Grandir c'est donc ça: apprendre à faire avec, bricoler pour rester droite?
Je frappe contre ce baiser qu'on m'a volé, mon premier. Je cogne mon silence d'alors.
Sofiane vérifie: onze minutes que Jessa est connectée et elle ne lui a pas encore écrit. Sofiane est sourd lors de ces silences. Les mots qu'il attend font trop de bruit dans sa tête.
Je me sens atteinte au plus profond de moi-même et peu importe qu'il ne s'agisse que d'une main sur ma cuisse, c'était déjà trop : j'ai eu peur et je me sens salie.
Que tu me trouves jolie te donne le droit de me toucher alors que je veux pas ?
Je les regarde tous regagner la salle de spectacle, par grappes. On dirait un lâcher de Dragibus.
Qu'est-ce que t'es belle, Emma quand tu joues de ce truc, on dirait que tu brilles.
Je pense que ce sont les paillettes qui sont restées collées sur mon front mais j'y crois un peu tout de même parce que ça fait du bien.
-Je ne veux pas y aller ! Je veux pas ! Je veux pas ! C'est toujours pour moi ! Toujours ! C'est pour moi à chaque fois ! [...]
-Louis. On t'écoute. Qu'est-ce qui est toujours pour toi ?
-Le cheveu qui flotte. Celui qui suit partout, tout le temps. Malgré la taille du bassin, c'est toujours pour moi, ce cheveu qui vient se coller entre mes doigts, entre mes orteils, je ne peux jamais m'en défaire, il y en a toujours un, on ne sait pas à qui il est, mais il est là, et il est pour moi. Et ça me dégoûte.
Partout s'étalent les flaques immenses, sombres, gluantes, glissantes.
C'est comme si la nuit était venue s'échouer sur la côte.