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Critiques de Julia von Lucadou (13)
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Sauter des gratte-ciel

Un roman dystopique traitant d’une société parfaite prise au piège dans l’hyper-connectivité et la course « bienveillante » à la performance du corps et du mental. Au fil de l’histoire certains pans de cette société glaçante se dessine.

Diviser entre la Ville, place des plus riches et des plus performants et les Périphéries réunissant tout ce qui reste d’une autre population, « derrière le mur, après la douane, attend un autre monde. Des êtres visqueux qui s’empiffrent de junk food » selon les souvenirs d’Hitomi Yoshida psychologue de la société PsySolutions.

« Flysuiteuse » à l’Académie de Highrise-Diving, Riva saute du haut des immeubles. Elle accumule privilèges, appartement, célébrité, contrats publicitaires, tout. Soudainement, elle reste inerte dans son confortable appartement, sous l’incompréhension de son mari Aston, de ses fans et ses investisseurs.

Hitomi arrivera-t-elle à remettre Riva sur le droit chemin. Elle, qui est terrorisée de perdre son statut et à vivre une existence en Périphérie.

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Sauter des gratte-ciel

Actes Sud poursuit la publication de romans en langues étrangères non anglophones après Sakhaline du russe Edouard Verkine et Trois Saisons en Enfer de l’égyptien Mohammad Rabie.

Cette fois, c’est en Suisse alémanique que l’on retrouve Julia Von Lucadou pour Sauter des gratte-ciel, un premier roman dystopique récompensé par le Prix suisse de littérature.

Un choix dans l’air du temps pour un récit court d’à peine 270 pages où la société s’est engluée dans une techno-surveillance et une fitno-bienveillance qui confine à l’horreur pure et simple.



Prise de conscience

Sauter des gratte-ciel pourrait être le récit d’une jeune sportive, Riva, qui saute du haut des immeubles en combinaison Flysuit™ en évitant de justesse la mort dans le seul but d’ébahir le public. Dans ce monde hypertechnologique où l’on vous suit en permanence à coup de tablettes-compagnon et de caméras, d’activity tracker et de coach virtuel, Riva est une star, une héroïne suivie par des millions de gens.

Sauf que du jour au lendemain, Riva décide de tout laisser tomber et reste quasi-catatonique dans son appartement de luxe, sous l’œil perplexe de ses followers, de ses investisseurs et de son mari, Aston.

Pour l’aider, une psychologue de la société PsySolutions va devoir l’épier jour et nuit pour trouver l’origine de son mal et la remettre sur le droit chemin de la santé, de l’activité physique et de la célébrité.

C’est de cette psychologue, Hitomi, dont il sera en réalité question dans Sauter des gratte-ciel.

Julia Von Lucadou décrit de façon parcellaire une société scindée entre la Ville et les Périphéries, la première abritant les plus riches et les plus performants, la seconde regroupant tout ce qui reste d’une population que l’on devine pauvre et crasseuse. Du moins si l’on se fie aux impressions d’Hitomi dont la plus grande terreur serait de perdre son statut et d’être condamnée à vie à une existence bas de gamme en Périphérie.

Sauter des Gratte-Ciel va donc développer un récit assez classique où l’un des rouages de cette dystopie se rend compte qu’elle est prise dans une société cauchemardesque qui, sous couvert de vouloir votre bien-être physique et moral, vous enferme dans une bulle de performances imposées et de règles rigides incapables de comprendre les failles humaines.



Puzzle dystopique

Là où le roman de Julia Von Lucadou surprend, c’est que cette société n’est jamais décrite dans les moindres détails et de façon frontale. Il faut picorer de-ci de-là des éléments narratifs pour composer le puzzle d’un univers où la technologie permet un contrôle total des personnes, par le truchement d’une vidéo-surveillance omniprésente, de tablettes qui permettent tout et n’importe quoi, d’activity tracker qui monitorent votre forme physique. En sus de ces éléments de contrôle, tout dans la Ville se conçoit à l’aune de la performance donnant accès à des crédits qui permettent de se maintenir dans des appartements de standing, d’avoir tel ou tel travail, de se marier même (par le credit union). L’autrice reste pourtant assez floue sur les mécanismes précis de cette dystopie où l’on entrevoit une stérilisation des femmes, une déconstruction totale de la famille avec des bio-parents et des breeders, des instituts et des castings. Intriguant, cette façon d’infiltrer le background au fur et à mesure du déroulé de l’histoire a aussi quelque chose de frustrant pour le lecteur qui a souvent la sensation de passer à côté des détails de cette dictature bienveillante.

