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EAN : 9782021311167
512 pages
Seuil (17/08/2017)
3.68/5   52 notes
Résumé :
« Ce qui s’est passé ce soir-là a déclenché un épouvantable engrenage qui ne devait s’arrêter qu’avec ce livre, écrit pour expier des crimes dont j’ai fini par hériter alors que je ne les ai pas commis. » Quels liens y-a-t-il entre l’assassinat en 1948 du leader libéral Jorge Eliécer Gaitán, celui de John Fitzgerald Kennedy et celui du sénateur Rafael Uribe Uribe, tué en 1914 à coups de hache par deux menuisiers ? Pour Carlos Carballo, étrange personnage obsédé par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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66 ans aprés les faits, un homme est arrêté, suite à sa tentative pour dérober le costume que portait Jorge Eliécer Gaitán, politicien, mythe national, à son assassinat le 9 avril 1948 ( " jour légendaire"dans l'histoire colombienne ), de son ancienne maison désormais transformée en musée. Geste étrange,-"nulle part je n'ai trouvé la moindre spéculation, ne serait-ce qu'infondée, sur les motifs qui peuvent pousser un homme doué de raison à faire irruption dans un musée sous surveillance pour subtiliser la veste trouée d'un mort célèbre"-. Il s'appelle Carlos Carballo, un passionné de reliques ("une obsession qui frise l'irrationnel "), personnage très spécial, mais non unique dans son genre. C'est en partie son histoire que nous raconte ici notre narrateur, qui n'est autre que l'auteur. C'est autobiographique, tous les faits et noms ont existé.
Ce meurtre du 9 avril 1948, est en faites un tournant dans l'histoire de la Colombie, "le 9 avril représente un vide dans l'histoire colombienne, mais aussi de nombreuses autres choses : c'est un acte isolé qui a précipité tout un peuple dans une guerre sanglante, une névrose collective qui nous a poussés à nous méfier de nous-mêmes pendant plus d'un demi-siècle."
Vásquez est un génie pour éveiller notre curiosité. Dés les premières pages, il entrouvre une porte pour nous faire voir, soi-disant ce qui se cache derrière l'incident. Ce n'est que la première des multiples portes qui vont s'ouvrir, chaque porte s'ouvrant sur une autre, à la rencontre de personnages très particuliers, avec la promesse finale d'arriver à l'incident qui débute l'histoire ("un épouvantable engrenage qui ne devait s'arrêter qu'avec ce livre"). Inutile de vous dire que c'est passionnant. L'auteur y pose toutes sortes de questions existentielles face à un climat de terreur, qui ravage la Colombie dans les années 1980-90, où la mort peut toucher n'importe qui à n'importe quel moment, questionnant les limites de nos responsabilités -où commencent-elles et où se terminent-elles?- dans cette société dysfonctionnelle où les racines des maux sont multiples et profondes, un sujet terriblement d'actualité. Il nous met aussi face à la contradiction, l'ambiguïté et la dualité du caractère humain, le meurtrier, "le fanatique et le froussard", la victime, "un défenseur des libertés, pourtant il venait de faire sortir de prison l'assassin d'un journaliste"....rien n'est simple, par commencer par nous-mêmes.
"C'est une confession autobiographique et une réflexion sur l'héritage de la violence" ,les propres paroles de Vasquez, cette violence qu' hériteront ses filles jumelles . Mélangeant fiction et réalité avec des photos à l'appui, ravivant les fantômes du passé, l'auteur cherche la ou les vérités enterrées sous l'histoire officielle de deux meurtres celui de Gaitan et celui du général Rafael Uribe en 1914. Dans le même style que Javier Cercas à travers sa propre enquête et logique il creuse et déterre minutieusement " le corps des ruines", ces reliques de la violence qui fascinent plus d'un, pour éclairer les zones sombres des événements importants de l'Histoire et de sa propre histoire et arriver à "une ou des vérités" , qu'il pourrait transmettre aux nouvelles générations. L'imposture que Vasquez déclame haut et fort concernant ces meurtres perpétrés et maquillés au vu et au su de tous, cachant une conspiration de grande envergure n'est pas propre à la Colombie,ni au siècle dernier et est malheureusement toujours d'actualité.
La prose de Vásquez est sublime dont le mérite en partie revient à la traduction, et le texte regorge de références littéraires, une aubaine pour tous les passionnés de Littérature. Un livre très fort qui dénonce l'injustice tout court.


