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Citations de Leïla Bahsaïn (48)


Journées trépidantes ; mes retours à la maison le soir ont des allures de prise de recul.
La vie de cadre moyen offre une existence à la consistance tenue. Hygiène, toilette impeccable, ventre trop plein, habitat à crédit et profusion d'objets superflus. Liens par écrans interposés. Peu de place à la famille et aux loisirs, et encore moins à la rencontre entre soi et soi. Au fil des années, j'étais devenue la femme des fonctions et j'ai perdu le sens. La vie active consistait en cela : tenir des rôles qui laissent peu de temps à ce qui n'est pas le travail. On devenait un professionnel et la fonction s'immisçait dans l'identité. On vivait à cloche-pied et c'était normal.
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Jours passés à ressasser ma débâcle. Et le silence d'une campagne-dortoir pour seul réceptacle de ma clameur. Je ne trouve consolation que dans ces carrés de chocolat que je savoure plus que de raison. Des petits morceaux pralinés tamponnés d'un symbole de fève, qui fondent en bouche et dissolvent les tracas.
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- Ah, si seulement les gens adoptaient les gens, les différences et les autres cultures comme ils s'emparent des plats venus d'ailleurs. Si seulement on pouvait mettre de l'exotisme dans leurs vies avec autant de facilité que dans l'assiette. Si on avait autant de plaisir à dire sushi ou samoussa qu'à dire asiate ou chinetoque, tagine et kebab qu'à dire revue ou turc, la paix serait envisageable. Ce serait la fin de toute cette connerie, ce ramassis de conneries, oui.
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La vie de cadre moyen offre une existence à la consistance ténue. Hygiène, toilette impeccable, ventre trop plein, habitat à crédit et profusion d'objets superflus. Liens par écrans interposés. Peu de place à la famille et aux loisirs, et encore moins à la rencontre entre soi et soi. Au fil des ans, j'étais devenue la femme des fonctions et j'ai perdu le sens. La vie active consistait en cela : tenir les rôles qui laissent peu de temps à ce qui n'est pas le travail. On devenait un professionnel et la fonction s'immisçait dans l'identité. On vivait à cloche-pied et c'était normal. Le jour : foyer vide, sans père ni mère. Le soir répondre à l'appel des slogans, dépenser son revenu en emplettes et naviguer dans la jungle des liens virtuels, des infos et des navets à sensations.
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Sans m’avertir, ma mère maniait la propagande en mon nom. "Dija et Les Gens dans La Cuisine", c’est ainsi qu’elle a appelé la page Facebook dédiée aux amputés du travail et qui compte plus de trois mille abonnés.]
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J’ai souvent rêvé d’être un homme. Pas nécessairement pour toujours. Juste le temps de me promener torse nu les soirs de canicule. Le temps de fumer une cigarette assise sur le trottoir. Le temps de courir dans les rues ou de danser sans que les têtes se retournent.
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Ce qu’il y a de bien avec lbanque, c’est qu’on peut y accéder sans frapper à la porte. Nul besoin de rendez-vous non plus. Pour peu, on nous remettrait le double des clés. Il suffit d’avoir un compte.
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J’ai l’amour maudit. Toute ma vie j’en ai eu la preuve. Je le sais comme on sait le prix à payer pour acheter des concombres ou des cigarettes. Je suis de la génération pour qui tout se paye et s’achète au supermarché. Je le sais comme on sait que la grande distribution vend les briques de lait qui sortent de l’usine ; et que le café est instantané et le thé en sachets. Je le sais comme le joueur sait qu’il paye le ticket de Loto de sa ruine. Il paye comme on paye une fille de la rue Serre-moi, des minutes fugaces de jouissance et de rêve
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Tout se paye, et la liberté ne s’offre pas comme un cadeau de naissance ou d’anniversaire. La liberté ne se vend pas sur un rayon de supermarché non plus. La liberté se gagne et se paye à la sueur du corps. Sa mélodie est celle d’un cri et son goût est celui des larmes.
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La première fois que j’ai bu de l’alcool, c’était pour me comporter en homme. Je ne l’ai pas fait toute seule, ça n’aurait pas eu d’intérêt et je n’aurais pas osé. Avec Kenza, c’était le genre d’aventure possible. Mère officielle et Tifa étaient en déplacement professionnel et j’avais invité Kenza à dormir dans ma cabane perchée. Bien sûr, son
paternel n’aurait jamais accepté. Quand je le croise, il fait toujours semblant de ne pas me voir, et quand il me voit, il fait semblant de ne pas me connaître.
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J’ai souvent rêvé d’être un homme. Pas nécessairement pour toujours. Juste le temps de me promener torse nu les soirs de canicule. Le temps de fumer une cigarette assise sur le trottoir. Le temps de courir dans les rues ou de danser sans que les têtes se retournent. De longer le rivage sans que personne m’interpelle. De m’asseoir sur
une marche et de regarder les passants.
