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Critiques de Marie Didier (26)
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Ils ne l'ont jamais su

Chroniqué le 15 mars 2015- Remanié le 16 mai 2021, après relecture….



Qui sommes-nous ? De quoi sommes-nous faits ? Les grandes questions que Marie Didier traite dans cet ensemble de souvenirs….



« Qu’ils aient tenu un rôle effacé ou déterminant, tous m’ ont appris, m’ont donné quelque chose.

Ne suis-je donc alors que « l’addition des autres « ?

Sans eux, qui aurais-je bien pu être ?

Alors, qui suis-je ?

Et que reste-t-il de ce « fourre-tout de hasards » qu’on appelle le « je », auquel nous nous cramponnons tous avec acharnement ? (p.183)”



J'ai beaucoup apprécié ce récit autobiographique de Marie Didier, dont j'aime les écrits autant que la sensibilité… Comme si avec ce livre… je poursuivais une conversation avec une amie.l



Marie Didier nous offre des éclats de vie…entre son enfance et son présent, les rencontres, les visages, les sourires, les présences du passé qui ont infléchi d'une manière ou d'une autre le cours de son existence, ses années en Algérie avec son mari dissident, résistant auprès des Algériens, mai 68, son parcours vers l'écriture, sa pratique de médecin, ses relations à ses patients, ses amitiés avec Claude Roy, Jean Grenier et J.B. Pontalis, ses amours, sa famille, ses filles, ses modèles en littérature comme en médecine, etc.



« J'ignore encore à ce moment-là que, tout au long des années qui vont suivre, j'écrirai, sans doute sous différentes formes, toujours le même livre.

Chacun d'eux sera en effet traversé par la même question qui attendra toujours la même réponse. Pourquoi, où et comment trouver la joie, la force de rester debout même quand tout s'effondre ? » (p.169)



S'il existe une lecture [hormis les écrits de Camus, évidemment !] que je voudrais partager, et faire lire à tous, c'est le sensationnel ouvrage de cette auteure-médecin, qui est dans mes souvenirs de lecture les plus marquants !!!



Je souhaitais nommer : « Dans la nuit de Bicêtre », sombre et lumineux, tour à tour. Texte dont Marie Didier nous parle abondamment dans ces lignes afin de nous expliquer la genèse de ce très beau livre qui sort de l'ombre un homme modeste, humble ; qui, par son bon sens et son humanité, révolutionnera le sort des « aliénés »…



Peu importe à un moment donné… la culture, la position sociale, ou toute autre considération de façade !!! Ce qui prévaut c'est l'intensité de l'humanité inhérente à chaque individu par laquelle il va se dépasser, se révolter, agir…Et c'est le cas de Jean-Baptiste Pussin, qui libérera les « fous de leurs chaînes » ; le mérite en sera attribué ensuite à Pinel, dans la postérité, injustement !



Dans ces réminiscences, Marie Didier nous parle également de ce temps qui passe inexorablement !

Même si ces passages sur l'approche, la venue de la vieillesse sont très forts, je regrette un « petit peu » que l'auteure achève son récit sur les ravages de l'âge… comme si nos écrivains de prédilection, comme nos proches, nos amis, nos amours…nous refusions de les voir changer, souffrir, vieillir !...



J’ai trouvé très longtemps la « RELECTURE » inutile ou dangereuse [pouvant apporter déception au lieu de l’enthousiasme originel !]… Je me suis exercée ces derniers temps lorsque je faisais une relecture de compléter ma chronique lorsque j’en avais rédigé une, et que je la trouvais insuffisante ou donnant une image trop réduite. Pour ce livre, par exemple, bizarrement j’avais insisté de façon disproportionnée sur la fin, un peu sombre, alors que le récit dans son ensemble est plutôt lumineux et combattif…

Je viens donc de soustraire un passage qui donnait un parti-pris injustement négatif… alors qu’il est tout le contraire. En contrepartie, j’ai choisi d’ajouter un extrait qui m’a fortement émue…qui illustre à merveille le sujet du livre et le titre que l’auteure a choisi :



