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Critiques de Ketty Steward (77)
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Le Futur au pluriel : Réparer la science-fict..

500ème critique ici et il fallait bien que ce soit un livre spécial !

Première parution des éditions de l'Inframonde, ce Futur au pluriel de Ketty Steward est une plongée au coeur du fandom SF francophone.



Celle qui use avec une savoureuse ironie de son titre de "nouvelle voix de la SF depuis 2003" rassemble dans ce livre ses réflexions - issues de maintes lectures et échanges - et ses souvenirs - parfois des plus désagréables.



Avant de parler du fond, un mot sur la forme.

Les nombreuses notes sont présentées... dans la marge ! Je n'avais jamais vu ça auparavant et je trouve l'idée fort plaisante.

Autre point positif, la riche bibliographie (quinze pages), des annexes et des sélections de livres élaborées collectivement.



Le collectif, parlons-en.

C'est l'un des points saillants de l'ouvrage. L'importance du collectif. Que celui-ci soit plus inclusif, ou comme le dit Ketty Steward, que les projecteurs soient réorientés.

Et la fin du mythe de l'écrivain solitaire, béni par la grâce de Calliope.



L'autrice commence par dresser un portrait du milieu SF francophone. Un monde d'hommes, hétéronormé et -centré, blanc, valide et ethnocentré.

Femme noire, Ketty Steward raconte son agacement - à tout le moins - d'être renvoyée à la portion exotique du milieu et à la spécialiste désignée, porte-étendard involontaire et fascinante de l'Afrofuturisme.



Viennent ensuite des chapitres consacrés, non-plus directement aux personnes, mais aux récits qui peuplent la SF francophone.

De jolis tacles à l'effondrement ou à la croyance en la dimension divinatoire de la SF.

Le rapport à un "folklore fossilisé" ou le transhumanisme sont aussi au programme.



La dernière partie vient tresser des futurs possibles pour la SF francophone. Des futurs que Ketty Steward appellent de ses voeux... et attend de pied ferme.

Plus de pluralité, un équilibre à trouver entre les sacrosaintes et -maudites utopie et dystopie, des expérimentations formelles en tout genre.

Des plaidoyers en faveur des formes courtes et de la poésie viennent appuyer et étayer l'appel à la "pluralité des formes".



Le style de Ketty Steward et elle ne se prive pas de lâcher quelques bons mots, comme dans le titre de certains chapitres ("Demain les chars", "Le héros pointé", "La muse radine", etc).



Les sujets abordés sont nombreux et ouvrent autant de pistes de réflexions.

Un essai qui marquera son temps.

Un indispensable pour qui s'intéresse à la SF.
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L'évangile selon Myriam

Que c'est fin ! Un livre extrêmement plaisant à lire pour une visite guidée de récits déjà archi-connus... Vraiment ?



Dans un futur indéterminé, mais post-apocalyptique, une jeune femme est chargée - ne pouvant pas aider autrement semble-t-il - de consigner les histoires qui serviront de mythes fondateurs à une communauté de survivant·es. Voici Myriam et ceci est son Évangile.



En 36 chapitres, rassemblés en 6 parties, Ketty Steward nous propose une réécriture de passages emblématiques de la Bible (principalement de la Première Alliance), entrecoupés de contes et d'épisodes mythologiques (grecs).

Je ne sais pas si le "36" est symbolique dans les religions abrahamiques mais personnellement cela m'évoque d'une part les "36 stratagèmes", basés sur une interprétation non divinatoire du Yi-Jing, et d'autre part... au Wu-Tang Clan !

Ce qui me permet de mentionner que, si chaque chapitre s'ouvre par une citation de Stefan Zweig ou Milan Kundera, le livre est aussi traversé d'extraits de chansons de Michael Jackson.



Les 6 parties sont thématiques : Commencements, Solidarités (l'occasion de dire que Ketty Steward est au sommaire de l'anthologie Nos futurs solidaires), Élus, Mensonge, Vérités et Amour. Mon plaisir intellectuel d e lecture a atteint son apogée dans l'enchaînement Mensonge-Vérités.



Les réécritures sont d'une grande finesse et pointent, avec piquant mais sans cynisme, les incohérences de ces histoires lues et relues - et régulièrement leur sexisme également. Parfois le déroulé est modifié par l'autrice, parfois il s'agit simplement de changer le regard de la narration, soit en l'incarnant différemment soit en le pointant sur d'autres éléments.

Vous découvrirez Alphonse, personnage hors-du-commun !



En outre, même si vous ne connaissez pas le récit de base, le plaisir reste de mise. Je ne connaissais par exemple pas l'histoire de Peau d'âne (juste le nom) et d'au moins un autre conte, et je ne m'en suis pas senti lésé.



En fil rouge de ces petits chapitres, les introductions des parties ainsi que l'avant-propos et le final (Épreuve) nous racontent l'histoire tant de cet évangile, que de son autrice et de sa communauté.



Une lecture marquante, stimulante et recommandée !

Un livre que je relirai quasi-sûrement, ce qui n'est pas mon habitude.

