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3.99/5 (sur 141 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Berlin , le 30/15/1882
Mort(e) à : Miami Beach , le 31/12/1955
Biographie :

C'est le premier en date des grands romanciers juifs américains. Le premier, surtout, à rompre avec l'optimisme progressiste d'un peuple qui se voulait avant tout « tourné vers l'avant ». L'avenir intéressait pourtant Lewisohn, mais il le voyait en noir : un noir sans mélange. On ne le lui a pas encore tout à fait pardonné. Né à Berlin peu avant le tournant du siècle, il a sept ans quand ses parents s'installent en Amérique (dans le sud), et il décide de faire tout pour devenir un bon Américain sans histoires (il ira pour cela jusqu'à abandonner la religion de ses ancêtres et rejoindra l'Église méthodiste !). Mais il ne tarde pas à s'apercevoir — la Grande guerre aidant — que la société entend lui faire jouer un autre rôle, tristement traditionnel : celui du sale Boche (juif au surplus), au nez duquel les gens bien se feront un plaisir de claquer leur porte. Une façon comme une autre de se former à ce que tous les parents du monde appellent « la dure réalité de l'existence ». Il est têtu, et parvient à s'imposer par son talent. Dans le journalisme d'abord ; puis, très vite, dans la littérature. Il enseigne, traduit les poètes allemands et français, fait publier des nouvelles, deux romans, des essais. En 1926, il met la dernière main à un roman qui lui tient particulièrement à coeur — The Case of Mr Crump — …et se voit jeter à la figure son manuscrit dans toutes les maisons où il s'est risqué à le présenter. Certains éditeurs n'hésitent pas à le traiter de tous les noms : pervers, sournois, calomniateur de la vertueuse Amérique, démolisseur des valeurs du mariage, pornographe… Bref, il lui arrive exactement ce qui arrivera à Nabokov en 1958 avec Lolita — et pour les mêmes raisons (empressons-nous pourtant de dire tout de suite que Le Destin de Mr Crump, même s'il est l'oeuvre d'un esprit « libre », n'a aucun caractère scandaleux). Et il réagit au refus et à l'insulte comme fera plus tard Nabokov : en se tournant vers la vieille Europe, où son livre paraîtra d'abord en français, en 1931 (chez Plon), à tirage limité. Mais quelques bons esprits le remarquent, et parmi eux Thomas Mann — qui consacrera une préface enthousiaste à l'édition allemande du livre (préface que reprend la présente édition). Freud le lit, salue le « chef-d'oeuvre incomparable ». Sinclair Lewis, Theodore Dreiser plus tard crieront à leur tour au génie. Antonin Artaud traduit un autre roman de Lewisohn (Crime passionnel). Bref, il se murmure un peu partout qu'on a affaire à un nouveau Flau
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Source : Phébus
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La chronique de Gérard Collard - le destin de Mr Crump Le destin de Mr Crump de Ludwig Lewisohn aux éditions Libretto Herbert Crump, issu d'un milieu cultivé d'émigrés allemands installés dans le sud des États-Unis, est un jeune musicien...


Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il ne voulait pas entendre la vérité sortir d'autres lèvres. Il la connaissait. Il savait qu'Anne avait quarante-quatre ans, qu'il avait été pris au piège et joué. Anne avait une âme vulgaire en dépit de sa culture qui, après tout, n'allait pas bien loin. Elle avait lu bon nombre de romans et de poésies anglaises, c'était tout. Et au fur et à mesure qu'il la connaissait, sa honte augmentait. Jamais, jamais - comme il le compris si bien avec le temps ! - il ne pourrait confier à qui que ce fût son histoire et sa souffrance. Car cette honte qui dévorait son âme autrefois digne et délicate y avait fait naître la crainte constante que d'autres ne se rendissent compte de ce que son sort avait de lamentable et de ridicule.
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Elle entourait encore une fois la tête d'Herbert de ses bras nus. Il semblait y avoir dans sa voix une réelle tendresse. C'est cette tendresse, dont l'impression persista en lui, qui l'empêcha de voir les mâchoires du piège où il était pris. Celui-ci avait-il été tendu de propos délibéré ? Avait-on fait jouer intentionnellement le ressort pour refermer les mâchoires ? Sur ce point, Herbert réserva toujours son jugement. Peut-être était-ce une vanité essentielle, au fin fond de lui-meme, qui le faisait penser ainsi, une répugnance à croire que dans sa vingt-quatrième année il n'était qu'un sot fieffé. Puis ce fut comme si un serpent lentement, peu à peu, l'eût étreint de ses replis et lui eût comprimé la poitrine. Il fut certain de la duplicité instinctive d'Anne, de sa perfidie sans borne. Il continuait à vouloir croire, à se forcer à croire, que durant ces premiers jours fatals, elle avait été poussée par une passion sincère, et avait été la victime et non la maîtresse des événements.
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Tout au fond de lui-même il croyait à l'amour, il croyait même au mariage avec la foi d'un jeune homme. Lui-même, se disait-il, n'avait jamais vraiment été marié ; il avait été pris au piège, sa vie avait été ruinée et il était torturé dans cette cage où la stupidité des habitudes sociales permettait à Anne de le tenir enfermé.
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À l'époque comme plus tard, où qu’il allât, tout le monde comprenait du premier coup d'œil que son mariage avec dû être une terrible erreur. Il n’échappait pas à sa femme qu'il en était ainsi ; que Herbert, par son attitude même, donnait involontairement cette impression. Cela la rendait furieuse et suscitait d'autant plus chez elle le désir d'être là tout occasion pour tenter d'éviter que ne naisse cette impression. Ce qu'elle ne sut jamais - et, étant ce qu'elle était, ce qu'elle le put jamais même être amenée à soupçonner - était qu'il suffisait qu'elle fût présente pour que chacun comprît la cauchemardesque situation et que tous, oui vraiment tous - hommes et femmes - eussent immédiatement pour lui une formidable sympathie. Ces deux êtres marchaient côte à côte, tous deux dans les ténèbres, mais chacun dans sa nuit à lui.
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Elle fit de son mieux pour emprisonner Herbert dans des tentacules tour à tour caressants et fermes, pour jouer de sa dépendance sexuelle, pour profiter des ses élans de pitié, de son sens de l’honneur. Elle fit en sorte d’être enceinte, provoqua au bout de huit semaines un avortement sans grand danger, et ainsi, peu avant le départ de Herbert, apparut pâle, aimante, souffrant courageusement pour lui. Les promesses et les assurances qu’elle lui arracha en cette occasion, elle les garda soigneusement comme des armes dont elle se servirait dans l’avenir.
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« il se montrait calme, et Anne ne soupçonnait pas que s’installait irréversiblement dans le cœur de son mari une indignation inexprimable, le sentiment d’une justice si outragée que les étoiles allaient tomber du ciel et la terre se consumer et se réduire en poussière si une telle iniquité n’était pas un jour réparée.