« Si l'oncle Frédéric n'avait pas insisté auprès de sa famille pour faire suivre des études à mon grand-père, je n'aurais jamais appris à aimer la musique en l'écoutant jouer Mendelsohn ou Brahms sur son violoncelle, je n'aurais jamais aimé lire -Les Trois Mousquetaires-, -Les Misérables- ou -Le Comte de Monte-Cristo et je n'aurais peut-être pas eu à l'âge adulte cet amour de la littérature qui m'est encore aujourd'hui un secours si précieux.

sans lui, je n'aurais enfin jamais pu faire d'études ni pratiquer le métier de médecin. (...)

Et j'aurais pu mourir sans avoir connu le désert , les voyages, l'amour, le cinéma, la musique, la poésie et la littérature. (...)



Aujourd'hui, sur une étagère, juste sous le rayon poésie, il y a toujours la trousse de l'oncle Frédéric, toute en cuir rouge encore vif et gravé à l'or fin.

A l'ouverture des rabats, spatules, pinces et bistouris (...)

Je ne connais rien d'autre de cet homme.

Pourtant je lui dois tout.

jusqu'à ce jour, mon ingratitude envers lui fut totale. (p. 74) »



Et combien chacun de nous a sa dette d’ingratitude envers des personnes « oubliées » qui ont d’une manière plus ou moins évidente laissé une empreinte essentielle…dans la direction de nos existences !





Une lecture des plus touchantes d'une militante au parcours incroyable : femme-médecin, engagée envers ses malades, et plus particulièrement les gitans, communauté pour laquelle elle se battra comme médecin-gynécologue et femme…aux nombreux textes de qualité, reliés très souvent à sa pratique médicale, dans une forme et un contenu très critiques, regorgeant de sensibilité, d'empathie (dont l'un de ses 1ers écrits, « Contre-visite » défendu par J.B Pontalis)…et surtout…EXCUSEZ mon insistance … « dans la nuit de Bicêtre » qui est une vraie pépite, à tous points de vue…il demeure toujours dans les livres que j'emporterais sur une île déserte !!





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Contre-visite

J'ai côtoyé pendant de nombreuses années de travail de nuit en service d'Urgences bon nombre de médecins. J'en ai vu s'endormir quelques minutes assis sur une chaise, terrassés par la fatigue et souvent, j'ai tenté de les comprendre, admiratif ou critique.

Marie Didier avec sincérité et très grand talent nous relate cette épuisement, dit ses doutes, son angoisse face à cette multitude de patients qu'elle reçoit ou qu'elle visite.

Comment rester vivant et soi parmi tous ces maux et ses mots de la plainte et de la douleur ?

Comment, lorsque rien ne fonctionne plus, parfois de ces mots revient l'espoir, le réconfort de plus pauvre ou malade que soi.

Un livre pur qui va à l'essence de nos vies et d'une réelle qualité littéraire.
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Dans la nuit de Bicêtre

Extraordinaire plongée dans l'histoire de la psychiatrie. C'est un livre plein d'humanité et d'empathie sa lecture devrait être "prescrite" à tous ceux qui officie dans le monde de la psychiatrie

Un livre d'émotion, de douleur mais aussi de joie et surtout d'espoir dans la capacité de l'homme à éprouver et à aider l'autre en souffrance
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Dans la nuit de Bicêtre

Marie Didier, dotée d’une empathie prodigieuse, médecin de profession, écrivaine sensible et talentueuse, rend un hommage vibrant et grandiose à Jean-Baptiste Pussin, homme du peuple, précurseur de la psychologie malgré lui.

Par ce biais, elle nous fait découvrir toute la cruauté d’une époque et de Bicêtre, avant, pendant, et après la Révolution française. Stupéfiant. Bouleversant. Impressionnant.



Émue du début à la fin, j’ai vécu un moment de lecture inoubliable. Il est inconcevable de rester insensible aux horreurs décrites, de ne pas magnifier la force et la grandeur de cet homme, de ne pas admirer son courage.