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SOS Terre & Mer

SOS Terre et Mer est issu d’un projet de financement participatif via Ulule. Le livre est une anthologie de nouvelles en faveur des réfugiés et autres exilés de la Terre. Le projet émane de Mérédith Debaque, assistant éditeur chez Les Moutons électriques. Il a voulu apporter son soutien à l’ONG SOS méditerranée et a pour cela offert son savoir-faire pour éditer cette anthologie. Le recueil contient 14 nouvelles et 14 illustrations et 33 personnes (auteurs, illustrateurs et éditeurs) ont travaillé bénévolement à ce beau projet. Une fois les frais de port et de fabrication enlevés, le financement obtenu a été entièrement reversé à l’ONG SOS Méditerranée. L’éditeur associatif Flatland qui s’est chargé de l’inscription ISBN a décidé de pérenniser le recueil en continuant de publier le livre dans sa version semi-poche en gardant le versement des bénéfices en intégralité à l’association. Le livre est également disponible en tirage de tête sur le site des Moutons électriques.



Les nouvelles du recueil ont pour thème l’exil et le départ forcé au travers des différents registres de l’imaginaire. Les causes qui ont mené les différents protagonistes des récits sont variées tout comme les mondes dans lesquels ils se situent. Parmi les textes proposés, on retrouve tous les genres de l’imaginaire pour mettre en valeur la diversité de ce genre et également la diversité des peuples. Le recueil apporte également un autre regard sur les situations d’exil et tout ce qui y est lié comme la guerre. Les auteurs utilisent la projection dans l’avenir ou dans des réalités parallèle pour se questionner sur cette thématique douloureuse et terriblement actuelle. Chaque texte propose une approche différente de l’exil tout en gardant une connotation avec l’imaginaire.



Un petit mot sur le titre du recueil avant de parler plus en détail des nouvelles: il rappelle l’association soutenue par le projet mais est également un hommage à Ursula Le Guin via son cycle Terremer. Les écrits d’Ursula Le Guin ont été marqués par ses convictions humanistes et c’est un bel hommage.



Dans Ils périront sur les plaines de Mimante, Jean-Philippe Jaworski offre un très beau texte de fantasy épique à l’atmosphère antique et parle des conséquences de la guerre. Nathalie Dau situe sa nouvelle, Bec, dans l’univers de sa série Le livre de l’énigme, même s’il n’est pas important de le connaitre pour apprécier le texte. La nouvelle parle d’un esclave marne retrouvant son peuple et désirant se faire accepter. Des thèmes chers à l’autrice figure dans ce texte comme la tolérance et l’acceptation.



Robert Darvel apporte un peu d’humour dans sa nouvelle Firmin le lapin en parlant d’exil chez les lapins dans le but de dénoncer l’indifférence. Stefan Platteau offre un très beau texte, Énéide des faés, où il mêle la magie à notre monde. Les hommes et les femmes ainsi que les esprit et la magie choisissent de fuir l’Afrique et sont confrontés au rejet et à la peur en arrivant en Europe. Autre texte très touchant, Le peintre de Guillaume Parodi, parle des exilés forcés de retourner dans un pays qu’ils ne connaissent pas au travers du regard d’un peintre doué d’un étrange talent. Nelly Chadour évoque différentes sortes d’exil dans L’oie sauvage où un vieil homme sans domicile fixe croise la route de migrants en fuite. Des peintures étranges et un chat vont jouer un rôle important dans ce texte à la fois drôle et émouvant.



Julien Heylbroeck choisit le space opera dans Les Xhyles pour aborder l’exil et la peur de l’autre venant de la méconnaissance. Dans Le refuge de l’autre, Dominique Warfa choisit aussi la science-fiction avec une réfugiée nommée Silhouette qui vient d’un monde très lointain, bien au-delà des étoiles. Ketty Steward utilise le registre de la dystopie avec sa nouvelle Le filet du pêcheur. Elle parle d’un monde ont toutes été fermées. Le récit est très efficace et incisif. Le texte le plus réussi de ce recueil est pour moi La porte des éléphants de Bruno Pochesci. La nouvelle parle d’une famille meurtrie qui a du fuire l’Afrique puis une Italie fasciste, le tout sous fond de disparition des éléphants. Le texte offre une pointe de surnaturel, beaucoup d’émotions tout en évoquant le métissage et les croyances anciennes.



Ce recueil offre ainsi de très beaux moments au travers de l’imaginaire utilisé pour parler de thèmes difficiles et d’actualité. Chaque nouvelle possède sa propre illustration. La fiction aide à mieux comprendre ce qui se passe dans notre monde et tout cela au profit d’une bonne cause. Bravo à tous les participants pour cette entreprise qui fait sens.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Confessions d'une séancière

Tout d'abord, je remercie la maison édition Mü éditions et l'opération Masse critique de m'avoir permis de lire ce livre.

Je vous avouerai que Confession d'une séancière ne faisait pas partie de mes premiers choix lors de l'événement mais je suis, cependant, contente d'avoir été tirée au sort sur ce roman. Cela m'a permis de découvrir un livre que je n'aurai pas acheté d'instinct en librairie.

Ce roman n'intriguait beaucoup. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. le résumé, l'histoire et les personnages sont très énigmatiques, on ne sait pas où l'auteur veut nous emmener. Ce sont pour ces attraits que j'ai décidé de le sélectionner.

Personnellement, j'ai un avis mitigé. D'un côté, j'ai bien aimé car on ressent toutes les recherches, le travail et l'investissement effectués par l'auteure derrière chaque histoire. de l'autre, je n'ai pas apprécié car l'univers ne me correspond pas.

Malgré tout, selon moi, ce livre ne mérite pas une note en dessous de ⅘.



Parlons un petit peu de la couverture.

Au premier abord, nous pourrions penser à avoir affaire à un livre faisant référence à l'univers de la mer, aux marins, avec les coquillages sur la première de couverture, mais pas du tout. Cependant, je pense que la couverture rappelle un des personnages présents, Papa Dlo, une sorte d'esprit de la mer, contrôlant les océans. Au niveau du titre, ne sachant pas ce qu'est une séancière j'ai décidé d'effectuer une petite recherche.