"..,,parce que le passé est contenu dans le présent, ou que le passé est un legs qu'il ne nous est pas possible d'inventorier, de sorte qu'au bout du compte, on hérite de tout : sagesse et démesure, réussites et erreurs, innocence et crimes."
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Tout l'art d'une dissertation universitaire tient dans la 3° partie : thèse, antithèse, d'accord, mais synthèse (priez pour nous) ? J'ai mis des années à peaufiner cette 3° partie que je reprenais à tous les coups pour pérorer sur l'art comme unificateur des contraires. Je pardonne à ma suffisance d'alors (pour celle d'aujourd'hui, j'attends encore un peu) car c'est finalement ce dont parle ce roman brillantissime, aussi émouvant qu'intelligent et à la construction parfaite. « Les livres, écrit Juan Vasquez, ne sont et ne seront jamais que des preuves élaborées de désorientation […]en écrivant un livre, [le romancier] tente ainsi de pallier sa confusion, de réduire l'espace entre ce qu'il ignore et ce qu'il pourrait savoir […]. « de nos querelles avec les autres, nous faisons de la rhétorique. de nos querelles avec nous-mêmes, de la poésie », disait Yeats. Mais que se passe-t-il quand les deux querelles ont lieu simultanément, quand se disputer avec les autres est un reflet ou une transfiguration de ce face-à-face avec nous-mêmes, enfoui mais constant ? Alors on écrit un livre comme celui auquel je travaille à présent, on s'en remet aveuglément au fait que cet ouvrage signifiera quelque chose pour autrui. »
Vasquez est colombien : devenu père, il choisit de quitter un pays dont la violence endémique lui paraît susceptible de souiller ses jumelles nées avant terme, que le moindre microbe met en danger. Quelques années plus tard, revenu d'Espagne avec femme et enfants, il apprend qu'une parole malheureuse prononcée avant son départ, avait douloureusement affecté la vie d'un de ses amis.
La réflexion sur le pouvoir des mots va irriguer tout le livre, qui plonge vers le passé pour comprendre comment il continue à nous hanter grâce aux discours construits pour l'expliquer (le coeur du livre est un autre livre, pamphlet dérisoire, voulu comme un second « J'accuse » mais qui ne connaîtra jamais la postérité de l'article de Zola) et aussi grâce à tous les témoins du passé qui sont la preuve que ce qui a été fut réellement : le roman comporte de nombreuses photos, comme celle du cadavre du candidat à la présidentielle de 1948 Jorge Eliécer Gaitán, celle de la radiographie de son thorax (avec en son centre l'ombre d'un haricot – une balle), celle d'un bocal qui contient une vertèbre encore recouverte de filaments de chair…
Deux autres assassinats politiques sont aussi longuement évoqués : celui du général Uribe et, mieux connu de nous, celui de John F. Kennedy dont nul n'a oublié la photo, celle où Jackie rampe sur l'arrière de la limousine pour recueillir les morceaux du crâne de son mari qui vient d'exploser sous l'impact des balles.
Jackie tente de reconstituer la tête de son mari en maintenant ce qu'elle a recueilli à l'arrière de son crane : geste inouï qui renvoie pourtant à celui de la déesse Isis cherchant dans le monde les morceaux du corps d'Osiris ; et ce remembrement que Jackie Kennedy crut pouvoir opérer nous rappelle que le verbe « remember » a à voir avec la reconstitution et que se souvenir demande de rassembler et d'unifier.
C'est donc un livre sur la mémoire et sur la transmission que ce « Corps des ruines » : que transmet un père à ses enfants ? Que transmet un pays à ceux qui y sont nés ? Que transmet un auteur à ses lecteurs ? C'est aussi un livre sur les croyances : que tenons-nous pour vrai ? Pourquoi ? Les histoires disent-elles moins la vérité que l'histoire ?
Autour de la mort de Kennedy, de Gaitán, du général Uribe, sont nées de multiples versions alternatives. À ceux qui les regarderaient avec scepticisme, les complotistes ont une réponse toute prête : « le but essentiel de toute conspiration est de cacher son existence et ne pas la voir est l'évidence même de sa réalité. » Or, si je ne me trompe pas, il ne s'agit de rien de moins ici que de la preuve ontologique : Dieu existe puisque la perfection ne peut se passer de l'existence. Et les récits conspirationnistes disent le vrai justement parce qu'on ne les croit pas.
Nous vivons de croyances, qu'on les appelle religions, histoire officielle, légendes ou récits conspirationnistes, et les plus chères d'entre elles en disent moins sur notre vision du monde que sur les efforts que nous déployons pour dresser des tombeaux à ceux que nous aimions et que nous avons perdus. Les reliques, le mouchoir que l'on trempe dans le sang de celui qui vient d'être tué dressent un pont avec le passé, « l'étrange privilège de tenir entre ses mains les ruines d'un être humain » est un moyen d'empêcher le temps de s'écouler, sinon à l'envers.
(D'accord, Proust et sa madeleine, c'est une autre façon de voir les choses. Mais Proust manquait peut-être d'estomac)
Quant à la littérature, elle a peut-être moins à voir avec le souvenir qu'avec le remembrement. Tous les discours s'y trouvent et y acquièrent de ce fait une égale dignité : la vérité de chacun y est collectée, ses désirs et ses souffrances reconnus, et c'est là la seule vérité qui vaut. « le lecteur qui souhaiterait voir [dans ce livre] des ressemblances avec la vie réelle le fera sous sa propre responsabilité. »
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Autant l'avouer, je ne suis pas férue de littérature étrangère. Je n'en ai par ailleurs que très peu de connaissance. Peut-être par crainte d'un décalage lié à la traduction je privilégie, en effet, la lecture d'ouvrages d'auteurs français. Mais il se trouve que j'ai eu à lire, dans le cadre de la rentrée littéraire, le dernier roman d'un auteur colombien, Juan Gabriel Vasquez, "Le corps des ruines".

