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Citations de Malek Chebel (147)


L’érotisme est comme le conifère résineux qui domine l’herbe verte, car ce n’est pas la joute entre deux êtres de sexe différent qui fait le lit du scandale, mais les parties fines auxquelles personne n’ose penser.
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Les géants sont les goules [ghoules], dont le français n’a gardé que le féminin, goule. Aucun être humain ne les a vus, mais ils font peur à l’auditoire des jeunes. Certes, les enfants ont du cran, de la ressource, mais pour une fois cette imagination est salutaire : la goule n’attaque pas les enfants en groupe, mais lorsque l’un d’eux sort du chemin tracé et qu’il se trouve dans une contrée isolée, la goule (ou al-ghoul) sort du néant pour le manger.
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Toutes les nations musulmanes connaissent et leurs tares et leurs qualités respectives. Elles n’ignorent pas que le Coran est spécifiquement l’œuvre des Arabes, ce “peuple des rapides cavales, des chamelles efflanquées, des vierges ravissantes, de la généreuse hospitalité et des solides cimeterres”.
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On sait que l’Orient fut le berceau de l’apologue et la source de ces contes qui ont empli le monde. Ces peuples, amollis par le climat et intimidés par le despotisme, ne se sont point élevés jusqu’à la vraie philosophie, et n’ont fait qu’effleurer les sciences. Mais ils ont habillé la morale en paraboles, et inventé des fables amusantes que les autres peuples ont adoptées à l’envi. Quelle prodigieuse fécondité dans ce genre ! quelle variété ! quel fonds d’intérêt ! Ce n’est pas que dans la mythologie des Arabes il y ait autant d’esprit, d’art et de goût que dans celle des Grecs : les fables de ces derniers semblent faites pour les hommes ; là elle n’en a point, et ces inventions semblent faites pour les enfants. Mais ne sommes-nous pas tous un peu enfants dès qu’il s’agit des contes ?
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Grâce à la table, l’Orient se donne un miroir digne de lui, un miroir gratifiant. Il y projette une appréciation spécifique du beau et une philosophie de la jouissance terrestre qui humanisent le don de soi, la pratique affirmée de la religion et qui alimentent son mythe tenace de l’hospitalité et même son irrédentisme guerrier. Si la poésie est le parlement des Arabes, la table est leur lieu de convivialité, là même où ils tissent de nouvelles alliances et de nouvelles solidarités.
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Sourde, aveugle et muette, une trilogie déjà annoncée et pratiquement codifiée par le Coran. Si, malgré tout, elle est mise dans la confidence, elle doit la tenir pour une charge et non pour un privilège. Et surtout la taire à jamais, car si les bonnes manières sont exigées des plus faibles, demi-mondaines, brigands, arrivistes et autres scélérats, les despotes, eux, sont les prescripteurs des lois et se situent au-delà et au-dessus de toute sentence malencontreuse.
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Courtoisie n’est pas politesse, encore moins flagornerie : la concubine risque sa vie à mentir, elle doit néanmoins mentir par instinct de survie et pour ne pas accélérer sa disgrâce. Ambiguïté, hypocrisie, paradoxe, et peut-être tout cela à la fois, les prosateurs du XIXe siècle parlant, bien que ce soit d’un autre registre, de la « friponnerie des esclaves » ! La courtoisie est l’art consommé de l’acceptation muette des conventions établies.
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Il n’y a rien qui puisse unir autant un Oriental et un Occidental que leur passion pour l’amour et leur passion pour la femme. Dans certains cas, l’amour s’incarne pleinement et suffisamment dans telle ou telle femme. Non pas la femme de tous les jours, mais la femme dans son excellence singulière, dans sa fragilité supposée, dans sa représentation.
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Pour ce qui est de la vertu, petite ou grande, nous l’avons étudiée ailleurs, notamment dans les entrées évoquant la sexualité, la prostitution, les courtisanes, l’entremetteuse ou la virginité. Mais les vertus sont avant tout morales et relèvent de la personnalité individuelle chaque fois que celle-ci porte et exalte la personnalité collective.
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Les chroniqueurs de l’amour courtois prétendent que la « Beauté », lorsqu’elle se réveille le matin, se regarde dans un miroir et se sent vassale d’elle-même, avant de quitter son piédestal pour rejoindre les hommes et les femmes sublimes dont elle n’est l’attribut que durant la seule période de la journée. Beauté toujours avec les mystiques qui utilisent ce véhicule évanescent pour accéder au nirvana. Beauté encore avec les amoureux qui voient la quintessence de l’être dans le visage de leur bien-aimé(e)…
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Tout aussi surprenant est le contournement de l’interdit de la consommation des boissons alcoolisées, vin, moût de dattes, liqueurs. Et surtout le lieu où se commet le forfait, non pas le bouge malfamé, mais le palais du calife. C’est là que le dilettante et le dignitaire parfaitement respectables ont choisi de se délecter de leur jus de treille, non sans lui avoir donné des noms de scène comme « le noiraud », « le café » ou « la fiancée ».