Provenant des Antilles, une séanicière ou un séancier est un chaman pratiquant des rites vaudou pour invoquer les esprits dans le but de guérir le mal.



Au niveau de la narration, le livre est composé de plusieurs histoires entrecoupées de petits poèmes.

A chaque histoire, les protagonistes ne se connaissent pas, ne viennent pas forcément du même endroit et sont différents, au niveau de leur âge et de leur origine. Petite exception, Papa Dlo et Manman Dlo sont aperçus dans deux, trois histoires. Néanmoins, je ne sais pas si toutes les histoires se passent à notre époque. Je ne pense pas, mais je peux me tromper.

Vous trouverez des points de vues interne et omniscient.

A la fin, vous découvrirez un petit lexique expliquant certains termes.

Le thème ressortant dans ce roman est le fantastique. Chaque histoire se passe dans notre monde. Les personnages vivent comme nous mais des événements surnaturels plus ou moins sombres viennent ponctuer leur vie.

L'autre thème apparaissant est la paranormal. Vous rencontrerez des esprits frappeurs, des esprits errants, des créatures maléfiques, des humains horribles ou se transformant en viles créatures la nuit.



Chaque histoire étant différente, je ne peux pas écrire un résumé comme j'ai l'habitude de le faire mais je peux cependant créer un lien.

Chacune se termine bien et propose du fantastique paranormal plus ou moins sombre, mettant en scène comme je l'ai dit plus haut des viles créatures humaines ou pas et des esprits soit maléfiques, soit simplement errantes.



Point positifs des histoires :



J'ai beaucoup aimé les recherches effectuées par l'auteure. On sent qu'elle n'a pas écrit ces histoires simplement par inspiration. Elle m'a permis de découvrir des superstitions, des créatures, des légendes que je ne connaissais pas du tout.

Bien que je n'affectionne pas particulièrement cet univers, les pages ont tourné très vite. Je voulais savoir ce qui allait se passer. L'auteure a su m'emmener dans ces histoires. le suspense est vraiment au rendez-vous.

A chaque nouveau chapitre, une inquiétude montait en moi, mais la curiosité l'emportait, me demandant quelles nouvelles vils créatures je rencontrerais.

Néanmoins, j'ai apprécié deux, trois histoires, comme La remplaçante ( personnellement, j'aurai aimé en découvrir plus ), Kolé séré ( une sorte histoire d'amour entre un mortel et un fantôme ), La po zombi ( pour le morale de l'histoire ) et Sainte-Marie de la mer ( pour le mystère ).

Selon moi, Confesssion d'une séancière me fait penser à un carnet où une séancière aurait rassemblé plusieurs histoires vécues par différentes personnes. Je ne sais pas si l'auteur l'a imaginé ainsi mais je le ressens de cette manière.

J'ai beaucoup aimé le fait que le livre soit composé de plusieurs dénouements. On ne se lasse pas, c'est une découverte à chaque fois. de plus, par la suite, on peut relire ou partager à l'oral telles ou telles histoires nous ayant séduit.



Points négatifs des histoires :



Bien que je n'ai pas apprécié, ce n'est pas pour moi un point négatif mais simplement un ressenti purement personnel. La plume de l'auteure est fluide, les histoires sont addictives et très bien écrites.

Le seul point négatif pour moi est l'histoire Tala ka vini. L'écrivain l'a écrit en créole et n'a mis aucune traduction. Selon moi, c'est dommage et très gênant car ne parlant pas cette langue, je n'ai, bien entendu, rien compris. Je comprends la volonté de rendre hommage à ses origines mais une traduction m'aurait semblé bien. De plus, ça peut être frustrant et décevant.



Points positifs de tous les personnages :



Aucun ne se ressemble, chacun a son propre vécu et caractère.

Nous n'avons pas cette impression de déjà vu.



Points négatifs de tous les personnages :



Je n'en ai aucun.



Conclusion :



Ce livre ne m'a pas permis de m'évader mais d'apprendre et de découvrir des superstitions, des légendes et des créatures maléfiques m'étant parfois inconnues, d'une manière ludique.

Je conseille de lire ce livre durant la période d'Halloween car il est parfait pour cet événement.

Je le conseille pour toutes les personnes aimant les romans mélangeant paranormal et fantastique sombre et celles aimant faire monter leur angoisse ou leur peur.

Cependant, je le déconseille pour les âmes sensibles et les enfants car certaines histoires ne leur sont pas destinées.



Bonne découverte et bonne lecture !📚
Lien : https://lemondeenchantedeses..
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Au bal des actifs : Demain le travail

Ah, le futur imaginé par nos chers auteurs de SF : des lendemains qui chantent, des voitures volantes, les villes sur la Lune ou Mars, le travail libéré... Un avenir espéré et attendu par nombre de lecteurs.



Mais nous ne sommes plus dans les années 50, fini la vie en rose, l'espoir a été douché, ratiboisé et passé au sanibroyeur. Reste des lendemains qui déchantent, des voitures uberisées, des villes gentrifiées et du travail oppressant et oppresseur.



Si vous avez encore espoir à des lendemains meilleurs, La Volte a demandé à douze auteurs francophones d'écrire sur le futur du travail de doucher toutes vos hypothétiques espérances.



Du bon, du moins bon, du très bon dont le Damasio qui vient de rafler le GPI pour sa nouvelle. Certains textes se répondent, le travail de coordination se fait sentir.

