AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Luc Estang (29)


Je vous l'ai dit, monsieur, vous aviez cessé d'exister pour moi, à l'aube de mon adolescence. J'avais roulé une lourde pierre d'oubli devant le tombeau que figurait la conscience enfantine dans laquelle, par carence affective, l'image paternelle s'était desséchée. (p. 42)
Commenter  J’apprécie          161
Du moins en alla-t-il ainsi jusqu'à mon adolescence: la moitié du temps écoulé, à ce jour, depuis votre abandon. Alors ce fut à mon tour de vous abandonner. L'affirmation de soi, si fragile, qui chez les garçons de mon âge entrait en conflit plus ou moins avec l'autorité paternelle, se fortifia chez moi en vertu de mépris. Je vous rejetai comme on vide un abcès. Silence même en moi, sur vous. (p. 16)
Commenter  J’apprécie          150
A propos de convictions religieuses : vous ne vous étonnerez pas, monsieur, que les miennes aient disparu avec vous. Vous étiez le garant de Dieu le Père comme il était le vôtre. Il en alla de même, jusqu'aux approches de la mort, pour ma mère qui croyait comme vous parce qu'elle croyait en vous...(p. 39)
Commenter  J’apprécie          140
ICARE

II


Métal ailé l'avion vole
au vent lumineux, les éclairs
de soleil aux flancs, l'auréole
de lune à hélice ; mais l'air
qu'il chante est-ce l'hymne d'Icare ?

Plus que la flûte d'alouette le matin,
ou le fifre le soir, que rien ne contrecarre,
de l'aigle, dans l'espace aux bords déjà éteints
les orgues de plein sang jaillirent en fanfares
verticales quand l'homme fait oiseau monta.
Flèche vivante il fut son propre sagittaire
libre, et perçant le ciel de tout un poids de terre.

Comment savoir si l'altitude le dompta
et s'il fondit d'une chaleur autre qu'humaine,
ou si vainqueur des hauts plateaux il perdit pied
dans le gouffre où leur courbe aux confins les entraîne ?

Le gouffre où les dédales du sol nous ramènent :
qui dira si la chute est un crime expié ?
Commenter  J’apprécie          120
Ludovic Cuerigal épousa Rosine Deyroux le 8 juin 1907 à Paris, en la mairie du XIVè arrondissement.
Ce ne fut pas une fin. Ce n'était même pas un commencement. Sinon pour Eloi, leur fils dernier né. Ils ne prirent pas le temps d'être heureux ; ils eurent celui de faire quatre enfants. Si ce n'est beaucoup, c'est assez.
Aujourd'hui, qu'importe que l'un soit mort, l'autre disparu, la troisième absente. Il suffit d'Eloi pour que tous, avec leurs parents, aient une histoire.
Le voici, à l'âge que l'illusion commune pare des couleurs de l'avenir quand ce sont celles du passé : les vingt ans sont beaux dans le miroir des quarante. Tout une vie derrière soi qui se réfléchit en perspective !
Mais Eloi tient ses vingt ans pour ce qu'ils sont : une situation d'attente. Et moins encore : une espèce d'heure zéro de la destinée, comme sur le cadran privé d'aiguilles et auréolé d'un cuivre solaire, de cette horloge, en face de lui, dans un angle de la salle à manger. L'horloge a marché, jadis. Lui aussi a marché, autour de soi-même, jusqu'à l'arrêt que signifie son besoin, soudain irrépressible, de connaître le sens d'une histoire aux données éparses tels les éléments de l'horloge.
Histoire dont il ne fut ni acteur ni témoin. Elle le concerne d'autant plus qu'elle lui propose une énigme.
Commenter  J’apprécie          90
ICARE
I


Le ciel au-dessus de la mer
est vaste ; les pulsations
des vagues aux tempes de l'air
dévalorisent l'horizon :

C'est toujours au-delà que le monde commence.

Il n'est soleil tombé qui ne remonte, immense,
la pente de la nuit ; il n'est à l'autre bout
du jour dôme affaissé qui ne laisse debout
un pan d'azur à mesure que l'ombre avance :

de tous côtés la voûte s'ouvre à perte d'arc.

Là-haut comme là-bas la même haleine
animale essaime et la même laine
moutonne à fond d'herbage bleu de parc.

Entre la nue et l'eau si la mouette hésite,
si plus que l'arrivée importe le départ,
le vol est sage que la chute précipite
au but : le ciel enveloppant la mer de toutes parts !
Commenter  J’apprécie          80
ICARE

III


Tout est Icare !

O le désir de rompre les amarres
sans parachute, ô cœurs trop détachés !

Le galet roule un rêve de rocher
l'herbe se berce en folle arborescence
la mer aspire au ciel de sa naissance
et l'amour, le corps à l'âme arraché,
se consume.
Extase nocturne, balance
icarienne entre le poisson et l'oiseau :
la chair nage dans l'air et vole dans les eaux.

Mais l'ange aux membres couverts d'ailes
échappe-t-il à l'ultime pesanteur, celle
qui fait basculer de l'autre côté ?

Le désir du galet de l'amour et de l'herbe
de l'ange dont le nom fut porteur de clarté
surpasse-t-il l'impatience faite Verbe,
le cri — délivrez-nous des mots, ainsi soit-il —
qui monte au ciel prophétisé ?
Mais que voit-il
dans la splendeur silencieuse qu'il échancre ?
une plume flottant sur un océan d'encre.
Commenter  J’apprécie          70
Non, monsieur Chamard. La charité m'interdirait la pitié qui se mêle à la philanthropie, la pitié qui, plus que l'indifférence, insulte à la misère des hommes.
Commenter  J’apprécie          60
J. de Boschère dit dans l'une de ses préfaces : " Tous mes poèmes contiennent une lueur de ma folle espérance". Dans le poème de "Job", il reste encore à celui-ci, dans la misère et les souffrances, un sourire:

Je pleure
Certes Job pleure.

