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Critiques de Marie Le Gall (54)
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Mon étrange soeur

Je finis ce livre dans la peine. Pourquoi est ce qu difficile de vivre sans se cacher? L histoire de ces sœurs, c est l histoire d' une relation qui souffre de tant de non dits. De quoi souffrent elles toutes les deux ? L une d une déficience mentale et l autre de le pressentir sans que personne ne lui ait jamais expliqué.

La narration est parfois un peu confuse, des longueurs. Mais en réalité ces longueurs montrent bien la répétition des difficultés de la prise en charge de cette soeur, et des difficultés, pour la petite sœur, de ne pas savoir ce qui se passe
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Mon étrange soeur

Un livre particulièrement émouvant et parfois "difficile" à lire pour moi, surtout en ce moment. Ce roman raconte l'histoire de la soeur aînée de l'auteur (19 ans d'écart) et du terrible isolement de la maladie mentale. Je dis soeur aînée, mais je me demande si ce n'était pas aussi sa maman biologique, et que l'auteur ait été en fait élevée par sa grand-mère, comme si cette dernière avait eu un enfant sur le tard.

Dans la Bretagne profonde, il y a des dizaines années auparavant, avoir un enfant différent était une honte, un insupportable fardeau, bien plus que maintenant, où les CMP enfants/adultes, les suivis psychiatriques, les médicaments, les thérapies, les associations ont permis "d'alléger" la souffrance des patients et des familles.L'étrange soeur naît en 1936, sa mère évoquera un accouchement problématique, les privations lors de la seconde guerre mondiale et les bombardements pour trouver des raisons à la maladie. Une belle petite fille, une belle jeune fille, qui a un retard de langage, ne comprend pas les conventions sociales, a des crises délirantes : une enfant en souffrance dans un monde qui n'est pas prêt à la recevoir et à l'aider. Marie LEGALL écrit très bien, sans jugement avec tendresse : elle parle de la souffrance de la soeur, de celle de la mère, du père figé dans celle-ci, de la sienne petite fille perdue dans une famille écrasée de douleurs, du regard des autres médisant ou bienveillant (chaque famille a son fou). Quel livre !
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Mon étrange soeur

🌟 Quel étrange monde. Et quelle bien étrange vie. Pour une étrange sœur.



🌟Il y a une âme dans les mots de l’auteure ; il y a un quelque chose de captivant, d’envoûtant, de saisissant, il y a de la terreur mêlée à de la tendresse, il y a des questions restées sans réponses, il y a de l’effroi et de la résignation, il y a de l’amour et de la colère, il y a un vide incommensurable et un trop-plein de vie, il y a des regards qui en disent plus que mille mots, et il y a ces mots qui tuent plus que les coups.



🌟Cette histoire, c’est celle de Marie Le Gall, et celle de sa sœur. La Sœur comme elle l’appelle, de dix-neuf ans son aînée. Cette sœur qui n’en est pas vraiment une, mais plutôt un pantin, une innocente marionette projetée dans la vie comme on se jetterait d’un précipice : les yeux fermés et sans défense. Oui, la Sœur est innocente. Et ce sera sa tare, elle deviendra fardeau cette maudite sœur handicapée. Ou folle. Ou débile. Ça fonctionne aussi.



🌟En venant au monde 19 ans plus tard, Marie doit rattraper toute une vie qui ne lui appartient pas. Elle doit briller de normalité, elle doit parler, vivre, suppléer à cette autre absente, elle doit être là et combler le vide, combler le rien, combler l’absence, combler le désert du regard.



🌟Mais si on s’y attarde un peu, dans ce regard... n’y voyez-vous pas briller des étoiles ?



🌟C’est le coeur lourd que je referme ce roman incroyable. Je réfléchis depuis ce matin, comment peut-on...? Comment peut-on être aussi désarmé, stupide, inconscient, barbare, comment peut-on ne pas comprendre la maladie qui ne se voit pas ? Comment ?