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Le veilleur infidèle

Qui est ce troublant veilleur dont la narratrice de ce roman pressent la mystérieuse et bénéfique présence ?

Etrange roman en vérité qui suit la vie d’une femme marquée par la souffrance et les deuils et pourtant soutenue par cette invisible sentiment de ne pas être seule.

Kenneth Ring, professeur de psychologie américain a longuement étudié et analysé sous forme statistique des réponses à ces questionnaires tentant de comprendre pourquoi certaines personnes, plus que d’autres, étaient sujettes à la surgie du merveilleux dans leur vie. Il semblerait que justement la souffrance et l’isolement dans leur enfance aient développé une plus grande acuité à des dimensions ignorées du commun.


Daïmon pour Socrate, Philémon pour Jung ou veilleur pour Marie Didier, quelque soit le nom que l’on donne à cette présence, elle se manifeste dans le silence de notre égo, nous envoie des signes sous forme de synchronicités et nous signale son attention bienveillante d’autant plus qu’une connivence se crée avec elle.

Ténue pour les uns, forte pour les autres la présence de cette entité interroge. Mais ce "veilleur" n’est jamais infidèle, c’est nous qui le sommes.
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Dans la nuit de Bicêtre

Pas à pas dans "la cour des miracles"! du moyen âge au XVIIIe siècle dans un hôpital/prison à Bicêtre, avec tous les reclus de la société... la seule rescapée est la hauteur d'âme de certains hommes plein d'humanité...

Hommage à eux et plein jour sur une vérité historique chargée de souffrances.
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Le livre de Jeanne

Avec « Le livre de Jeanne », Marie Didier nous donnait à lire en 2004 un très original portrait de femme.

Il semble parfois à son lecteur que les faits qu'elle décrit, soient décalés d'un siècle ou deux tant cette vie paraît construite de peines, de travaux continus et harassants et d'injustices.


La littérature est peu habituée à se confronter avec les réalités les plus sordides. Le plus souvent issue d'un cénacle de privilégiés, elle ne plonge dans la misère que par moments, remontant vite à la surface d'un monde de concepts bourgeois et de confort.


Marie Didier a vécu dans ces fonds de misères et de souffrances, de part sa volonté et son métier de médecin. 
Jeanne, personnage pittoresque de coiffeuse aux huit filles, s'obligeant à tous les travaux jusqu'à la mort paraît extraordinaire à ceux qui ne savent pas.

Combien de "Jeanne" en souffrance, trahies par leur conjoint, vivent dans la misère, travailleuses acharnées mais pauvres ?


J'ai connu de ces « Jeanne » dans la même région que Marie Didier.




Entre volonté de sincérité et amusement agacé, Marie Didier malgré son inconscient qui se rebelle face au peu d'affection que lui donne son sujet, finit par assumer son travail de portraitiste. Gagné par cet acharnement contre le sort, par cette hargne de vivre de Jeanne, elle achèvera son récit disparu à plusieurs reprises.


Elle a cette écriture inspirée , cette force d'observation méticuleuse d'un Huysmans et fait de ce "Jeanne" un livre inspiré et marquant.
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Dans la nuit de Bicêtre

En écrivant l'histoire de Jean-Baptiste Pussin, Marie Didier a choisi d'avoir des pieds plutôt que des ailes. Cela explique la faible épaisseur du livre mais aussi sa prodigieuse profondeur car tout ce qui y est dit a matière de réalité.



Jean-Baptiste Pussin, pour Marie Didier, est d'abord une rencontre et un miroir. Une rencontre à deux cents ans d'intervalle, au hasard d'un livre, d'une ligne, d'un mot. Jean-Baptiste Pussin fait irruption dans la vie de Marie Didier et ne la lâche pas pendant deux. De cette obsession découle ce livre, sorte d'histoire à peine fictionnelle et fortement factuelle de la genèse de la psychiatrie. Jean-Baptiste Pussin est aussi un miroir déformant, culpabilisant pour Marie Didier : face à lui qui s'occupe avec tant d'intelligence des fous et des aliénés, elle, pourtant médecin, peine à trouver le temps et l'attention pour sa mère, puissance d'autrefois dont le monde s'est rapetissé brutalement au passage de la vieillesse.

