Citations de Madame Roland (18)
Je veille à l'intérieur, puis je trouve quelque loisir que l'étude remplit ; je me retire avec délices dans ce petit cabinet où Montaigne, Massillon, Bossuet, Rousseau, Fléchier, Helvétius, Voltaire, me tiennent compagnie tour à tour.
(p. 76)
Pas de liberté pour les ennemis de la liberté
Je suis plus paisible avec ma conscience que mes oppresseurs ne le sont avec leur domination.
« Le monde appelle fous ceux qui ne sont pas fous de la folie commune » .
Le plus heureux n'est pas celui à qui tout rit, mais celui qui s'accommode le mieux à tout.
(pp. 77-78)
" Quoi ! Ce peuple aveuglé laissera donc périr ses meilleurs défenseurs ?"
"Allez le premier, dira t elle au bourreau hésitant, je vous épargne au moins la douleur de voir couler mon sang !"
"O Liberté, que de crimes en ton nom !"
Je n'y tiens pas : vite, prompt, tôt, du papier, une plume.
(p. 53)
Comment, du fond d’une prison, au milieu des bouleversements politiques qui ravagent mon pays et entraînent tout ce qui me fut cher, rappeler et peindre aujourd’hui ce temps de calme et de ravissements ? (p.62)
En vérité, c'est une chose étrange que la vie, cette succession rapide de sentiments contraires et d'événements bizarres ! En considérant les singularités qu'elle me présente, j'aurais presque la fantaisie de tenir un journal de mon esprit, de mon cœur, et des circonstances qui me sont particulières : la première partie offrirait bien des folies, la seconde bien des révolutions, la troisième assez de variétés. Au reste, le recueil pourrait ne pas valoir grand-chose : il n'est personne qui ne se croie dans le cas d'en faire un très curieux, et cependant il est certain que très peu de ces histoires individuelles seraient capables d'intéresser. Nous jugeons de l'importance des objets par l'impression qu'ils font sur nous ; le sentiment nous sert de télescope : avec lui nous croyons toucher des objets qui sont à une étonnante distance, et nous sommes assez sots parfois pour imaginer que nos voisins sont affectés comme nous.
(p. 62)
Je ne fais plus d'épigrammes ; car elles supposent le plaisir de piquer par une critique, et je ne sais point m'amuser à tuer les mouches.
Le monde appelle fous ceux qui ne sont pas fous de la folie commune.
J’avais ordinairement plusieurs lectures en train à la fois ; les unes servant de travail, les autres tenant lieu de récréation ; les ouvrages historiques de longue haleine étaient lus à voix haute, comme je l’ai indiqué. [sa mère lui faisait la lecture le soir pendant qu'elle effectuait des travaux d'aiguilles], dans les soirées qui devinrent presque le seul temps où je restasse avec ma mère ; je passais tout le jour dans la solitude de mon cabinet, à extraire [elle recopiait de nombreux extraits de ses lectures], à m’amuser, ou à réfléchir. (pp.103/104)
[Les femmes] sont vraiment reines qu'autant, non qu'elles donnent des lois, mais qu'elles n'en reçoivent d'aucun homme.
(p. 26)
J'aurais voulu pouvoir me dérober à tout ce qui m'environnait, et me placer au pied d'un arbre pour rêver et t'écrire sous ces tilleuls qui ont vu naître notre amitié.
(p. 44)
L'image du ridicule divertit ; mais je suis choquée de celle de servitude que présentent ces chaînes de l'opinion, dont on se rend esclave volontaire.
(p. 25)
Les factions passent, la justice seule demeure, et, de tous les défauts de l'homme en place, la faiblesse est celui qu'on lui pardonne le moins, parce qu'elle est la source des plus grands désordres, surtout dans les temps d'orage.
Dumouriez avait plus qu'eux tous ce qu'on appelle de l'esprit, et moins qu'aucun de moralité. Diligent et brave, bon général, habile courtisan, écrivant bien, s'énonçant avec facilité, capable de grandes entreprises, il ne lui a manqué que plus de caractère pour son esprit, ou une tête plus froide pour suivre les plans qu'il avait conçus. Plaisant avec ses amis, et prêt à les tromper tous; galant auprès des femmes, mais nullement propre à rien inspirer à celles qu'un commerce tendre pourrait séduire, il était fait pour les intrigues ministérielles d'une cour corrompue.
Page 98
" Je suis opprimée; j'ai donc sujet de vous rappeler mes droits et vous devoirs.
" Un ordre arbitraire, sans motif d'attestation, m'a plongée dans ces lieux préparés pour les coupables; je les habite depuis huit jours dans avoir été interrogée.
" Les décrets vous sont connus; l'un vous charge de visiter les prisons, d'en faire sortir veux qui s'y trouvent détenus dans cause; dernièrement encore il en été rendu un autre qui vous prescrit de vous faire représenter les mandats d'arrêt, d'examiner s'ils sont motivés, et de faire interroger les détenus.
Page 82 et 83