Je remercie très sincèrement les Editions du Seuil.

Juan Gabriel Vasquez, l'auteur, est aussi le narrateur. Il raconte sa rencontre, un soir, chez son ami le Docteur Benavides, d'un certain Carlos Carballo. Cet homme particulier a tendance à voir dans l'assassinat de chaque homme politique célèbre la "patte" de puissances obscures. Et, quand il parle notamment des meurtres du sénateur colombien Rafael Uribe Uribe tué en 1914 à coups de hachette par deux menuisiers, du leader libéral Jorge Eliecer Gaitàn en 1948 ou encore de celui de John Fitzgerald Kennedy, il n'y voit qu'une série de complots. Si Vasquez considère d'abord les propos de ce Carlos comme pures divagations, il va petit à petit se poser des questions et tomber dans le piège de son interlocuteur… et y entraîner la lectrice que je suis.

Je dois reconnaître que la lecture de cet ouvrage m'a demandé du temps, beaucoup de temps. On ne se plonge pas dans le texte comme un nageur en eau tranquille. Il m'a fallu souvent m'interrompre pour faire des recherches. Je ne connaissais rien de l'histoire politique de la Colombie et si l'assassinat de Kennedy reste parfaitement ancré dans ma mémoire, j'ai dû relire certains articles pour m'assurer de n'avoir rien oublié des circonstances et de ce qui en fut relaté par la suite. Aux confins de l'autobiographie – je l'ai dit, l'auteur est en même temps le narrateur – de l'enquête à la fois politique et policière, il s'agit pourtant bien d'un roman : "Mais moi, c'était la seule chose que je trouvais captivante dans les romans : l'exploration de cette autre réalité ; non la réalité des faits ni la reproduction romancée des événements véritables … qui poussent le romancier vers des endroits interdits au journaliste ou à l'historien."

J'ai trouvé ce roman exigeant, fouillé, érudit où les références littéraires sont pléthores qui citent Gabriel Garcia Marquez, mais aussi Thémistocle et Cicéron. Et je ne parle de Carlos Gardel le célèbre chanteur et compositeur de Tango, dont la mort est également présente. Les personnages fourmillent et les détails sont légions. Comme l'auteur, je me suis sentie emportée par les propos de ce Carballo qui mène la danse et fait vaciller la raison. Et si ce qu'il avance était vrai ? Et si derrière chacun de ces crimes existait une autre vérité ? Ces questions présentes au fur et à mesure de l'avancée du récit le rendent envoûtant et m'ont fait oublier les quelques longueurs que je pourrais lui reprocher. Il est vraisemblable que quelques pages en moins – il y en a tout de même 500 – n'auraient en rien nui à son intérêt.