Pussin arrive, jeune homme, à Paris pour y trouver du travail. Mais, écrouelleux, il est d'abord traité puis déclaré incurable, envoyé à l'hôpital de Bicêtre. Là s'entassent les malades, les pauvres, les fous (on dit : les insensés), les bandits, les criminels, même des enfants que la faim ou l'innocence ont poussé dans la rue. Les conditions de détention - car on ne sort pas de Bicêtre si facilement que cela - sont effroyables pour tout le monde, et plus encore pour les prisonniers de droit commun. Pêle-mêle, ceux de Bicêtre sont confrontés au froid et à la chaleur extrêmes, à l'humidité, à la faim, à la saleté, au malaise permanent, à la violence brute des gardiens, à celle, plus mesquine, des personnels qu'on dirait aujourd'hui soignants.



Par sa carrure, par son autorité, Pussin accède bientôt aux responsabilités. On le nomme gouverneur de l'Emploi des Fous. Il y expérimente le traitement par le bon sens et par l'humanité. Ne plus considérer ces hommes et ces femmes comme des objets à qui l'on dénie toute sensibilité. Pussin bannit les mauvais traitements, améliore la nourriture, prend le temps de parler et, surtout, d'écouter. Être présent. Regarder dans les yeux. Poser une main compatissante sur l'épaule qui, quelques instants auparavant, tressaillait nerveusement. La Révolution apporte son lot de violences, insoutenables parfois. Pour Pussin, l'histoire se chargera de son oubli : on attribue aux uns ou aux autres non pas ses découvertes, mais ses actions les plus significatives et les plus fortes, comme la fin de l'enchaînement des prisonniers.



La force de ce livre réside dans l'étrange proximité qui lie l'auteur, le lecteur et le personnage principal, Jean-Baptise Pussin. En utilisant la deuxième personne du singulier et en écrivant au présent de l'indicatif, Marie Didier parle littéralement à Jean-Baptiste Pussin, le traite comme son égal : non pas en tant que médecin (on peut considérer Pussin comme un précurseur de la psychiatrie moderne) mais en tant qu'êtres humains. C'est là la deuxième force de ce livre : sa grande humanité.
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Dans la nuit de Bicêtre

" A ceux qui n'ont pas la parole"



... aux oubliés de l'histoire et aux autres...



La réhabilitation de JP PUSSIN, disparu de l'histoire des hôpitaux et de la psychiatrie. Son idée révolutionnaire? : au moment de la révolution française, laisser les fous se promener librement dans l'hôpital et peut-être aussi concevoir la camisole...



De PUSSIN il ne reste rien, que des lignes d'écritures sur les registres poussiéreux de Bicêtre.

D'ailleurs,c'est une note en bas de page qui détourne Marie DIDIER d'une recherche sur PINEL (qui a pris la place de PUSSIN).

Au-delà de l'aspect littéraire, ce livre est un formidable travail de recherche. L'auteur prend place dans le récit, puisqu'il replace ses recherches et son travail d'écriture dans son quotidien. Elle s'adresse directement à PUSSIN dans un dialogue tutoyé et par cet artifice le sort du cimetière de l'oubli.

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Dans la nuit de Bicêtre

Merci à l'auteure Marie Didier ( qui a d'ailleurs reçu le prix Jean Bernard en 2006, de la part de l'Académie de Médecine) de nous avoir fait découvrir le parcours de Jean-Baptiste PUSSIN.

Homme simple, discret, plein de bon sens et d'empathie envers ses semblables, "les insensés", enfermés comme lui à Bicêtre, vers 1771, il a alors 26 ans à peine.

Sur l'ordre du Ministre, il est donc transféré de l'Hôtel Dieu (abri-mouroir des perdus, des malades, des vénériens, des fous) à cause d'une plaie "incurable" autour du cou, sur Bicêtre.