Certaines nouvelles sont agréables, même si elles restent assez classiques dans leur forme : on découvre peu à peu le monde, le hiatus advient par un des personnages qui s'interroge sur le monde et la dystopie survient... D'autres arrivent à dépasser leurs illustres précurseurs., comme Ketty Steward, Norbert Merjagnan ou Li Cam

Suit Serf-Made-Man ? ou la créativité discutable de Nolan Peskine d'Alain Damasio qui a reçu récemment le Grand Prix de l'Imaginaire pour cette nouvelle. Trois creative consultant insolent et cynique doivent unir leur force pour avoir la seile place disponible dans une entreprise. La sranxe pour les hôtels est du pur génie créatif, on s'y croirait et on a envie d'avoir un aussi bel accueil.

Relation homme robot, art et artisanat, idée et copie. Damasio souffle le chaud et le froid, nous fait aimer ses persos cyniques pour nous les montrer dans tout leur monstruosité la page d'après.

Des fulgurances, des petites notes d'humour noir et ce texte m'a même fait penser par moment aux plus beaux textes de Léo Ferré. Au vue de l'univers, j'ai l'impression qu'il se déroule dans le même que son futur roman Les furtifs. Seul ombre au tableau, un final décevant.



On finit par les nouvelles de Léo Henry et de Sabrina Calvo qui préfèrent s'attarder sur le travail de l'écrivain. Léo Henry nous fait partager son travail sur la correction de son texte, de la première ébauche au final. Une nouvelle qui intéressera les écrivains en herbe, ce qui n'est pas mon cas.

Sabrina Calvo prend le relais pour fournir ce texte à l'éditeur, une situation kafkaïenne au possible. Très drôle, mais pas assez pour me faire oublier le lien ténu avec la thématique du recueil.

Le tout se termine par une préface de Sophie Hiet.

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Au bal des actifs : Demain le travail

Cette anthologie de 12 nouvelles est une tuerie. En même temps, avec les noms au sommaire, on ne pouvait pas s’attendre à moins. D’autant plus, chez l’éditeur La Volte qui nous a habitués à beaucoup de belles et percutantes lectures.



On se situe évidemment dans de la science-fiction, de la SF qui fait cogiter, de la SF qui fait vibrer notre système limbique, de la SF sociale et humaniste… de la bonne science-fiction tout simplement.

Dès les premières pages, ça envoie du lourd et ça ne s’arrête pas avant la 600ième et quelque.

S’il y a de l’humour par ci par là, il y aussi beaucoup de noirceur dans ce laborieux avenir. La plupart des récits décrivent un paysage professionnel bien sombre, avec un final souvent sordide pour les héros travailleurs. Certaines histoires laissent cependant passer davantage de lumière, d’espoir, tandis que l’une d’entre elles montre un monde du travail conçu pour le bien-être des humains dans une organisation sociale toutefois sous-tendu par le mensonge.

Le secret et la manipulation sont d’ailleurs des thèmes récurrents. La problématique du sens du travail qui revêt un rôle de paix sociale en est un autre. Et cette question du travail est envisagée autant sous l’angle de la question de société que sous celui de l’identité individuelle.

On pourrait parler des heures des thématiques abordées dans cette anthologie et creuser bien des aspects à la lumière des sciences économiques et sociales, ainsi que des sciences humaines.

Mais je vais m’arrêter là et juste préciser qu’il s’agit d’une lecture plutôt complexe, même pour quelqu’un qui travaille dans le domaine de l’orientation scolaire et professionnelle et détenant une certaine maîtrise du jargon des ressources humaines, de l’évolution du travail, de ses formes émergentes, etc. Autant dire que les auteurs sont vraiment bien documentés et savent de quoi ils parlent. Je me demande même si un glossaire n’aurait pas été utile…



N’ayez toutefois pas peur d’aborder cet ouvrage car, à n’en pas douter, chacun pourra tirer parti de cette réflexion, parfois ardue, mais nécessaire voire salutaire, qui sous-tend ces fictions sur le futur du travail.



La créativité est largement au rendez-vous, aussi bien sur le fond que sur la forme. Les nouvelles présentent des structures variées. On y trouve par exemple des codes, des tableaux, des pages de blog, des échanges de courriers, et même différentes versions d’une nouvelle avec les corrections proposées par des auteurs, éditeurs ou encore membres de la famille. Attendez-vous donc à être surpris de pages en pages !



Enfin, que dire de la prose, sinon que chaque plume est singulière, admirable, puissante.



La chronique complète en vidéo avec des lectures en cliquant sur le lien ci-dessous :


Lien : https://youtu.be/Gag7AHV0B_Q
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Saletés d'hormones et autres complications

555ème critique.



Des textes de Ketty Steward, une couverture de Saul Pandelakis, la collection Rechute chez Goater, en bref on part sur de bonnes bases !



Dans ce recueil de nouvelles couvrant quinze années d'écriture, Ketty Steward montre l'étendue de sa créativité science-fictionnelle. Quinze années et quinze nouvelles. Entrecoupées de poèmes, elles sont présentées par l'autrice en fin de volume.



Si une nouvelle nous emporte sur la Lune, le reste des textes prennent place sur Terre, dans un futur généralement proche.

Les femmes sont au centre de ces histoires.

Les corps, la mort, la santé, la famille, la justice, la violence, la vengeance. Autant de thématiques traversant le recueil.

