Le marchand de livres maudits de
Marcello Simoni
Qui était réellement Ignace de Tolède ? Nul n’aurait su le dire avec certitude. Tour à tour considéré comme un sage et un homme cultivé ou comme un fourbe et un nécromant. Pour bon nombre, il n’était qu’un pèlerin, errant d’un pays à l’autre, en quête de saintes reliques – ou réputées telles – à revendre aux dévots et aux puissants.
Bien qu’il évitât de révéler ses origines, ses traits mauresques, adoucis par un teint clair, ne rappelaient que trop les chrétiens d’Espagne ayant vécu au contact des Arabes. Son crâne rasé et sa barbe couleur de plomb lui conféraient un air doctoral, mais ses yeux surtout attiraient l’attention : vert émeraude et pénétrants, enchâssés dans des rides géométriques. Sa tunique grise, recouverte d’un manteau à capuchon, exhalait le parfum des étoffes orientales, mélange de multiples arômes rapportés de ses nombreux voyages. Grand et sec, il marchait en s’appuyant sur un bourdon.