Mais ce qui ajoute beaucoup d'intérêt à cette scène, c'est le lieu où elle se passe. C'est près de la fenêtre, debout, les yeux tournés vers la campagne, que vient se placer notre buveur comme si dans ce moment de délectation cet enfant de la nature cherchait à réunir les deux uniques biens qui aient survécu à la perte de sa liberté, la boisson d'une eau limpide et la vue du soleil et de la campagne. (Itard)
La vérité que proclame en définitive tout ceci, c'est que l'homme en tant qu'homme, avant l'éducation, n'est qu'une simple éventualité, c'est à dire moins, même, qu'une espérance.
Il a montré, au niveau de la personnalité profonde, que les jumeaux vrais échappent à la fascination du double, au vertige du pseudo-miroir, que chacun d'eux s'individualise dans son rôle et, intériorisant son expérience, développe malgré les mêmes patrimoines, héréditaire et culturel, une personnalité originale.
Un jour de 1833, alors que le jeune homme (Gaspard Hauser) venait d'avoir vingt-deux ans et se trouvait de nouveau chez Anselm von Feuerbach, on l'attaque une seconde fois dans le parc de Ansbach. Atteint d'un coup de poignard, Gaspard meurt le surlendemain. A l'endroit où il tombe, s’élèvera plus tard une stèle de pierre, avec cette inscription : « Ici, un inconnu fut tué par un inconnu. » Demi-mensonge. On apprit en effet une vérité probable sur Gaspard, fils putatif de Stéphanie de Beauharnais - nièce de Joséphine - que Napoléon avait, dans un acte d'autorité, donnée pour épouse au prince Charles de Bade. L'enfant qui était né (...) avait été enlevé à sa mère pour que l'héritage de la couronne revint au fils d'une lignée morganatique. On l'avait confié aux soins expéditifs d'un garde-chasse du baron Griesenberg : Franz Richter - alias l'Homme. L'assassin du jardin de Ansbach fut nommé Johann Jacob Muller. Les révélations de Edmond Baps ont permis, plus tard, de jeter quelque clarté sur ce qui, longtemps, fut une bien ténébreuse affaire.
1128 - [10/18 n° 157, p. 84] Lucien Malson
Tous les auteurs notent, avec un certain étonnement du reste, l'indifférence sexuelle de " l'homo ferus".
Les styles de jazz sont apparus dans un ordre chronologique. […] À de rares exceptions près, les styles se succèdent sans se détruire. C’est pourquoi chaque chapitre, tout en s’insérant dans une organisation temporelle “horizontale”, décrit en lui-même une aventure “verticale” poursuivie aujourd’hui. [...] Le jazz, surtout, peut indéfiniment offrir à toute œuvre musicale, si elle est conçue pour l’amour de lui, les biens les plus précieux qu’il ait apportés au monde : ses sonorités fortes, vibrantes, ardentes, et un balancement, une flexuosité, une pulsation rythmique sans quoi nous aurions connu, sur cette Terre, un peu moins d’heures de bonheur.
... Itard demeure convaincu qu'on n'est savant que par l'expérience, lucide que par le doute, intelligent que par l'acceptation des limites du savoir acquis.
1653 - [10/18 n° 157, p. 120]
Une famille, ce n'est pas seulement un ensemble d'êtres ayant en commun des potentialités biologiques, c'est un milieu éducatif, et, en vérité, on doit voir de toute façon dans la succession des vocations la force incontestable d'une tradition familiale perpétuée par l'habitude et celle non moins certaine, de l'imitation motivée par l'exemple parental.
Itard vient d'avoir vingt-cinq ans et prépare une thèse sur le pneumothorax qu'il présentera en 1803, lorsque l'enfant sauvage découvert dans l'Aveyron est conduit à Paris sur les ordres du ministre Champagny, conscient de l'importance du cas pour les progrès dans la connaissance de l'homme. L'enfant est remis à l'Institution de la rue Saint-Jacques où Jean Itard, d'emblée, se propose de l'éduquer.
(P91)
Le naturel en l'homme, c'est ce qui tient à l'hérédité, le culturel, c'est ce qui tient à l'héritage ( héritage congénital durant la gestation même, périnatal et postnatal au moment de la naissance et tout au long de l'éducation) (...) La taille, le poids par exemple, sont sous la dépendance de potentialités héréditaires, mais aussi de conditions d'existence plus ou moins favorables qu'offrent le niveau et le mode de civilisation. Que la nourriture, la chaleur- mais aussi l'affection- viennent à manquer et le schéma idéal de développement se trouve gravement perturbé.