En mai 2018, sur les marches du palais du Festival de Cannes, aux côtés de la présidente, Cate Blanchett, se tiennent 82 femmes. Elles représentent les 82 seules femmes sélectionnées en compétition officielle depuis plus de soixante-dix ans, contre 1 688 hommes. A la tête de ces femmes, Agnès Varda prend la parole et conclut avec ces mots d’une justesse magnifique : « Il est temps que toutes les marches de notre industrie nous soient accessibles. Alors, on monte ! »
Les femmes autour de moi, celles de ma famille, celles que j’ai croisées tout au long de ma route, m’ont permis d’aller plus haut. Grâce à elles, j’ai pu gravir chaque palier, chaque étape qui mène à… la liberté !
Pour ce qui est des raisons, des déclencheurs, en comparant avec les femmes engagées que je côtoie depuis longtemps, je découvre que nous avons des similitudes dans nos trajectoires, des points communs susceptibles de motiver nos choix.
Une sensibilité à l’injustice qui semble innée.
Une propension relativement marquée à ne pas suivre la norme.
Souvent des mères qui ont compté.
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(…) Dans ces parages verdoyants, au cœur de la Lorraine, la petite-fille expérimentait. Tout et tout le temps. Un adulte aurait dit qu’elle était en quête permanente de la nouvelle connerie à inventer, alors qu’elle voulait surtout éprouver le monde par elle-même. Ça allait du saut depuis la cime d’un arbre, en passant par les barrettes en fer dans les prises électriques, jusqu’à la boîte d’allumettes qu’on craque entière pour voir si vraiment ça fait du feu. Elle a frôlé l’électrocution, frisé la noyade, manqué de peu l’empoissonnement. Un miracle qu’elle s’en soit sortie en un seul morceau, tant elle était intenable. Elle ne cherchait jamais à faire du mal à qui que ce soit. Elle voulait simplement essayer par elle-même. A fortiori quand on lui disait que c’était dangereux ou interdit. Il fallait qu’elle le vérifie.
Ce n’était pas une guerre contre les autres, mais le refus d’obéir aux injonctions, bêtement, sans explication. Une bataille pour se faire sa propre opinion, pour décider seule ce qui était juste ou ce qui ne l’était pas. Chez les Gayet on dit : « Un bon conseil ne vaut pas une mauvaise expérience ! »
Et si on ne naît pas féminisme, Anne-Cécile, elle, est arrivée u monde prête à en découdre avec l’autorité et l’arbitraire, quitte à prendre tous les risques, quitte à apprendre par l’erreur.
Avide de comprendre
Y compris à l’école.
P183-184