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Le Monde arabe n’est plus que l’ombre de lui-même, à la fois parce qu’il est abandonné par ses élites, déserté même par ceux qui le gouvernent (qui placent leur argent en Suisse et ailleurs, qui éduquent leurs enfants à Paris ou à Londres, et qui passent leurs vacances à Marbella en Floride, à Acapulco), et parce que ses choix populistes de reconstruction ont reprimé dans l’œuf toute velléité de renouveau. Une révolution parmi d’autres me paraît plus éclairante que tous les discours : l’image. Depuis toujours, le Monde arabe – et ses thuriféraires – ne juraient que par la poésie. Certes, l’oralité est un bien commun national, un héritage du passé, un code-barre de l’identité. Mais est-on sûr que l’oralité n’est pas une image inaboutie de la pensée, une sorte d’embryon avorté avant terme ? Ce refus de l’image a eu le dessus de toutes les réserves de créativité que les jeunes avaient en eux : pas de Cinémascope donc, mais pas d’image virtuelle non plus, pas de peinture, pas de sculpture, pas de Neverland et de monde virtuel, pas de mouvement.
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L’amour courtois, dit aussi amour chaste, est également à l’œuvre dans nombre de contes. Le principe fondateur d’un tel amour, violent par certains côtés, entraîne pas moins de douze cas d’amants morts dans Les Mille et Une Nuits terrassés à la suite d’un chagrin, une séparation, une attente. Parfois, les amants meurent l’un après l’autre, parfois ils renaissent après avoir évité le pire. Tous les cas sont rapportés dans les Nuits, y compris des amours incertaines avec des animaux ou des incestes.
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Oui, amour, amour : y a-t-il dans la langue universelle mot plus doux à prononcer, plus sincère et en même temps plus intime que celui-là. Les animaux s’aiment, c’est évident, et peuvent même aimer leurs lointains cousins que nous sommes, nous les humains, mais peuvent-ils le dire autrement que par la caresse la plus suggestive, celle d’une queue de chat qui se déploie à l’infini dans la paume d’une main ? Notre aventure humaine, et sans doute le langage qui l’accompagne ou la précède, résulte à mon sens de la formulation que nous avons réussie collectivement, en disant un beau jour de printemps, ou d’hiver : « Je t’aime ! » Depuis lors, ayant transcendé le seul rapport charnel qui agit comme un simple fixateur de phéromones, l’amour et le sentiment auquel il réfère sont devenus les émois les plus forts, l’amour, roi des sentiments, étant aussi le plus vieux.
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La correspondance amoureuse est une spécialité de l’Orient, surtout si elle est clandestine. Déjà Stendhal le signalait dans De l’amour où il rappelait que les Bédouins d’Arabie la pratiquaient depuis des milliers d’années. Les messagers sont en général des messagères, vieilles nourrices, esclaves, entremetteuses, tenancières de hammams, magiciennes, courtisanes. Les moyens de transport les plus divers sont utilisés à cette fin : coursiers à cheval, pigeon voyageur, préposés aux missives et autres correspondances diplomatiques, intermédiaires zélés…
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Aimer avant la rencontre est, enfin, le propre des sociétés arabes où la mixité entre sexes n’est pas l’attribut principal des échanges collectifs. La question ne se pose pas pour les jeunes liés par le tabou de l’inceste.
Pour ce qui est de l’amour, tout commence par une intrigue et tout finit par une autre intrigue, car si le manque d’amour est l’argument principal des disputes, il n’y a rien de mieux que l’amour pour les résoudre.
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Voler un voleur est-il plus moral que voler un innocent ? Et puis, sa conscience de père de famille et de membre respectable de la société lui permet-elle de toucher à ces biens amoncelés sans léser leurs propriétaires qui sont peut-être ses voisins, ses amis et même les autres bûcherons, car Ali Baba en est un ? Malgré toute l’agitation qui s’est emparée de son esprit, Ali Baba ne recule pas. Il sait confusément que la morale ne s’applique pas aux « sans-morale » et à ceux qui la bafouent impunément. Même le juge sera clément avec lui, d’autant que sa découverte peut intéresser la police des marchés.
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Les Mille et Une Nuits sont une suite de contes que l’on écoute sur les marchés et dans les cafés, parfois au coin du feu, face à la vieille conteuse inspirée. Mythe féminin englobant, Les Mille et Une Nuits déroulent pour les participants tous les aspects de la vie, de la naissance à la tombe. Il y est question de mariage, de cocuage et de répudiation, de maladies, d’esclaves, d’animaux domestiques et mythologiques, de djinns, de monstres.
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Ainsi donc, la femme est supérieure à l’homme en tout, et cela indépendamment des considérations d’espace et de temps, et ni la culture, ni la naissance, ni la religion n’y peuvent rien. De retour chez lui, Schahriar décide de mettre en place un plan diabolique pour contrer le mauvais sort. Il se dit que s’il épousait une vierge chaque jour et que, passé la nuit de miel, il la mettait à mort, il éviterait ainsi d’être trompé.
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Vivre, aimer et créer avaient pour lui un seul nom, la poésie. Abu Nuwas est né en Perse, à Ahwaz, Ahvaz ou Souk al-Ahwaz (en arabe), une ville du Khouzistan iranien qui fut assez prospère. Après une première enfance dont on ne sait pratiquement rien, il se lance à la conquête de villes plus imposantes comme Bassora, Koufa et, surtout, Bagdad. Son père d’origine arabe mourut alors que le poète était encore enfant ; sa mère, elle, était une Persane modeste qui passait pour être de mauvaise vie.
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