En abandonnant plus ou moins tout le nord de la Neustrie – entre Seine et Loire – aux Normands, tout en s’assurant que le pouvoir y serait finalement exercé par un comte prêt à reconnaître l’autorité de l’Église aussi bien que celle du roi et prêt à s’intégrer avec les siens dans l’aristocratie du royaume, les Francs du royaume occidentale ont largement préservé le reste du royaume franc du fléau qui avait auparavant troublé et déréglé la vie politique et économique du pays. Vu les circonstances, c’était une excellente politique ; c’était en même temps la réussite di dernier grand changement de l’occupation de la Gaule par des populations venues de l’extérieur.
Autant ce principat, ici dessiné en quelques traits, est un phénomène historique, autant le fait qu'il ait été négligé dans la recherche et les manuels est un phénomène historiographique. Certes, les manuels français courants parlaient volontiers de l'expansion de la noblesse française et de la civilisation française en Angleterre, en Espagne, en Italie méridionale et au Levant. Mais l'histoire de France était pour eux l'histoire de la royauté française. Après que l'on eut projeté les concepts d’État et de Nation du XIXe siècle dans les siècles du Haut Moyen Âge et du Moyen Âge classique, et ainsi identifié État et royauté, l'on ne put conséquemment faire des investigations sur l'histoire de la Nation et de la chose publique qu'à travers la trame de l'histoire de la royauté.