Les références bibliques sont nombreuses et on croise diverses plumes citées, dont Milan Kundera - ce qui rappelera l'Évangile selon Myriam !



J'ai particulièrement apprécié Les Flûtes de Peels et ses organisations secrètes d'influence biblique - mais loin de Dan Brown ! ; Corps usagé, peu servi et sa réflexion sur le fait d'être vivant ; Retour au pays Létal pour la charge personnelle qu'on (croit) devine(r) ; Et Rose, elle a vécu pour la malice toute stewardienne à l'origine du développement de cette histoire ; Supervision pour son panache nerveux.

Je me suis limité à cinq nouvelles, mais Blanche-Neige et le triangle quelconque est aussi fortement recommandable et on lira avec intérêt Lozapéridole 50 mg, écrite en française.



La poésie, ce n'est pas trop mon truc alors je n'ai pas vraiment accroché aux poèmes. Ceci étant ils forment des transitions entre les histoires qui peuvent permettre de souffler avant de repartir pour une nouvelle aventure - nan vraiment la poésie j'arrive pas à m'y plonger.

Tant qu'ont y est, il y a parfois de "l'absurde" (la recette du Coca ‽) ou des blagues avec lesquelles j'ai moins accroché. Mais on est là à la marge.



La partie finale, "à propos des nouvelles du recueil", est excellente. J'ai déjà vu ça dans d'autres recueils et c'est toujours un grand plaisir.

Dans le cas présent, Ketty Steward en profite pour lancer quelques piques - frontalement ou en creux - sur le monde de la SF francophone, et notamment sur ce que l'on projette trop souvent sur elle. À ce sujet, je ne peux que vous encourager à lire son essai Le Futur au pluriel : réparer la SF.



En bref, un livre puissant, foisonnant et qui vous fera réfléchir. La créativité de Ketty Steward est réjouissante et les univers, tout en étant proches, font montre d'une grande variété.
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Confessions d'une séancière

Qu’est-ce qu’une séancière ? Dans le cadre du livre chroniqué aujourd’hui, il ne s’agit ni d’une conférencière, ni d’une journaliste spécialisée dans le suivi de l’activité parlementaire. Ici, il est question d’une chamane martiniquaise à mi-chemin entre la prêtresse, la conseillère matrimoniale et la rebouteuse. Et les Confessions d’une Séancière sont le prétexte à nous raconter des mésaventures arrivées à sa clientèle ou non avec les esprits locaux et notamment les terribles Papa Dlo et Manman Dlo, roi et reine des eaux et couple dysfonctionnel au possible. Avec ce recueil, Ketty Steward nous livre des tranches de vie mâtinée de fantastique autour de son île natale, la Martinique. Alternant poèmes à la graphie surprenante et petits contes de mise en garde folklorique, sa séancière est tour à tour drôle, inquiétante, douce, mélancolique ou proprement terrifiante suivant les sensibilités de chacun. Sur la trame d’histoires universellement connues — comme une morte qui s’offre une dernière soirée de plaisir, une maison hantée à apaiser ou une vieille femme qui retire sa peau pour se transformer en rat volant — elle nous raconte des récits modernes où les morts utilisent Pôle Emploi pour parfaire la leçon infligée à une jeune insolente. À travers eux, elle nous parle des bons et des mauvais côtés de la société martiniquaise, du rejet ou de l’acceptation de soi et de l’autre, du deuil, de la condition féminine, mais aussi de musique, de rires d’enfants, de chasse aux écrevisses et de plaisir de la danse.

Vous l’aurez compris. Ce livre est de ceux que l’on devrait picorer par-ci, par-là et qui finissent dévorés d’une traite comme un paquet de chips à l’apéro. Quitte à y revenir le temps d’un récit ou d’en réciter en passant un poème dont la musicalité nous a tapé dans l’oreille.

En revanche, les éditions Mü ayant été absorbées par Mnémos, en attendant une ressortie éventuelle sous un nouveau format, il faudra vous tourner vers les bibliothèques ou le marché de l’occasion pour trouver ces Confessions d’une Séancière (ou contacter directement l’autrice sur les réseaux sociaux pour savoir si elle a quelques exemplaires papier en stock).
Lien : https://www.outrelivres.fr/c..
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L'évangile selon Myriam

Fable à tiroirs et melting pot décisif de mythologies et de croyances réputées indispensables à la survie du peuple religieux, un redoutable roman d’humour sérieux pour écouter différemment les récits prétendant structurer nos visions du monde.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/05/note-de-lecture-levangile-selon-myriam-ketty-steward/



Confinés dans les interstices laissés libres par la puissante Babylone, les membres de l’Église des Derniers Temps (qui, attention, malgré l’apparente familiarité de leur nom, ne sont pas les Saints des Derniers Jours) survivent dans l’extrême discrétion, dans ce monde qui pourrait être post-apocalyptique, mais qui pourrait tout aussi bien être une simple poursuite naturelle de la pente, par la main réputée invisible du marché, des inégalités contemporaines criantes entre les plus riches (avec leurs cohortes de mercenaires et d’aspirants intégrés) et les plus pauvres (avec la masse de celles et ceux pouvant tomber et les rejoindre à tout instant). Toujours est-il que dans leur vie itinérante parfois si proche de la fuite pure et simple, ces croyants ont perdu l’écrit, ne disposant plus en guise de culture commune intellectuelle que de fragments dépareilllés de Bibles et de récits transmis plus ou moins soigneusement le soir à la veillée.



