Citations de Lucy Strange (20)
- Non, ce n'est pas vrai, reprit Phalène d'un ton ferme. Les papillons emplissent le monde de couleurs et de lumière. Le paillon de nuit n'apporte aucune lumière : il passe sa vie à la chercher. La phalène est une créature maudite. J'en sais quelque chose. (page 208 ligne 15)
Phalène me regarda droit dans les yeux. A cet instant, je pus voir à travers elle, à travers ses sourires en coin et ses drôles de chansons, jusqu'au fond de son cœur. Je vis des années de souffrance. On aurait dit qu'elle allait dire quelque chose, mais elle secoua seulement la tête et serra ma main dans la sienne, chaude et forte. Une clé pendait de ses doigts, attachée à un long ruban blanc. Une clé comme la mienne... (page 206 ligne 8)
J'écoutai de toutes mes forces, jusqu'à entendre les pétales qui se fermaient, les nuages qui se mouvaient dans le ciel et les racines qui serpentaient sur le sol... puis un très doux battement d'ailes, haut dans les cimes des arbres. Mon cœur se mit à palpiter au même rythme. (fin de la page 120)
- C'est une créature miraculeuse, reprit la sorcière à voix basse. A le voir, on ne s'en douterait pas ; ce n'est qu'un humble petit oiseau brun. Et pourtant il n'y a rien de plus beau que le chant du rossignol. (début page 83)
La brise du soir traversa la chambre dans un frisson, m'enlevant mes derniers mots pour les emporter à l'extérieur, le long du grand jardin, en direction du bois au Rossignol. (page 79 ligne 4)
Le vaisseau n'était plus qu'un squelette noirci au fond de l'eau, dans le repos et la rouille, très loin des rayons du soleil... oublié. Mille garçons perdus faisaient partie du bel océan bleu, désormais. Ils étaient devenus l'écume à la surface de la mer.
p.332
Peut-être que c'est cela, le deuil, Henrietta, dit doucement Phalène lorsque j'eus terminé mon histoire. Le deuil, ce n'est qu'un amour amputé.
p. 253
Les papillons emplissent le monde de couleurs et de lumière. Le papillon de nuit n'apporte aucune lumière : il passe sa vie à la chercher. La phalène est une créature maudite. J'en sais quelque chose.
p. 208
Mais non, me rassura-t-il. C'est bien naturel d'être curieuse. Les grandes personnes font toujours semblant de ne rien remarquer.
p. 191
Même courte, une vie reste une vie, Henrietta Abbott, dit-elle. J'ai beaucoup pensé à cela. Une vie courte ne brille pas longtemps, mais elle brille plus fort... C'est une étoile brillante.
p. 119
Même courte, une vie reste une vie, Henrietta Abbott, dit-elle. J'ai beaucoup pensé à cela. Une vie courte ne brille pas longtemps, mais elle brille plus fort... C'est une étoile brillante.
C'est magique, maman, murmurai-je.
La forêt entière se remplit d'une lumière argentée, et alors, soudainement, on se retrouve à voler avec le chant du rossignol, tout là-haut dans les étoiles.
C'était à ce moment parfait du crépuscule, cet instant rose et somptueux entre le jour et la nuit. J'attendis le rossignol.
Je dis à maman que Phalène m'avait appris à siffler pour lui.
- Peut-être que c'est cela , le deuil, Henrietta, dit doucement Phalène lorsque j'eus terminé mon histoire.
Le deuil ce n'est qu'un amour amputé.
Les cicatrices ne racontent que le début de l'histoire, pensai-je.
Il est bien plus difficile de parler des cicatrices que personne ne voit.
J'imaginai le jeune poète, John Keats, dans le bois au Rossignol.
Il était étendu sur un vaste coussin de mousse, sous un chêne, et il contemplait la canopée en écoutant le chant de l'oiseau.
Son visage était pâle comme la lune et ses yeux, emplis de larmes, étaient deux étoiles brillantes...
Sa démarche rapide et irrégulière, ainsi que la canne qui saillait à son côté, lui donnait l'air d'une araignée en déroute.
A l'intérieur, j'étais morne aussi. Et vide, comme un livre dont on aurait arraché toutes les pages. (p30)
Quel récit exquis, quel charme, quelle finesse de dentelle.
Tout y est : la vieille maison, les bois sombres et mystérieux, la bohémienne un peu sorcière, la fille prénommée Henry (et narratrice), un souvenir familial lourd à porter, une maman dépressive au bord de la folie, le méchant médecin, le papa au loin, les enfants seuls contre l'adversité. Et pourtant, le ton, la modernité du traitement lui donnent toute sa place originale. On pense à Joan Aiken (Le Manoir aux loups), à Hilary Mc Kay (Mystère au pied des falaises, à Elizabeth Laird, Elizabeth Bowen, etc. Bref, une littérature jeunesse britannique récente, écrite par des femmes, mais qui puisse ses sources dans ses classiques (ici, Henry, l'héroïne de 12 ans, cite nommément ses références), avant de devenir référence elle-même.
La plume est gracieuse, légère, malgré le sujet qui effleure le drame. C'est un premier roman, je crois. C'est merveilleusement réussi.
Pour la première fois, je vis a danger qu'il y avait à laisser les histoires imprégner trop profondément la réalité. Les vraies gens ne correspondaient pas aux motifs tout noirs ou tout blancs des contes de fées.