Mais son cœur était repris d'enfance,
gonflé de tendresse romantique.

C'était la minute où le gris du soir est un peu rompu
Et l'oiseau dit deux notes à la nuit qui vient.
des voiles violets habillaient les tristes choses
Même dans le salon usé entrait la gloire;
Et la mère approchait la chaise,
elle tirait les brioches du four;
Elle se redressait:
j'ai l'espoir que... (p. 129-130)
Commenter  J’apprécie          50
Le Dieu, combien j'aurais aimé lui obéir en tout s'il ne m'avait rien défendu.

Commenter  J’apprécie          40
Maintenant, il relatait ce qu'il avait vécu la veille à la manière d'un témoin- voire d'un clinicien- précis, lucide et dépourvu de passion. Mais je le devinais blessé à cette profondeur où la souffrance secrète l'anesthésie. (p. 86)
Commenter  J’apprécie          30
               II


Soyons complices mes rougeurs et mes grimaces
   et faisons semblant de nous ressembler
il n'y a pas de temps perdu rien que l'espace
morcelé toujours, sans fin rassemblé
comme la mer ; la mer nous mesure le monde.

Mais pourquoi cette nuit d'yeux battus par les ondes
d'outre-nuit, la nage immobile sur le dos
   et cet étrange allègement des os
   qu'Ézéchiel a vu dans les multitudes ?

C'est le vent qui reprend ses vieilles habitudes.

p.13
Commenter  J’apprécie          30
L'intimité avec Sophie ne lui procurait pas simplement le "repos du guerrier", elle lui restituait psychologiquement une enfance trop tôt orpheline et sevrée de tendresse par sa marâtre. (p. 95)
Commenter  J’apprécie          20
Qu'est-ce que pardonner si on ne peut oublier ? (p. 90)
Commenter  J’apprécie          20
- Je vous ai informé du décès du professeur Loup Malessey sans ménagement, comme s'il se fût agi d'un étranger. C'est bien ce qui convenait, n'est-ce-pas, docteur ? Pour vous, votre père était mort depuis longtemps, et pas simplement d'indifférence: tué...
(...) ...tué par malédiction filiale. (p. 60)
Commenter  J’apprécie          10
Les mythomanes- puisque c'est le mot propre- obéissent à des nécessités qui n'apparaissent pas aux esprits normaux. Leurs mensonges , que nous jugeons inutiles ou gratuits, paient quelque chose qu'ils jugent valoir qu'on y mette le prix; un prix dont fait partie le risque, même pas calculé tant il va de soi, de perdre la face ! (p. 71)
Commenter  J’apprécie          10
Je n'ai à juger personne. Ni la femme infidèle ni le mari justicier. Je ne veux connaître que mon père et ma mère victimes de leur désunion. Je n'éprouve que compassion pour eux : ma mère parce qu'elle a durement expié, mon père parce qu'il l'aimait trop pour l'indifférence, pas assez pour le pardon. (p. 109)
Commenter  J’apprécie          10
Avant même que je puisse bien comprendre ce que votre titre signifiait, je savais que mon papa était un savant renommé grâce à qui je devenais "savant" à mon tour: il m'instruisait en jouant. (p. 23)
Commenter  J’apprécie          10
Du malamour au désamour quelle distance ?
Infinie, espace interstellaire, désert
et sans confins, abîme noir de différence :
de malamour à désamour on change d’air.

Malamour se nourrit même de la laitance
dont les lents poissons du ressassement amer
ensemencent les mots qui donnent consistance
aux mirages du cœur où la raison se perd.

Désamour n’est plus rien puisqu’il n’y a plus de chaîne.
Il va sans même le feu grégeois de la haine
cœur sec et froid, tel un zombie esprit absent.

Lequel des deux états faut-il que je préfère ?
Si vivre l’un me livre au mal que je ressens
m’imaginer indifférent me désespère.
Commenter  J’apprécie          00
Quand ma bouche dit je ne t’aime plus,
en suis-je aussi sûr que l’était naguère
quand je murmurais sans fin le contraire,
mon cœur inlassable aujourd’hui perclus ?

Est-ce une marée au flux et reflux
de noires humeurs, de plaintes légères ?
Deux hommes en moi qui se font la guerre
l’un t’ouvrant les bras quand l’autre t’exclut ?

Selon l’image de toi qui s’imprime
fortuitement sur mon écran intime
je te maudis ou te chéris encor.

Et je ne sais entre glace et brûlure
si mon mépris écraserait ton corps
ou si mes pleurs laveraient tes souillures.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Luc Estang (54)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec Barbra Streisand

William Wyler lui offre son premier rôle en 1968, dans un film basé sur la comédie musicale du même nom d'Isobel Lennart, Bob Merrill et Jule Styne créée à Broadway. Quel est le titre du film où elle partage l'affiche avec Omar Sharif?

My Fair Lady
Funny Girl
West Side Story

8 questions
16 lecteurs ont répondu
Thèmes : chanteuses , Actrices , réalisatrice , productrice , artiste , hollywood , littérature , théâtre , Music-halls , adapté au cinéma , adaptation , cinéma americainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}