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Critiques de Madeleine Watts (8)
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Triple zéro

Afin de financer son séjour aux États-Unis où elle espère vivre de sa plume, une étudiante de dernière année à l'université de Sydney travaille huit heures par jour dans un centre d'appel d'urgence. là, elle est confrontée aussi bien à la violence humaine qu'aux désastres écologiques.

Insidieusement, son emploi affecte son comportement et elle laisse son corps être malmené par des hommes de passage. Elle ne retrouve l'harmonie qu'en nageant , même si elle sait que la mer comporte elle aussi bien des dangers.

Roman dominé par trois éléments: la terre, l'eau et le feu, Triple Zéro établit une équivalence entre le continent australien qui subit de plein fouet les conséquences dramatiques du réchauffement climatique et le corps de sa narratrice. Un roman singulier à l'écriture maîtrisée, parfois poétique. 









Brillamment traduit de l'anglais (Australie) par Brice Matthieussent.











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Triple zéro

Une jeune écrivaine rêve de quitter son pays pour les États-Unis. Plaquant sa dernière année à l’Université, il lui faut dorénavant subvenir à ses besoins et préparer son voyage. Elle accepte un emploi dans un centre d’appel d’urgence, Triple Zéro. Chaque jour, elle entend le chagrin, la détresse, la violence d’un monde qui lui échappe. L’impact sur elle ne se fait pas attendre. Son corps et son esprit se déchaînent. Dommage collatéral d’un continent dévasté.

« L’esprit ne déforme pas nécessairement la réalité, mais la mémoire est moins fiable qu’avant. Car plus on se rappelle un évènement stressant, moins il est précis et plus le cerveau tend à percer des trous dans le récit dont nous nous sommes convaincus qu’il pouvait figer la glace fondante de nos souvenirs. »



Une couverture et quatre chapitres (Chaleur, Inondation, Secousse, Incendie) qui donnent le ton : l’urgence climatique. Le message est clair, la Terre va mal et nos jeunes aussi. Madeleine Watts parvient à lier la santé mentale d’une jeune femme s’interrogeant sur sa condition de vie dans un état où l’urgence est omniprésente. La tension est palpable, puissante. J’avais cette boule au ventre d’une douleur présente au quotidien. Comment sortir de cet engrenage destructeur ? Y a-t-il une issue favorable ? Le texte bouscule, interroge. L’autrice a posé ses tripes sur ces pages dans l’objectif de frapper fort. C’est réussi.

« L’avenir arrive et ça n’a pas l’air terrible. »



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/09/14/39627454.html
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Triple zéro

J’hésite entre qualifier de bonne ou de mauvaise l’idée de lire "Triple Zéro" à un moment où les circonstances de la vie réelle entraient en écho avec celles de la fiction. Bonne dans le sens où les sensations physiques et l’abattement moral provoqués par les fortes chaleurs estivales et les effets (odeur âcre et persistante, images mentales permanentes de génocide animal…) des incendies sévissant à quelques kilomètres de chez moi étaient ainsi au diapason de l’atmosphère brûlante du roman ; mauvaise si l’on considère que cette lecture a exhaussé l’inconfort et la déprime déjà installés dans le quotidien…

La narratrice revient sur sa dernière année d’études à Sydney, pendant laquelle, pour des raisons financières, elle a travaillé au standard du "Triple Zéro", service d’accueil téléphonique d’urgence, servant d’intermédiaire dans la mise en relation entre les appelants et les pompiers, la police ou une ambulance. Les appels provenaient de tout le pays, à toute heure du jour ou de la nuit, le service fonctionnant sur le système des trois-huit. L’héroïne était du groupe de l’après-midi, constitué d’artistes désargentés, de jeunes ayant plaqué le lycée ou d’étudiants à distance, d’individus plus ou moins paumés. Des écrans de télévision muets mais allumés en permanence y diffusaient l’interminable succession des maux liés aux conséquence de la vague de chaleur qui pesait alors sur le pays : déshydratation des personnes âgées, chiens ou bébés tombés dans le coma suite à leur séjour dans des véhicules fermés, animaux des zoos nourris avec des blocs de glace…