🌟En prenant la plume, Marie Le Gall libère enfin son histoire, ses histoires, sa vie, ses vies, sa voix ... et celle de sa Sœur.
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Mon étrange soeur

MON ETRANGE SŒUR DE L’AUTEUR MARIE LE GALL 214 PAGES EDITIONS GRASSET JANVIER 2017



UN LIVRE EXCELLENT



Résumé :





La narratrice évoque la vie d'un personnage qu'elle nomme "la soeur", à la fois proche et inaccessible car un destin tragique l'isole du monde des êtres dits "normaux". Dix-neuf années séparent ces deux soeurs. Après une naissance difficile en juin 1936, l'aînée restera fragile. Les bombardements de la ville de Brest en 1941 marqueront à jamais cette petite fille. Ses parents tenteront en vain de la "socialiser" et les médecins de la soigner. Seule la naissance de sa petite soeur parut donner un sens à sa vie. La narratrice raconte ce que fut cette vie, l'errance de "la soeur" dans les différents hôpitaux où elle vécut jusqu'à sa mort. Elle s'interroge sur ce destin douloureux mais parfois loufoque. Sa recherche aboutit à une hypothèse, un doute qui la hante depuis toujours et ne se confirma qu'à la mort de son aînée.



Mon avis :



Un récit qui déclenche beaucoup d’émotions.



Dans cette lecture, j’ai essayé de me mettre dans la peau de ces deux sœurs si différentes. La douleur, la détresse, l’amour qui se dégagent de ce livre…



Une mère qui a eu une enfant spéciale, une sœur qui va passer la majeure partie de sa vie en psychiatrie, hospice : des endroits qui donnent froid dans le dos. Cette famille va être broyée à cause de la maladie mentale de cette femme. Elle ne vivra jamais comme tout le monde et la maisonnée non plus !



La benjamine passera son existence à épauler sa maman, sa frangine et à se sacrifier… Le courage que la narratrice puise est incroyable. Cette histoire vécue donne à réfléchir sur les valeurs de la vie. Elle est très bien écrite et donne des pincements au cœur.



Un roman à ne pas laisser de côté, je le redis, il est vraiment émouvant.



Comment ne pas aimer ces trois femmes…



Go en librairie absolument !

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Mon étrange soeur

Une soeur (très) aînée, sur laquelle une chape de plomb et de mensonges est posée dans l'histoire familiale. Une soeur différente, qui fait honte et dont on ne parle pas.



La narratrice (puisque ce livre est nommé roman, jouant encore une fois sur l'ambiguïté des récits pseudo personnels) s'aventure en aveugle sur les traces d'un passé silencieux pour comprendre les raisons médicales, le comportement parental, et le parcours de "La Soeur" à la fois si proche et inaccessible.

Cette "innocente", qui va devenir immaîtrisable, et qu'on éloignera pour le bien de tous, à défaut du sien propre.



Les faits se situent dans les années d'après-guerre et la narration se poursuit sur une cinquantaine d'années.. Les souvenirs se mêlent à de possibles interprétations. Car ce qu'on ne sait pas est imaginé, interprété. le récit se fait lyrique dans son approche psychologique, use de nombreuses métaphores. Il en est adouci, moins clinique, mais l'ambiance reste pesante et profondément triste.

À raison ...quand le voile se lève, que les faits semblent étayés et que le choix familial explique les raisons du silence de bretons taiseux.



Au fil des pages apparaît une introspection de la part de la "petite soeur", une véritable analyse de soi, mêlant les sentiments de pitié, de rejet, de culpabilité, de compassion et de désir de rédemption par son assistance contrainte mais assumée dans les dernières années de vie.



Roman puissant, infiniment sombre et remarquablement écrit, ancré dans l'identité bretonne, fière et chrétienne

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Mon étrange soeur

A partir de photos, souvenirs et intuitions, l'écrivaine retrace le destin de sa soeur aînée internée en asile psychiatrique. Pudique et bouleversant.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Mon étrange soeur

Que dire si ce n'est juste woaouh.

L'auteure, ou plutôt la narratrice, nous raconte sa relation avec La soeur, sa soeur.

Son hommage à cette soeur disparue est poignant, touchant, déchirant.

On s'y retrouve, on y retrouve nos parents, nos grands parents, élevés à la dure dans la campagne bretonne.

Cette histoire fait écho à des générations et des générations de bretons.

Très très belle découverte.

Un grand merci.

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Mon étrange soeur

Je sors de cette lecture dérangée, troublée, fatiguée, une migraine de quatre jours qui n’aura pas simplifié mon approche de cette lecture.