Autour de lui, il découvre, dans le service où on l'a placé, deux cent cinquante personnes : vieillards, incontinents, paralytiques, enfants, scrofuleux, mourants, épileptiques.

Il est mieux portant que les autres, et survit grâce à une volonté de fer : exercices dès qu'il le peut dans la cour, hygiène corporelle régulière avec l'eau de la fontaine par tous les temps..

Ainsi il résiste et prend des forces.

Et on va lui demander "d'aider" quand il y a des absents. Un exemple : il recevra l'ordre de porter du linge chez les vénériens : odeur d'urine, de merde, de pus, de vomi, de sang pourri, se mêlent en une puanteur atroce, mais il faut avancer, malgré les immondices en couches épaisses qui cachent le sol, et les gémissements sur les grabats putrides.

Il va continuer ainsi 'd'aider" un peu dans toutes les "loges-cages" et se rendra bien vite compte qu'on peut tenter d'améliorer un peu l'accueil de ses semblables ( plus de nourriture par exemple, plus de propreté aussi..).

On va lui donner des titres, de la responsabilité.

Dehors gronde la révolution du peuple français qui crève de faim, puis la prise de la Bastille, Louis XVI a été décapité, la Terreur s'installe et la situation à Bicêtre est pire que jamais. De plus en plus de "fous" soi-disant y sont enfermés.



Autour de 1792/1798 (pas vraiment de précision sur la date, malgré les recherches de l'auteure) J.B.PUSSIN aura été le premier à "enlever" les colliers de fer autour du cou, des mains, des pieds, à Bicêtre (même si dans les écrits, son nom ne sera pas cité, d'autres s'en féliciteront, on dénaturera ainsi la vérité) .

Mais cet appareillage de torture, sera remplacé par cette fameuse chemise de terrible réputation, qui s'attache dans le dos et bloque les bras "la camisole" (moins pire, sans doute que les fers, mais guère mieux non plus)



Plus tard, Jean-Baptiste PUSSIN, rejoindra la Salpetrière, où il sera nommé au poste de "Surveillant des Folles".

(à lire aussi sur le sujet, l'excellent, Bal des Folles de Victoria MAS, qui poursuit quelque peu cette période sur les méthodes employées pour soi-disant guérir les folles)



L'histoire officielle de la psychiatrie a quasiment oublié, volontairement ou non , de le citer sur bien des aspects de toute son œuvre accomplie.

Comme le fait de "déformer" son nom à maintes reprises sur des écrits de l'époque.

A croire, qu'on ne voulait pas qu'il subsiste des traces de son travail bienveillant, auprès d'une population de "fous" traités pire que des animaux dans ces loges-cages.



En conclusion, à découvrir absolument, pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la psychiatrie en France.











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Le veilleur infidèle

Une vie défile. Moments de bonheur, de douleur se succèdent. Sur la route finale, n’est-il pas temps de dresser le bilan ?



Allez, retour en arrière. Traquons le veilleur. Était-il présent dans la souffrance ? Où ? Comment ? Pourquoi ? Et dans la joie ? Que faisait-il ?

Quel silencieux veilleur ! Si taiseux qu’on le croit parfois déserteur. Mais le veilleur n’est pas sauveur. Juste veilleur. Et la vie reste la vie.



Les mots de Marie Didier sont une liqueur douce, sucrée et raffinée.

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Dans la nuit de Bicêtre

Dans l'antre de l'hôpital prison de Bicêtre, Jean Baptiste Pussin qui n'est ni lettré ni médecin va devenir petit à petit, avec du courage et du génie un soignant humain, dont le souci est de sauvegarder au maximum le confort et l'humanité des "insensés"...

Un livre documenté qui plonge avec lenteur le lecteur dans la folie et évoque la psychiatrie à ses débuts.

Pas mal !
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Ils ne l'ont jamais su

Sur le moment, on ne se le formule pas toujours aussi clairement.