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Herbert, l'adolescent, devint dans son subconscient le vieil homme de la tribu...c'était le plus pénétrant des poisons, ce poison qui lui était versé goutte à goutte. Précisément parce qu'il était artiste,qu'il abhorrait les petits ennuis matériels,qu'il détestait faire par lui-même quoi que ce fut,qu'il oubliait de prendre ses repas aux heures convenables et d'envoyer son linge au blanchissage - à cause de cela précisément, lentement, le poison le pénétra,l'envahit.
La puissance d'une espèce d'incantation exercée dès les premiers temps de l'humanité,mais qui depuis longtemps respirait la fausseté et un relent de moisi,aida à sa duperie (...)

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Il lui eût été difficile de communiquer à qui que ce fût ce qu'il ressentait. car dire qu'il était tombé amoureux, ce n'était qu'effleurer le hourd de son âme. Pour comprendre, méditait-il, il faudrait concevoir l'âme, le subconscient, l'esprit comme une substance, comme un organe bien tangible qui dans son cas avait été étouffé par des hurlements d'étrangers, sali par des contacts d'étrangers, tordu, poignardé, écorché et violé pendant douze longues années et que Barbara aujourd'hui tenait dans le creux de sa main dont le simple contact apportait la guérison.
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Une fois de plus, il pensa à la fuite. Il n’avait pas d’argent. Il n’avait ni l’intrépidité d’esprit, ni la résistance physique, qui lui eussent permis d’affronter l’existence des vaincus et des parias de la société – vagabonds, plongeurs, portiers de saloons, pianistes de maison de débauches. Il n’était pas certain non plus que, s’il disparaissait, ses parents n’entendraient pas les échos des clameurs d’Anne. Elle aimait raconter l’histoire de la dame musulmane du temps des Croisades, qui, abandonnée en Égypte par son amant chrétien, partit à pied et erra à travers l’Europe, un seul mot sur les lèvres, son nom, le nom de Gilbert. Quand Anne racontait cette histoire, elle y mettait une teinte d’humour pathétique. Mais cet humour et ce pathétique cachaient, comme Herbert le comprit rétrospectivement, une dureté, une volonté de fer et un manque de vergogne tout agressif bien qu’ils s’affichassent comme impuissants. Non, il n’y avait rien à faire. A moins qu’elle ne se résignât, il était perdu, damné. Le monde et la moralité officielle mettaient toutes les armes dans la main de cette femme. Une révolte, ou une violence quelconque de sa part à lui entraîneraient la ruine et le déshonneur, non seulement pour lui, mais pour son père, pour un nom honorable. Réfléchissant à la situation et tirant les choses au clair avec une sagacité aiguisée par le danger, considérant comment il avait été joué, et comment il allait probablement voir ruinés son bonheur, sa paix, ses espérances, ses ambitions, Herbert dressa le bilan de la morale officielle de son temps et de son pays: un amas de mensonges barbares, immondes, dépourvus de générosité, lâches, vulgaires, que toute âme un peu élevée se devait de mépriser, de défier et de fouler aux pieds….
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Le silence avait envahi la pièce tel un épais nuage. Par la porte ouverte, Herbert entendit le tic tac de la vieille horloge dans le vestibule. Elle disait : “Trop tard...Trop tard...Trop tard” Il était devenu plus nécessaire à son père et à sa mère qu’ils n’auraient cru, ou que lui-même sans était rendu compte; sa vie, son travail, ses ambitions, ses projets étaient devenus les leurs. Ils l’avaient perdu. Il n’avaient plus de ressources en eux, avaient abandonné toute volonté de vive. Ils avaient atteint un sommet et pour redescendre la pente était rapide...
Que devait-il faire? Après tout, on continue et on doit continuer de vivre. On perçoit parfois des lueurs, dans les ténèbres de la vie, qui sont littéralement insupportables. L’œil doit s’en détourner. Si Herbert s’était laisser aller à prolonger l’instant où pointa en lui cette flamme d’angoisse, s’il s’était abandonné à la perception de cette instant où la vieille horloge serinait : trop tard, trop tard, il serait devenu fou. Littéralement fou. Son esprit se serait détourné d’un monde au destin trop écrasant, comme les yeux se ferment sous le flamboiement trop fort du soleil. Il se refugia dans le devoir, vieux palliatif, vieille nourrice murmurante qui nous laisse regarder, la conscience tranquille, notre vie saigner jusqu’à la mort.
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