Marie Le Gall retrace le parcours de sa sœur. La sœur. C’est ainsi qu’elle sera nommée tout le long. Cette sœur qui n’aurait pas dû naître vivante selon le médecin. Qui naîtra mais pas comme les autres. La cause ? La guerre, la colère de Dieu, une méningite ? On n’en saura rien. Cette sœur née avec un handicap grandira dans la naïveté, la fantaisie, entre crises et moments plus calmes, entre cris et rires. Très vite internée, ballottée entre instituts psychiatriques et maisons de retraite, victime d’une médecine de l’époque (fin des années soixante) peu à même de soigner ce genre de démence, bourrée aux médicaments, attachée, ligotée, et bien peu comprise.



L’auteure prend le parti d’écrire ce récit comme si elle était l’autre, elle décrit l’environnement, la détresse de La sœur comme s’il s’agissait d’elle. On sent un lien puissant entre les deux sœurs malgré les dix-neuf ans d’écart. J’ai pourtant eu un peu de mal à adhérer à ce procédé ici. Parti risqué d’approcher l’autre avec dix-neuf ans d’écart.



Pourtant, c’est un très beau livre où les images affluent et déversent des seaux de chagrin. Vu mon contexte migraineux, j’ai perçu ce livre de manière très sombre, très distancé aussi. Trop d’émotions et de sentiments pour peu d’attachement au final. Ce livre mériterait que je le relise tant il est magnifiquement bien écrit. Aujourd’hui il m’en reste un sentiment d’épuisement intense, une chape de plomb qui mine le moral, parce que dans les ténèbres d’un tel récit, on cherche et on espère toujours un peu de lumière, une éclaircie, ce que je n’ai pas trouvé ici.
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Mon étrange soeur

Marie la narratrice dresse le portrait de sa sœur, de 19 ans son aînée, une fille étrange, hypersensible, dite folle ou semi-débile, qui fait de longs séjours en asile psychiatrique. La cadette, liée à son aînée par un amour à la fois fusionnel et destructeur, passe au fil des années de l'admiration à la honte. Écrit à la première personne, ce roman (autobiographique ?) est un vibrant cri d'amour dont les mots tristes et sensibles résonnent encore bien après avoir fermé le livre.
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Mon étrange soeur

Sujet délicat, délirant, déséquilibrant, délivré par l'auteur comme une catharsis.

Quand la différence d'un être fragilise le subtil équilibre d'une famille. Entre ses propres membres, mais aussi face au regard du reste du monde. Comme une tâche trop vive dans un tableau pastel.

C'est une très belle peinture de la relation entre plusieurs femmes : les sœurs, la mère, la grand-mère. Et surtout comment la plus jeune, l'auteure, parvient à grandir, à construire son identité entre le normal admis et le différent caché.

Une réflexion plus factuelle qu'amère, de la façon dont la différence est montrée du doigt, puis finalement cachée entre 4 murs qui sont plus une prison qu'un havre, étouffée par des traitements qui ne comprennent, ni n'apaisent. Qui rendent juste plus lisse. Parce qu'il ne faut pas choquer. Il faut juste rentrer dans la norme de cette campagne bretonne d'après guerre où la fantaisie bizarre n'a pas trop sa place.



Cela m'a rappelé la délicatesse d'écriture de Marie Sizun dans le très beau roman Le Père de la petite.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Parce que l'amour d'une sœur va au-delà des différences. Et pour la Bretagne, ses embruns et ses maisons rudes en granit

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Mon étrange soeur

Quand la narratrice vient au monde, sa sœur a 19 ans.

Une sœur bien étrange, pas comme les autres, hors de la réalité. Dérangée ? Débile ?Folle ? 

Toute sa vie, elle s'occupera de cette sœur qui sera placée dans différents établissements.

Pourquoi ? Dérange-t-elle ?

Quel livre sombre et désespérant !

Quelle idée d'écrire des choses aussi tristes, avec tellement peu d'espoir.

La seule explication serait que ce soit autobiographique, et là alors, c'est encore plus pathétique.

Après vérification, c'est le cas, et alors là, c'est vraiment bouleversant.

Tout ça m'a carrément fichu le bourdon.

Même si c'est très bien écrit, ce n'est pas vraiment ce que j'ai envie de lire en ce moment, mais en solidarité avec Marie Le Gall, je ne regrette pas de l'avoir fait..
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Mon étrange soeur

Je viens à l'instant de le terminer, et malgré ma pudeur imbécile, les larmes ruissellent.

Je dois faire une critique de ce livre sublime, magnifique, un roman amoureux et en même temps d'Amour..., mais, maintenant, là, tout de suite, presque dans l'urgence.