Mais voici que se lève Myriam, fille de prédicateur fameux mais côtoyant d’un peu trop près peut-être certaines opinions jugées ici hérétiques, fille au tempérament rebelle, peu douée – dit-on – pour les tâches vitales de chimie ou de mécanique, de culture des champignons ou de cuisine, mais miraculeusement particulièrement apte – visiblement – pour entreprendre, à la demande expresse – fût-ce par le truchement d’intermédiaires – de Dieu, la reconstitution d’un corpus écrit pour son peuple discutablement élu. Ce sera donc l’Évangile selon Myriam.



On sait depuis son magnifique roman autobiographique (« Noir sur blanc », 2012) à quel point Ketty Steward connaît de l’intérieur le phénomène religieux, pour avoir été rudement exposée, dans sa prime jeunesse, à quelques-uns des pires travers et perversités des croyances ritualisées, aveuglantes et masquantes. On sait aussi depuis les redoutables « Confessions d’une séancière » (2018) comme elle sait saisir un conte traditionnel, le réécrire, le re-poétiser et en sublimer le potentiel de surprise et de subversion. Quel bonheur alors de voir maintenant converger ces deux lignes de force de son travail, avec cet « Évangile selon Myriam » paru chez Mnémos en octobre 2021, en imaginant la re-création des mythes fondateurs d’une religion chrétienne (mais d’autres candidates auraient sans doute été possibles, avec d’autres corpus de textes « sacrés » à malaxer) ayant été partiellement atomisée, et devant faire renaître ses écrits fondateurs de leurs cendres, pour le meilleur et pour le pire. La joie redouble lorsqu’apparaît manifeste le parti pris de l’autrice, forte de sa maîtrise des codes, des motifs et des historiques science-fictifs (que l’on songe à ses belles nouvelles de « Connexions interrompues« ou à celles, plus récentes, figurant par exemple dans les anthologies « Au bal des actifs – Demain le travail« ou « Sauve qui peut – Demain la santé« ), d’inscrire cette quête langagière et sémiologique sous le signe du savoir disparu et du savoir à retrouver – aux risques majeurs et savoureux des bifurcations interprétatives – comme l’avaient imaginé les pionniers Walter Miller Jr. (« Un cantique pour Leibowitz« , 1959) et Russell Hoban (« Enig Marcheur« , 1980).



Ketty Steward n’utilise pas la même forme de malice théologique que le James Morrow de « La trilogie de Jéhovah« ou de « Lazare attend« , ni la même forme de réécriture directe que l’Angela Carter de « La compagnie des loups« , mais englobe et subsume leurs possibilités à sa manière bien particulière désormais. En convoquant le Créateur et Lucifer (mais aussi l’exceptionnel Alphonse – dont on vous laissera découvrir la noirceur toute spécifique et le lien indéniable qu’il établit avec les analyses langagières performatives, aussi, de Sandra Lucbert dans « Le ministère des contes publics« , justement), la Belle au Bois Dormant et Adam, Caïn, Abel et le Petit Poucet, Jacob, Ésaü et l’Ogre, Jonas et Cendrillon, Jésus, Marthe, Marie et Lazare aux côtés de Martin Guerre, le Petit Chaperon rouge et l’empereur Huángdì, sept chevreaux, un loup rusé et un vilain petit canard, Salomon et une peau d’âne, et bien d’autres, mais en les inscrivant sous la souple férule de citations récupérées de Milan Kundera, de Stefan Zweig et de Michael Jackson, l’autrice révolutionne avec un considérable humour sérieux la manière dont se construisent les mythes, la manière dont ils se structurent en corpus plus ou moins cohérent mais en tout cas toujours opératoire, pour le meilleur et pour le pire, et la manière dont les récits populaires partagés en systèmes flous de croyances peuvent émanciper ou contraindre, selon l’idéologie qui les sous-tend, consciemment ou non – rejoignant d’ailleurs les résonances sourdes du « New Italian Epic« chers aux Wu Ming et à Valerio Evangelisti. Leçon flamboyante de poésie et leçon discrète de science politique historique, à moins que ce ne soit le contraire, « L’Évangile selon Myriam » est de ces redoutables livres-jeux qui peuvent transformer secrètement votre propre façon de regarder le monde et d’écouter les récits qui luttent pour le structurer.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Deux saisons en enfer

Jouant habilement avec le carcan apparent de la forme poétique classique, un chant rageur et lucide d’émancipation, de liberté et d’amour. Une fusion rare et sauvagement musicale de l’intime et du politique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/04/19/note-de-lecture-deux-saisons-en-enfer-ketty-steward/



Il n’est pas du tout évident, en 2020, malgré de salutaires rappels périodiques tels celui, pétri de culture souriante et de curiosité jamais rassasiée, formulé par le grand Jacques Réda de « Quel avenir pour la cavalerie ? », ou celui, ironique et talentueux, du Hans Limon de « Poéticide », d’accepter de confier à la poésie de forme classique, avec rimes, quatrains et variations techniques autour de ce noyau connu, le ressenti d’un parcours tendre et combattant, le récit d’une deuxième vie avec ses anicroches et ses chocs, ou l’espoir jamais abandonné d’une plénitude simple et efficace, pour mieux bondir vers d’autres cibles, justement. C’est le beau pari qu’a tenté Ketty Steward, en toute conscience, avec ces « Deux Saisons en Enfer », publiées en octobre 2020 aux Éditions du Net.



