Citations de Mary Ann P. Mikael (25)
« Je sens Spencer s’appuyer légèrement contre moi. Si mes mains n’étaient pas sur les jambes de ma fille, j’aurais aimé glisser mes doigts entre les siens.
Je suis fichu. »
« — Oh, t’es Spenc’ !
Elle connaît mon prénom ?
— Euh… oui. Et toi ? demandé-je en clignant plusieurs fois des yeux.
— Moi, c’est Cinnamon. »
« En fait, tout le monde la connaît. Elle fait les meilleurs cookies et muffins de la ville. Aucun événement ne se fait sans qu’elle y apporte sa touche créative. »
Il y a des rêves qu'on réalise, d'autres non. Il suffit d'en trouver un autre pour avancer.
Quand on m'a parlé d'une crêpe, je m'attendais à ce que ce soit un peu différent ce celles que je connais en France. Pas à ça ! La base ressemble bien à une crêpe, sauf que dedans, au lieu d'ajouter du sucre ou de la confiture, ils mettent des fruits, de la chantilly - beaucoup - et de la glace. Sans parler du coulis de chocolat ou de caramel pour le nappage, et je ne sais combien d'autres toppings. Ensuite, c'est roulé, on te donne une cuillère, et débrouille-toi avec ça pour ne pas t'en mettre partout.
Je passe mon bras autour de ses épaules avant de le retirer rapidement de peur d'outrer les Japonais qui nous entourent. Ce que c'est stressant, ce côté pudique.
Louisa m'a expliqué qu'elle ne veut pas partir, même si elle est désormais seule ici. Je comprends pourquoi. Ce quartier, cette maison, c'est sa vie. C'était leur vie à tous les deux. Elle ne veut pas en reconstruire une autre. Juste continuer celle-ci jusqu'au bout.
Je comprends pourquoi tu as craqué. Cette maison cochait toutes tes cases. Sauf une. Nous n'y sommes pas tous les deux.
- Encore un qui part pour la civilisation, bougonne mon grand-père.
- Tu ne peux pas empêcher les gens de vouloir se rapprocher de la ville.
- Qu'ils aillent s'entasser, ça me fait de l'air.
- Akiko, attends moi !
J'essaie de ne pas crier, sauf que ma nièce est trop rapide pour moi. Les gens se retournent pour m'observer. Oui, je sais : on ne hurle pas dans la rue.
- Le vent est frais aujourd'hui.
- Un bon vent d'automne.
De haute lutte, j'obtiens une pause le temps de déjeuner. Je commence un peu à saturer de la nourriture japonaise. Riz, riz, riz...nouilles.
- Tu sais, porter un tatouage au Japon, c'est compliqué. C'est souvent mal perçu. Si on ne t'associe plus immédiatement à un Yakuza, tu renvoies tout de même l'image de quelqu'un qui se rebelle contre la société.
Depuis que les travaux ont commencé, je repense de plus en plus à nous deux. Des pierres, le jardin, la mer. Je comprends pourquoi tu as craqué. Cette maison cochait toutes tes cases. Sauf une. Nous n'y sommes pas tous les deux.
L'embarquement commence, nous voilà repartis pour douze heures de vol. Japon, je te dis adieu, je ne suis pas certain de supporter autant d'avion une nouvelle fois. Je reviendrai peut-être quand la téléportation existera.
Il me dirait que je me prends trop la tête, que je dois laisser la vie me porter là où elle le souhaite. Être ouverte aux opportunités.
Je profite encore quelques minutes avant de me lever à mon tour, de récupérer ma petite serviette digne d'un timbre-poste et d'aller ma rhabiller.
"Trop de risques." Sauf que si on ne prend pas de risque pour réaliser nos rêves, qu'est-ce qu'il nous reste ?
Je ferme les yeux pour ne plus te voir déambuler dans le salon tel un fantôme hantant les lieux. Je t'imagine partout.
Une vraie fourmi, alors que je suis clairement une cigale. Soit un comble pour un comptable.