Heureusement, c’est le cheminement intérieur d’Hitomi et sa « rencontre » avec Riva qui constitue le véritable cœur du récit. Hitomi va petit à petit se rendre compte que les rouages parfaitement huilés de son existence sont une illusion et qu’elle vit depuis sa plus tendre enfance dans un enfer qui emprisonne les gens en quête de liberté et qui ont percé la chappe de plomb qui les accable au jour le jour. C’est ainsi que les souvenirs de jeunesse d’Hitomi et sa relation avec Andorra vont prendre une importance croissante, la rébellion silencieuse de Riva lui rappelant la révolte de son ancienne amie.



A Star is born

Si Sauter des gratte-ciel ne semble pas révolutionner le genre de la dystopie, un genre déjà maintes et maintes fois exploité, il laisse tout de même une impression d’aboutissement dans sa façon de présenter une société qui veut simplement le bien de ses citoyens et qui agit constamment sous couvert d’une bienveillance de façade. C’est aussi la dénonciation d’une mondialisation qui uniformise et qui lisse tout ce qu’elle touche, avec un système de starification qui broie les gens et devient un instrument de contrôle de masse. L’emploi récurrent (et volontairement agaçant) de termes anglais reflète parfaitement cette volonté de « coolitude » et de mondialisation qui confine au ridicule et finit par donner la nausée au lecteur. Tout n’est que ™ et mindfulness.

Une lecture d’autant plus juste à l’époque des story et des bookhaul. Ce qui importe en dernier ressort à Julia Von Lucadou, c’est la façon dont Hitomi va peu à peu se sortir de ses propres mensonges pour voir le monde tel qu’il est : un endroit glacé, ubuesque, terrifiant.

Et s’il faudra un long cheminement à son héroïne, cela contraste avec la brusque prise de conscience de Riva, confrontée à la mort tragique de ses amies sportives sacrifiées sur l’hôtel d’un amusement mortel et futile.

Sauter des gratte-ciel peut à le fois se concevoir comme le suicide d’une société et la libération finale d’un esprit mis en cage depuis trop longtemps.

Everything’s gonna be okay™



Si l’on reste frustré par la sensation constante d’effleurer un monde dystopique dont on ne comprendra jamais le fonctionnement précis, on reste captivé par cette dystopie de la bienveillance où technologies, mondialisation, starification, réseaux sociaux et profits se mêlent pour écraser l’individu. Sauter des gratte-ciel ressemble à un saut dans le vide et dans l’inconnu au cœur d’une société qui pense tout contrôler…mais incapable de comprendre la pulsion d’humanité qui l’habite.
Lien : https://justaword.fr/sauter-..
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Sauter des gratte-ciel

Autant qu'une dystopie effrayante, Sauter des gratte-ciel de la Suissesse Julia Von Lucadou est un récit d'anticipation qui préfigure un avenir possible de notre planète, demain ou disons après-demain. Ce Meilleur des mondes accentue en effet toutes les tendances fortes de notre époque, de la recherche absolue de la performance au voyeurisme en passant par la quête d'un bonheur synthétique et l'hyper connectivité. Tout ou presque est crédible dans le livre et jusqu'à cette sauteuse de gratte-ciel, sportive extrême des temps futurs, dont les moindres faits et gestes sont épiés et commentés par des hordes de fans transis. La description de cet univers "parfait" dans son organisation est une toile de fond qui permet à la romancière d'introduire deux personnages principaux dont les dysfonctionnements vont nourrir une trame en plusieurs dimensions et multiples visions, remarquablement maîtrisée. Au sujet de ce monde dystopique où, en gros, la Ville abrite les plus performants et les Périphéries tous les autres, Julia Von Lucadou donne beaucoup d'indications mais laisse cependant fort intelligemment au lecteur le soin d'imaginer les fondements structurels. Ce qui lui permet de se concentrer sur ses deux protagonistes féminins, la sauteuse de gratte-ciel mais surtout la psychologue chargée de résoudre à distance les problèmes existentiels et de motivation de la première. Très visuel, le roman est magistral dans cette double perspective, angoissant de bout en bout par cette conscience que le libre-arbitre n'existe plus dans un monde aussi sophistiqué qu'aliénant, fondé sur des injonctions sociales inexpugnables. Courons-nous à grands pas vers un tel système ? A chacun d'imaginer si le scénario est plausible ou non mais la démonstration de Julia Von Lucadou est glaçante.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Sauter des gratte-ciel

« Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? Sauter des gratte-ciel. Prendre le risque de tomber pour s’envoler, comme disaient nos career trainers . Plus on frôle la mort, plus on se sent vivant. »



Imaginez le monde, imaginez la terre, rapprochez-vous… Vous voyez la ville qui se dresse devant vous ? Zoomez encore… Elle est séparée en deux zones par un mur : la ville et Les Périphéries. Dans la ville, rapprochez votre zoom des gratte-ciel. Vous voyez ces gens habillés de leurs Flysuit ? Ils sautent des gratte-ciel. Autour d’eux c’est l’euphorie. « Imaginez le corps dans son infinitude, immortel, s’élevant et retombant sans cesse, comme une respiration, une pulsation, et savourez cette pensée, trouvez-y refuge, puisez-y confiance. Là, à ce moment précis où vous vous retirez lentement du monde, la mort n’existe pas, il n’y a que la vie. »



Riva est l’une de ces « idoles » adulées par la foule pour la qualité et la beauté de ses sauts dans une discipline appelée le « Highrise Diving ». Un jour, elle choisit de ne plus sauter, comme ça, sans aucune raison. Ses sponsors décident alors d’engager une société spécialisée dans « les remises sur le droit chemin ». Désormais, Hitomi Yoshida une psychologue l’observe grâce à des caméras secrètes, la traque partout, entre en contact avec ses proches pour leur dire comment agir. Tout est entrepris pour l’amener à reprendre son activité. Riva vit avec Aston, un photographe célèbre. Ensemble, ils ont des points de crédit qui leur permettent de vivre là, et non dans Les Périphéries. Riva devient indocile : elle ne porte plus son « activity tracker », mange peu, ne dort plus. Elle reste figée, amorphe, devant sa baie vitrée face à la ville. Le danger de perdre son « credit level » devient de plus en plus concret et angoissant.



Julia von Lucadou dresse le portrait d’une société aseptisée où chacun doit jouer son rôle à la perfection. Basée sur la méritocratie qui vous donne des points ou vous en enlève, votre habilité professionnelle est sans arrêt jugée. Votre rôle est de servir à quelque chose, de ne pas être un fardeau. Pour chaque « élément inutile », il existe une sanction adaptée. Mais attention, il ne vous suffit pas de bien faire votre boulot, vous devez le faire en respectant votre corps, votre bien le plus précieux. « Méditation, exercices de relaxation. Respirer en conscience. Éviter le bruit. » Le bien-être personnel est la clé de la réussite, il est donc placé au centre de tout. Vos données de santé sont examinées à la loupe, ainsi que votre activité physique, vos heures de sommeil, votre niveau de nervosité, votre rythme cardiaque, le nombre de vos pas. On attend de vous un calme olympien, de la prise de distance en chaque chose, un comportement paisible et tranquille. Pas de vagues. Pas d’énervement. Pas de cris. Le maître mot est : obéissance. Dans le cas contraire, vous serez sanctionné sur votre « credit score », et vivement encouragé à retourner dans votre placard.



Julia von Lucadou a créé tout un univers, avec son langage propre. Des anglicismes à la pelle pour évoquer le modernisme de cette société avant-gardiste, un processus original dès la naissance que je vous laisse découvrir, un mode de fonctionnement de la vie quotidienne audacieux. C’est un monde riche en imagination qui s’ouvre sous vos yeux et chaque page apporte son lot de surprises. Cette société parfaite où chacun se sourit et se respecte fait presque envie au début du roman. Et puis… l’écrivain décide, elle aussi, de sauter virtuellement d’un gratte-ciel en s’enfonçant dans les abysses d’un univers où le mot liberté n’existe pas vraiment… Une lecture passionnante, immersive, riche, aussi jubilatoire qu’angoissante.



Je m’en vais travailler mon score d’adaptabilité, éviter de me faire influencer par un « underperformer », m’inscrire à une formation « au bonheur et à la résiliation » et surtout ne pas m’attarder sur les souvenirs. Et n’oubliez pas « Close your eyes, open your mind » et restez zen !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Sauter des gratte-ciel

La dystopie est à la mode. Cela dit quelque chose de notre société contemporaine et du regard porté sur ses évolutions. Le "progrès" ne fait pas l'unanimité...