Quelle forme plus adaptée, précisément, pour signifier, par la voix de la narratrice (car c’est bien d’un récit qu’il s’agit ici, malgré certaines apparences, et le cadencement des titres est aussi là pour nous le rappeler) de ces moments choisis, qu’il y a ici un enjeu vital de jeu et d’échappée avec les carcans, ceux, évidents pourrait-on dire, d’une jeunesse gravement maltraitée (qui étaient aussi les enjeux du magnifique « Noir sur blanc » de l’autrice en 2012), et ceux beaucoup plus insidieux (la deuxième saison en enfer, justement, occupe presque un demi-terrain de plus au sein de l’ouvrage) d’un conformisme social, politique et intime qui peut s’affirmer jusque dans les environnements se recommandant d’abord les plus libérateurs, en bonne ou en mauvaise conscience.



Comme le rappelle avec une tendresse incisive Mélanie Fazi dans ses deux essais intimes « Nous qui n’existons pas » et « L’année suspendue », la pression à la conformité (on pensera aussi sans doute à l’excellent « Liquide » de Philippe Annocque) est une machine de guerre beaucoup plus insidieuse qu’on ne l’imagine souvent, et les meilleures âmes amicales (sans parler de celles beaucoup moins bien intentionnées) s’y laissent sans cesse piéger sans même s’en rendre compte. Il ne s’agit donc pas simplement ici, pour l’héroïne souterraine de Ketty Steward de choisir entre « Vivre ou mal partir » pour pouvoir tenter de se consacrer à l’amour, « Symphonie en quatre mouvements ». Le désir, la passion, les ruptures et les regrets ne se limitent pas à une histoire plus ou moins personnelle, mais sont bien les étapes de la rude revendication d’un espace propre, qui ne serait pas seulement laissé à la différence, mais dans lequel celle-ci pourrait se montrer nue et se vivre sans crainte, avec fougue combattante, qu’elle ait été au départ invisible ou masquée par une différence plus visible : ne jamais se résigner vraiment, comme le chantait Élisabeth Wiener dans « Vies à vies », quelques années avant son Castafiore Bazooka, à « vivre sa vie sans visage / en changeant de masque avec l’âge ».



Autre forme de « Confessions d’une séancière », où il s’agirait bien cette fois d’échapper aux ramifications intimes délétères de la sorcellerie capitaliste, « Deux saisons en enfer », sous le patronage subtilement ambigu d’un certain homme aux semelles de vent, s’offre bien en antidote à la mascarade sociale et à ses si nécessaires écrans de fumée, et en véritable manifeste discret contre l’hypocrisie socio-politique et les fausses compassions qui contaminent nos vies. Un chant d’émancipation comme il s’en écrit bien peu.
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Sauve qui peut : Demain la santé

Après avoir imaginé les conditions de travail du futur dans un précédent volume, les éditions La Volte s'interrogent cette fois-ci sur l'avenir de la santé. S'interrogent ? Pas vraiment : les nouvelles qui composent ce recueil cherchent plus à dénoncer le système actuel – voire à tirer dessus à boulets rouges – qu'à en extrapoler un avenir possible. Et pour cause, les auteur(e)s qui ont répondu à cet appel à textes semblent, pour la majorité, avoir confondu activisme et réflexion. Et cela se ressent dans le caractère résolument affirmatif des nouvelles qui, de fait, ne s'adresseront réellement qu'à un public convaincu d'avance.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Confessions d'une séancière

Avec concision, subtilité et une plume poétique, Ketty Steward aborde des sujets graves : l'enfance malmenée, les secrets de famille, les violences domestiques, les jalousies. Le fantastique permet de magnifier et de dénoncer toutes ces souffrances. Un recueil classique dans le meilleur sens du terme, très personnel, qui m'a touché
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Territoires de l'imaginaire : Faites demi-t..

Ces nouvelles de science-fiction ou de fantasy, d'imaginaire en tout cas, sont classées par grandes régions françaises. Alors forcément, on retrouve des légendes bretonnes, des plages de sable immenses avec leur blockhaus, des montagnes abruptes... L'idée de départ est intéressante, les tons et la qualité sont variables.

Et puis, il y a la nouvelle d'Alain Damasio, que j'admire énormément. Ici, j'ai été touchée par le décor - ces si belles montagnes du Vercors, par le côté historique - la résistance, par cette histoire d'amour impossible, par ce portrait de femme forte et fragile qui pourrait me ressembler - une femme qui aime la montagne, la randonnée, qui veut être libre. L'écriture est toujours très belle, très poétique, les souvenirs se mêlant à la neige...
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Noir sur Blanc

Sujets délicats et intimes, beauté d'une écriture intelligente et sensible à la fois.



Ce récit de Ketty Steward, paraissant en ce mois d'octobre 2012, est un texte captivant et fort, qui peut se lire de plusieurs manières (en tout cas d'au moins trois).



Un jeu narratif d'abord, plutôt cruel mais totalement salutaire, d’échanges, de renvois et de retours entre le noir et le blanc, remarquablement mis en valeur et en lumière par les photographies de Bertrand Robion, en vingt instantanés, émotions parfois bouillonnantes « en dessous » d’une enfance et d’une jeunesse, martiniquaise puis wallonne et métropolitaine, instants qui fonctionnent aussi comme les étranges stations d’un chemin de souffrance, de lutte et d’apaisement. Couleurs de peau, racismes et complexes associés, religions, hypocrisies et obscurantismes, rituels sociaux vides de sens et rites personnels à inventer et élucider (et les rôles étrangement syncrétiques que peuvent y jour chats ou baraques à frites), silences mortifères et coupables absences, agressions sexuelles et complaisances familiales forcenées,… Tout cela raconté sans céder une seconde à la tentation de la pornographie charcutière (©Judith Vernant), tellement à la mode en cette rentrée littéraire, mais drapé dans une parole dense qui ne cache rien, maintenant avec force une pudeur nécessaire sur la douleur et ses conséquences.



