Citations de Lolita Pille (340)
Je déteste mon père avec sa gueule de Jean Gabin rustique, son odeur d’alcool fort et de tabac brun, ses ongles sales et cassés, son français inaudible, et sa façon de me pousser à bout, pour que je l’agonisses d’injures, pour que je me torture à trouver les choses les plus affreuses qu’une filles puisse dire à son père et, qu’il soit blessé, blessé à mort, et s’enferme dans sa dignité à la con, et s’en aille souffrir en silence pendant que je regrette de tout mon cœur non pas de lui avoir dit ce que je pensais, mais de penser ce que j’ai dit, car personne peut penser ça de son père.
[…] Moi aussi je veux foutre le camp, et il me haïssent pour ça, haïssent ma silhouette, mon visage, parce que leurs filles sont épaisses et laides, tout ce que je ne suis pas, parce que leurs filles sont là, à Terminus et ne s’en irons jamais, et ils s’arrongent le droit de me critiquer, me juger, m’accabler, sous prétexte qu’ils m’ont vus grandir et qu’il paraît qu’entre-temps j’ai « changé », et ils le persiflent entre ce qui leur reste de dent, en appuyant haineusement sur la première syllabe, comme si j’avais commis un crime, et c’est vrai que c’est un cime le changement, ici à Terminus.
À partir de ce jour, j'étais foutu, j'étais accro. Dépendre de quelqu'un d'autre que de moi-même, m'affaiblir, me torturer, c'était tout ce que je redoutais.
Nous… Quelque part, quelqu'un vit sans moi.
Le vide en ce moment, et toutes ces journées vides qui m'attendent et rien n'a d'importance, et pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Et pourquoi n'aime-t-on plus rien, quand on n'est plus aimé ?
L'humanité souffre. Et je souffre avec elle.
Que dire du bonheur ? Rien. Ça emmerde le monde. Le bonheur des uns fait le malheur des autres.
Le bonheur est une illusion d'optique, deux miroirs qui se renvoient la même image à l'infini. N'essayez pas de remonter à l'image d'origine, il n'y en a pas.
Tu rêves, Andrea, ce serait trop facile. L'idéal bourgeois, c'est encore trop bien pour toi, tu n'en es même pas capable. Tu rates tout, Andrea, même ton prénom est raté, une caricature. Et c'est ce que tu es, la caricature du pauvre mec qui a tout et qui n'est rien.
Nous sommes la même âme dans deux corps et, quand ceux-ci s'unissent, nous ne formons plus qu'un.
Ce qu'on est con quand on aime ! Ce qu'on est niaiseux, mielleux, fleur bleue, inactif, improductif, égoïste, aveugle et sourd !
Six mois de bonheur… la chute lente… Et un jour on se retrouve à jouer seul. L'autre retire ses billes, reprend ses cartes, et vous restez là, comme un con, devant une partie inachevée… À attendre. Parce que vous ne pouvez faire que ça, attendre. Cesser d'attendre, ça voudrait dire que c'est fini.
J'ignore tout de ce désespoir hurlant contre lequel je ne peux rien.
Je ne sais pas ce que je fuis, ni ce après quoi je cours. La vitesse me grise.
Ma vie ressemble à une balade en voiture dans Paris à quatre heures du matin, à regarder les rues désertes, à écouter des chansons nazes qui pleurent des amours de merde.
Tant qu'il restera un rayon de soleil avenue Montaigne, j'aurai envie de croire au bonheur…
Je n'aime personne et je ne fous rien, je ne veux pas tenter de me distraire, ou de m'occulter la vérité, la vie est une saloperie, et chaque seconde de lucidité est un supplice.
Tu sais que tu as une tête de coeur ? De coeur stupide même ?
Aujourd'hui, j'ai décidé de briser une existence.
Tout ce que je voulais, c'était l'atteindre, voir briller des putains de larmes dans ses yeux, qu'elle crie, qu'elle hurle, qu'elle fasse une crise. Elle s'est levée posément, s'est mise à me caresser les cheveux et m'a démontré par a+b l'être minable que je suis.
Le vide on ne peut pas le décrire. Juste ses effets.