Pour la plupart des gens, les Séances permettaient de guérir des blessures intérieures. Les uns se libéraient, les autres se reconcentraient sur eux-mêmes...
La Soumise a toujours le pouvoir. Le dominateur n’est qu’un catalyseur. C’est la Soumise qui contrôle la Séance.
Il y a des chose dans la vie qui arrivent, c’est tout. Des choses sur lesquelles on n’a aucun contrôle. Des choses qu’on ne peut ni empêcher ni changer.
L'entrainement physique était une souffrance amicale. Elle forgeait son corps et apaisait son esprit.
Elle retira sa main de ses cheveux et s’adossa à sa chaise pour lui permettre de l’observer. Il laissa glisser lentement son regard sur ses boucles châtaines, son tailleur de marque et ses longues jambes croisées avant de terminer sur ses escarpins noirs à talons. Elle ne montra aucune nervosité et attendit le verdict, les mains posées sur sa cuisse.
— Suis-je reçue ?
Son ton léger laissait percer de l’amusement, pas de la colère. Il la fixa dans les yeux pour en être sûr. Son sourire rayonnait de gentillesse.
— L’inspection, je l’ai passée avec succès ? reprit-elle.
Elle pencha la tête sur le côté, ses boucles cascadant sur ses épaules pour caresser sa poitrine.
Tyler fixa ses yeux bruns, incapable de répondre. Ils étaient en harmonie avec sa bouche — grands mais pas immenses. Ils équilibraient son visage et se mariaient à la perfection avec le châtain doré de ses cheveux. Ou bien était-ce le contraire ?
Il se mordit l’intérieur de la joue et s’obligea à répondre. En dépit des apparences, il n’était pas un gamin.
— Ouais. Et moi ?
Son sourire s’élargit et le coin de ses yeux se plissa légèrement.
— Un sans-faute.
- Être un dominateur, c’est ce que je suis profondément. J’ai compris très tôt dans ma vie qu’avoir le contrôle sur les autres m’exitait plus que ce qui était considéré comme normal. Je n’ai pas eu une enfance stable. Le contrôle que j’ai trouvé dans la domination m’a apporté la stabilité dont j’avais besoin. Et être un dominateur me permet d’être qui je suis, sans en avoir honte.
- J'ai besoin de toi, chuchota-t-il contre ses lèvres avant de tracer une ligne de petits baisers le long de sa mâchoire. Une dernière fois. Juste toi et moi, loin de tous ces tracas.
Parfois, les gens doivent se sauver. Seuls. Et personne ne peut les aider. Ils ont besoin de se retrouver face à leurs problèmes et de les surmonter.
Pourtant, elle ne pouvait pas laisser un simple regard de Deklan l'atteindre de cette façon. Deklan Winters — l'un des propriétaires du club, l'un de ses voisins, et surtout… un Dominant. Elle l'avait deviné au premier regard. L'homme l'observait depuis des mois sans se douter qu'elle en était parfaitement consciente. Elle faillit éclater de rire à cette pensée. Bien sûr, elle ne s'en serait pas rendu compte s'il ne l'intriguait pas lui-même.
Que lui avait-il pris de le toiser avec cet air de défi sur son propre territoire ? Elle n'était pas assez stupide pour ignorer les conséquences qu'un tel acte pouvait engendrer. Elle avait regardé un Dom dans les yeux. Pourquoi ? Bon sang. Elle n'avait rien à faire ici.
Inspirer, expirer. Rien n’était plus instinctif, et pourtant Cali devait faire appel à toute sa concentration pour y parvenir. Respirer. Elle devait s’efforcer de se rappeler que l’oxygène était nécessaire. A vrai dire, à ce stade, elle avait du mal à suivre le fil de ses propres pensées tant son cœur battait à tout rompre. Quatre jours s’étaient écoulés depuis son dernier entretien. Quatre jours pour assimiler qu’elle venait d’être admise dans un club SM très sélect. La seule pensée que quelqu’un puisse un jour découvrir sa présence en ces lieux lui donnait des sueurs froides. Ridicule. Personne ne le saurait jamais. Elle pourrait vivre cet aspect de sa vie sans que personne n’en sache rien.