Ce livre m'a épuisé, lu en a peine deux jours. Épuisée émotionnellement parlant. Il n'aurait pas fallu qu'il y ait 50 pages de plus... . C'est dur, dense et ça percute. On s'en prend plein le coeur, plein l'âme.

C'est poignant. Marie le Gall n'écrit pas, elle hurle, elle crie son amour à cette grande soeur si étrange. le style est incisif, rapide, efficace. On est secoué à chaque page, aucun moment de répit, c'est une lecture quasi addictive, j'aurai aimé tout prendre, tout surligner, d'ailleurs, j'ai publié beaucoup de citations, trop peut être...

C'est très poétique, presque un poème en prose.

La grande Soeur, comme l'appellera toujours l'auteure, car comme elle l'explique, l'article défini LA met comme une distance, a eu une enfance compliquée. Ce ne sont pas des bonnes fées qui se sont penchées sur son berceau, mais un vieux sorcier (le médecin) qui dira "L'enfant ne naîtra pas vivant". On ne connaît d'ailleurs pas la cause de ce handicap mental que présente très jeune la Soeur.

L'enfant naîtra vivant, mais handicapé.

Marie la narratrice est la petite soeur, qui a 19 ans d'écart avec sa grande soeur. Elle semble être née pour "réparer"son aînée, rôle éminemment lourd pour une toute jeune enfant. Sa grande soeur l'aimera passionnément, l'écrasant presque dans ses bras vigoureux, et une fusion se crée entre les deux soeurs. Dangereuse la fusion...

Mais intéressons nous au titre.

Quid le titre ? Qu'a-t-elle d'étrange cette grande soeur ?

Étrange comme un secret à jamais enfoui dans les limites de la mémoire ? Étrange comme une femme qui aime trop ? Étrange comme tous ces mensonges, inventions et autres intuitions ? Étrange comme "le doute" exprimé à la toute fin du livre ? (Doute que, personnellement, j'ai ressenti bien avant la fin, et je crois que tout le monde y a pensé...).

Et enfin, étrange comme arrivant d'un autre pays, d'un autre continent ?

De la souffrance terrible de la Soeur, rien ne nous sera épargné. Ballottée d'asile en maison de retraite, elle sera même victime d'électrochocs. D'ailleurs, l'auteure nous dresse un portait peu flatteur de la psychiatrie dans les années 1970 (liens, violence, camisole, contentions et j'en passe).

Nous avons droit à de magnifiques descriptions de la Bretagne et de la mer (mère ?).

Cette grande soeur me rappelle celle de Colette dans "La maison de Claudine", cette soeur handicapée elle aussi mais bien plus calme que celle du livre qui nous occupe aujourd'hui.

Ce texte sublime m'ai fait penser à Grimbert et à son "secret", mais aussi à Camille Claudel que je vénère.

Quid de la petite Marie ? Passés les premiers jeux, une gêne et une grande souffrance se sont installées. Elle va très mal adulte (crises de dépersonnalisation, dépression, angoisses...). Elle a beaucoup de difficultés, plus âgée, pour accepter cette étrange soeur.

Pour moi, ce livre est de la même qualité littéraire que celui de Delphine de Vigan "Rien ne s'oppose à la nuit", un de mes livres préférés (voir ma critique si cela vous intéresse).

Et nous suivons pas à pas la descente aux enfers de la Soeur, et c'est bouleversant.

Il faut lire ce livre. Absolument. C'est une vraie pépite, pure, magnifique, rare.

J'aurai tant aimé l'avoir écrit.

Merci à Marie le Gall.

Son livre aurait bien mérité un grand prix litteraire, c'est indéniable. A suivre donc...









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Mon étrange soeur

"Nous nous sommes tout de suite reconnues, et il était écrit que j'allais obéir à tes ordres muets"



Bien qu'elle ne le dise pas expressément c'est l'histoire de sa propre famille que Marie Le Gall nous raconte ici.



Marie, la narratrice est née 19 ans après celle qu'elle ne nomme jamais autrement que la Sœur. Cette Sœur est atteinte d'une étrangeté qui la rend insaisissable, enfermée dans sa prison intime, c'est une femme simple d'esprit au comportement très souvent extravagant. Ses parents ont cherché coûte que coûte une explication à ce drame évoquant tour à tour une méningite ou une erreur médicale à l'accouchement...