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J’aurais aimé être un photographe et t’avoir comme modèle. Avec ta crinière lâchée et tes yeux soulignés au khôl, on dirait Brigitte Bardot dans ses plus beaux jours. Rien à voir avec cette mocheté qui tient le guichet et que je suis obligé de me coltiner toute la journée. J’essaie de fantasmer sur elle, de l’embellir un peu,mais rien n’y fait. Le mieux que je lui aie trouvé l’autre jour, c’est une petite ressemblance avec Oum Kalthoum, peut-être en raison du chignon ou des joues.Mais ça n’a rien donné car en réalité, la beauté de la diva ne résidait pas là. Oum Kalthoum, elle était capable d’envoûter un homme, de le faire jouir simplement avec sa voix. Tiens, écoute-moi ça.
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Tout ce qui se consomme se paye. Je savoure la bouchée molle qui lentement fond sur ma langue. Je m’endors sur le goût patelin de mes rêveries et de mes mensonges.
La nuit, je me transforme en nourrisson qui tour à tour tète au sein d’une femme blanche et au sein d’une femme noire.
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Il y a tellement d’étrangers dans un corps. Le mien raconte une
histoire que je ne connais pas. Il y a un tabou qui l’encercle. En apparence, il raconte l’histoire de tant de brassages. Mon corps est un territoire apatride. Un compromis.
Mon corps, j’y lis une proposition de réconciliation des peuples. Une proposition rejetée.
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Je n’ai jamais été vierge et je me lave. Je mens ou je fais semblant. Je resserre tout. Je ferme mon corps. J’ai décidé que ce soir était un soir de noces. Noces solitaires.
Singulières. Je rejoins mon perchoir. J’étends mon corps nu sur les planches de bois.
Ce corps dont j’ignore la genèse. Ce corps dans lequel j’ai été livrée sans notice ni historique.
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L’hymen est un organe vivant et mutant. Un touche-pipi ou un coup de pinceau et il se dilue dans l’eau. On peut perdre sa virginité et devenir une femme. Pire encore : on peut être vierge et tomber enceinte. L’hymen est un animal éponge à l’affût des
poissons d’argent. Plusieurs filles en ont fait les frais au hammam. Les fesses nues sur le sol où un garçon a bavé et c’est le déshonneur, l’opprobre et un enfant bâtard dans les bras. Il y a toujours une pierre blanche dans la salle d’eau. Pierre cristalline. Pierre de pureté. Pierre à décrasser et à passer l’éponge. Pierre à expier les péchés de la chair. Pierre d’éclat et de mensonge. La nuit de noces, il faut présenter un hymen neuf. Tout ce supplice pour que le pénis (d’occasion, le pénis)
consomme. Qu’il perfore l’hymen, qu’il consomme et jouisse avant de cracher l’emballage qui vaudra preuve : une macule de sang rouge sur le blanc du sarouel brodé d’œillets et d’orties. Moi, j’égorgerai un coq ou un mulot. Un foie d’agneau ou le cœur d’un bœuf.
Un cœur gorgé de sang qui bat encore. Le sang neuf d’un cœur contre un organe d’occasion.Le satané honneur s’achète au rayon boucherie du supermarché. Frétillant et flambant neuf dans la barquette.
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Son silence me tourmente et me provoque. Non, je l’aime et je ne suis pas amoureuse et je m’offre. Mon sein tombe dans le creux de sa main comme un fruit ferme et prêt à consommer. Le pédoncule du fruit se durcit au contact de la main qui tâte puis de la bouche qui tète. J’ai mal et je m’ouvre à ma douleur. Je l’accueille. Je vais mourir. Je ne veux qu’à un esthète. Un homme qui sait recevoir. Un homme qui cherche plus loin que dans la vulgaire apparence d’un corps. Je le regarde dans les yeux, je suis son égale.
Je suis cet homme et il est moi. Une délicieuse douleur.
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Mon corps est un objet d’art allongé sur un matelas en mousse épais et dur. Du boisou de la pierre que ça pourrait être. Un matelas recouvert d’un tapis berbère.Un tapis rouge sur lequel je déchiffre les motifs pour dompter mon trouble. Des losanges, des fourches, des flèches, des arêtes. Des yeux qui refusent de se baisser. Des fibules plantées dans un désert et un scorpion me darde. Pour les besoins de l’art, je ne bouge pas. Je ne sais si l’artiste manie un fusain ou si ses doigts s’impriment sur la toile.
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Tout se paye, et le client est roi. Devant mère officielle, il ne bronche pas le banquier.
Sourire Colgate sur les lèvres, empestant l’after-shave, il noue et dénoue sa cravate imprimée de cochons roses à queue en spirale. J’en ai déjà vu des cravates comme celle-ci dans le stock professionnel de mère officielle, avec, quand on les retourne, d’une femme à poil, les jambes écartées et les seins trop parfaits pour être et beaux. Effondrée qu’elle était mère officielle en découvrant tant d’impudeur. Heureusement que Saïd l’épicier s’est chargé d’écouler le lot licencieux.


Summum du chic bancaire, le banquier sort du tiroir des friandises Mackintosh’s Quality
Street. Je jette mon dévolu sur le bonbon bleu à la noix de coco. Mère officielle
saisit la boîte, vérifie la langue, la provenance, le code-barres, les couleurs, les
immeubles et les illustrations.


– Ce n’est pas de la contrebande, mère officielle ne prend pas de bonbon : C’est du
faux Mackintosh Qualité Stricte. Honte à la banque !


Un homme en habit officiel et une dame parapluie à la main sont dessinés sur le couvercle.

Il nous en fait un speech le banquier, nous proposant des emballages à fric de toute
sorte. Coffres-forts, cartes Gold, carte Visa, Master Card, chèques barrés, crédits
logement, crédits à la
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Ce qu’il y a de bien avec lbanque, c’est qu’on peut y accéder sans frapper à la porte. Nul besoin de rendez-vous non plus. Pour peu, on nous remettrait le double des clés. Il suffit d’avoir un compte.
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