Citations de Juan Villoro (18)
Aujourd'hui, voyager c'est merdique. C'est comme une déportation. Dans le futur, ça sera réservé aux pauvres. (...)
Aller d'une ville à l'autre sera réservé à des spécialistes: chauffeurs, mendiants, livreurs de pizzas. (...) Avec les voyages, ce sera le même topo. Les riches achèteront des sensations sur Internet et seuls les minables iront dans des endroits désagréablement réels.
La première scène érotique qui m'avait fasciné au cinéma m'est alors revenue à l'esprit. Charlton Heston interprétait le rôle du Cid et venait de passer la nuit avec Sophia Loren. Au réveil, elle promenait un doigt fuselé sur le front et le nez du héros, une caresse qui, à douze ans, m'avait paru sublime: le doigt de Sophia glissait sur le Cid comme s'il le dessinait.
La sensibilité est un combustible fragile. Elle peut faire que l'artiste s'enflamme dans sa propre lumière.
Ecrire, c'est s'égarer en allant à la recherche d'un but qu'on ignore.
La différence entre un prétentieux et un savant, c'est que le prétentieux n'apprécie que ce qu' il connaît alors que le savant cherche à apprendre ce qu' il ignore. (P60)
Il arrive qu'un défaut fasse naître la trouvaille esthétique.
Cette zone chaotique , étonnamment normale, résume la mystérieuse condition du fait esthétique. Les trouvailles surgissent d'un espace commun qui semble les nier.
La vocation littéraire commence en assumant l'écriture comme un problème.
J'ai passé la première partie de ma vie à essayer de me réveiller et la deuxième à essayer de m'endormir. Je me demande s'il y en aura une troisième .
Les livres sont comme des miroirs : chacun y trouve ce qu'il a dans la tête. Le problème, c'est qu'on ne le découvre qu'en lisant le bon livre. Les livres sont des miroirs indiscrets et risque-tout : ils se débrouillent pour que tes idées te sortent de la tête et mettent l'accent sur des pensées dont tu ignorais tout. Quand on ne lit pas, ces idées restent prisonnières et ne sont d'aucune utilité. [...] Un miroir magique est également une fenêtre : tu peux y voir tes idées, mais aussi un tas d'autres choses. Tu t'informes des pensées d'autrui et tu voyages dans d'autres univers. Un livre est le meilleur moyen de locomotion qui soit : il t'emmène loin sans polluer, arrive à l'heure, ne coûte pas cher et ne te donne pas le mal des transports.
Ici, il y a du travail. Grâce à nous, les gens ne se dévorent pas entre eux. C'est ça, la véritable écologie de la région. Les hôtels en plastique et la destruction du littoral ont sauvé des milliers de vies. Tout est pourri à l'origine. Le musée du Louvre existe parce qu'il y a eu des pillages.
L'esprit est une machine à réfléchir. Peu importe qu'il soit bourré d'informations. Ce qui compte, c'est de savoir les utiliser. Chaque tête étant une machine différente, il faut appliquer sa propre méthode pour la faire fonctionner.
L'histoire racontée dans un livre n'est pas toujours la même (p.109)
Ce qui nous semble horrible est un luxe pour eux. Le tiers monde est là pour sauver les européens de l'ennui et çà, ton meilleur ami l'a bien compris. C'est pour ça que je suis là, à m'occuper de paranoïa récréative.
Dans les moments angoissants où je me sentais seul, les livres m’ont toujours accompagné. Ils sont avec moi dans les périodes heureuses comme dans les mauvaises passes
L'Argentin était aveugle, et donc incapable de voir bouger les volumes qu'il connaissait par cœur. Bien souvent les plus grands lecteurs ont une infirmité. ( chap.6, p.105)
La suite ne dépend que de toi. (Dernière phrase)
Tu trembles comme un livre qui va bientôt être lu. (p.303)