Les gens qui pensent pouvoir tout contrôler sont fous.
Le garçon avait un pouvoir incroyable : il rendait les gens meilleurs, les choses plus belles, les couleurs plus vives. Il tissait du rêve, insufflait de la joie, décuplait les émotions. Et il avait dit un jour à Lucie « Tout change, tout bouge, tout se transforme ». Ainsi, il lui avait appris à porter sur le monde un regard différent, infiniment plus poétique, mais c’était surtout elle, dans son entièreté, qui se sentait métamorphosée, à présent…
Il avait été le cocon qui avait permis à la chenille de devenir un papillon.
– Choisis-moi à sa place !
– Je ne peux pas, dit-elle dans un souffle. L’amour n’est pas une question de choix. C’est un tableau dont on ne peut sortir, mais dans lequel on se sent si bien, si libre… Ulysse m’a submergée. Il m’a envahie. Avant, j’étais incomplète. Je ne peux vivre sans lui…
– Si tu reviens demain soir, le ciel n’aura sûrement plus la même teinte bleu nuit. Peut-être qu’il n’y aura plus de lune dans les vagues, parce qu’elle sera masquée par de gros nuages. Le monde t’offrira un autre spectacle, mais il n’en sera pas moins beau. En tout cas, ce n’est jamais deux fois le même. C’est pour cela qu’il faut constamment ouvrir les yeux. Car tout change, tout bouge, tout se transforme. Et c’est infiniment merveilleux de pouvoir assister à cela.
Et j'ai compris une chose essentielle, à force de m'interroger encore et encore.
Les gens qui pensent pouvoir tout contrôler sont fous. On a beau dire : "dans un an, je ferai ci, je serai là, avec telle personne, dans tel endroit", ce n'est qu'une chimère. Il est impossible de tout prévoir à l'avance. Certaines choses se jettent parfois en travers de notre chemin sans que l'on ne puisse rien y faire. En revanche, je crois que le choix du bonheur revient à chacun de nous, peu importe la situation et peu importe l'histoire.
Alors j'ai choisi d'être heureux, chaque jour de ma vie. Je me suis fait la promesse de ne plus m'angoisser sur mon avenir, puisque personne ne peut prédire le sien.
Lucie avait eu moins de vingt-quatre heures pour boucler ses cartons. C'était trop peu pour emballer une vie entière, même quand on n'a que dix-sept ans.