Julia Von Lucadou, dans Sauter des gratte-ciel, son premier roman, nous présente une société où génétique, intelligence artificielle ont progressé autant que l'éthique reculait. Rare son ceux qui connaissent leurs "bio-parents", et plus rares encore ceux qui ont vécu avec. Des applications surveillent en permanence votre santé et votre niveau de bonheur. Vous n'être admis dans la ville confortable (mais glaçante) que si votre credit score est suffisant, le reste de l'humanité étant relégué en périphérie... L'idée était séduisante et l'auteure manie assez bien l'équilibre dystopique entre un futur suffisamment crédible pour accrocher l'intérêt du lecteur et suffisamment horrible pour faire peur.

Hélas, Julia Von Lucadou a fait le choix de retenir une narratrice qui adhère à ce système glacial, et use donc de son langage artificiel. Ce choix a deux conséquences : l'agacement du lecteur face aux anglicismes et termes semi-techniques qui abondent à chaque page, et le manque d'empathie ressentie envers la plupart des personnages, tous ou presque déshumanisés.
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Sauter des gratte-ciel

La collection Exofictions des éditions Actes Sud est une collection que j’aime beaucoup notamment parce qu’elle me permet de découvrir des auteur.ice.s étrangers non anglophones. Sauter des gratte-ciel est le premier roman de Julia Von Lucadou, autrice allemande. Une dystopie « technologique » qui n’est pas sans rappeler Bonheur TM de Jean Baret.



Tout commence avec Riva. Riva est une star dans son domaine, une athlète de Highrise-Diving TM. Un sport qui consiste à sauter du haut d’un gratte-ciel en effectuant des figures avant de se réceptionner et de se ré-envoler. Alors qu’elle est parmi les meilleurs athlètes de cette discipline, Riva plonge dans un état presque catatonique et refuse dorénavant de sauter. Une entreprise : PsySolution est alors mandatée pour résoudre le problème et la psychologue Hitomi Yoshida, nouvellement embauchée, est nommée responsable de ce projet. Dans une société où la transparence est la norme, Riva est observée nuit et jour par Hitomi dans le but de comprendre son comportement et de l’amener de nouveau à sauter.



Une société hyper connectée où tout est règlementé, traité, catalogué et où les individus sont récompensés ou sanctionnés en fonction de leurs résultats de travail, de loisirs, de vie privée. C’est une dystopie que nous propose l’autrice comme une « dystopie de la bienveillance ». Alors que la technologie est là pour aider et soutenir les personnes afin que le corps et l’esprit soient en harmonie, l’autrice nous dévoile au fur et à mesure le dessous de cette approche où la technologie est aussi un espion qui vous dénonce à la première incartade. Comme une majorité de dystopies, nous ne savons pas comment la société en est arrivée là et en terme de géographie, le lecteur est limité à la Ville et ses Périphéries. L’autrice dévoile cependant certains pans de cette société par petites touches : le contrôle des naissances, la cellule familiale tabou, les castings pour sélectionner les enfants utiles pour la société, les crédits qui permettent de trouver une logement plus ou moins hauts dans les gratte-ciel symbolisant la réussite, les unions programmer en fonction des profils de chacun.



A travers les vies croisées de Riva et Hitomi, Julia Von Lucadou décrit ascension, succès et déchéance de cette vie sous surveillance. Un récit qui m’a paru sans temps morts et pourtant il ne se passe pas grand chose. Le lecteur observe Hitomi qui observe Riva. L’une semble inaccessible tandis que le lecteur accompagne Hitomi dans son étude digne des meilleures téléréalités. Le petit coté un peu barré du roman avec ses injonctions au bien être et au bien vivre le tout en Trademark in English m’a fait penser à Bonheur TM de Jean Baret et ses injonctions à la consommation. Clairement moins violent dans son approche que Jean Baret, Julia Von Lucadou joue sur les mêmes créneaux et nous montre les travers d’une société hyper connectée qui sous couvert de bienveillance cadre les individus pour les pousser vers la performance dans tous les domaines tout en les contraignant à prendre soin d’eux. Cela donne un contexte étonnant et l’autrice arrive à construire un récit intrigant pratiquement à huis-clos qui accroche le lecteur.



Sauter des gratte-ciel fut une très bonne lecture. Sans révolutionner le style dystopique, l’autrice y insuffle un vent différent. J’ai lu ce roman d’une traite et je l’ai trouvé à la fois rafraichissant dans les idées développées que délicat dans sa construction des personnages. Julia Von Lucadou propose un premier roman SF de qualité et je serais très curieuse de lire les prochains.