Mais chacun sait bien que certaines rencontres, au fil d’une vie, pèseront plus lourd que d’autres quand viendra le moment de se souvenir.



Parfois ce sera juste une scène, une phrase attrapée au hasard et qui résonnera longtemps en nous. Un visage, une présence, une voix qui aura modifié notre façon de voir le monde.



Apprendre des autres, dans le partage ou l’affrontement, dans l’amour, l’amitié ou la déchirure, c’est ainsi qu’on se construit. Dans l’urgence de la vie, il n’y a guère le temps pour se remémorer et « rendre grâce » comme on disait autrefois.



Puis vient un jour où, additions et soustractions effectuées, nous avons envie de payer notre tribut, de nommer ceux et celles à qui l’ont doit d’être encore debout.











Debout est un qualificatif qui va bien à Marie Didier. Gynécologue, militante de toujours pour le droit à la contraception et à l’avortement, engagée auprès des populations les plus fragiles, elle s’est installée à Toulouse après avoir commencé sa carrière à Alger dans les années qui ont suivi l’indépendance.



Elle publie son premier livre, Contre Visite en 1988, qui relate son quotidien de médecin.



D’autres suivront, nommés récits, romans, nouvelles, mais, dit-elle, c’est toujours le même livre qu’elle écrit, à partir des corps, de la chair, glorieuse ou souffrante, la sienne, celle de ses patients.



Aujourd’hui paraît chez Gallimard Ils ne l’ont jamais su, fragments d’autobiographie, où enfin Marie Didier peut nommer les hommes et les femmes envers qui elle considère devoir faire acte de reconnaissance.



Anonymes ou célèbres, ils ont tous, sans l’avoir su, infléchi le cours de sa vie.

(France Inter)
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Dans la nuit de Bicêtre

Il est parfois difficile de se rendre compte des progrès de la psychiatrie, tellement nous vivons dans une période qui a intégré beaucoup des enseignements de cette discipline. Alors, quand Marie Didier invite le lecteur à se plonger avec elle dans les couloirs de Bicêtre, lieu d'enfermement des aliénés, à la fin du XVIIIeme Siècle, on découvre un univers lointain. Très lointain. Et on rencontre celui qui fut à l'origine d'une évolution importante dans le traitement de la folie, Jean-Baptiste Pussin.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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Dans la nuit de Bicêtre

En lisant Liberté pour les insensés, j'ai découvert le personnage de Jean-Baptiste Pussin, présenté comme le premier infirmier en psychiatrie. J'ai eu envie d'en apprendre plus sur lui et je me suis donc tournée vers le roman de Marie Didier, disponible à ma bibliothèque.



Jean-Baptiste Pussin (1745-1811) est issu d'une famille pauvre du Jura. Malade des écrouelles, il entre à Bicêtre en 1771. Considéré comme incurable, il y reste dans la section des "bons pauvres". A cette époque, Bicêtre est en effet un hospice : un endroit qui est à la fois un hôpital, un asile psychiatrique, une maison de correction pour enfants délinquants, une maison de retraite. Le point commun entre les pensionnaires est qu'ils sont pauvres et généralement maltraités. Remarqué pour son intelligence, Jean-Baptiste Pussin va être employé dans l'asile. En 1785 il est nommé "gouverneur des fous".



Les méthodes de Jean-Baptiste Pussin rompent avec les traitements brutaux de l'époque. Il considère les fous comme des êtres humains et des malades. Il prend des notes sur les pathologies et ce qui les améliore. Petit à petit il obtient des ressources supplémentaires et se débarrasse du personnel corrompu. Nommé à Bicêtre en 1793, Philippe Pinel soutient et accompagne son action. Ensemble ils vont décider de libérer les malades agités de leurs chaînes.



