient été assassinées par les mêmes personnes. Bien entendu, je ne dis pas que les meurtriers ont ressurgi physiquement des années plus tard. Je parle d'un monstre, ce monstre immortel à plusieurs têtes qui porte plusieurs noms. Il a tué et tuera de nouveau parce que ici, rien n'a changé depuis des siècles et rien ne changera jamais, car notre triste pays ressemble à une souris qui court dans une roue.
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Le corps des ruines

Ce roman relate deux périodes historiques de la Colombie, deux assassinats de libéraux à 30 ans d'écart.

L'auteur, écrivain de roman, se trouve confronté à deux personnages, un médecin détenteur de reliques d'hommes politiques assassinés et d'un curieux personnages obsédé par ces reliques et l'histoire les entourant.

Ce roman fut trop long pour moi, répétitif, l'histoire de la Colombie m'étant inconnue, j'ai eu du mal à rentrer dans le sujet.
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Le corps des ruines

Juan Gabriel Vasquez a habité la majeure partie de sa vie d'adulte en Europe, avant de se réinstaller dans sa Colombie natale. Une distance nécessaire pour se pencher, entre passion et lucidité, sur l'histoire convulsive de son pays, évoquée à travers ses romans. Le corps des ruines, le dernier en date, complète et sublime ses oeuvres antérieures en une forme ambitieuse : un mélange savant d'autobiographie, de roman historique, de policier et d'essai. Le livre navigue entre réalité (très documentée) et fiction, avec pour thème principal celui de l'héritage de la violence, celle qui irrigue la société colombienne depuis plus d'un siècle et semble se transmettre d'une génération à une autre, sans que rien ne puisse l'arrêter. Au centre de Le corps des ruines, deux assassinats politiques, célèbres en Colombie, de dirigeants libéraux aux portes du pouvoir : Rafael Uribe Uribe, en 1914 et Jorge Eliécer Gaitán, en 1948. Deux meurtres "avalés" par l'Histoire officielle, réduits à des actes isolés alors qu'ils étaient (sans doute) les fruits de complots. Ces événements traumatisants du passé de la Colombie, détaillés de façon minutieuse par l'auteur, s'inscrivent dans un récit ample, lié à la vie même de Vasquez et à sa rencontre avec Carlos Carballo, individu monomaniaque et obsédé par ces assassinats et plus largement les mensonges de l'Histoire, liés pour lui à de vastes conspirations. Comme dans les livres précédents du romancier bogotanais, Le corps des ruines s'appuie sur un style magnifique, précis et fluide. Sur 500 pages, il n'y a que quelques pages de flottement et encore sont-elles dues plus vraisemblablement à une (relative mais compréhensible) fatigue du lecteur devant une narration aussi dense et exigeante.
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Le corps des ruines

A lire ce roman « Des cadavres dans les placards » pourrait être la devise de la Colombie. Ou plutôt des fragments (vertèbres, calotte crânienne) pieusement conservés à la mémoire de politiques assassinés dans des circonstances troubles. Cette mémoire du sang versé qui marque la Colombie alimente paranoïa et complotisme . Ce livre grave et labyrinthique pose la question des limites entre « grande » Histoire et histoire personnelle , entre travail d’historien et de romancier , entre la passé récent et notre actualité tissée de « Fake news » et de théorie du complot.
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Le corps des ruines

C'est très bien écrit mais très basé sur l'histoire de la Colombie. Je n'ai pas pu rentrer dans le livre. Dommage, peut-être le reprendrai-je plus tard?