Elle évoque cette période de sa vie comme un moment difficile, marqué par une sorte d’anesthésie émotionnelle et une tendance à l’autodestruction. Elle buvait alors beaucoup, et l’ébriété la plongeait dans une vulnérabilité qu’elle recherchait, avec le vague fantasme d’atteindre un black-out derrière lequel elle trouverait un monde nouveau. Elle accumulait les aventures d’un soir avec des hommes durs et plus âgés qu’elle savait peut-être dangereux, mais se protéger ne l’intéressait pas. Elle s’alimentait mal, dormait peu, et son corps se couvrait de bleus suite à des rapports sexuels parfois brutaux ou à sa négligence. Elle était plombée d’une angoisse sous-jacente mais comme constitutive, liée à la destruction environnementale, le manque d’eau, la pollution, l’extinction animale, la fonte des glaciers, lui procurant un sentiment d’insécurité permanent auquel s’ajoutaient le poids de la détresse et du danger que lui rappelaient sans cesse les appels reçus au Triple Zéro.



La relation de ce moment de sa vie est portée par une spontanéité et une viscéralité qui rendent sa voix profondément audible, et créent une proximité avec le lecteur. Elle y entremêle d’autres souvenirs plus lointains, comme celui de cet été 1994 également marqué par de terribles incendies, qui fut surtout pour elle celui où sa mère leur fit soudainement quitter leur foyer pour fuir son père et ses crises de violence, ou évoque parfois son ancêtre explorateur John Oxley, qui parcourut au début du XIXème siècle les vastes étendues australiennes en quête d’une chimérique mer intérieure.



On pourrait dire de "Triple Zéro" que c’est le roman d’une certaine modernité et de ses limites, dont témoignent les maux de la narratrice. Cette dernière semble à la fois se fondre dans les palpitations d’un milieu urbain au cœur duquel elle est ainsi ancrée, et soumise aux terreurs que ce même milieu, agressif et anxiogène, provoque. L’intime se mêle ainsi aux pulsations de la ville, en même temps qu’il est pénétré de la tragédie de la dévastation environnementale, obsession récurrente qu’entretiennent les catastrophes -vagues de chaleur, incendies, inondations- qui se succèdent.



A lire.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Triple zéro

La narratrice finit ses études littéraires et rien ne se dessine devant elle. L’avenir est un grand flou, où alors un temps à ne surtout pas approcher.



Sa vie ne semble être que de mauvais moments passés sur Terre.

Une enfance gâchée par un père colérique et violent, une histoire d’amour qui se finit par un avortement seule dans une clinique de Sydney, une Australie toujours plus chaude et plus en feu chaque année.



Elle trouve un job au centre d’appel du triple zéro pour essayer de joindre les deux bouts financièrement.

Mais au fil des appels en détresse qu’elle doit orienter vers la police, le Samu ou les pompiers, elle est de plus en plus confrontée à la tragédie humaine et au drame écologique.



Elle écrit, voit quelques copines, renoue avec son copain, couche avec quantité d’hommes et sombre dans l’alcool…



De jeunes adultes qui se perdent un peu avant la trentaine, il y en a toujours eu. La différence aujourd’hui, et c’est un parallèle que Madeleine Watts fait admirablement, c’est que les jeunes et les jeunes femmes particulièrement, souffrent dans leur corps autant que dans leur Terre.

La vulnérabilité des jeunes s’aggrave avec la masse de catastrophes qui s’accumulent. On parle d’écoanxiété.



L’Australie, avec ses mégafeux et ses inondations est particulièrement touchée, et on comprend bien que la jeunesse a perdu son insouciance.



D’autres qualités sont présentent dans ce roman: la description des paysages, la partie historique sur la colonisation, la plume et l’empathie que l’autrice nous fait ressentir pour cette jeune femme.



C’était une lecture captivante.
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Triple zéro

Au cœur du centre national d’appels d’urgence australien, entre incendies, inondations et violences domestiques, une chronique intime diabolique d’un moment de bascule, lorsque trop de blessures sont infligées aux corps, aux esprits et à la Terre.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/13/note-de-lecture-triple-zero-madeleine-watts/