Pour autant, j'ai été emballée, admirative de tant de connaissances et de talent d'écriture. J'ai ouï dire par une Colombienne qu'il n'était pas particulièrement connu dans son pays natal mais il faut dire qu'il a plus vécu ailleurs. En tous les cas il est évident que l'histoire de son pays d'origine lui tient à coeur.
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Juan Gabriel Vasquez a habité la majeure partie de sa vie d'adulte en Europe, avant de se réinstaller dans sa Colombie natale. Une distance nécessaire pour se pencher, entre passion et lucidité, sur l'histoire convulsive de son pays, évoquée à travers ses romans. le corps des ruines, le dernier en date, complète et sublime ses oeuvres antérieures en une forme ambitieuse : un mélange savant d'autobiographie, de roman historique, de policier et d'essai. le livre navigue entre réalité (très documentée) et fiction, avec pour thème principal celui de l'héritage de la violence, celle qui irrigue la société colombienne depuis plus d'un siècle et semble se transmettre d'une génération à une autre, sans que rien ne puisse l'arrêter. Au centre de le corps des ruines, deux assassinats politiques, célèbres en Colombie, de dirigeants libéraux aux portes du pouvoir : Rafael Uribe Uribe, en 1914 et Jorge Eliécer Gaitán, en 1948. Deux meurtres "avalés" par L Histoire officielle, réduits à des actes isolés alors qu'ils étaient (sans doute) les fruits de complots. Ces événements traumatisants du passé de la Colombie, détaillés de façon minutieuse par l'auteur, s'inscrivent dans un récit ample, lié à la vie même de Vasquez et à sa rencontre avec Carlos Carballo, individu monomaniaque et obsédé par ces assassinats et plus largement les mensonges de l'Histoire, liés pour lui à de vastes conspirations. Comme dans les livres précédents du romancier bogotanais, le corps des ruines s'appuie sur un style magnifique, précis et fluide. Sur 500 pages, il n'y a que quelques pages de flottement et encore sont-elles dues plus vraisemblablement à une (relative mais compréhensible) fatigue du lecteur devant une narration aussi dense et exigeante.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Retour de vacances, pas le temps de lésiner avec la lecture de ce roman profondément détaillé et fourmillant d'anecdotes sur l'histoire politique et sociale de ce pays qui ne peut laisser personne indifférent : la Colombie.

L'auteur, Juan Gabriel Vasquez, qui est aussi le narrateur du livre, nous livre ici une enquête politico-historique aux allures de roman policier sur des faits pourtant bien réels qui se sont déroulés au sein de sa patrie de naissance depuis le début du 20ème siècle.

C'est un livre exigeant, de par son érudition des faits politiques et de leurs acteurs, brillamment référencé, et je dois dire que c'est une somme pour qui ne s'est jamais plongé dans les méandres de ce pays tiraillé par les assassinats politiques, les guérillas urbaines, les narcotrafiquants et les magouilles de toutes sortes.

Portrait assez négatif mais pour le moins réaliste d'une société colombienne qui a notamment vécue sous le joug de nombreux leaders politiques autoritaires (le mot est faible), qui a (parfois) rêvé d'obtenir un dirigeant digne et honnête mais dans ce pays ils finissent (souvent) assassinés (Uribe Uribe en 1914, Jorge Eliecer Gaitàn en 1948), qui a tremblé et subie les caprices du terrorisme des narcos qui n'hésitaient pas à tuer policiers, juges et bien malheureusement de nombreux civils qui n'avaient bien entendu, (comme toujours), rien à voir avec cette guerre.

