Marina Ferretti-Bocquillon

Enfin, M. Caillebotte, le plus jeune des bons. Trente ans à peine. (...) N'est-ce pas assez déjà d'avoir parcouru la campagne, au milieu de l'été, et de s'être aperçus que nul encore n'avait peint la vraie campagne ? Que la lumière et la chaleur créaient, dans les couleurs, des phénomènes que nul n'avait essayé de rendre ? Que la grande clarté décolorait les tons ? Que le soleil, reflété par les objets, tend, à force de clarté, à les ramener à cette unité lumineuse qui fond ses sept rayons prismatiques en un seul état incolore - qui est la lumière ? C'est à ce point de vue surtout que les paysages de M. Caillebotte sont curieux et méritent absolument l'attention des peintres. Il ne s'agit pas d'école ici, mais de vérité artistique.

sous l'influence de Théo Van Rysselberghe, de 1890 à 1895, il adopte la théorie du divisionnisme des couleurs prônée par les néo-impressionnistes français. dès 1890, il expose au salon des indépendants à Paris et se lie avec Seurat et Signac. Mais ses recherches le conduisent rapidement à s'écarter de la doctrine néo-impressionniste, vis à vis de laquelle il devient par la suite critique. il s'intéresse alors particulièrement aux arts décoratifs et sein de la libre esthétique où il prend une part active.

Caillebotte a bien vécu. Il a aimé, l'eau qui passe et qui bruit, les voiles blanche qui s'envolent au tournant des rivières, qui palpitent sur la mer. Il a aimé les fleurs qui colorent et parfument l'atmosphère, il a été le sage amateur des jardins.

Pendant les cours de dessin de l'école de Saint Josse Ten Noode, Georges Lemmen fait preuve de dons plastiques évidents. il manifeste de l'intérêt pour l'art des préraphaélites et le symbolistes de l'oeuvre de Ferdinand Khnopff. le choix de ses sujets liés à la vie moderne, doit beaucoup à deux autres artistes qu'il admire: Edgard Degas et Toulouse Lautrec. En 1889 - il n'a que vingt quatre ans , il entre au cercle des XX.

plus que ses œuvres, c'est son amitié fidèle à Seurat qui lie Arman Jean au mouvement néo-impressionniste. les deux peintres se rencontrent tôt, dès 1876, alors qu'ils fréquents ensemble l'atelier d'Henri Lehmann à l'école des beaux arts où ils se lient d'amitié avec Ernest Laurent. Alors qu'ils décident de quitter l'enseignement académique, les trois amis partagent un atelier du quartier latin. Tut comme Seurat, le jeune Aman Jean éprouve une réelle admiration pour l'oeuvre de Puvis de Chavannes; il fréquente d'ailleurs l'atelier du maitre qui sera témoin à son mariage. l'obtention d'une bourse en 1885 lui permet de compléter sa formation par un voyage en Italie où l'accompagne notamment Ernest Laurent. Passionné de littérature il fait parti du cercle des amis de Mallarmé et fréquente Verlaine et Villiers de l'Isle-Adam. Lié au mouvement symboliste, les œuvres qu'il réalise entre 1892 et 1897 trouvent tout naturellement leur place au salon de la Rose + croix.

L'oeuvre de Luce ne peut être dissociées de ses engagements politiques. Fortement marqué par les évènements de la commune qu'il a vécus enfant, il affirme ses convictions anarchistes en soutenant les manifestation de ce mouvement, ce qui lui vaut d'être emprisonné à deux reprises.

Maximilien Luce né dans un milieu ouvrier, devient dès 1872 apprenti auprès du graveur sur bois Hildebrand. Pour compléter sa formation il suit des cours du soir de l'école de dessin de la rue de Vaugirard et rejoint l'atelier Maillart destiné aux ouvriers de la manufacture des Gobelins. En 1876 il est graveur dans l'atelier d'Eugène froment et il rencontre Léo Gausson et Cavallo Peduzzi avec qui il peint fréquemment à Lagny sur Seine. Il découvre grâce à ses deux amis les recherches de Seurat sur la couleur et la lumière. Dès 1887 il expose au salon des indépendants sept tableaux où il applique la théorie néo-impressionniste.

Seurat porte un grand intérêt aux gens de la rue qu'il aime représenter dans la banalité de leur quotidien. on retrouve ici un motif fréquent dans son oeuvre, celui d'une personne debout et de profil, se détachant sur une surface abstraite.

il n'est pas rare chez Seurat qu'un paysage, même urbain, soit dépourvu de toute présence humaine. Aucun d'entre eux toutefois, ne laisse un tel sentiment d'abandon et d'isolement.

ce paysan au travail est caractéristique des recherches de Seurat au début des années 1880, tant par le sujet représenté que par la manière de le traiter. Grace au dessin l'artiste réalise un véritable répertoire de différents types sociaux qui l'environnent.

Mais ces dessins à la poésie délicate avaient donné lieu à des développements inattendus. les somptueux dessins, dits au bambou bien qu'exécuté à la plume, réalisés par Van Gogh à Arles en 1888 s'inspiraient sans conteste des publications de la Vie Moderne. D'une plume aussi énergique que dynamique, l'artiste y fait alterner les traits brefs et les points, variant ainsi la texture des surfaces.

En 1892 Seurat découvrit l'aquarelle qui lui permit de dessiner en couleurs et Camille Pissarro entreprit bientôt une véritable campagne de dénigrement du point.

En dépit de son charme raffiné, quasi vaporeux, le dessin au point semblait décidément voué à la reproduction mécanique. Son usage cessa à la mort de Dubois-Pillet en 1890, et celle de Seurat l'année suivante.

Seurat s'intéressa donc lui aussi à la technique du dessin pointillé à la plume et aux possibilité qu'elle offre de reproduire des tableaux néo-impressionnistes.

Fénéon notait dans la revue belge l'Art moderne " vers la fin de l'année dernière, M. Paul Signac et M. Dubois Pillet eurent l'idée de dessins à la plume, sans lignes enveloppants et sans hachures, où le sujet s'exprimerait par un pointillé, raréfié ici, là dense.

En dépit des exigences de sa carrière militaire et d'une hiérarchie qui n'appréciait guère ses activités artistiques, Dubois Pillet a joué un rôle de premier plan dans la création de la société des artistes indépendants. il fut surtout un des pionniers du néo-impressionnisme et adopta la touche divisée dès l'hiver 1886-1887, après avoir vu la grande jatte de Seurat.

Camille Pissarro fut avec Dubois Pillet et Signac un des premiers protagonistes du dessin au point où Seurat fut une incursion plus tardive.

dès 1884 le jeune peintre s'investit dans la création de la Société des artistes indépendants. il y joue un rôle fondamental, devenant son président en 1908, et ce jusqu'à sa mort.

1880 année de la mort de son père, voit Signac décider de son avenir. il sera peintre. Après un bref passage dans l'atelier libre d'Emile Bin, son tempérament indépendant le conduit à se former de manière autodidacte, sous la seule influence des peintres impressionnistes.

Signac utilisa de plus en plus souvent l'encre de Chine. Le dessin fut pour lui une étape essentielle de l'élaboration du tableau. C'était aussi un exercice salutaire qu'il pratiquait quotidiennement de tête ou d'après nature, pour exercer sa mémoire des formes et pour mieux observer la réalité.