Une jeune diplômée australienne en littérature, venant d’abandonner son doctorat prometteur largement du fait d’une histoire d’amour ayant salement mal tourné, rêve de quitter son pays pour les Etats-Unis. Pour rassembler les fonds nécessaires, tout en s’essayant à l’écriture de fiction, elle accepte un job au Triple Zéro, l’un des tout récents centres d’appel privatisés regroupant l’accès d’urgence à tous les services, pompiers, policiers, unités médicales, vétérinaires de garde et autres services sociaux critiques. Alors que la ville de Sydney se débat bientôt entre gigantesques incendies et inondations à répétition, elle accuse le poids des messages reçus huit heures par jour, dans lesquels, à côté de fausses urgences anodines ou ridicules, une profonde inquiétude, une misère non voilée et une violence omniprésente suintent minute après minute. Dans chaque moment de répit, seule ou en compagnie de sa mère, jadis gravement traumatisée par une tentative de cambriolage, des bouffées signifiantes d’enfance remontent à la surface, et une étrange métaphore rampante se met à hanter ses rêveries, impliquant son ancêtre John Oxley (1785-1828), explorateur précoce de l’intérieur du pays – en remontant les rivières Lachlan et Macquarie -, qui rêvait de découvrir une mer intérieure (donnant son titre anglais au roman) à la place du désert central australien.



Premier roman de Madeleine Watts, « Triple zéro » (titre français renvoyant au numéro des urgences centralisées, installé au cœur du récit), publié en 2020 et traduit en français en juin 2022 par Brice Matthieussent pour les éditions Rue de l’Échiquier, use à merveille de sa narratrice piégée dans des limbes intérieurs et extérieurs qu’il s’agira de saisir pour trafiquer la mécanique normalement bien huilée des romans d’apprentissage. Celle qui, enfant et adolescente, s’évertuait, à la mer, à prendre toujours le risque de nager trop loin, nous permet en effet un extraordinaire voyage au bord du gouffre.



Si la critique Katie Dobbs, dans la Sydney Review of Books, y voit à juste titre une filiation avec les romans de la contrariété et du blocage de Christina Stead, de Sylvia Plath ou même de Joan Didion, si un entretien pour BOMB Magazine confirme la profondeur de l’envie de l’autrice, voulant parler de Sydney par ses moindres détails signifiants (ruisseaux, noms de rue, restaurants, bars, flore et faune), c’est peut-être bien de juste avant le « Hors sol » de Pierre Alferi, avant l’embrasement généralisé des violences faites à la Terre et de l’individualisme-roi qui a permis de les ignorer jusqu’à ce qu’il soit trop tard, que nous parle le plus précisément cet étonnant roman, construit sur un réseau dense de métaphores globales, qui se contentent pourtant d’être suggérées sans besoin d’un appui trop lourd.



« Cassandre : Qui s’en soucie ? L’avenir est en route. » (Eschyle, Agamemnon) : dès l’exergue, « Triple zéro » nous indique très clairement que, derrière l’aveuglement capitaliste et sa bureaucratie dédiée, complice, c’est bien d’ignorance des violences faites au corps des femmes (dont la parole demeure suspecte, aujourd’hui encore, face à une culture du viol ou de l’asservissement domestique) et de celles faites au corps de la Terre (malgré tant de lanceurs d’alerte, et sans qu’il soit besoin ici d’hypothèse Gaïa), qu’il s’agit. Point de bascule dans le dérèglement climatique et social (qui sont bien ainsi, n’en déplaise aux écologistes « apolitiques », les deux faces d’une même pièce), mesures d’habillage ressortant surtout de l’illusionnisme communicationnel, justifications et rationalisations grignotant tant d’années précieuses face à l’urgence, : « Triple Zéro » met en scène avec grand brio la superbe impavidité de l’Homme qui, toujours, poursuit des choses plus importantes, dans sa si personnelle « pursuit of happiness », quoi qu’il en coûte aux autres.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Triple zéro

« Triple Zéro » est le centre d'appel d'urgence où travaille la narratrice. Il donne son titre à la traduction de ce roman coming of age sur fond d'écoanxiété. L'exposant aux maux de ce monde, ce boulot donne matière à écrire à la protagoniste aspirante écrivaine, mais l'emporte aussi toujours plus loin, se répercutant sur sa santé mentale et physique. Ses tourments font écho au dérèglement climatique et les catastrophes naturelles qui en résultent. Les parties du livre se nomment d'ailleurs respectivement chaleur, inondation, secousse et incendie.



