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Citations de Mahamat-Saleh Haroun (24)


Pour échapper à l’hostilité de ses parents, il pensait trouver un peu de réconfort auprès de Nana, sa petite amie. Un jour, alors qu’il essayait de lui confier ses soucis, Nana le coupa net. « On ferait mieux de se séparer », lui asséna-t-elle. Il faillit tomber à la renverse. Nana ne passa pas par quatre chemins pour lui dire qu’elle en avait marre de lui, marre de sa lose permanente et de son chômage endémique. Nana rêvait d’un gars sûr, un mec capable de la couvrir de pagnes, un amant aux poches pleines pour l’entretenir.
Bon Dieu de merde, c’est toujours la même histoire, pensa Bourma. Quand le chômage frappe à la porte, l’amour s’enfuit par la fenêtre… (…)
Pauvre comme Job, Bourma n’arrivait effectivement pas à subvenir aux besoins de Nana. Or, au pays, les choses sont claires : qui aime donne, point barre. Qui ne peut pas donner, dégage.
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Les auditeurs se demandaient qui pouvait bien être fou à ce point pour s’épancher avec une telle outrecuidance. S’en prendre publiquement au gouvernement, quel toupet. Une telle hardiesse. Du jamais-vu. Même Bourma n’en revenait pas. Mais il ne comprenait que trop bien le ras-le-bol de Tonton Adoum. Tout être humain a ses limites, estima Bourma, il arrive un moment où, quand la coupe est pleine, il finit par exploser. Tonton Adoum n’avait plus rien à perdre. « Cabri mort n’a pas peur du couteau », dit-on par ici.
Tribun hors pair, Tonton Adoum avait la parole dense. Une parole qui vous donnait le frisson, et elle vous revigorait, et vous vous sentiez moins seul.
Soudain, telle une plaisanterie de mauvais goût, l’intervention de Tonton Adoum fut brutalement interrompue. L’animateur s’excusa, invoquant un problème technique, et passa sans autre explication un morceau de musique congolaise dansante.
Quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, Tonton Adoum fut discrètement cueilli par les agents des services de sécurité. Quatre hommes enturbannés l’embarquèrent dans une voiture noire sans immatriculation et aux vitres fumées. Il ne reparut jamais.
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Promesse d’élection, promesse de Gascon, se disait Bourma
Il observait tout ce cirque avec circonspection. Toujours la même rengaine, toujours le même spectacle. Quelle histoire ! Il savait que toutes ces paroles n’étaient que du vent. Des paroles débitées sans conviction pour endormir des sots. Il n’en manquait pas, dans le quartier. Quelques nigauds se laissaient inévitablement gruger. On leur remettait la carte du parti et une petite enveloppe bourrée de billets. Rares étaient ceux qui résistaient aux espèces sonnantes et trébuchantes. Ils se laissaient allègrement fourvoyer et acceptaient de baisser leur froc. Ces nouveaux impétrants se mettaient à leur tour à rameuter d’autres habitants pour grossir les rangs du parti au pouvoir. Putain, les mecs, tout de même. Un peu de dignité, se lamentait Bourma. Conscient de la manipulation à l’œuvre, il regimbait. Il refusait toute compromission, résistant aux entourloupes. Il s’était juré de ne plus jamais se laisser avoir. De ne plus jamais voter.
Au fond, pour Bourma, la chose était entendue : il avait compris depuis fort longtemps que, sous le soleil de son pays, le mensonge était consubstantiel à la politique. Bien au fait de sa propre médiocrité, la canaillocratie régnante gouvernait par le mensonge. Elle le pratiquait à haute dose, mêlant magouilles et autres intrigues de bas étage. Une véritable mafia. À Torodona, tout le monde savait que les élections étaient traficotées, et les dés pipés, et les résultats connus d’avance.
Parfaitement huilée, la mécanique était imparable. Il n’y avait rien à faire contre un système magouilleur en diable. Un État voyou. Dépourvu de toute éthique, il ne respectait ni ses propres lois ni sa parole.
Le gouvernement organisait ces élections juste histoire de faire croire à la communauté internationale que le pays était une démocratie. Mon œil, oui, se disait Bourma.
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Ici tout est procrastination. Rien ne presse, le temps peut patienter, on ne l’a pas inventé, après tout. Vivre au jour le jour, et prendre la vie comme elle vient. C’est ça, la philosophie.
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