Lien : http://chutmamanlit.fr/2021/..
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Sauter des gratte-ciel

Dystopie assez agréable à lire sur un monde hyper connecté où chaque individu est tracké afin d'optimiser ses performances.



Riva est une jeune athlète star qui saute des gratte-ciel vêtu d'un Flysuit, une combinaison spéciale qui l'empêche de s'écraser au sol. Seulement voilà, elle refuse de sauter depuis quelque temps. Ces sponsors engagent alors une société de psychologie pour la surveiller et la remettre dans le droit chemin.



L'histoire est racontée du point de vue de la psychologue chargée d'observer une Riva apathique qui s'entête dans son mutisme. Mais peu à peu, la narratrice va elle aussi chuter de l'échelle sociale construite par un monde hyper connecté où la valeur des Hommes réside uniquement dans leur performance. J'en veux pour preuve la fracture entre la ville aseptisée aux luxueux gratte-ciel et les périphéries insalubres dont les habitants prennent des allures de bêtes.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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Sauter des gratte-ciel

"Acceptez le chaos, mademoiselle Yoshida."



Quand on grandit dans un monde capitaliste, où chaque acte du quotidien accorde ou retire des crédits, quand on est conditionné à une vie algorithmique et sous surveillance, comment accepter le chaos ?

Dans cet univers dystopique, Hitomi Yoshida est psychologue pour le grand capital. En face d'elle, Riva, qui saute des gratte-ciel et prend le risque de ne pas s'envoler à temps. Qui sautait, pour être juste. Elle refuse de s'entraîner, enfermée dans un burn-out. La société de la performance a cassé son jouet.



Les deux femmes ne se croiseront jamais dans cette ville où les relations humaines qui n'apportent rien n'ont pas lieu d'être. Les enfants font perdre du temps, la stérilisation est donc de mise. Les histoires d'amour ? Au mieux, un peu de sexe programmé et des dates notés sur cinq. Mais Hitomi voit Riva s'effondrer sur ses écrans et un sentiment humain et inutile va naître en elle : l'empathie.

Être empathique ne rend pas performant. Pire. La compassion entraîne vers les bas-fonds.



Sauter des gratte-ciel est un roman de science-fiction très visuel, cinématographique (mention spéciale du jury pour l'incipit). En quelques chapitres, l'univers est posé. Il est connu, c'est celui que Google nous réserve. Des écrans partout, des tablettes à portée de main, une liberté conditionnelle. L'écriture est très juste, presque froide, à l'image de ce monde où les humains sont si peu différents des robots.

Puisqu'il nous reste encore un peu de sursis, j'ai eu la chance de recevoir l'autrice il y a quelques jours à la bibliothèque. On a parlé de Margaret Atwood, de George Orwell, d'Atom Egoyan, de son mood board et de psychologie. Julia von Lucadou est lumineuse et chaleureuse comme pour contrebalancer ses personnages rendus gris par le poids des injonctions et de la performance à tout prix. Il y a longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire une dystopie (c'est paradoxal). Et la lecture en parallèle de Yapou (que je finirai en 2024) a fait comme un écho.



Ce roman mériterait une adaptation ciné. Mais Netflix a jugé le texte trop littéraire et exigeant. Ce qui sonne plutôt comme un compliment à mes oreilles.
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Sauter des gratte-ciel

Sauter des gratte-ciel, c'est d'abord un style narratif un peu particulier. On a en effet une narratrice à la première personne mais qui par moment raconte l'histoire d'autres personnes qu'elle observe à travers un réseau de caméra. On perçoit ainsi les situations malsaines dans lesquelles l'abus de caméras omniprésentes peu nous pousser. Surtout, parce qu'au début, en tout cas pour moi, j'ai trouvé la situation assez normale, ce n'est qu'après quelques pages que l'absurdité m'a sauté aux yeux. Comme si, au final, je m'étais déjà habitué à ce genre de pratiques.





L'abus de caméras n'est pas la seule critique adressée à notre société par ce livre. On a donc droit à la course à la performance où tout est monitoré: heures de sommeil, nombre de pas, activité physique, en gros tout ce qu'on mesure déjà quotidiennement avec nos montres connectées et diverses applications installées sur nos téléphones. Qui ne marche pas assez est aussitôt dénigré par ses voisins, comment ose-t-elle ne pas prendre soin d'elle-même ? Notre héroïne est donc tiraillée entre deux obligations: travailler assez mais prendre du temps pour sa santé. Et les deux ne sont pas toujours compatibles et surtout ne laissent pas du temps pour juste ne faire rien, sinon dormir (et dormir assez, sinon ce n'est pas bien !)