Marie comprend vite qu'elle est née pour réparer quelque chose, pour faire tout ce que sa sœur n'a jamais pu faire. Des premières années de sa vie alors que la Sœur vit encore en famille, Marie se souvient d'avoir été un jouet vivant pour sa Sœur, elle se souvient de son innocente brutalité qui la marquera à jamais "J'ai grandi dans ses bras, dans ses mains, sur ses genoux ou son cœur, sous son regard noir et pénétrant qui lançait des éclairs au moindre contact avec mon visage. La Sœur avait une sœur, si petite qu'on crut bien souvent qu'il s'agissait de son enfant."



C'est une bien étrange enfance auprès d'un père taciturne et distant, d'une mère et d'une grand mère au chagrin silencieux, au milieu d'une famille qui vit dans la souffrance, le silence et la solitude, Marie n'obtient jamais de réponse à ses questions ou seulement des mensonges protecteurs mais "les enfants ne croient pas aux mensonges censés les protéger "

Marie a l'impression d'avoir été investie de la mission de protéger sa famille bancale et la vie de la Sœur, elle se perçoit comme consolatrice, née pour illuminer la vie de son ainée.



Complice et admirative de sa Sœur dans les premières années de sa vie, Marie est brusquement séparée d'elle lorsque, après une bêtise de trop, la Sœur est envoyée à l'hospice ."Ici s'arrêtent les jeux, s'achève notre vie." Ce départ est vécu comme une amputation par cette petite fille de 5 ans bercée de pieux mensonges à qui il est dit que son ainée part pour guérir dans un hôpital qui soigne ou que la Sainte Vierge va la guérir.



La Sœur va ensuite passer sa vie d'établissement en établissement, multipliant les séjours en maison de retraite entrecoupés de séjours en hôpital psychiatrique au gré de ses crises. Marie vivra alors les retours à la maison de la Sœur pour les vacances comme l'arrivée d'un ouragan face auquel elle restera prostrée.



Avec ce roman très intime Marie Le Gall nous fait côtoyer la folie, les lieux qui les accueillent "les murs qui se resserrent pour mieux étouffer les êtres qui s'acharnent contre eux quand ils n'en peuvent plus de circuler en eux-même. Ils sont capitonnés, ne blessent plus, mais continuent à opposer aux corps une terrible résistance.", les êtres blessés à vie "dans les cerveaux qui se lézardent, des brèches invisibles se creusent sans fin"

Dans ce récit sans aucun pathos Marie Le Gall ne juge jamais ses parents mais n'épargne pas les soignants à une époque, les année 1970, où l'antipsychiatrie régnait.



Marie Le Gall termine son récit par un magnifique épilogue qui résume tous les doutes qui l'habitent : " Mon cœur meurtri, ma honte et mon chagrin, ma prison, mon modèle, ma douce et triste amie... Qui étais-tu ma grande petite sœur? ma seconde maman... ma maman... ma blessure, ma jumelle... ma sœur, mon amour. Ma déraison"



Je me doutais en ouvrant ce livre que le sujet serait émouvant mais j'ai été bouleversée au-delà de ce que j'imaginais. Ce livre se lit le cœur serré tellement il fait toucher du doigt la souffrance, la solitude des familles qui ont à charge un enfant handicapé. C'est un témoignage universel sur le vécu des familles qui ont un enfant différent mais aussi sur ce qu'on peut supposer de la souffrance de l'être différent.

Ce récit est un cri de souffrance et d'amour, Marie Le Gall évoque toute la palette de sentiments qu'elle a éprouvés, pitié, honte, dégout, chagrin, amour fusionnel, désir fou d'avoir une sœur "comme les autres"... et qu'elle éprouve encore. Elle fait aussi le lien avec la femme qu'elle est devenue avec ses propres fêlures.

J'ai trouvé ce témoignage humain sensible, pudique et poignant. Je ne connaissais pas Marie Le Gall et je suis tombée sous le charme de son écriture toute en finesse.

Cerise sur le gâteau pour moi, Marie Le Gall émaille le début de son récit d'expressions bretonnes qui m'ont replongée dans mon enfance !






Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Mon étrange soeur

Dans ce « roman » noir et triste, Marie Le Gall dresse le portrait de deux sœurs, jusqu’à la fin.
Lien : http://www.la-croix.com/Cult..
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