Ce livre est un roman d'introspection car il explore les méandres intérieurs de sa narratrice, jamais nommée, distante. Détachée de la réalité, sujette à la dépersonnalisation toujours au bord du risque. Elle joue avec le feu. La nature lui est tantôt hostile, tantôt réconfortante. L'eau est notamment omniprésente, une présence apaisante mais qui peut se changer en tourbillon emportant les âmes en son fond. Elle est presque un personnage à part entière du livre, s'insinuant partout, de la mer intérieure recherchée par l'ancêtre colon de la narratrice à son amant renommé d'après une rivière disparue.



C'est particulièrement dans son genre que l'héroïne vit ces catastrophes, le corps des femmes étant exploité et pillé comme la terre. L'urgence à laquelle elle fait face quotidiennement dans son métier étant inscrite dans sa chair, collée à son ventre, comme lorsqu'elle a peur de rentrer seule le soir, ses clés au poing.



Avec son personnage principal, Madeleine Watts crée un parallèle évident entre notre environnement extérieur et notre monde intérieur. Comment être jeune adulte dans un monde qui périclite ? Comment ne pas s'auto-détruire dans un monde qui court à sa perte ? Brillant ! Un de mes gros coups de cœur de l'année.
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Triple zéro

Sydney sombre sous la chaleur, les flammes se rapprochent de la ville. Plus tard il y aura les inondations, puis un tremblement de terre. C’est dans cette atmosphère que vit une étudiante en fin de parcours universitaire. Elle travaille au triple 0, un organisme qui dirige les appels : police, pompiers, ambulances et hôpitaux. Ce travail a une influence négative sur elle, elle part à la dérive, drogue, alcool, ne trouve aucun sens à sa vie. Elle a peur, les appels de détresse qu’elle reçoit, le désastre écologique. Elle n’en peut plus, elle part nager dans la mer bleue, pour fuir, elle nagera sans espoir de retour. Roman d’une grande désespérance, réaliste quant à l’avenir de la planète. Bien documenté et bien écrit, pour un premier roman. Le triple 0 existe bel et bien à Sidney. JB
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Triple zéro

Aujourd'hui, nous allons quitter l'Europe et nous envoler vers l'Australie. Avec cette période de canicule, le dépaysement ne sera pas si grand, mais on aura chaud ! En effet, la romancière australienne Madeleine Watts a situé son histoire à Sydney, sous le soleil écrasant, pour nous livrer un roman d'actualité brûlante.



Au centre de l'histoire se trouve une jeune femme en fin d'études universitaires. Elle se fait embaucher dans un centre d'appel d'urgence où elle travaille aux côtés de personnes très variées. Ils suivent tous une procédure très stricte qui doit à la fois assurer l'efficacité de l'aide mais aussi les protéger psychologiquement. Un incendie dans une maison, un accident de voiture, un serpent dans la salle de bain ou alors un mari violent qui essaie d'enfoncer la porte… Des appels de ce genre, la jeune femme en reçoit jusqu'à cinquante par heure. Pendant les pauses, elle gribouille quelques petites notes en vue d'un livre qu'elle aimerait écrire.

A cette salle climatisée, marquée par les appels et la télévision sans son où passent des informations en continue, s'oppose la ville : la chaleur, le feu, les ordures, la sueur qui coule dans le dos, l'appartement miteux. La jeune femme côtoie un homme qu'elle surnomme Lachlan à l'instar de l'endroit exploré par son aïeul, John Oxley, au début du XIX siècle. Lachlan, écrivant une thèse doctorat sur Patrick White, est un jeune homme indécis et inatteignable, comme la mer intérieure qu'Oxley cherchait lors de ses expéditions.

Petit à petit, la jeune héroïne sombre, passant son temps libre à boire, à se donner aux hommes inconnus. Elle évoque 1994, l'année pendant laquelle l'Australie fut ravagée par énormes incendies et la petite fille qu'elle était alors vivait des drames familiaux.



J'ai trouvé ce roman assez remarquable – notons qu'il s'agit d'un premier roman qui faisait partie des finalistes pour le prix Miles Franklin, une sorte de Goncourt australien.



En entremêlant les descriptions de la ville, les appels d'urgence et l'histoire personnelle de la jeune femme, l'auteure a réussi à créer un roman très contemporain avec une ambiance haletante, tendue. Dans les quatre chapitres, intitulées Chaleur, Inondation, Secousse et Incendie, on ressent une urgence de passer le message sur une société qui déraille, sur les changements climatiques et sur le rôle de l'individu.



***Livre chroniqué par Eva***


Lien : https://etsionbouquinait.com..
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