Le seul reproche que je pourrais faire au livre est que sa critique est un peu facile et que sa construction est assez classique dans son genre: je prends un aspect de la société actuelle, je le porte à son paroxysme et j'analyse les dérives. Tout cela sans en faire beaucoup plus. Mais (mais), c'est rapidement oublié à cause des sentiments d'angoisse qu'on ressent durant sa lecture.



Bref, c'est bien, c'est très bien même, angoissant mais je suppose que c'est le but et donc, c'est réussi !

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Sauter des gratte-ciel

Livre assez dérangeant. je ne veux pas de ce futur où une élite a accès à presque tout si elle accepte d'être épiée tout le temps ; mais je ne sais pas ce qui est le pire, les gens qui sont dans l'élite ou ceux qui les adulent.

Bref ce livre m'a interpellé.

Auteure à suivre en tout cas
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Sauter des gratte-ciel

Lu, mais pas vraiment accroché. Trop de langage cybernétique, aucune empathie pour les personnages et on ne croit pas vraiment à cette histoire de super femmes qui plongent des gratte-ciel pour avoir un statut de nanti et d'influenceuses. le tout est froid, presque sans âme, mais sans doute est-ce la vision de notre monde futur de l'auteur.
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Sauter des gratte-ciel

Si l'angle psychologique de cette dystopie m'a d'emblée attiré, j'ai finalement été assez déçue de ne pas trouver l'empathie nécessaire chez son personnage principal pour répondre à mon attente. L'idée de départ était pourtant alléchante d'autant que l'écriture (traduite) est plutôt bien maîtrisée.
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Sauter des gratte-ciel

En premier j'aimerais aborder deux points qui ne sont pas exactement une critique du roman.

La présence de textes en anglais non traduits. Cela doit venir du texte original allemand et c'est sûrement pour cela que le traducteur n'y a pas touché. Néanmoins je pense que le lecteur français est moins habitué à passer d'une langue à l'autre qu'un Suisse et j'ai trouvé que ne pas mettre de traduction en note était une erreur de la part de l'éditeur. Tous ces mots ou expressions en anglais (cela va de phrases entières à des mots : "I'm kiddind", "-Roger ? - Roger ", "Timeline", "Green room", "Fuck", "Failures List", "proposal") ont leur importance pour la compréhension et feront forcément défaut à un lecteur qui ne les comprend pas.

De même il y des dialogues qui me semblent improbables. Par exemple, lorsque votre patron vous parle vous lui répondez "Ok" ? Et cela plusieurs fois de suite ! Moi, non. Encore moins lorsque l'héroïne est adulte et sensée avoir une formation de l'enseignement supérieur et que les rapports sont très formels et la distance hiérarchique expliquée précédemment.

J'ajoute que la création de termes est très fréquente dans la SF mais il faut les expliquer ! "Les VJ" ? Quezako ? Bien sûr qu'on le comprend mais cela s'accumule avec tous les mots anglais qu'il faut deviner.

Je pense que l'éditeur aurait dû être plus vigilant.

L'histoire : dystopie ou SF qui critique l'informatisation extrême, les caméras qui suivent tout le monde mais dans les espaces intimes, les corps qui sont analysés et contrôlés. C'est déjà vu mais on rentre dans cette logique. Mais pour aller où ? La psychologue nous livre les clés de ce monde en tant que narratrice et observatrice du fonctionnement et du contrôle en nous faisant suivre son travail d'analyse d'une jeune femme, Riva. Personnellement je m'attendais à plus de questionnements et surtout à ce que la jeune Riva réagisse et que l'on suive ses actions, ses rébellions. Alors que c'est lointain, on suit la psychanalyste et sa peur de perdre son travail, ses erreurs.

Au final, la critique d'une surveillance extrême est bien là mais l'histoire en elle-même n'est pas très passionnante et la fin floue et sans explications nous laisse comme un rond de flan ("deux" ronds me semblant un peu exagéré...). Donc on l'a bien compris, la société imaginée est cruelle pour ceux qui n'y adhèrent pas et soit ils fuient dans la misère soit dans le suicide assisté. Tout ça pour ça. Il y a des dystopies plus passionnantes et tout aussi critiques...
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