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Le corps des ruines

Un pavé de 500 pages sur deux meurtres politiques de l'histoire colombienne, c'est Le corps des ruines de Juan Gabriel Vásquez. C'est un livre très personnel de cet auteur colombien dans lequel il agit en tant que personne forcée par les circonstances de rechercher la vérité derrière deux assassinats politiques, notamment celui de Rafael Uribe Uribe en 1914 et celui de Jorge Eliécer Gaitán en 1948. Vásquez nous emmène aux endroits où les meurtres ont été commis et nous présente la version officielle et les théories de la conspiration qui se sont rapidement produites autour de ces meurtres. C'est aussi l'histoire de la solitude et de la vie perdue de personnes qui ont essayé de regarder au-delà de la version officielle. C'est aussi l'histoire d'un peuple qui a toujours été exposé au gré du pouvoir, de deux camps qui ont déterminé l'histoire récente colombienne (et par extension de tout le continent): la lutte entre les libéraux / socialistes et les conservateurs. Les magouilles ont toujours été magnifiquement tues, mais grâce à cette lecture immersive, vous avez un aperçu de ce qui se passait dans les coulisses. Et pourtant le doute reste: est-il paranoïaque de croire qu'il y a plus qu'une version officielle? Ou est-ce précisément l'intention? Faire croire les personnes qui sont critiques qu'ils sont en fait paranoïaques. Une lecture envoûtante associée à un style de grande beauté!
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Le corps des ruines

Autant l’avouer, je ne suis pas férue de littérature étrangère. Je n’en ai par ailleurs que très peu de connaissance. Peut-être par crainte d’un décalage lié à la traduction je privilégie, en effet, la lecture d’ouvrages d’auteurs français. Mais il se trouve que j’ai eu à lire, dans le cadre de la rentrée littéraire, le dernier roman d’un auteur colombien, Juan Gabriel Vasquez, "Le corps des ruines".



Je remercie très sincèrement les Editions du Seuil.



Juan Gabriel Vasquez, l’auteur, est aussi le narrateur. Il raconte sa rencontre, un soir, chez son ami le Docteur Benavides, d’un certain Carlos Carballo. Cet homme particulier a tendance à voir dans l’assassinat de chaque homme politique célèbre la "patte" de puissances obscures. Et, quand il parle notamment des meurtres du sénateur colombien Rafael Uribe Uribe tué en 1914 à coups de hachette par deux menuisiers, du leader libéral Jorge Eliecer Gaitàn en 1948 ou encore de celui de John Fitzgerald Kennedy, il n’y voit qu’une série de complots. Si Vasquez considère d’abord les propos de ce Carlos comme pures divagations, il va petit à petit se poser des questions et tomber dans le piège de son interlocuteur… et y entraîner la lectrice que je suis.



Je dois reconnaître que la lecture de cet ouvrage m’a demandé du temps, beaucoup de temps. On ne se plonge pas dans le texte comme un nageur en eau tranquille. Il m’a fallu souvent m’interrompre pour faire des recherches. Je ne connaissais rien de l’histoire politique de la Colombie et si l’assassinat de Kennedy reste parfaitement ancré dans ma mémoire, j’ai dû relire certains articles pour m’assurer de n’avoir rien oublié des circonstances et de ce qui en fut relaté par la suite. Aux confins de l’autobiographie – je l’ai dit, l’auteur est en même temps le narrateur – de l’enquête à la fois politique et policière, il s’agit pourtant bien d’un roman : "Mais moi, c’était la seule chose que je trouvais captivante dans les romans : l’exploration de cette autre réalité ; non la réalité des faits ni la reproduction romancée des événements véritables … qui poussent le romancier vers des endroits interdits au journaliste ou à l’historien."



J’ai trouvé ce roman exigeant, fouillé, érudit où les références littéraires sont pléthores qui citent Gabriel Garcia Marquez, mais aussi Thémistocle et Cicéron. Et je ne parle de Carlos Gardel le célèbre chanteur et compositeur de Tango, dont la mort est également présente. Les personnages fourmillent et les détails sont légions. Comme l’auteur, je me suis sentie emportée par les propos de ce Carballo qui mène la danse et fait vaciller la raison. Et si ce qu’il avance était vrai ? Et si derrière chacun de ces crimes existait une autre vérité ? Ces questions présentes au fur et à mesure de l’avancée du récit le rendent envoûtant et m’ont fait oublier les quelques longueurs que je pourrais lui reprocher. Il est vraisemblable que quelques pages en moins – il y en a tout de même 500 – n’auraient en rien nui à son intérêt.



Pour autant, j’ai été emballée, admirative de tant de connaissances et de talent d’écriture. J’ai ouï dire par une Colombienne qu’il n’était pas particulièrement connu dans son pays natal mais il faut dire qu’il a plus vécu ailleurs. En tous les cas il est évident que l’histoire de son pays d’origine lui tient à cœur.

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