En littérature, comme dans d'autres formes d'art, le sujet du passage à l'âge adulte est toujours rafraîchissant puisque les apprentissages que nous faisons à ce moment sont essentiels et restent ancrés en nous pour le reste de notre vie. À la fin de l'adolescence, il arrive que nous vivions de premiers émois, un premier amour, des problèmes familiaux ou des troubles alimentaires. le journaliste et auteur Samuel Larochelle sera l'animateur de cette table ronde avec Marie-Christine Chartier, Laurence Beaudoin-Masse et Marianne Brisebois. Les autrices discuteront de leurs romans fictifs, mais inspirés de vraies réalités de jeune adulte.
Avec:
Laurence Beaudoin-Masse, Auteur·rice
Marie-Christine Chartier, Auteur·rice
Marianne Brisebois, Auteur·rice
Samuel Larochelle, Animateurrice
Livres:
La floraison des nénupharsSauf que Sam est mortRentrer son ventre et sourire, la suite
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#slm2021
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Pour moi, la popularité, c’est un peu arrivé
par accident. Les gens m’ont tout de suite adoptée.
Mon agent dit que le danger avec les cas comme le
mien, c’est qu’on peut tomber dans l’oubli aussi vite
qu’on a connu la gloire. Parce qu’on a pas eu à tra-
vailler très fort pour réussir, on a pas développé les
bons réflexes. On s’imagine que ça va toujours être
facile, mais le vrai défi, c’est de durer.
J’ai encore les idées molles et les yeux collés quand
j’arrive dans la salle de bain. J’attrape ma brosse à
dents, le dentifrice, et tout d’un coup je réalise qu’on
est le 13 septembre. Aujourd’hui, ça fait officielle-
ment neuf mois que je sors avec Samuel Vanasse.
Un frisson de joie me secoue, des ongles d’orteils
jusqu’au bout des cils. Ma vie prend une tournure
tellement – absolument – formidablement – incroyablement –
merveilleuse ces derniers temps que j’ai
développé une drôle d’habitude... Je me mords
l’intérieur de la joue pour être certaine de pas être
au beau milieu d’un rêve. Un rêve si atrocement
sensationnel que le simple fait de m’en réveiller
me donnerait envie de rester en petite boule dans
mon lit pour l’éternité. Je retiens mon souffle. Je me
mords fort pour bien le sentir. Ça fait mal. Je suis
rassurée
-Ben non , Élie,je vais pas te laisser… Ça va bien aller,ok ?Moi je tiens à toi.Je t’aime! T’es ma reine! -Mais j’ai tout gâché…. -Ça va s’arranger.Tu vas voir tout va s’arranger.
Je sanglote un peu plus fort pour qu'ils m'entendent en bas. Que quelqu'un vienne me sauver, m'arracher à ma tristesse. Mais non, je reste toute seule. Plus je pleure et plus j'ai envie de pleurer. J'attends, je me crie des noms, je veux qu'ils sachent que moi non plus, moi non plus je m'aime pas. «Je suis grosse, je suis laide, dégueulasse, la pire personne au monde, je m'hais, je vais me tuer.» Je veux qu'ils comprennent, je veux leur dire! Je me déteste, je me déteste à votre place, plus que vous pourrez jamais me détester, aimez-moi à la place, ça, personne le fait. J'attends, accrochée à ma bouée de coton, à mon sauveur de ratine, j'attends. Mais personne vient. Personne. Je suis seule avec elle, ma tristesse, et elle m'avale. Elle m'avale.
Je trouve ça ironique qu'on mette autant de pression sur les femmes pour qu'elles soient belles, mais qu'on leur reproche de "trop" le montrer quand elles le deviennent. Ou qu'on critique celles qui se valorisent à travers leur apparence, mais que ce soit la première chose sur laquelle on les attaque pour les rabaisser. Être belle, j'avoue que c'est un peu devenu une obsession pour moi. Genre, une des affaires les plus importantes. Est ce que cest mal? On peut pas nier que la vie est beaucoup plus facile quand tu corresponds aux standards de beauté.
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Ado, j'ai passé plus de temps à rêver ma vie qu'à la vivre. La réalité, c'était juste... désagréable. Pendant les cours, avant de m'endormir, dans l'autobus, j'imaginais plein de choses. Avoir un chum qui me trouve belle, des notes pour rendre mes parents fiers, plein de gens avec qui dîner à la cafétéria, un talent, n'importe lequel... Mais j'avais rien de tout ça.
J'aurais changé de place avec n'importe qui. J'aurais tout donné pour juste arrêter d'être moi. D'être cette fille-là.
J'ai passé tellement d'années à tout faire pour moins me ressembler. Pour devenir quelqu'un d'autre. Je pensais qu'un jour, ça deviendrait facile. Si vous saviez la somme d'efforts, de privations et de travail acharné que je me suis imposés pour arriver là où je suis.
Je vois de plus en plus de filles grosses poser nues sur Instagram. Des filles qui ont un corps qui répond pas aux standards. Qui essaient pas de le changer. Qui essaient pas de maigrir. Qui refusent d'être l'«avant» d'un «après». Qui ont le courage d'être grosses dans un monde qui déteste les grosses. Quand je les vois, ces filles-là, aller au front avec leur ventre et leurs cuisses, je me dis que c'est ça, le vrai courage. Que le vrai courage, c'est pas «se prendre en main», c'est arrêter d'essayer. C'est accepter de pas fitter.
Pendant une rencontre avec une psychologue style "thérapie familiale", mon père avoue qu'il a peur que j'aie jamais d'amoureux à cause de mon poids. Il pense bien faire, mais c'est plutôt violent comme déclaration. Ce jour-là, mon père, en fier porte-parole du genre masculin, se prononce sur ma valeur en tant que femme. Sur mon potentiel de désirabilité. J'échoue au test. C'est très clair qu'il me trouve l'aide. Que même lui, il ne me choisirait pas.
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Être soi-même, c'est cute en théorie, mais en pratique, c'est une autre histoire. En pratique, ça demande du courage, le courage de déplaire.