Mon commentaire sur ce roman passera par sa comparaison avec celui de François Lelord. Dans sa forme, l'ouvrage de Marie Didier est plus romanesque puisqu'elle s'adresse à son personnage et brode ouvertement quand elle manque d'informations historiques : "De cette partie de ta vie avant les entrées dans les hospices, je ne sais rien. Ton pays, la Franche-Comté, vient d'être conquis par la France. Les impôts sur le cuir se multiplient, éreintant les tanneurs. Le marasme grandit. Tu quittes Lons-le-Saunier pour monter vers Paris chercher à manger. La tumeur au cou est déjà là, en chapelet. Tu y passes la main souvent sans même t'en rendre compte. Tu avances sur les routes. Ta stature est puissante, tes muscles jeunes. Tu ne souris jamais, tu dors dans les fossés, tu fais parfois la fenaison, la cueillette des fruits".



Cependant le contenu amène beaucoup plus d'informations historiques car elle a fait un vrai travail de recherche d'archives concernant ce personnage méconnu. La comparaison fait émerger les insuffisances historiques du roman de François Lelord. Chez Marie Didier j'apprends même des choses sur Philippe Pinel. Le contexte historique est aussi bien présenté. Je découvre ainsi que les massacreurs de septembre 1792 ont investi Bicêtre et y ont assassiné 166 pensionnaires dont 33 enfants. C'est donc une lecture fort intéressante sur les débuts de la psychiatrie en France.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Dans la nuit de Bicêtre

Ce livre, c'est un plongeon dans le passé, à l'heure des révolutions, celle de la Bastille, mais aussi celle de la prise en charge des "insensés". Ce livre, c'est une rencontre avec notre passé et nos ancêtres.

Avant les IDE et les ISP, il y eut les gardiens ou surveillants des fous. Et parmi eux, un certain Jean-Baptiste Pussin qui décida, pour les apaiser, de libérer les aliénés de leurs chaines et d'ouvrir les portes de leurs cellules.

Ce livre, c'est l'histoire de la naissance de l'infirmier psy.

Passionnant et très instructif!
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Le veilleur infidèle

Chacune, chacun a sa façon d'interpréter une lecture. Et c'est vrai, le livre, une fois écrit, n'appartient plus à son auteur. Il prend la vie que lui suggère le lecteur. Mille démultipliée... Ce n'est donc qu'une facette de ce roman au travers de mon ressenti que je vous propose. Marie Didier, devenue au fil des rencontres et des lectures, une amie.

En 4e de couverture, on lit :



« Elle avait du mal à définir le veilleur. Ce n'était ni un censeur, ni une divinité imaginaire, ni un moraliste vertueux, encore moins un flic. C'était plutôt un éveilleur car, lorsqu'il se mettait en alerte au fond d'elle-même, tout ce qu'elle percevait s'en trouvait bouleversé de façon radicale.



Dans la masse des souvenirs, elle veut plus que tout traquer les quelques instants où le veilleur a pu lui apparaître, instants fulgurants et paisibles, trop vite engloutis par l'action, l'agitation, bref par la vie qui sait si bien étouffer la vraie vie.



Ces instants ont surgi n'importe quand, n'importe où, avec n'importe qui, et il lui faut, maintenant que le temps est compté, les retrouver, les piquer en plein vol puis les laisser partir comme ils sont venus, pour le bonheur de savoir qu'ils ont existé et ne plus voir en eux que des éveilleurs pour aujourd'hui. »



Ce Veilleur infidèle, ô chère Marie, a « fidèlement, semé ses petits cailloux »... et avec lui, en quelles profondeurs il emporte ta lectrice ! Ses petits cailloux sont semences de mots germés, échappés mais pas n'importe comment : ils ont une épine dorsale, la souffrance. Chaplet de souffrance – « cette épaisseur de chagrins fracassants » - livré avec une austérité luxuriante.



Elle.



La Sans-Nom pour mieux nous identifier à Elle qui devient Je – terriblement humaine – dans ce chant d'apothéose final à l'amour. Amour. Je et Tu, les insécables. Je sans Tu, l'inadmissible.



Et la souffrance marche avec sa doublure, l'endurance ici nommée « poignard du courage »... L'endurance va plus loin que le courage qui est son fer de lance. « Elle troque son rôle de victime pour celui de guerrier » - tu n'as pas écrit « guerrière ». L'emploi du masculin renforce la détermination. Oh nous les vivons tes mots, Marie !