Une sourde réflexion ensuite, calme mais intense, sur le mal et la souffrance qui remplissent une identité, et sur la manière de s’en délivrer, sur la quête longue et ardue que cela représente, sur le rôle de la colère, de l’aide rencontrée, du récit, de l’apprentissage et de l’écriture. Sur le cheminement personnel, la confiance, soi et les autres. Un fil intellectuel parfois fragile, mais dont la solidité s’affirme page après page.



Une grille de lecture, enfin, qui propose, offre et souligne au lecteur qui le désire de saisir ou d’approcher les racines de certaines des fulgurances qui peuplent les textes de « Connexions interrompues », dont un critique attentif et inspiré disait qu’il s’agissait plutôt de « Douleurs uniformisées ». La résonance entre les deux textes est permanente et féconde, elle donne nettement envie d’en savoir davantage, et de découvrir de nouveaux récits que le formidable moteur littéraire de Ketty Steward, ici largement mis à nu, devrait nous proposer.

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Noir sur Blanc

Il est toujours délicat de critiquer un livre dont on connaît l'auteur. Ça l'est d'autant plus si ce livre est, non pas une fiction, mais une autobiographie. Pourtant, je n'ai pas envie de passer sous silence le bonheur de lecture que m'a procuré Noir sur Blanc, de Ketty Steward.



Ce livre se présente comme un recueil de souvenirs. Ketty Steward raconte son enfance à la Martinique, son adolescence et un peu sa vie d'adulte. Elle le fait à petites touches, noires et blanches, comme celle d'un piano qui égrène une mélodie au rythme souvent cassé. Il est question de discrimination ethnique, certes (assez peu, en fin de compte), mais aussi et surtout d'une famille à l'histoire pesante, d'une religion (les Adventistes du Septième Jour) très particulière, de plein de façons de ne pas être « comme les autres », de ces différences qui façonnent, dans la joie, parfois, dans la douleur, trop souvent. Ketty relate des « anecdotes » qui, loin d'être secondaires, ont contribué à bâtir son identité, elle parle de souffrance avec une pudeur infinie – et rien que pour ça, je lui tire mon chapeau, mais je lui tire aussi pour le reste.
Lien : http://les-humeurs-de-svetam..
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Saletés d'hormones et autres complications

[Tout d'abord, merci à Babelio pour l'envoi dans le cadre de la masse critique]



Ketty Steward. Je ne connaissais pas tout cette autrice. Nous avons ici un recueil, qui alterne nouvelles (plus ou moins longues) et poèmes. Le thème principal commun : la condition féminine.

Essentiellement science-fiction, ainsi que fantastique, voir dystopique, philosophique et technologique, les nouvelles de ce recueils sont variées.

N'étant mes genres de prédilection, j'ai eu du mal à accrocher à certains moments, mais à d'autres c'était plutôt sympa!
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Saletés d'hormones et autres complications

Si j'avais déjà apperçu Ketty Steward avec L'évangile selon Myriam, qui m'a intrigué sans avoir l'occasion de la lire, c'est maintenant chose faite avec ce reccueil de nouvelles plutôt singulier.

Dans Saletés d'hormones et autres complications, une thèmatique prédomine : la condition de la femme, la feminité, l'avenir de la femme dans un monde futuriste dans lequel la science et l'IA ont pris une part prépondérante.

Inscrit dans la mouvance affrofuturiste, ce recueil donne tout de suite le ton avec le thème de la première nouvelle : "Et si avoir ses règles étaient devenu une anomalie ?"

Des thèmes classiques de la science-fiction, revisités à la sauce féministe, une langue riche et fluide (quelle plaisir de lire de la SF française !), des références historiques, de l'ingéniosité, une goutte d'amertume, des poèmes par intermittence, voilà le cocktail qui fait de ce recueil un livre réussi, facile à lire, et à mettre entre toutes les mains.



Merci à Babélio et aux éditions Goater pour la découverte !



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Par-delà l'horizon

Par-delà l’horizon est un recueil intéressant pour les nombreuses plumes qui y sont regroupées et pour la découverte de jeunes autrices et auteurs au talent indéniable. On peut regretter un manque d’équilibre quant à la qualité des textes, avec certaines nouvelles franchement peu intéressantes chez les plumes ayant le plus d’expérience. Mais certains textes méritent vraiment la lecture.



Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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L'évangile selon Myriam

L’Évangile selon Myriam est un roman de Ketty Steward, dans lequel l’autrice met en scène la construction d’un récit comme ciment social par Myriam. Elle monte, juxtapose et réécrit, dans un mouvement intertextuel et polytextuel, des références bibliques, des contes, et des mythes, en y ajoutant une forte dose d’ironie, notamment portée par un principe de réalité nommé Alphonse, mais aussi en les réactualisant.

Le roman traite donc de la manière de raconter, mais interroge aussi l’influence et la portée des récits sur les individus.

Si ces questions vous intéressent, ou si vous voulez découvrir la plume de Ketty Steward, je ne peux que vous recommander ce roman !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Sauve qui peut : Demain la santé

« On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi » : quinze nouvelles pour tenter d’imaginer les lignes de fuite de notre rapport social et politique aux systèmes de santé. Impressionnant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/11/15/note-de-lecture-sauve-qui-peut-demain-la-sante-collectif/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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