Citations de Julien Monier (80)
Au bout de quelques semaines de combat, atterré devant les défaites consécutives, le général Joffre décida de renouveler son commandement. Les généraux furent remplacés et mutés, pour la plupart, à Limoges. D'où la naissance du terme ''limoger'' !
P75
Tout cela me fait penser à ce poème de Baudelaire que nous récitait souvent le père de Charlotte.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
sic p[79 à 83]
Vouloir trop plaire, c'est le plaisir des moches.
On n'oublie pas ce genre de chose.
Mais on les recouvre d'autres choses.
Tandis que la propagande avait pour but de mettre en avant les côtés "positifs" de la guerre, la censure était chargée d'en cacher les mauvais. Le tout nouveau bureau de la presse du ministère de la Guerre, mis en place dès le mois d'août 1914, scrutait chaque article de journal, supprimait d'un trait de crayon rouge toute critique de la situation, interdisait chaque publication jugée dangereuse. Des unes paraissaient quasiment blanches, nettoyées par "Madame Anastasie", le surnom donné à la censure, caricaturée comme une vieille femme revêche.
p156
"Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses."
Le bon, la brute et le truand
"Torture : nom commun féminin, mais ce n'est pas de ma faute. Bien plus que le costume trois pièces ou la pince à vélo, c'est la pratique de la torture qui permet de distinguer à coup sûr l'homme de la bête."
Pierre Desproges, Dictionnaire superflu
Contrairement à ce que l'on entend souvent, les soldats des tranchées héritèrent leur surnom d'une expression argotique de plus d'un siècle, et non en référence à leur manque d'hygiène ! À l'origine, "être poilu" signifiait "être courageux et viril". Molière citait d'ailleurs en 1659 "Un brave à trois poils", dans Les précieuses ridicules.
"La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort."
Jules Renard, Journal
Il n'y a qu'une seule chose au monde
qui puisse véritablement bien dormir,
c'est un cadavre.
Xavier Forneret
Si y'a bien un truc qui change et abrutisse l'être humain encore plus que la tv, c'est bien l'argent...
« Une vie inutile est une mort anticipée. »
Johann Wolfgang von Goethe
Iphigénie en Tauride
(griot : ) Les temps sont venus. L'homme blanc va venir chercher nos enfants pour les emmener combattre loin, là où le ciel est sombre et où la glaise sera leurs linceuls.
Chaque nuit, j'entends le tonnerre et je vois la pluie de métal s'abattre sur des hommes blancs et noirs. Je vois leurs sangs se mélanger, devenir ruisseaux puis fleuve…
Un fleuve d'une seule couleur…Rouge. Car dans la mort, Allah m'est témoin, nous sommes tous frères et égaux, riches et pauvres, blancs et noirs.
Nous étions devenus des machines à tuer.
La propagande allemande nous faisait passer pour des sauvages et mettait en avant notre cruauté...
Et nous, nous jouions de la peur que nous dégagions.
[...]
Elle était loin l'image du blanc supérieur, qui nous dominait parce qu'il était plus fort que nous, meilleur que nous, plus intelligent que nous...
Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses.
« Le bon, la brute et le truand. »
Six longs mois où la rotation incessante des troupes mise en place sur la voie sacrée permis de soutenir l’offensive allemande et la contrer. J’ai le souvenir de cette longue file d’hommes épuisés tellement semblable à un troupeau mené à l’abattoir. La faucheuse n’avais jamais été aussi boulimique…
Moi, le fier guerrier wolof, j'étais resté là transi de peur, laissant agoniser mon ami, et lui [un Tonkinois], par bravade, était allé au-devant d'une mort certaine. Le courage n'est imputable qu'à l'homme et non à ses racines, c'est ce que m'avait dit une fois le lieutenant Villefort. Je venais de le comprendre.
Bref, la gauche ça a toujours une connotation de danger et de mort.
C’est ici que je tuai mon premier homme. Il avait mon âge. C’était un Allemand. C’était mon ennemi. C’était lui ou moi. J’ai cru entendre les pleurs de sa mère à l’instant où je lui ôtais la vie. Je l’entendais me maudire.
C'est à ce moment que les cloches se mirent à sonner... C'était le tocsin. En ce premier août 1914, l'ordre de mobilisation générale venait d'être promulgué. Le lendemain, nous devions partir vers notre garnison à Gap.