Quel pur régal que ces séquences croquées à main levée, main sûre de l'artiste qui sait, toute pénétrée de la mystérieuse alchimie, celle qui capte le réel dans l'imaginaire ou vice versa (dirait Gil Jouanard) – « l'inconvenante force du réel » - Tout est à souligner dans ce livre dévoré à la hâte et puis à rebrousse page pour retrouver un instant encore là où ça transperce d'indicible – ces émois ténus qui sortent du sommeil de l'oubli « la tiédeur de la hanche »... ou « le silence des flammes » qui nous fait assister souffle suspendu au crépitement du flambeau... Et puis ces délicates aquarelles comme la plage qu'elle n'aime pas, la scène émerveillante de l'attaque des chevaux sauvages... Les eaux fortes pour dire les séjours au Yémen, en Roumanie...



Cet art de ne pas raconter l'histoire d'Elle en multipliant les éclairages par des anecdotes... Profusion du « à dire » non dit qui nous aspire vers les profondeurs du soi, le non territoire du Veilleur... Veilleur qu'en est-il de la nuit ?



Et ce chant de grâce comme un rescapé dans un champ de bataille jonché de cadavres, qui fera si pathétiquement écho à certains d'entre nous : « Ses amours étaient morts, personne ne l'aimait, elle n'avait plus de désir, même plus celui de lire les livres qui la nourrissaient jadis, mais elle sentit monter en elle comme une vague reconnaissance pour la vie qui avait fait le vide autour d'elle, pour cette vie qui lui avait repris routes ses habitudes, toutes ses joies, oui une reconnaissance pour cette vie qui la situait une nouvelle fois face à des commencements. »



Une dernière citation tellement JUSTE ! : « La réalité n'a pas de pourquoi. C'est parfois une imbécile. Elle ne connaît ni justice ni morale. C'est ainsi. »



Si je devais donner un autre titre à son livre (quoique celui-ci soit parfait) ce serait : « les silences de la beauté absolue »...



Les phrases entre guillemets en italiques sont extraites du roman de Marie Didier.
Lien : http://nananews.fr/fr/lagora..
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Morte-saison sur la ficelle et autres récits

Aucun des textes n'a retenu mon attention. L'auteure joue sur les temps. Elle utilise plutôt des phrases longues pour poser ses histoires. Les personnages sont croqués en quelques phrases. L'atmosphère, les lieux, les odeurs, les expressions. Tout est exercices de styles. Cela crée une distance avec le lecteur.

Les thèmes abordés sont variés ce qui m'a permis de continuer ma lecture jusqu'au bout. L'ouvrage est court, moins de 140 pages. C'est suffisant.
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Morte-saison sur la ficelle et autres récits

Voici une friandise littéraire, qui se laisse déguster au fil des différents récits.

Une formulation particulière, ce vouvoiement qui désigne le lecteur comme si nous étions le protagoniste de l'histoire.



Cela pourrait inspirer les journalistes des magazines féminins qui me soûlent avec des sempiternels "on" qui émaillent leurs conseils beauté et autres injonctions tutorielles style "on" choisira telle teinte, "on" bannira telles autres,"on fera ci, "on" fera ça, l'avez-vous remarqué? Si une journaliste de Elle me lit présentement, ça serait bien qu'elle imite Marie Didier!



Cette utilisation du vous , je l'ai déjà rencontrée dans les libres de Nicole de Buron, cela met du dynamisme dans le texte, vous êtes partie prenante.



Oui, ce livre est un florilège de situations ordinaires rendues extra-ordinaires.

Je le conseille à tous mes amis!
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Dans la nuit de Bicêtre

Un genre que je lis très peu, mais je ne regrette pas de m'être penchée sur cette lecture qui m'a beaucoup appris sur Jean-Baptiste Pussin et sur les origines du métier d'infirmier psychiatrique. Une biographique courte, mais très intéressante. Je recommande !
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