Lauren Brooke

"- Toi, tu comprends, Sugarfoot... Je ne veux pas perdre également Laura... Je ne veux pas que ça arrive... Je ne le supporterais pas.

Le silence retomba. Que se passait-il ?

Laura jeta un coup d'oeil dans la stalle. A genoux, penchée sur Sugarfoot, Lou s'était mise à chanter tout doucement à l'oreille du vieux poney. Après quelques minutes, elle s'arrêta pour chuchoter :

- Tu aurais pu être heureux ici... Il y a des prés, de l'herbe fraîche, les feuilles qui tu adores, et nous pour t'aimer et te choyer...

Elle posa un baiser sur le nez du poney.

- Je sais que toi aussi tu pleures ta mère, Sugarfoot. Comme Laura et moi. Nous le comprenons... Mais Heartland aurait pu être notre nouveau foyer à tous."

- Les chevaux essaient de communiquer avec mais, la plupart du temps, personne ne les écoute. A Heartland, c'est ce que nous faisons : nous les laissons s'exprimer.

Copper trottait déjà autour du manège. Un trot régulier. Au centre, se tenait la fine silhouette de Marion Fleming. Ce n'était pas la longe qui en imposait au cheval mais le fil invisible qui les reliait. Au moindre pas en avant de la jeune femme, Copper ralentissait. Si elle reculait, il accélérait. Leur complicité était évidente.

Ses deux côtes cassées et la douleur à la tête n'étaient rien comparé à la souffrance qui lui étreignait le cœur.

Un parfum de betterave les accueillit au fond de l’écurie. Marion commença à remplir les mangeoires de son, d’orge et de bottes de luzerne. Aux yeux de Laura, c’étaient ces gestes familiers, ces odeurs et ces petits détails qui faisaient d’Heartland un vrai paradis. Durant toute son enfance, elle avait baigné dans cette atmosphère.

Le regard rivé au sol, sa mère s'approcha de l'étalon et tendit lentement le bras. L'animal la regarda avec méfiance. Ses narines frémirent. Il dressa les oreilles, baissa la tête, et huma le parfum qui se dégageait de cette main tendue. Marion resta immobile, puis leva les yeux."Je ne te veux aucun mal",semblait-elle lui dire. Le cheval fit un pas, puis deux, les narines dilatées. Enfin son chanfrein effleura les cheveux de Marion et, brusquement, il se détendit.

j ai adoré ce livre il se lit très rapidement sans qu on sens rende compte tellement on rentre dans l histoire

Laura Fleming regarda le bus scolaire s'éloigner, jeta son sac en travers de l'épaule et s'engagea sur la piste de terre batue qui conduisait à Heartland. De chaque côté, chevaux et poneys broutaient paisiblement dans les paddocks. Laura sourit. Quel bonheur de se retrouver chez soi pour les vacances !

Insouciante, Aube explorait le champ au petit trot, la tête fièrement dressée, ses sabots claquant légèrement sur l’herbe couverte de neige. Le pâle soleil de novembre faisait reluire sa robe baie. Un jour idéal de Thanksgiving, pensa Laura.

- Salut, sœurette ! Ça va ? demanda Lou. J'étais sûre que tu répondrais !
- Comment va ton bébé ? demanda-t-elle.
- Oh, je crois qu'il a très envie de sortir ! Histoire de voir le temps qu'il fait !
- Comme sa mère ! plaisanta Laura. Toujours besoin d'aller se promener !

- Il bouge ? demanda Laura
- Donne-moi ta main !

Lou saisit la main de sa sœur et l'appuya contre son ventre. En sentant un léger frisson sous sa paume, Laura ouvrit des yeux ronds.

- Je l'ai senti ! s'exclama-t-elle.

Lou hocha la tête, amusée :
- Moi aussi, crois-moi ! Il y a des nuits où il m'empêche de dormir...

Laura la regarda avec émotion :
- C'est formidable, Lou. Vous serez des parents merveilleux, toi et Scott.

Sa sœur prit un air Mystérieux :
- Je vais te confier un secret, Laura. Nous avons déjà choisi son prénom.
- Dis-moi !
-Elle s’appellera Holly Marion.

- Laura ! Ça va c'est Will !

En entendant la voix du jeune homme, Laura éprouva un grand plaisir. C'était bon qu'un ami l'appelle juste à ce moment ! Elle se sentait si déroutée par les remarques de Miranda ...

Laura regarda le petit orme. Son grand père avait raison. L'avenir n'efface jamais le passé. Ses lèvres articulèrent en silence: "Au revoir, Pégasus." Alors, bravant l'obscurité, un oiseau chanta.

-Tu prétends qu'il suffit de faire marcher ses relations pour obtenir quelque chose!

Le mobile de Margaux se mit à sonner. Elle le sortit de sa poche : c’était un message de Will, le cousin de Pauline et de Sam, dont elle avait fait la connaissance en Angleterre.
Salut, Cendrillon ! T’as oublié tes Adidas, tu veux qu’on te les expédie, ou tu reviens les chercher ?
Un petit sourire teinté de nostalgie apparut sur le visage de Margaux.
Garde-les en souvenir de moi, tapa-t-elle.

Bientôt , les douces collines verdoyantes nimbées de brume se profilèrent à l'horizon. Un frisson de bonheur parcourut Laura.

Heartland, enfin !

- Alors, tes examens ? Ça c'est passé comment ? voulut savoir Lou une fois qu'ils eurent démarré.
- Pas mal... Dis, combien de pensionnaires y a-t-il à Heartland ?
- Pas beaucoup... Et toi ? Raconte ! Qu'est-ce que tu as fait de beau ces derniers temps ? Tu es allée aux soirées de fin d'année, tu as dansé ?
- Danser ? Tu plaisantes ! s’offusqua la jeune fille. Je n'ai pas arrêtée de travailler !
-Tu auras les résultats quand ?
- Je ne sais pas... Tu vas me le dire enfin ? Quoi de neuf à Heartland ?

Un coup de klaxon retentit.

- Le livreur !

Elle sauta sur ses pieds et ressortit précipitamment. Laura secoua la tête et soupira.

-Laura ! Cria sa sœur depuis le parking. Viens voir !
- J'arriiiiiiiiive !
- J'ai l'impression qu'elle ne va pas se détendre de sitôt ! conclut Grand-père.

- Bon, alors, je peux voir ma demoiselle d'honneur ? s’impatienta sa grande sœur, une note rieuse dans la voix.
- Et moi ? rétorque Laura. Je peux voir la star ?
- Et moi ? intervint Nancy. Je peux vous voir toutes les deux ?
- D'accord ! Lança Lou. A trois, on ouvre les rideaux ensemble. Un... deux... trois !

Ensuite, Ted se leva et choisit un galet plat qu'il lança à la surface de l'eau. Le caillou rebondit cinq fois avant de s'enfoncer.

- Je n'avais plus joué aux ricochets depuis dix ans ! s'écria-t-il aux anges.

Il revint s'asseoir près de Laura et passa un bras autour de ses épaules.

- Merci de m'avoir amené ici, déclara-t-il.