Juan Gabiel Vasquez, est donc confronté directement, en tant que narrateur, à cette histoire qu'il croit connaitre par coeur tant elle est ancrée dans la tête de chaque Colombien, il sera cependant obligé, attiré mystérieusement par un certain Carballo, dans les profondeurs de l'histoire politique de son pays et des ses rouages, de ses manipulations et complots.
Quelle meilleure matière pour un écrivain que les élucubrations d'un soit disant spécialiste des assassinats politiques? Quel meilleur moyen d'attirer l'attention sur ce pays qu'il aime tant et où il n'a pas grandi?
On pourrait dire, c'est faire la part belle aux partisans de ces théories fumeuses, dans le fond peu importe, ce qui compte c'est que l'on ressors de ce livre avec une admiration et un profond respect pour ce peuple digne et fier, qui malgré les innombrables coups de boutoirs, est toujours debout !

#JuanGabrielVasquez #Lecorpsdesruines #vivaColombia
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critiques presse (2)
LeMonde
21 septembre 2017
Dans « Le Corps des ruines », l’écrivain poursuit son exploration introspective de la violence colombienne et de ses conséquences.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
12 septembre 2017
De passage dans sa Colombie natale, Juan Gabriel Vásquez rencontre Carlos Carballo, un homme obsédé par le meurtre du politicien Jorge Eliécer Gaitán, survenu en 1948.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Un soir, en attendant le journal télévisé, nous sommes restés toi et moi devant le poste. On diffusait en direct les dernières heures –les plus torrides –du carnaval de Rio. Confortablement installé dans le canapé, tu observais d’un œil avide cette profusion de chair brune qui excitait tous les appétits depuis le sambodrome. Tu avais cinq ans et je n’ai pas pu m’empêcher de te dire, comme si nous étions deux vieux cochons : Alejandro, les femmes sont vraiment spectaculaires. –Oui, papa. Et en plus, elles donnent du lait, as-tu répondu sans détacher ton regard de l’écran, comme si tu étais un grand connaisseur en la matière.”
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-Je vous ai apporté ça, a-t-il dit en s’asseyant. C’était une publication universitaire au titre effrayant : Regarder la mort dans les yeux. Huit perspectives.
-Qu’est-ce que c’est ? ai-je demandé.
-Des variations sur un même thème. Écrites par des philosophes, des théologiens, des gens de lettres. Le médecin, c’est moi. Pour quand vous n’aurez rien d’autre à lire… a-t-il ajouté après un silence pudique.
–Eh bien, merci beaucoup, ai-je répondu.
J’étais sincère, ce qui n’est pas toujours le cas quand on vous offre un livre.
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C'était en 1991.......Les bombes explosaient dans des lieux choisis avec soin par les narcos dans le but de tuer des citoyens anonymes qui n’avaient rien à voir avec la guerre.....j’avais entamé mes études de droit à l’université située dans le centre de Bogotá,......Nos professeurs n’abordaient guère les événements extérieurs : les cours consistaient à se demander si des spéléologues bloqués dans une grotte ont le droit de s’entre-dévorer, ou si le vieux Shylock du Marchand de Venise peut prélever une livre de chair sur le corps d’Antonio, et s’il est légitime que Portia lui interdise de le faire en déployant des ruses faciles.
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Certains Américains –j’en connais plusieurs –ont consacré leur vie à parler de l’assassinat de Kennedy dans les moindres détails, même les plus cachés ; ils connaissent la marque des chaussures que Jackie portait le jour du crime et sont capables de réciter par cœur des passages entiers du rapport de la commission Warren.
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Dans « La longue vie de Gavrilo Princip », une des meilleures fictions jamais écrites sur ce que nous a légué 1914, l’écrivain serbe Senka Marniković invente un monde où la Première Guerre mondiale n’a jamais éclaté. Gavrilo Princip, jeune nationaliste serbe, arrive à Sarajevo pour tuer François-Ferdinand, mais son pistolet se bloque et l’archiduc reste en vie. Princip meurt un an plus tard de la tuberculose, et le monde est différent.
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Un périple à travers l'Espagne républicaine, passant par la Chine et la France à travers l'histoire d'un père et son fils. Sergio a été garde rouge, ouvrier en usine, militaire du Parti, Il a aussi connu le Paris de Louis Malle en 1968 et, de retour en Colombie, a combattu au nom de la révolution. Roman politique magnifiquement par Juan Gabriel Vásquez, l'un des écrivains colombiens les plus importants du XXIème siècle.
Juan Gabriel Vásquez, "Une rétrospective" (Seuil)
Une rencontre animée par Isabel Contreras, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
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