Payton et J.D sont tous les deux avocats au sein d’un grand cabinet, mais ils ne supportent pas. Quant à savoir pourquoi, ils seraient bien incapables de vous le dire… Mais contrairement aux personnages de Je déteste tellement t’aimer, ici, nos protagonistes n’affichent pas leur haine en public. Non, eux, ils préfèrent s’affronter plus discrètement, ce qui leur permet de conserver une certaine image auprès de leurs supérieurs et collègues. D’ailleurs à part Tyler, l’ami de J.D et Laney, l’amie de Payton, personne ne semble au courant de leur inimitié.
Payton et J.D ne voient donc pas d’un bon œil qu’on leur impose une collaboration autour d’un gros dossier de recours collectif, d’autant qu’une annonce relance entre eux la flamme de la compétition. Une seule promotion, deux candidats qui se détestent… la guerre semble inévitable ! Mais de fil en aiguille, il se pourrait que le ressentiment et la défiance laissent la place à d’autres sentiments. Le résumé est très classique, mais j’ai trouvé la dynamique un peu différente de ce que j’ai pu lire auparavant, peut-être parce que Julie James prend le temps d’entreprendre l’inévitable rapprochement. J’ai apprécié de suivre les confrontations entre ces deux avocats au caractère bien trempé, qui se montrent prêts à défendre leurs convictions respectives. Dommage qu’elles soient bien souvent incompatibles, les deux ayant été élevés selon des valeurs diamétralement opposées.
Je dois avouer avoir, en début de roman, détesté J.D et son discours ultra formaté qui nie en bloc les avantages et privilèges d’être né homme, riche et bien fait ! Selon lui, il n’existe aucune inégalité entre les hommes et les femmes, aucun sexisme à condamner, et le fait d’être issu d’une grande lignée ne lui a jamais facilité la vie. Alors certes, son père est imbuvable et fait peser sur lui une pression très forte, mais de là à nier les privilèges que ce dernier lui a octroyés comme l’accès à une formation de haut vol… Je n’ai donc pu que partager le mépris de Payton envers son collègue. Heureusement, derrière ce discours exaspérant, on découvre rapidement une autre facette de J.D qui se révèle bien plus vulnérable qu’on pourrait le penser.
De fil en aiguille, mon regard sur ce dernier s’est donc fait bien plus appréciateur d’autant qu’il en vient à oublier ses diatribes antiféministes, du moins quand Payton ne le titille pas. Forte, indépendante et pugnace, Payton n’est pas non plus sans reproche : élevée par une mère anticapitaliste, elle déteste les riches sans faire de distinction. Mais il est assez amusant de voir qu’elle se voile la face sur son propre statut : avec son métier d’avocate ultra bien rémunéré, elle est loin de faire partie de la classe populaire, une réalité que sa mère est là pour lui rappeler. Il y a un léger côté orgueil et préjugés dans la dynamique qui s’est instaurée dans ce couple, un roman qui sera brièvement évoqué. Je retiendrai d’ailleurs l’intervention truculente d’un chauffeur de taxi sur le classique de Jane Austen !
Des coups bas, dont un qui aura des conséquences plutôt inattendues pour Payton, et qui aura le mérite de nous prouver sa capacité hors norme à rebondir, des piques cinglantes bien que trop peu nombreuses à mon goût, une relation de haine qui prend son temps pour évoluer vers quelques chose d’autre, des doutes, une rivalité professionnelle exacerbée par un supérieur bien peu reconnaissant, quelques moments de tension physique qui nous poussent à retenir notre respiration, deux ou trois scènes pleines de mignonnerie… Tout autant d’éléments qui rendent la lecture de cette romance agréable et qui donne envie d’assister à un happy end entre deux fortes têtes qui ne se détestent peut-être pas autant qu’elles le pensent ou le prétendent.
Rythmée, fluide et sympathique, Conflits, amour et préjudices est une lecture parfaite pour les amateurs de romances enemies to lovers piquantes et savoureuses !
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